Les évènements de l’auberge étaient maintenant derrière moi, néanmoins je n’étais clairement pas au top de ma forme. La fatigue était toujours présente, les batailles que j’avais livré à Hayashi avaient marqué profondément mon corps ainsi que mon esprit. L’Homme au Chapeau m’avait dérobé mon pouvoir, je n’étais plus capable de contrôler ma Limaille de Fer, j’étais dépossédée d’une partie de ma force et la foudre qui avait surgit de mon être lorsque la femme de l’aubergiste m’assenait des coups était encore plus inexplicable. Mon affinité de base était le Fûton et non le Raiton, c’était comme si l’électricité avait pris la place du vent.
Quand l’auberge n’était plus qu’un tas de cendre, j’avais essayé de générer une lame de vent comme me l’avait appris dans le passé le jeune professeur Tenzin, mais rien ne s’était produit. Pire, je n’arrivais pas à malaxer mon chakra pour qu’il vienne s’enduire sur le métal froid de ma lame. Etait-ce le fruit de cet inconnu chapeauté en me dérobant ma maîtrise du Satetsu, il avait altéré en prime la nature de mon chakra durant ce vol ? Et en prime, je devais me rendre à l’Académie pour y rencontrer sa Directrice. Décidemment, j’étais abonnée à converser et à apprendre auprès des Directeurs, puisque Borukan Muramasa était celui qui dirigeait l’Académie Hashira de la cité militaire du pays de la Terre et il n’était autre que mon sensei ou du moins mon ancien sensei. Cet Homme au Chapeau venait de créer en une journée plus de chaos que je n’ai vécu dans toute ma vie.
— « Tu te poses bien trop de questions ma fille, cela va te donner des rides à force de froncer le front comme tu es en train de le faire en ce moment. » Disait ma mère qui marchait à mes côtés. — « J’avais oublié que tu étais là aussi. Encore un autre problème. » Lançais-je dépiter.
Néanmoins, celle-ci était la plus simple, il suffisait juste de me reposer profondément et j’étais certaine de ne plus voir ma défunte génitrice.
— « Tu ne vas quand même pas faire le breuvage verdâtre de l’Ancienne* tout de même ? » Demandait l’hallucination. — « Bien sûr que je vais le faire. Mon esprit se reposera et je ne te verrais plus par la même occasion. J’ai perdu une partie de mes pouvoirs, je n’ai pas envie de perdre la tête non plus, plus vite tu partiras plus vite je redeviendrais seine d’esprit. » Le ton était ferme et décidé.
Il ne me restait donc plus qu’à trouver les plantes nécessaire à l'élaboration du breuvage assoupissant que l’Ancienne de Yaogakure m’avait appris à faire par le passé. Normalement, les ingrédients devaient également pousser ici, ils étaient en quelques sortes universels, bien que je l’aie toujours réalisé à Hayashi no Kuni, je ne l’avais encore jamais fait en dehors de mon pays natal. Donc, je n’en savais rien si les plantes poussaient également ici. Quelle plaie que d’être dans l’inconnue la plus totale !
En m’aventurant un peu, je retrouvais un peu le sourire puisque Joheki était assez naturel, car il possédait une belle et grande forêt. Même si j’étais loin de chez moi, les espaces verts me mettaient toujours en confiance, j’étais plus à l’aise sur un arbre que sur la terre ferme. Il ne me restait donc plus qu’à me balader et trouver ce dont j’avais besoin sans être gênée par autrui ou bien ma défunte mère et le repos serait à moi.
*Il s'agit d'un PNJ à Yaogakure (village natal des Yaoguaï) c'est une très vieille femme à moitié oracle, chamane et sorcière.
Course éfrenée, passant d'arbre en arbre, Roka avançait. Chaque rebond se faisait sur une solide branche d'arbre ou une partie de tronc, laissant certaines parties du feuillage de ceux-ci se libérer pour, tristement, se diriger en direction du sol. Le bruit de ses mouvements, s'il était perceptible, se voulait être le plus silencieux possible, tout en gardant grande rapidité... La proie ne devait pas le repérer... Ni s'échapper.
Ainsi, les longues minutes qui avaient suivi sa dernière détection le forçaient à renouveler ses informations.
