Namue n’eut pas le temps de répondre à son compagnon belette que les marins engageaient les manœuvres pour rejoindre une section de l’île qu’elle ne connaissait pas et où ils ne tardèrent pas à installer une descente en bois temporaire avant d’enjoindre la chûnin à l’emprunter.
La jeune femme ne put s’empêcher d’être légèrement nerveuse car contrairement à une recrue ordinaire, elle n’avait pas eu de réel maître sabreur, elle n’avait donc aucune idée de ce qui l’attendait une fois sur la terre ferme et, surtout, elle n’avait personne pour l’accompagner alors qu’elle descendait la descente de bois légèrement glissante d’humidité. Puis elle ressentit la petite belette qu’elle avait invoquée un moment auparavant se vautrer contre sa nuque et la jeune femme compris qu’elle n’était pas réellement seule et, après une dernière grande respiration, elle termina sa descente pour finalement rejoindre la terre ferme où l’attendait les anciens du clan qui ne tardèrent pas à l’enjoindre de les suivre ce qu’elle fit sans la moindre hésitation.
Le sentier s’enfonçait dans les profondeurs de l’île avant de revenir subitement vers la rive, empruntant un chemin presqu’invisible à l’œil nu et la jeune femme ne put s’empêcher de se faire la réflexion qu’en l’absence de ses guides, elle n’aurait jamais réussi à se rendre à destination.
Une fois arrivé, la jeune femme fut invitée à se placer au centre d’un cercle de pierres encastrées dans le sable fin d’une plage secrète. Puis, une fois qu’elle se fut exécutée, les anciens vinrent l’entourer et, après une brève explication qui se résumait à : « Devient maître de ta lame », l’homme se replaça dans le cercle et, quelques instants plus tard, des percussions se firent entendre puis, une poignée de secondes ensuite, les anciens se mirent à chanter d’une voix unique un chant rauque et guttural, un chant guerrier.
Laissant la mélodie l’envahir, la jeune femme dénoua sa lame de sa ceinture avant de la planter dans le sable devant elle puis, dans un geste symbolique, elle vint déposer son front contre le pommeau de son arme, fermant les yeux tandis qu’elle ouvrait enfin ses sens. Lentement la froide sensation du fer contre sa peau s’estompa puis, lorsque la jeune femme ouvrit de nouveau les yeux, une douce brise se mit à souffler tandis qu’une nappe de brume venait recouvrir le champ de bataille sur lequel elle se retrouvait désormais, venant camoufler les innombrables cadavres qui s’y trouvait.
La chûnin se releva tranquillement avant de porter instinctivement la main vers sa nuque à la recherche de son compagnon à fourrure qu’elle ne trouva pas.
En ses lieux, tu es seule. La voix venait de s’élever dans le dos de la jeune femme qui ne put s’empêcher de ressentir de nombreux frissons lui parcourir l’échine de la colonne tandis qu’elle se retournait pour faire face à la nouvelle venue, une dame portant une longue robe blanche qui semblait se fondre à la perfection dans la nappe de brouillard qui recouvrait le paysage.
Ou plutôt, nous sommes seules. La dame de brume tandis soudainement sa main droite vers le sol et, sous les yeux de la jeune femme, une lame éthérée s’y matérialisa.
Je lis en toi ton questionnement… J’ai de nombreux noms, certains me connaissent comme Misuto, la lame de brume, d’autre comme la protectrice de Mizu no Kuni… mais là n’est pas ton réel questionnement car il y a peu tu as appris le secret des lames à pouvoir et tu te demandes mon nom d’antan… Je suis ou plutôt, j’étais Heizu. La chûnin hocha la tête tandis que son regard alternait entre la lame de son interlocutrice et le visage insaisissable de cette dernière.
Enchantée Heizu-sama. L’ombre d’un sourire sembla étirer les lèvres de la dame avant de disparaître aussitôt tandis qu’elle levait sa main libre pour pointer un endroit au-dessus des épaules de la Kayuri. Intriguée, la jeune femme suivit la dextre du spectre et, sous ses yeux légèrement ébahis, elle vit le brouillard se condenser en de multiples endroits pour se matérialiser en des centaines de lames toutes uniques dans leur forme.
Je t’ais choisie pour devenir la nouvelle protectrice de Mizu no Kuni, c’est maintenant à ton tour de me choisir. Toutefois prend garde car tu n’as qu’un seul choix et une seule de ses lames est véritable… Alors qu’elle terminait sa phrase, la dame de brume se fondit de nouveau dans son élément, laissant la jeune femme seule face à un champ d’épée disparate et une question lui brûlant l’esprit, comment choisir?
La chûnin connaissait bien entendu l’apparence physique sous laquelle la lame se présentait, mais elle avait l’intime conviction qu’il ne s’agissait pas de la solution à l’épreuve actuelle. La légende voulait que Misuto changeait son apparence en fonction de son propriétaire et une hypothèse germa dans l’esprit de la maître-lame, peut-être était-ce justement le but de l’exercice ? Choisir l’arme qui, par sa forme, lui convenait au mieux?
Prenant une profonde inspiration, la Kayuri commença à avancer tranquillement parmi les armes, balayant celle-ci du regard à la recherche de celle qui l’appellerait, mais après ce qui lui semblait avoir été plusieurs dizaines de minutes, la jeune femme dût se rendre à l’évidence, aucune lame n’attirait plus son regard qu’une autre, il ne s’agissait donc probablement pas de la bonne solution pour y arriver.
Se repassant les bribes d’information en lien avec la lame de brume que Yuri lui avait inculquée tout au long de son apprentissage sans qu’elle ne le réalise de prime abord, Namue se rappela un commentaire de cette dernière lorsqu’elle cherchait à lui apprendre à injecter son chakra dans son arme : « Tu dois ressentir l’âme de ta lame… ». Seulement quelques mots, mais la Kayuri ne pouvait plus s’empêcher d’être certaine qu’il s’agissait d’une manière pour sa mentore de lui indiquer la clé pour la réussite de cette épreuve.
C’est donc avec un souffle nouveau de motivation que la jeune femme ferma tranquillement les yeux et, plutôt que de parcourir les milliers de lames une à une à l’aide de son regard, elle balaya la zone qui l’entourait de son esprit, cherchant à percevoir cette sensation qu’elle avait ressentit lors de son apprentissage auprès du gardien et tandis qu’elle s’afférait à analyser la zone, une pulsation se fit sentir dans sa main droite, attirant aussitôt l’attention de son esprit et elle ne put s’empêcher de sourire car elle venait de comprendre ce qu’elle devait faire.
Je suis toi et tu es moi. Aucune de ses armes ne correspond à toi car tu es déjà en moi, car je suis déjà la protectrice de Mizu no Kuni. La chûnin leva sa dextre au niveau de ses yeux avant d’ouvrir ceux-ci, propulsant par le fait même sa volonté dans celle-ci et doucement un voile de brume vint la recouvrir, l’enserrant dans une poigne intangible avant de se concentrer au niveau de sa main légèrement refermé, formant d’abord un pommeau ouvragé, mais sobre avant de matérialiser une lame fine et immaculée d’une longueur respectable pour un katana.
À vos ordres maîtres. Et alors que ses mots résonnaient encore dans sa tête, la jeune femme ouvrit soudainement les yeux, remarquant que les chants avaient depuis cessés et tous la regardait. C’est alors que le maître de cérémonie s’avança dans sa direction, ouvrant lentement les bras avant de finalement prendre la parole.
Bienvenu chez les sabreurs, Namue.