Le vent sifflait laissant danser leurs capes tandis qu'ils avançaient le pied sûr et l'attitude féroce en direction d'un pays qui n'étaient pas le leur. Là, les trois kirijin avaient quitté leur petit îlot fait de brume et de boue pour apprécier l'air sec du Pays de la Terre.
▬ Tsuchi no Kuni, hein ? Voilà un moment que nous n'avions pas posé pied dans ce pays mon frère.
L'attitude du Meikyû n'avait rien de craintive. Il était déterminé à mener sa mission avec brio accompagné de ses deux compères. Là, son œil se posait tout de même sur le dernier membre du trio qui avait rejoint la fraternité. Noah, un Yuki. Hmpf... Il portait le nom des perfides et scélérats et pourtant le voilà qu'il était là à nos côtés. Même si le jeune docteur était expert sur la question des préjugés, des stéréotypes et autres biais de jugement, il n'en demeurait pas moins farouche et dubitatif envers ce shinobi qu'il ne connaissait que depuis quelques lunes. Les brins de causette et autres palabres qu'ils avaient pu échanger dans la caravelle de son cousin, Yuki Shinichi, n'étaient pas suffisant pour qu'il puisse considérer cet homme calme et friand de confiserie comme son égal. C'est dans le feu de la bataille que l'on découvre les traîtres et les frères de sang. Dans quel camp seras-tu Noah ? murmuraient les songes du Meikyû tandis qu'il portait un regard noir vers le griveton bleu.
Mais trêve de mondanité, il n'avait guère le temps de s'attarder sur la fidélité d'un homme qui n'avait rien à prouver. Les informations avaient été transmises, ils avaient en ce jour une mission à accomplir. Les Hoshino étaient des samouraïs et la lettre du Tsuchikage fut d'une grande aide. Dans quelques heures, ils arriveraient au Village Caché de la Pierre. Dans quelques heures, ils feront face à des belligérants qui ne leur voudront pas du bien, c'est donc avec un esprit déterminé et une motivation à toute épreuve que le Maître Doton perçait l'horizon avec un œil aiguisé et brûlant.
▬ Je me sens dans mon élément par ici, c'est une sensation que je n'avais pas connue depuis des lustres. Ces montagnes, ces élévations, ces contre-forts, c'est comme si j'étais un enfant de cette terre.
Une pensée demeurait pour deux personnes avec qui il avait confronter son roc voilà bien des années. Il était ravi, ils le seraient aussi.
Je réajustais ma cape, d'un air las, avant de reporter mon regard devant moi. J'avais une sucette dans la bouche, alors que je marchais d'un pat nonchalent sur les terre du Pays de la Terre. Un peu de tourisme ne faisais jamais de mal pas vrai ? Enfin, j'aurai bien aimé pouvoir dire que j'étais là pour du simple tourisme. Malheureusement, la vie en avait décidé autrement. Voilà que j'apprenais par mon père que notre chef de clan, Yuki Eiichiro, et certains de ses alliés avaient déserté le village lors d'une nuit. Je me doutais bien que les choses n'allaient pas bien depuis l'élection de Sôsuke-dono, mais de là à déserter...
Tant d'éléments m'échappaient. Je ne suivais ces affaires politiques que d'un œil bien distrait. J'en avais bien le droit, mon corps était ici, à Tsuchi no Kuni, mais mon esprit lui, je le cherchais toujours. Changeant ma sucette de position, la passant d'une joue à l'autre mécaniquement, je repensais encore une fois à tout ce qui s'était passé depuis ce fameux retour de Shîto. Je devais bien en finir avec ce chapitre de ma vie, il n'avait que trop duré. Et pourtant, peut-être qu'il me manquait encore quelque chose. La raison pour laquelle j'étais envoyé en mission aujourd'hui concernait-elle mon état psychique ?
La réponse que je cherchais, la trouverai-je auprès de nos traitres ? Observant mes deux coéquipiers, mon attention se posa de longues secondes sur Hanzô, avec qui j'avais déjà pu partir en mission. Il portait Samehada, avait déjà de l'expérience, et puis sa simple aura suffisait à me dire qu'il était fort. Quant à l'autre... Eh bien, je ne sauvais tout bonnement rien de lui. Meikyû Yamamoto. Meikyû. Je ne savais rien de ce clan, ni de cet homme, et au vu de l'attention méprisante qu'il me portait, sans doute devrais-je faire attention à mon attitude. En tout cas, la remarque qu'il partagea me fit hausser les sourcils.
- Eh bien, espérons que votre parent saura se montrer accueillant avec nous.
Poussant un soupir, je venais me gratter l'arrière de la tête alors que mes pas se succédaient, encore et toujours, tandis que ma cape se laissait négligemment emporter par le vent, fermement attachée autour de mon cou. Je ne savais pas ce qui nous attendait au village caché d'Iwa, mais je redoutais déjà le pire. Et c'était bien le genre de choses qui m'ennuyait.
[Mission A] La première traque de la Brume : Arrivée dans le pays