Quelques mudrâs suffirent, doigts vifs, yeux rivés vers chacun de ses changements de trajectoire, le chasseur était prêt à en apprendre plus sur la nouvelle position du sanglier qu'il avait pris en traque. Il était là... lourd et large, courant pour survivre depuis que la tentative d'assassinat furtive de Roka avai échouée... en partie, transperçant une partie du dos de l'animal, loin de tout organe vital... Mais alors que sa concentration restait sur sa cible, une onde différente se fit ressentir... Du chakra... Bien différent, celui d'un humain.
Que fait quelqu'un dans cette partie de la forêt ?
Les mots avaient été rapides, forçant l'Hasegawa à se stopper, s'arrêtant à l'aide de l'appuie de sa jambe contre un tronc, chakra au bas de son corps, lui donnant l'air de flotter dans les airs à l'horizontale.
Roka reprit rapidement son souffle avant de se remettre à faire des mudrâs et se rendre finalement compte qu'il avait perdu la trace de sa proie. Une déception pour un ventre vide... Il lui faudrait se reposer et reprendre la chasse plus tard, dans un autre contexte... Eloigné de toute présence humaine dont l'actuel statut attisait sa curiosité.
Ainsi, reprenant une course à travers les arbres, bien plus lente, celle d'un chasseur exténué en balade, il se dirigea vers la position qu'il avait auparavant détecté, le temps d'une minute entière qui lui permit de se remémorer son passé... Plus précisément, de la dernière fois qu'il avait conversé avec quelqu'un de la race humaine...Avant qu'il n'entame une année complète de méditation et d'entraînements.
[...]
Elle était là, en bas, marchant à travers les fougères, le regard fuyant vers la nature, comme en quête d'un but particulier... La femme était belle, la chevelure blonde se remarquant particulièrement, tandis que sa conscience semblait se perdre où dieu seul savait. Un pas après l'autre sur la branche immobile qui lui servait de perchoir, Roka l'observait, silencieux, essayant d'analyser ses faits et gestes, comprendre sa personnalité... Mais plus les secondes passaient et plus il se remémorait que la découverte d'autrui passait nullement par l'observation purement subjective, mais bel et bien par le social... Notion étrange qui, s'il l'affectionnait, lui paraissait lointaine.
La voix proche du grave, sans pour autant s'avérer effrayante ou impressionnante, le chasseur se mit à aborder la femme, à distance, restant caché dans les feuillages, cachant la monstruosité symbiotique de son corps aux yeux de celle qu'il ne voulait pas apeurer.
Belle journée pour une balade en forêt. N'est-ce pas ?
Aborder une personne caché dans l'ombre, comme un assassin ou un psychopathe pouvait sembler ne pas être une méthode appréciable pour la plupart des gens... Seulement, Roka n'avait pas côtoyé la civilisation depuis un moment et savait assez bien que son physique pouvait paraître impressionnant, même dégoûtant pour certains.
Dernière édition par Hasegawa Roka le Dim 23 Juin 2019 - 23:26, édité 3 fois
Le pied en élévation, j’avais stoppé net tout mouvement, tel une statue figée dans son geste. Quelqu’un venait de parler dans la silencieuse forêt que j’arpentais en compagnie de mon invisible défunte mère.
— « Je te promets ma fille que ce n’est pas moi qui vient de parler. » Disait l’hallucination qui avait pris les traits de celle qui m’avait mis en monde. — « Je sais, je connais tout de même la voix de ma mère ! Vas-tu rester cacher ou bien je dois essayer de te trouver ? Je te préviens, je ne suis pas très douée à ce jeu-là. » Lançais-je de vive voix.
Il y avait donc quelqu’un qui m’épiait, mais il était caché. Je n’aimais pas ceux et celles qui se masquaient à la vue de tous, se fondant dans le paysage afin de devenir invisible. La Marionnettiste que j’avais dû affronter à Hayashi dans cette mystérieuse cité s’était elle aussi cachée, et je n’avais pas réussi à la dénicher, il m’avait fallu employer une méthode peu orthodoxe pour arriver à la trouver, mais le temple s’effondrait ensuite comme si le Destin venait de me dire : aujourd’hui elle ne sera pas ta proie, une autre fois peut-être. Malheureusement, cette autre fois risquait de ne pas se produire de ci-tôt puisque j’avais accepté de suivre son maître qui allait également devenir le mien si je réussissais la tâche qu’il m’avait confié une journée auparavant.
