« Vous pensez qu'il est mort ? — Mais non, dîtes pas de bêtise ... Ça sentirait sinon. — Oh vous savez, moi j'ai déjà vu des gens morts qui ne sentaient pas réellement la mort hein. — Et pour vous ça justifie que ce gosse soit mort ? Là, au milieu de tout l'monde ? — Je dis simplement que la mort n'est pas synonyme de puanteur ... Prenez mon grand-oncle Jirachi. Un jour il est parti à la chasse et il a attrapé un saumon géant et puis .. — Attends. Tu veux dire que la gars chasse mais revient avec un poisson ? Tu dérailles mon pauv'vieux ! — Grand-oncle Jirachi fait de la chasse ! De la chasse dans le lac ! — Humpf ... — Oh regardez ! Il n'est pas cuit en fin de compte ! »
La tête dans son ramen, difficile de voir si le garçon respirait jusque là. Mais qu'ils se rassurent, le col chevelu est bel et bien vivant. C'est un splach plus violent que la simple introduction d'une cuillère dans un bol de nouille qui a alerté les clients du restaurant à ciel ouvert dans le quel se trouve le Yoarashi. De grandes tables en bois sous lesquelles se trouvent des bancs fait de la même matière et de la même taille s'additionnent dans la superficie de l'établissement. Un endroit paisible au centre du village caché de la Brume, là où l'on peut entendre les oiseaux chanter et où la verdure est reine. Blanche neige s'y verrait bien.
Inquiet, la populace s'étant attroupé tout autour de lui pensait que le jeune homme était mort avant qu'il n'émette un bruit semblable au ronflement d'un carmin. Ils parlent et débattent sur des sujets plus incroyables les uns que les autres. Des sujets même pas dans le thème de ce qui se passe en face d'eux. Ce genre de chose n'est pas rare lors de ce type d'évènement ; la faute aux commérages des Hommes. Les vieux qui n'ont rien d'autres que ça à faire de leurs journées. Une véritable saloperie.
« Hm ? S'passe quoi là. »
Un morceau de boeuf dans les narrines, des nouilles mêlées à sa coupe au bol, du bouillon plein le visage et des morceaux de légumes ici et là ; Yoarashi Seiya est devenu un véritable ramen humain. La faute à qui ?
« Putain de narcolepsie. »
...
« QUOOOOIIII ??! IL S'EST SIMPLEMENT ENDORMI ??!!! — QUOOOOIIII ??! IL S'EST SIMPLEMENT ENDORMI ??!!! — QUOOOOIIII ??! IL S'EST SIMPLEMENT ENDORMI ??!!! »
Et dire qu'il est venu simplement ici pour espérer déguster un ramen des plus classiques. C'est encore raté.
Quelle journée magnifique surtout pour prendre de plus en plus mes marques au sein de la cité de la Brume.
Pour se faire, je m’étais rendu dans un restaurant assez prisé qui se trouvait à environ dix minutes à pieds de mon nouveau logement. A vrai dire c’était une chance d’avoir les commodités à proximité, comme ça mon intégration se ferait plus facilement en tout cas je l’espérais.
Au premier coup d’œil ledit restaurant était rempli de charme, je décidais de m’installer à une table à l’écart pour profiter de mon repas tranquillement, à peine installé qu’un serveur fit son apparition pour prendre ma commande. Drôlement efficace ici dis donc.
« Bonjour, je vous prendrai toute la carte s’il vous plait » dis-je simplement sur un ton courtois.
Le serveur quant à lui n’en revenait pas de ce que je venais de dire, choqué, il alla ensuite en cuisine pour annoncer les plats à sortir.
Pendant ce temps d’attente, quelques regards semblaient être portés sur la personne soi-disant morte, curieux, j’assistais à la scène sans bouger le moindre petit doigt. Ce n’étaient pas mes affaires, j’étais là dans un seul but : m’empiffrer comme jamais.
Bon sang qu’est-ce qui était le plus chiant entre les bados ou ce type à moitié mort dans son assiette ? En tout cas ils étaient bien bruyants…
Subitement le présumé décédé reprit ses esprits comme si de rien était et prononça le nom de sa maladie. Il était donc narcoleptique ? Mon dieu si ce type était Shinobi je ne donnais pas cher de ses partenaires, d’ailleurs sans vouloir être méchant mais il n’avait pas la tête de l’emploi.
Bon Daisuke, ce n’est pas gentil de juger les gens sur le physique, peut-être qu’il était surprenant, qui sait…
Je me levais pour m’attabler avec le jeune homme mi-nouille mi-homme.
La main dans les cheveux, ce beau gosse de Seiya se débarbouille le sommet du crâne abritant une petite dizaine de nouilles accompagnées de morceaux de carotte. Même avec la tête plongée dans son bol, le visage ressemblant à un ramen géant, ce bougre d'Amejin reste à l'aise malgré la situation. C'est tout Seiya ça, capable de s'adapter à toutes les opportunités qui lui sont offertes. Car comparé aux autres personnes, il ne voit pas le verre à moitié vide, mais complétement bien. La positivité est son crédo, oui c'est absolument lui. Le peuple s'étant attroupé tout autour de lui, le jeune genin retrouve ses esprits après son vingt-quatrième endormissement instantané de la journée. Il est à peine midi.
Tous ces problèmes, la narcolepsie et l'insomnie sont ses pires ennemis. Le sommeil, la réalité, les rêves sont des notions bien fantasques pour le garçon à l'air niais le plus triste du village caché de la Brume. Les yeux à moitié fermés, il affiche éternellement cette mine fatigué depuis maintenant plus de neuf ans. Depuis cette fameuse journée où l'espoir et la vie ont cessés d'exister au cœur du village que son clan avait autrefois bâtit. Une nuit qui semble ne jamais s'être terminée depuis.
Redressant alors la tête, il reprend ses esprits et constate le soulagement sur les visages de ses pauvres Kirijins morts de peur. Le jeune maître portier sourit alors, murmurant un rire sourd et gêné. Et ce, malgré qu'un géant aux cheveux roses s'asseye à ses côtés. La goutte d'eau qui fait déborder la crise de rire.
« Ouhahahaha ! Hihihi Ohohoh ! »
Rire et décadence, Yoarashi Seiya éclate d'une ironie cinglante avant de s'endormir à nouveau. Vingt-cinquième fois de la journée. Sûrement un trop plein de raillerie.