Cela ne faisait que quelques minutes que j'étais à l'intérieur de la maison du vieux Hisashi, et pourtant j'étais déjà prêt à partir. Cette chose qui m'appelait n'était pas loin, je le savais, et si je me laissais guider je n'aurais aucun mal à l'atteindre. J'étais impatient de partir, malgré l'orage qui éclatait dans le ciel. Pour une raison que j'ignorais, j'étais persuadé que ces éclairs ne me feraient pas le moindre mal. Malgré mon statut d'assimilateur de foudre, je n'étais pour autant pas immunisé à mon propre élément de ce que je savais. Et pourtant j'avais l'intime conviction que ces derniers ne représentaient aucun danger pour moi. J'avais déjà entendu la mélodie du tonnerre, puissante et rapide, galvanisante mais imprévisible et changeante. Et bien que celle qui chantait au-dessus de nos têtes comportait des notes similaires, en y prêtant attention, elle donnait l'impression d'avoir sa propre volonté. Comme si elle mouvait au gré d'une puissance de la nature pourvu d'une conscience intelligente. Arrivé devant la porte, je m'arrêtai face à ce constat qui fit bouillir mon sang d'un mélange étrange d'effroi et d'impatience. Je posai ma main sur la poignée de la porte, prêt à sortir de la demeure du vieil homme lorsque je sentis sa main se poser dans le creux de mon coude, afin de me retenir. Je tournai alors ma tête vers ce dernier, l'air un peu absent.

-Il t'attend, mais il ne sera pas tendre avec toi si tu ne lui plais pas. Ne l'affronte pas, ou tu cours à ta mort, Hikari-dono...

Et c'était certainement la phrase qu'il ne fallait pas me dire. Si je l'affrontais j'allais mourir ? Il était si balèze que ça ? Papy-Hisashi comprit son erreur lorsqu'il vit mon regard s'illuminer à ces quelques mots. Il savait qu'il n'avait fait que réveiller mon instinct de combattant, et que je n'aurais que d'avantage envie d'affronter ce "Il". J'offris un large sourire au papy et tentai de prendre un air rassurant qui n'était absolument pas convaincant.

-Haha vous faites pas d'bile Ji-chan ! J'f'rai rien d'fou !

Il ne put s'empêcher de laisser échapper un léger soupire en fermant les yeux, puis les releva vers moi de manière lasse mais inquiète.

-Vous avez décidément beaucoup de points en commun... De toute manière, je ne pourrai pas t'empêcher de faire ce que tu veux. Alors va.

-Héhé, à plus' Ji-chan !

Et sur cette dernière note, je quittai la demeure du grand-père et prit la direction de la sortie du village. Le temps orageux avait convaincu tout le monde de rester chez eux, mais ils ne manquèrent pas de venir à leur fenêtre pour me saluer. Je leur rendais ce salut avec un petit signe de la main, et un léger sourire. Pour une fois, cela faisait du bien de se sentir accepter. Je me sentais presque chez moi, et je me fis à la réflexion que tout le chemin que j'avais parcouru jusqu'ici, le rejet et ma fuite de Tetsu...tout semblait mener à cet instant. Une suite presque logique. Mais les choses n'étaient pas finies. Il me manquait à me diriger vers ce la source de la force qui m'appelait à elle, un peu comme un parent autoritaire demandait à son fils turbulent de venir le voir. Une fois aux portes du village, je fermai les yeux et fis le vide intérieur pour me laisser guider par ce fil invisible qui m'attirait vers lui. Je finis par rouvrir mes yeux, et ceux-ci se posèrent sur une montagne qui semblait plus haute que les autres, comme si elle se perdait dans les nuages. C'était là où je devais aller.

Me mettant en route, je n'avais pas envie de perdre une minute et je pressai le pas immédiatement, me mettant à courir vers la source de l'appel. Au fur et à mesure que je m'approchais, l'orage au-dessus de ma tête s'intensifiait. D'un point de vue extérieur, on aurait presque dit que mon avancée provoquait la fureur du ciel. Mais pour ceux qui savaient écouter le chant du tonnerre, on pouvait clairement sentir l'impatience de ce dernier, attendant ma venue. Souriant, j'accélérai encore et filai vers la montagne. Arrivée au pied de la montagne, je concentrai du chakra dans mes pieds en prenant un appui, et je sautai pour m'élancer. La vitesse et la puissance du saut plaquèrent mes cheveux sur mon crâne, le vent me fouettant, mais je ne m'en préoccupai pas. J'atterris sur le flanc de la montagne à quatre pattes, mes mains imprégnés de chakra elles aussi pour me permettre d'agripper plus facilement le sol. Et je m'élançai vers le sommet de la montagne. Les nuages se rapprochaient à une grande vitesse, et avec le sentiment pressent que je ressentais ne faisait que grandir. Jusqu'à ce que je perce enfin le couvert des nuages...