— « Il doit être caché dans les arbres, j’en suis quasi-certaine. » Suggérait ma mère. — « Merci pour ton expertise, mais je m’en doutais. Tu n’auras pas un moyen de le dénicher par hasard ? » Demandais-je toujours de vive voix. — « Sae, je suis le fruit de ton esprit, je ne peux rien faire. » Elle souriait et elle avait affreusement raison.
Cette situation commençait profondément à m’énerver. Il fallait que je trouve mes plantes pour y mettre un terme et essayer de trouver cet homme m’empêchait d’atteindre mon but. Soit je continuais ma route, soit j’essayais de le faire sortir de sa tanière.
— « Tu as du le remarquer, je parle toute seule enfin pour résumer je converse avec ma mère là, et je désire y mettre un terme. Pour cela, il me faut certaines plantes. Tu comprends donc que si je reste ici, je ne fais rien. Si tu es pacifiste montre-toi et aide-moi à trouver ce que je cherche. Si tu es là pour me faire du mal, deux options partir ou bien tenter d’atteindre ma folle personne. » Terminais-je par dire.
Il fallait vraiment que je me repose, toute cette fatigue en moi m’empêchait de faire preuve de prudence. L'Homme au Chapeau m'avait dit que je devais me cacher. Enfin, je montrais d’une certaine manière patte blanche envers l'inconnu, si l’homme se sentait en sécurité en connaissant mes intentions, il pouvait cesser son « camouflage » et se montrer sous les rayons du soleil qui abreuvaient de jour cette forêt qui était plutôt jolie.
Les mains sur les hanches, je laissais quelques instants à l’inconnu pour prendre sa décision. Néanmoins, s’il décidait que cela n’était pas assez pour se montrer, dans ce cas je continuerai ma route et cette fois-ci je ne m’arrêterai plus jusqu’à que ce foutu breuvage soit bu et que je retombe dans les doux et silencieux bras de Morphée.
Observant silencieusement, le chasseur écoutait la conversation de celle à qui il venait d'adresser la parole, se rendant d'abord compte qu'elle parlait bien, sans réellement savoir si elle l'avait entendu et envoyait des mots à sa destination ou si son esprit continuait de lui jouer des tours.
Mais alors que la blonde continuait, Roka compris assez vite qu'il était évidemment la cible de la discussion... En partie. Un sourire arbora son visage, léger, celui d'un homme davantage en confiance face aux explications sommaires de son interlocutrice.
D'un bond de sa position, il se laissa tomber en direction du premier buisson en contrebas, laissant apparaître une rapide forme se mouvant avec agilité, avant de finir à nouveau caché dans les feuillages, cette fois-ci la position ayant été révélée. Pour le chasseur, nul besoin de faire peur la jeune femme par ses agissements, son physique possédant déjà tous les attraits d'une immondice innommable pour certains... Un premier pas vers l'extérieur du buisson, le corps de Roka se révéla peu à peu, laissant paraître une forme humaine faites en partie de métal et de chair, un mélange sordide qui lui valait aujourd'hui d'être encore en vie. Ce fut lors de son exhibition qu'il reprit la parole.
Pardonne-moi d'avance pour cette entrée. Il y a bien longtemps que je n'ai pu tomber en présence d'un être humain, il est rare d'observer quiconque de Joheki no Kuni s'aventurer au fond de pareilles forêts.
L'oeil unique du chasseur nomade contrastant avec sa mâchoire métallique, il tentait au mieux de paraître amical, alors même qu'il savait que la tâche serait difficile et que son physique lui avait déjà valu de nombreuses représailles par le passé.
Depuis combien de temps déjà errait-il dans la nature ? Impossible pour lui de savoir précisément, l'horloge du temps l'avait abandonné depuis un bon moment déjà et seul le pressentiment humain d'avoir perdu des années, lui rappelait que la civilisation lui était presque étrangère malgré les années passées en son sein.
