L’épreuve des lames arrivait à grands pas et d’ici moins d’un mois Rein et quelques autres gamins auraient la chance d’y avoir accès. S’était peut-être pour cette raison, mais voilà que Sasaki fessait des siennes.

Plus exigent qu’à l’habitude, le vieux sabreur essayait d’enseigner divers petits objectifs à ça pupille. Par exemple, quelques parades différentes des coups enseignés au dojo, des charges pour surprendre un adversaire ou même quelques techniques avancées visant à le mettre au coin du mur. Le but n’était pas de lui bourrer le crâne ou de le démoraliser, mais bel et bien de lui montrer qu’il ne devait jamais prendre pour acquis que son adversaire bougerait comme il le prévoyait, de toujours garder un esprit ouvert et un instinct prêt à bondir en cas de besoin. Il travaillait donc sur la mémoire musculaire en bombardant son élève de coups qu’il ne pourrait pas envisager et quelques autres disciples s’étaient rassemblés pour regarder les deux hommes s’entrainer.

D’un côté, l’ancien sabreur d’expérience, un simple bâton de bois en main alors que son autre bras restait dans son dos, avait une position solide sur ses jambes et frappais d’un bras aguerri contre le pauvre élève. Le chakra sinueux était perceptible pour les plus observateurs, celui-ci avait pour but d’alourdir l’arme de fortune et de donner l’impression qu’un marteau d’acier fracassait la protection de sa cible.

De l’autre, l’élève en sueur tentait tant bien que mal de parer, éviter ou d’encaisser les coups qui pleuvaient telle une pluie torrentielle sur sa personne. Pour ne pas mentir, il avait beaucoup de difficulté, la vitesse des coups était si importante qu’il n’avait même pas le temps de penser. Inévitablement, ce processus engendrait une feinte qui ne pouvait être envisagée et voilà qu’un coup aux côtes envoyait Rein contre le tapis, comme piétiner par un bœuf.

Chaque fois, l’élève à la volonté de fer se relevait aussitôt, fessant abstraction de la douleur et retournais dans le ring pour une joute supplémentaire. Le tout dura en totalité une demi-heure avant que Sasaki ne doive s’absenter. Par contre, il posa une main chaleureuse sur l’épaule de son disciple et lui dit qu’en récompense à son entrainement et due à sa présence nécessitée en urgence ailleurs, un autre mentor, un vieil ami du maitre s’occuperaient de la suite de la journée.

L’homme aux cheveux d’argent quitta le Dojo tout sourire, laissant Rein aux bons soins de NOBUATSU SAJI, Nanadaime Mizukage et chef des Sabreurs. Décidément, il avait plus que hâte d’entendre de la bouche du maitre ce qu’il pensait de son héritier.

N’ayant aucun doute sur les méthodes d’apprentissage de celui-ci, il se dirigea vers sa mission.

Rein quant à lui, était encore loin de se douter de la légende qui l’attendait.

Maître Sasaki faisait partie des plus vieux des Sabreurs et allait prendre sa retraite. En vue de laisser un héritage derrière lui, il avait fait le choix de prendre un jeune disciple sous son aile et lui enseigner ce qu’il savait afin de le préparer à l’épreuve des lames qui s’approchait, il avait confié au chef de clan qu’il voyait un certain potentiel chez Rein, ce qui ne manqua pas de soulever l’intérêt du Nobuatsu. Celui-ci avait justement un moment de libre pour se rendre au Grand Dojo en ce jour, et proposa à son confrère de lui laisser l’opportunité de le rencontrer à l’issue de leur séance d’entraînement quotidienne. Rien n’animait autant l’épéiste de feu qu’un échange de coups avec un adepte de la lame, et celui-ci semblait plein de fougue, à en croire la description du vétéran.

Échangeant un simple hochement de tête avec ce dernier qui confiait la suite de l’apprentissage au chef de clan, Saji s’avançait à l’intérieur de la pièce empoignant un bokken de son dextre, portant comme toujours ses deux épées en croix dans le dos. Il s’arrêta près du seuil de la porte, dardant du regard la pupille du vieux maître qui récupérait à peine d’une rouste infligée par son comparse, entouré de quelques apprentis qui étaient venus en spectateur, assis sur les bords du tapis afin de ne pas faire interférence lors de l’entraînement. Ils savaient qu’il y avait beaucoup à apprendre rien qu’en observant des Sabreurs à l’oeuvre, et ils avaient maintenant l’occasion d’assister à une leçon donnée par le chef de clan en personne.

“Salutations, Rein. Maître Sasaki m’a fait part de tes capacités, que tu serais bientôt prêt à passer l’épreuve des lames. Nous allons voir cela.”

Les leçons du Sabreur masqué passaient généralement par une mise en situation dans laquelle il mettait en exergue une faille dans le style de combat de son adversaire. Doté d’un grand sens de l’observation et ayant fait face à un florilège de combattants, il était capable de réagir adéquatement à chaque adepte du kenjutsu. Il allait en faire la démonstration dès maintenant, en invitant le disciple Rein à prendre place face à lui à une certaine distance, suite à quoi il effectue un salut solennel et se mit en garde, avant de lui donner des instructions simples.