J'y arrivais enfin, mon instinct me disant qu'au-dessus de ces nuages se trouvait ce que je cherchais, cette personne qui m'appelait. Concentrant du chakra dans mes jambes, je réalisai l'ultime bond qui me permettrait de percer le tapis blanc qui recouvrait le ciel. Je m'attendais à ce qu'il soit doux, intangible, une caresse à peine comme la vapeur blanche qu'elle était censée être. Au lieu de cela, j'eus pendant un instant l'impression de passer à travers un fin voile qui semblait presque liquide, comme si je perçais la surface de l'eau. Mais en arrivant de l'autre côté, je n'étais absolument pas humide, cette impression n'avait au final été que factice. La force de mon bond m'avait mené plusieurs mètres au-dessus de la base des nuages, et si je m'attendais à retrouver quelqu'un au sommet de cette montagne, je fus complètement soufflé par ce qui s'offrait à mes yeux. Ce n'était pas juste le sommet de la montagne, mais tout un monde qui s'étendait devant moi. A la place du sommet rocheux que je m'attendais à voir, et de tous ceux qui culminaient dans les environs, des statues de roche étaient posées sur un sol qui semblait tout aussi solide et plat que la terre ferme. Des statues de canidés...de loups ? Il y avait même une fine couche d'herbe posé sur ce qui devait être des nuages, mais n'en avait plus l'air maintenant que j'avais émergé au-dessus de ces derniers. Au dessus de nos têtes grondait un orage, le même qui semblait sévire au-dessus de Lei_Tsu. La beauté et le caractère incongru des lieux me captivèrent l'instant d'une fraction de seconde, avant que mon sens du combat ne s'affole. Un éclair plus tard, une présence écrasante se fit sentir en ces lieux, et l'instant d'après mes yeux se posèrent sur cette présence légèrement sur ma droite.

Comment avais-je pu le rater ? Comment avais-je pu voir autre chose que lui en traversant ces nuages ? Il aurait dû être la première vision de mon champ, et pendant un instant je me demandai s'il était bien là une seconde auparavant. Un loup blanc énorme, qui faisait largement la taille d'un grand bâtiment et bien plus gros que n'importe lequel d'entre eux. Une ligne bleu remontait le long de son museau vers son front, et se transformait entre ses deux oreilles en une sorte de tâche qui reprenait le symbole que je voyais partout sur les maisons de Lei-Tsu ; le mitsu no tomoe. Des lignes du même bleu électrique parcouraient sa fourrure blanche, dessinant des lignes imparfaitement droites qui zébraient le long de son dos et de ses membres. Il était proprement majestueux...et puissant. Je pouvais le sentir rien qu'en posant mes yeux sur lui, je pouvais dire sans l'ombre d'un doute qu'il était d'une puissance grandiose. Un frisson parcourut mon échine, et mon sourire revint. C'était "Lui", celui qui m'avait appelé plus tôt. C'était lui qui tirait ce fil invisible qui m'avait mené jusqu'ici. Ses paupières jusqu'alors fermées, s'ouvrirent et il posa son regard sur moi. Des yeux dorés, un regard intense mais profondément calme qui transperçait sa cible, comme s'il tentait de me sonder. De me tester. Tout le reste n'eut soudain plus aucune importance, et les battements de mon coeur s'emballèrent, faisant rugir le sang à mes oreilles. Nous allions voir de quoi il était capable. Alors que j'étais encore dans les airs, concentrant du chakra dans ma main, des éclairs se formèrent autour de celle-ci et je tendis ma main vers ma cible pour libérer le torrent de foudre.

-Raiton : Raijuu no Kiba !



Et la bête de foudre fonça vers le loup blanc géant. A l'évocation du nom de ma technique, la bête leva ce qui devait être un sourcil pour un loup, et je crus voir l'ombre d'un sourire se dessiner sur ses babines. La foudre qui le visait ne semblait nullement l'inquiéter. Et pour cause, sa queue immense commença à s'agiter paresseusement, puis d'un coup sec vint balayer la foudre qui le menaçait. D'un simple revers de queue, rien de plus. Etait-ce une blague ? Il avait simplement effacé mon attaque comme s'il ne s'agissait que d'un écran de fumée. Mon sourire déjà extatique ne fit qu'augmenter avec la nervosité soudaine que m'inspira cette démonstration de puissance. Et je n'étais pas au bout de mes peines. L'orage éclata à nouveau, et d'un coup, le loup qui se tenait devant mes yeux n'était plus. Il avait purement, et simplement disparu. Où était-il passé ? Et comment une bête aussi énorme avait fait pour disparaître devant mes yeux ?? Etait-ce une blague ?? Tous mes sens se mirent en alerte, le danger picotant chaque nerf de ma peau. Ca sentait mauvais...