Je connais bien ces bois, ta quête ne sera pas vaine. Seulement, il m'est impossible de m'interroger sur l'origine du mal qui te prend ? As-tu été contrainte de t'aventurer si loin ? La profondeur de ce lieu n'a d'égal que la volonté du voyageur à s'éloigner du monde. La grande muraille en étant la première étape.
Il s'interrogeait, mais surtout, indirectement, venait de proposer son aide à la jeune blonde, étant prêt à user de ses connaissances sur les environs pour l'accompagner dans son trajet...
Dernière édition par Hasegawa Roka le Dim 23 Juin 2019 - 23:26, édité 1 fois
J’attendais que l’individu qui était caché dans les arbres daigne sortir de ces derniers comme je l’encourageais à le faire par les dernières paroles que j’avais prononcées. Les feuilles d’un des arbres se mettaient à trépigner et une silhouette en tombait. Néanmoins, elle fut de nouveau masquer par de la végétation puisque l’inconnu avait atterri dans un buisson. Décidément, il se faisait attendre, mais l’homme sortait doucement de sa nouvelle position.
Mère et moi observions l’individu qui était tout sauf singulier. Elle et moi nous étions unanimes, nous n’avions jamais vu pareil homme dans notre vie. Ma génitrice était choquée et le montrait en adoptant l’attitude qui allait avec, moi j’arrivais à rester neutre, la fatigue et les avatars que j’avais vécu ultérieurement m’avaient dérobé toute mon énergie, alors je n’avais pas le temps ni l’envie de faire celle qui était choquée, horrifiée, surprise.
— « J’ai connu des forêts bien moins accueillantes, celle-ci est plutôt agréable à vivre. » Disais-je en remarquant que l’inconnu semblait être borgne.
L’individu continuait d’avancer tout en parlant. Mais cette fois-ci j’avais eu du mal à comprendre ses mots, heureusement pour moi peut-être que ma génitrice avait compris le sens de ses phrases et pouvait m’en faire une synthèse ?
— « Tu as compris ce qu’il voulait dire ? » Demandais-je à ma mère. — « Oui. Pour faire simple, il te demande ce qui t’amène dans cette forêt dans ce pays loin de tout où l’imposante Muraille sert de frontière entre le monde connu et ses profondeurs. Et il se demande également si tu as été contrainte de te retrouver ici ou si tu es venue de ta propre volonté. » L’hallucination en avait terminé. — « Je te remercie, Mère. Je suis une aventurière, j’arpente ce monde depuis de nombreux mois. Mes voyages mon conduit jusqu’à cet immense rempart que j’ai décidé de franchir afin de voir ce qui se cachait derrière. » Je marquais un temps d’arrêt. « Malheureusement, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me reposer et mon esprit me joue des tours. Je suis Sora. » Terminais-je par dire. — « Sora, vraiment ? Tu m’as demandé mon avis pour emprunter mon identité ma fille ? » Elle n’était pas ravie et le faisait savoir. — « Tu es vraiment énervante quand tu t’y mets. » Disais-je en faisant face à mon fantôme imaginaire.
Je venais de mentir à cet homme, mais je ne pouvais pas en faire autrement. Je devais faire profil bas, personne ne devait savoir que Yaoguaï Sae se trouvait à Joheki. Iwa savait que j’avais rejoint l’Homme au Chapeau même si ce dernier me mettait à l’épreuve avant de pouvoir gagner ma place à ses côtés, il était donc inutile d’attirer trop l’attention sur ma modeste et douce personne.
— « On se met en route ? Comme je te l’ai dit, j’ai besoin de certaines plantes pour concocter un breuvage qui me permettra de me débarrasser du fantôme de ma mère qui en ce moment se tient à tes côtés. » Disais-je tout en pointant du doigt pour lui montrer où elle était. — « Tu pourrais me présenter quand même ! » Répliquait aussitôt celle qui m’avait donné la vie.
Cette chasse aux plantes allait être longue, très longue si je devais en plus jouer les intermédiaires entre mon hallucination et mon vrai interlocuteur fait de chair et de je ne sais pas trop quoi.
