Il ne répondait pas. Alors que tu lui avais parlé. C'était un
honneur. C'était un
exploit. Et il te dédaignait. Il passa même devant toi. Sous prétexte qu'il connaissait le
terrain. Tu fis une moue. Une moue de
colère. De
rage. De
foudre. Mais tu te tus. Tu ne lui fis pas encore une fois, l'honneur de ta
voix. Non, tu ne permettrais plus cela. Alors, tu le suivis.
Docilement. Tout du moins, en
apparence.
Oui, car à l'intérieur, tu bouillonnais. La
lave se répandait du haut de ton corps. Jusqu'en bas. Passant partout. Pour te rendre
chaude.
Sauvage. Maîtresse de tes
instincts. Et non de ton cerveau. Faire cela était souvent synonyme de
mort.
Prématuré. Mais la lave éteignait les alarmes. Éteignait tout. Aussi bien les alarmes. Que ton
cerveau. Qui plongea dans un
rêve. Un rêve
doux. Tu l'espérais. Tu le souhaitais.
Parmi les
flammes, une voix te fit sortir de ton corps. Avec
force. Avec
fermeté. De l'homme. La voix de l'homme. Qui te demandait si tu avais perdu ta langue. Tu ne répondis pas. Tu ne voulais pas répondre. À quoi bon ? Il pensait que tu n'étais qu'une “
femme”. Une simple
femme. Pensait à cela te ramenas dans ton corps. Parcouru de torrents de lave. Une lave
bleue. Non rouge. Mais bleu. Tu essayas de te calmer. Que les torrents arrêtent de couler. Il faut croire que tu y arrivas. Une simple
flamme demeurait dans ton corps. Une flamme bleue. Une petite flamme, mais qui
brillait dans le noir. Elle était si belle. Si chaude. Si
réconfortante. Mais elle brûlait. Et le feu tue.
« Un visage souriant est le plus beau de tous les paysages. »
Tu marchais sans savoir où tu allais. Ton
regard n’en perdait pas une miette. Un corps bien appris. Un corps fait pour réagir
immédiatement. Un corps entraîné pour cela. Une
vallée s’étendait en bas. Et toi, tu étais au
sommet. D’un des monts. Il te mit en garde. Tu t’en fichais bien. Il fallait descendre pour espérer découvrir une source
chaude. Mais avant d’avoir pu esquisser le moindre geste, un
hurlement se fit entendre. Le cri d’une bête.
Costaude. Qui apparut dans votre champ de
vision. Un
ours.
Tu sentis un bref regard. Il souhaitait sûrement que tu montres tes
capacités. Tu allais le faire. Tu te mis à
quatre pattes. Attendant que la bête charge. Encore. Encore un peu. Juste un peu.
Maintenant !
Tu fis un pas de côté, assez pour échapper aux
griffes et à la charge. Ce qui te permit de donner un coup de griffe sur toute la
longueur. Tu n'avais pas le temps de combattre cette bête. Les griffes ont tailladé assez profondément sa chair. Elles sont faites pour cela. Tu te remis en position tandis que la bête hurlait. De
rage.
Tu regardas ta nounou. Allait-il faire quelque chose, ou bien allais-tu devoir te débrouiller ?
Seule ?
Les fesses en l'air, les mains posées sur le sol, tu
attendis. Tu passas ton regard de la bête enragée à l'homme. Tous les deux sont des
bêtes. Seulement, l'un a
le corps d'un humain.