Le jeune héritier des Hoshino était toujours entouré. Si son grand-père, Hoshino « Iga-no-kami » Kazan l’avait fait escorter par de nombreux samouraïs du clan, le jeune homme n’était pas sous la surveillance de Hoshino Torahime, qui était elle-même occupée à gérer les soins de plusieurs personnes dans les environs de la région d’Iga. Le printemps portait les pétales de fleurs de cerisiers et les neiges ne demeuraient que dans les sommets enneigés qui cernaient la région au lointain horizon.
Hoshino Shunsada, son père, était lui-même occupé à gérer les affaires diplomatiques du clan, alors que Watari… Eh bien, à défaut d’être entrainé, pouvait jouer. Le jeune garçon, à peine plus que trois pommes, restaient malgré tout assez introverti et timide. Ce jour-là, rien ne le prédisposait à rencontrer celui qui plus-tard, se ferait surnommer le « gardien de l’Honneur ». Mais les jeunes esprits ne se forgent que rarement seul. Elle l’avait mis au défi, car elle le considérait comme trop peu courageux. Je suis sûre que tu n’as pas le courage de t’éloigner des gardes de Kazan ! Une voix trop assurée pour la stature de la jeune fille aux cheveux blonds, mièvre et arrogante. Défi puéril de la part d’une jeune fille plus grande que lui. Mais il n’avait pas voulu la décevoir. Il voulait mériter le titre de samouraï qu’il devait hériter.
Alors, profitant d’un moment d’inattention, il s’était caché et s’était éloigna des samouraïs qui veillaient à sa protection dans les terres du clan et s’était dirigé vers le village en partant sur les routes. Le long de celles-ci, de nombreuses personnes le regardèrent. Mais lui, il ne les connaissait pas ! Alors, il faisait attention et s’avançait prudemment, alors que dans sa poitrine, son cœur tambourinait sous l’adrénaline d’avoir bravé l’interdit et de ce test de courage enfantin. Ils sont tous tellement grand. Et le monde semble soudain si vaste que son esprit ne parvient pas vraiment à saisir l’immensité soudaine de son monde. Le monde où tant de choses inconnues, vivent. Il y a des oiseaux, aussi. Des gens, habillés de guenilles et mal rasées qui s’en vont cultiver des champs. Des gens qui tirent des drôles d’engins de bois où ils portent des tas de choses qu’il ne reconnaît pas. Les couleurs sont nombreuses. L’activité est florissante. Malgré tout, personne ne semble trop vouloir le remarquer, alors, il s’avance encore, sans trop savoir où il va.
Allait-il se perdre ? Etait-il suffisamment courageux pour Eirin ? Est-ce qu’il méritait d’être un samouraï, grâce à cette exploration impromptue ? Le sol ici est plus terreux, plus sale. Il espérait ne pas se faire gronder s’il salissait ses zoriis et son kimono. Mais s’il voulait réellement être fier, il devait réussir à ramener des fleurs de la ville. S’avançant jusqu’à un groupe de personne où était un garçon un peu plus grand que lui, Watari tenta d’éclaircir sa voix et de paraître le plus sûr de lui que possible : Ex…Exc…Excusez-moi… Je chercherais à me rendre en ville… Et je… Je ne sais pas par où je devrais aller… Mais les voix étaient assez fortes. Il était peu probable que les adultes le remarquaient. Alors, timides et rouge de gêne de n’avoir pas su se faire entendre, il patienta là quelques instants, à chercher s’il devait rebrousser chemin ou tenter de partir seul. Ou peut-être que quelqu’un lui répondrait ou le remarquerait ? Et les gardes ? Il espérait qu’ils ne soient pas trop inquiets…