“Avance vers moi et attaque le plus rapidement possible.”

Le bokken en avant, il attendait maintenant l’initiative de son partenaire d’entraînement, qui ne tarderait pas à se rendre compte d’un défaut dans son déplacement qui rend sa charge peu efficace.

Une fois la légende sur le tapis d’entrainement, le salut fut renvoyé en guise de respect et les deux hommes débutèrent l’entrainement dans le silence le plus total, la pièce en entier s’était tue à l’arrivé du Nanadaime Mizukage. Sans l’ombre ‘un doute, Rein n’était pas en mesure de négocier, en fait il voyait cette opportunité comme la chance d’une vie, il en deviendrait assurément meilleur.
Il avait grandi avec Sasaki qui lui avait cassé les oreilles avec ses histoires à n’en plus finir sur les combats légendaires des sept épéistes de la brume et voilà qu’il pouvait désormais pratiquer avec celui dont la réputation était la plus impressionnante. C’était quelque peu intimidant, et ce malgré le fait qu’aucun ennemi ne soit en face de lui. C’était plus comme une pression, comme si un véritable démon s’était installé dans cette position d’attente, comme si rien ne pouvait réellement l’atteindre. Cette confiance, bien qu’irritante, fit bouillir le sang dans les veines du disciple et c’est plus motivé que jamais qu’il balayât son sabre comme pour en enlever le sang. Prenant dans ce mouvement une grande respiration pour retrouver son calme, Rein ramena sa lame de bois jusqu’à avoir la position adapter à la situation.

On lui demandait donc de charger tête baisser et le plus rapidement possible... Rein pris donc le temps de se positionner en ramenant son arme à la taille, comme s’il la rangeait dans son fourreau.

-C’est un honneur Senseï.

Il courut donc à pleine vitesse et s’engagea dans une frappe verticale lambda, le but était de sortir le sabre de son étui imaginaire puisqu’il le tenait simplement en position rangée, pour bénéficier de l’accélération de la rotation afin d’éventuellement trancher sa cible de haut en bas. Après tout, il n’avait aucune idée de comment tournerait la situation et dans le dojo, l’apprentissage était souvent fait sans chakra, c’est la raison pour laquelle Rein y était aller avec ses compétences à lui, purs technique et dévouement.

L’instruction venait d’être donnée par le chef du clan des Sabreurs à l’apprenti qui avait fait parler de lui à travers les recommandations du vieux Sasaki, c’était le moment pour lui de croiser le fer et de prouver qu’il était à la hauteur des attentes de ses supérieurs. Face au Nanadaime et chef de clan, il était difficile de faire autrement que de s’exécuter, c’est donc sans sans poser de question que l’initié acquiesça respectueusement en réponse à l’ordre du professeur masqué venant donner la leçon du jour.

Une charge des plus classiques, à une allure qui témoignait d’un jeu de jambes intéressant et d’une forme plus précise que les autres candidats. Toujours dans une position statique, le Sabreur regardait l’ombre de la lame se déposer sur lui et s’agrandir, il lui suffisait alors d’un pas de côté pour sortir de l’axe de l’attaque verticale avant qu’il ne dégaine à son tour dans un geste fluide où il arriva dans le dos de son adversaire, sa lame à un centimètre de la nuque de l’Arashi.

“Pas mal.”

Etant habitué à observer les erreurs des néophytes du kenjutsu, il pouvait dire à partir de seulement quelques secondes ce qui manquait à Rein pour qu’il améliore considérablement sa course afin d’obtenir l’effet escompté. Mais avant de passer à la démonstration, il s’agissait de lui apprendre la théorie de l’apprentissage, et pas seulement d’assimiler un mouvement qu’il répéter un mouvement mécanique sans en comprendre l’intention. Une philosophie de base chez la plupart des enseignants, à commencer par le Nobuatsu qui rangea lentement la lame dans son fourreau accroché à son dos.

“Ton niveau en bukijutsu est encore insuffisant pour me surprendre d’une attaque frontale. Garde à l’esprit que même si les techniques d’armes ne nécessitent pas de mudrâ, elles consomment tout de même du chakra dans tes jambes afin d’accélérer ta course. Ici, je t’ai demandé de m’attaquer avec ta charge la plus rapide, or ta charge ne puisait que dans ton énergie physique.”

Le chakra étant un mélange d’énergie physique et mentale, il était facile de déduire à partir du commentaire du maître de l’épée que l’effort mis derrière une charge peut-être bien plus important que ce que les apparences le laissent croire. Saji effectua un déplacement à très grande vitesse à l’opposé de Rein afin de remettre de la distance, un mouvement aussi rapide que le vent tant son jeu de jambes avait atteint un point avancé. Il se retourna, faisant face à l’élève, lui disant de recommencer.

“Maintenant, montre-moi si tu sais te déplacer comme un vrai ninja.”

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