Quel spectacle tout avait fait singulier... L'esprit de la jeune femme semblait bien lui faire voir des formes d'un autre homme, parallèle au notre, mis en relation par certaines émanations naturelles telles que la folie, ou bien ce qui pouvait être le portail psychique menant à l'autre monde.
La conversation fut confuse par moment, permettant à Roka d'assister à un spectable rare qu'il ne lui avait jamais été donné d'observer et dont les rouages lui étaient inconnues. Le mal qui frappait la pauvre femme pouvait bien la prendre depuis des années, tout comme être récent... Impossible à ce moment de démêler le vrai du faux, d'autant qu'une personnalité aussi perturbée, perdue au fin fond des bois, ne pouvait qu'inspirer une confiance limitée, malgré le caractère, aux premiers abords, sympathique que Sora divulguait.
Enchanté Sora. Je suis Roka, chasseur nomade et accessoirement ton aide en ces lieux. Que ta voix ne se vexe pas de ne pas lui adresser la parole pour des raisons évidentes de praticabilité.
Le chasseur plissa les yeux, offrant une vue plus précise en direction du sol proche de la demoiselle. Il s'approcha, lentement, ne voulant pas paraître brusque et faisant toujours attention à ne pas s'approcher de trop près de la femme. Tout deux venaient de se rencontrer, affichant des personnalités atypiques dont l'un ne connaissait rien de l'autre et vice-versa, n'importe quel psychopathe pouvait se trimbaler en ces lieux. D'autant que l'expérience de la mort et des combats lui avaient appris à ne jamais se fier qu'à ses yeux, mais aussi à son chakra, un moyen de s'assurer ne pas être en présence d'une illusion quelconque envoyée par une menace plus grande encore.
Roka profitait habituellement de la vie, usant de la liberté auto-incombée qui lui valait cette vie de nomade solitaire, et pourtant, il se retrouvait à cet instant à proposer son aide à une femme, venant probablement de la civilisation, un monde étranger qu'il avait fuit bien longtemps auparavant et auquel il n'apportait aucune affection particulière. Etait-ce le manque de contact qui le forçait à s'approcher de Sora ?
Il aurait simplement pu passer son chemin. Il le savait. Malgré tout, son premier réflexe avait été d'abandonner sa traque pour s'approcher de la femme au spirituel déstabilisé.
Quelles plantes font l'objet de ta quête, Sora ? Sans davantage de détails, je ne pourrais t'offrir l'aide nécessaire pour t'extirper de ta condition.
L’individu qui était enfin sorti de l’ombre se présentait à moi ainsi qu’à mon hallucinante génitrice. Néanmoins, il précisait qu’il était dans le regret de ne pouvoir conversé avec cette dernière dans la mesure où cela s’avérait compliqué. Il lui demandait même de ne pas lui en vouloir. Aussitôt, la véritable Sora prenait la parole et bien évidemment, j’étais la seule à pouvoir l’entendre.
— « La voix ne va pas se vexer. Par contre elle est très intriguée par son état. Qu’est-il au juste ? Si tu pouvais lui transmettre la question. » Me demandait ma mère.
Néanmoins, je faisais celle qui n’avait rien entendu. La question que l’hallucination avait posée pouvait très clairement vexer mon interlocuteur, si je voulais la lui dire il fallait que j’attende un minimum, car pour le moment cela était encore trop tôt.
— « Elle ne t’en veux pas et elle comprend. » Disais-je en prenant les devants.
L’homme qui n’était plus un inconnu maintenant puisqu’il m’avait donné son identité à savoir Roka, marchait à mes côtés. Il m’avait demandé de lui décrire ce dont j’avais besoin, car si je ne disais rien il ne pouvait pas m’être d’une grande utilité. Et il avait raison, à Hayashi no Kuni je pourrais me permettre de rester muette, car je serais dénichée les plantes dont j’avais besoin connaissant les secteurs où elles poussaient, or ici ce n’était pas le cas. L’individu était un chasseur nomade selon ses dires, dans ce cas il connaissait certainement mieux cette forêt.
— « Je suis à la recherche de Sawatôgarashi, d’Oobakoka ainsi que de Benkeisôka pour ce qui est des plantes. Mais il me faut également des racines de Nozenkazukara. » Disais-je. — « Tu as oublié une plante ma fille, l’Iyuka. » Répliquait ma mère. — « Effectivement, il me faut aussi de l’Iyuka. » Lâchais-je pour palier à mon oubli.
Heureusement qu’elle était là. Il manquait un ingrédient, sinon le breuvage aurait été incomplet. Je ne savais pas trop ce que cela donnait si la mixture avait un ingrédient en moins, mais il me semble dans mes vieux souvenirs que l’Ancienne avait parlé de violents maux de ventre et que les plus fragiles pouvaient en mourir si ces derniers en avaient beaucoup ingurgité.
— « Toutes ses plantes ainsi que les racines sont trouvables dans cette forêt ou bien je ne vais pas pouvoir me soigner de ci-tôt ? » Demandais-je avec un petit rire nerveux.
J’espérais vraiment que tous les ingrédients étaient accessibles, car je n’avais clairement pas le courage de vivre cette situation pendant des jours et des jours entiers. Je serais folle avant même de retrouver l’Homme au Chapeau.
Roka resta attentif aux paroles de la jeune femme dont l'hallucination semblait continuer de lui adresser la parole. Se guérir en utilisant des plantes n'était pas toujours une méthode parfaite, pouvant parfois avoir des effets secondaires, néanmoins, les connaissances que Sora semblait avoir, couplées à celles de l'homme de métal ne pouvaient qu'améliorer les chances de faire fonctionner l'onction, ou quelconque breuvage prévu.
Roka acquiesça.
Très bien. Je ne saurai te dire véritablement si elles sont toutes trouvables dans les environs, mais j'ai pu en observer parmi la forêt. Il va falloir rester attentifs et ne pas les manquer de vue.
Le chasseur ne se sentait pas particulièrement à l'aise, la femme lui était inconnue jusqu'à lors et seules les anciennes manières de l'Hasegawa qu'il avait appris lors de son enfance lui laissaient le loisir de s'adresser à elle sans perdre la face. Avoir peur n'était pas le mot ici, non, il s'agissait bien d'une appréhension par rapport à lui-même... Par rapport à sa propre capacité à communiquer à nouveau avec la civilisation. Réussirait-il à la pardonner de tout le mal qu'elle faisait dans le monde ? Sûrement pas, mais ses aprioris pouvaient eux s'amenuiser au fil des relations positives.
Roka se re-mit à marcher, patientant à chaque pas de la blonde jusqu'à ce que celle-ci avance à son tour, ne voulant pas la devancer, ni même avorter la première conversation qu'il avait avec un être humain depuis plus d'un an. Le temps avait fait de lui un chasseur aguerri, mais aussi un étranger du monde.
Je te fais signe si j'en aperçois une.dit-il, le regard fuyant à droite et à gauche vers le sol.
S'il cherchait véritablement à aider Sora en ratissant le sol des yeux, Roka ne pouvait s'empêcher de garder ses instants de rôdeur, ceux d'un chasseur imperturbable dont la survie était une nécessité absolue. Il était prêt à réagir, user de ses capacités, si la blonde s'avérait n'être qu'un maléfice perdu au fond des bois... Une tromperie. Tout ceci était trop étrange pour qu'il abandonne sa garde...
Un premier contact humain, loin de tout, face à une femme dont l'esprit tourmenté semblait la destabiliser à un haut point. Parlait-elle réellement avec une hallucination ?
Il devait en savoir plus, mais avant ça, devait montrer qu'il n'avait rien à cacher... Subtilement.
Tant de temps sans croiser une seule personne... Voilà des années que j'ai quitté mon foyer à Hi no Kuni pour arpenter la nature et le monde, loin de l'idéologie des grandes villes et... récemment, des villages cachés. J'ai toujours été curieux, envieux de découvrir le monde... Désireux de ne pas participer aux grandes tueries qui arpentent notre monde... Heureux d'être libre...
Sa voix se mit à ralentir sur la fin, aidée de son regard qui s'enfuit vers la jeune femme.
Et toi, Sora ? Qu'est-ce qui te fait vivre en monde ?