-Eh merde, il est passé où c'loup immense ? Faut vite que j'm'assi...Gné ?

Avant même que je n'ai pu terminer ma phrase et entamer la processus d'assimilation, un nouveau coup de tonnerre résonna dans le ciel et une patte géante apparut dans mon champ de vision. Non seulement à la périphérie de mon champ, mais je sentais déjà le dessous de sa patte se poser sur mon corps. A quel moment était-il passé derrière moi ? A quel moment avait-il réalisé ce mouvement de patte que j'aurais dû voir arriver à des kilomètres ?! Au lieu de cela, j'eus à peine le temps d'essayer de mettre mes bras en opposition qu'il frappait déjà. Comment pouvait-il se déplacer aussi vite ? Et cette puissance ! En plein dans les airs, et avec mon poids plume, je pus ressentir toute l'étendue de sa puissance tandis qu'il refermait sa patte sur moi. La puissance du coup fut d'une telle pression que je le sentis résonner dans tout mon corps, bien avant que je sois propulsé vers le sol. Je n'avais plus aucun contrôle de mon corps, et ma vision vira au noir tandis que mon corps heurtait le sol à de multiples reprises, arrachant des mottes de terres et d'herbe sur son passage. Je parvenais à peine à m'assimiler, évitant de justesse à mes os d'être réduits en compote par les chocs répétés. Et je finis par m'écraser lourdement sur une surface dure qu'il m'était alors impossible de reconnaître, sentant ma conscience doucement m'abandonner...

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Lorsque je me réveillai, la première chose que je sentis fut mon corps endolori. Ce loup géant ne m'avait décidément pas épargné. Papillotant des yeux pour tenter de distinguer ce qu'il y avait devant le voile flou de ma vision, je tentai de me redresser...et à ma grande surprise, j'y arrivai. Je me rendis compte que j'avais au final moins mal que ce à quoi je m'attendais. Les souvenirs des derniers moments qui me revenaient en mémoire me chuchotaient pourtant que j'étais censé avoir bien plus mal que cela. Je ne devais même pas être en mesure de me redresser, et pourtant j'y arrivai sans trop de soucis. Au prix de quelques efforts, je parvins à m'adosser à une surface solide, et je levai les yeux pour tenter de distinguer ce qui m'apportait ce soutien sans lequel je serais certainement tombé à la renverse. Au-dessus de moi, j'avisai l'énième statue d'un loup gravé dans la roche, une roche qui semblait avoir vécu de meilleurs jours. Si des desseins à la fois similaires et différents de ceux que j'avais observé plus tôt chez le loup géant semblait parcourir cette statue de loup, l'impact créant des fissures s'étendant en cercle au départ de ma position ne faisait pas parti du tableau il y avait quelques instants, j'en étais certain. Un nouvel éclair éclata dans le ciel, et après le grondement déchirant du tonnerre, le canidé géant de tout à l'heure était de retour. Allongé juste devant moi alors qu'il n'y était pas un instant avant, il me regardait de ses yeux dorés, la tête posée sur ses pattes avant croisées juste sous son museau. Une attitude détendue, et pourtant je le sentais attentif.

-Tu es Nagamasa Hikari, n'est-ce pas petit ?

Mes yeux s'écarquillèrent d'étonnement, autant par rapport à sa voix qui était profonde mais douce, que le fait qu'il connaissait non seulement mon prénom, mais mon nom aussi.

-Oh...Comment vous savez tout ça m'sieur le loup ?

Un petit sourire étira ses babines, faisant entrevoir ses canines blanches, pointues, et diablement menaçantes.

-Je sais bien des choses, petit, c'est la norme quand on vit aussi vieux que moi. Par ailleurs, tu peux m'appeler...Raiju.

Raiju...?!

Parmi les comptes que me racontaient mes parents, le mythe de Raiju faisait parti de ceux que je préférais et de loin. Les histoires sur cet animal qui était connu comme étant le compagnon du Dieu de la Foudre n'étaient censés être que des mythes. Tantôt un tanuki, un félin, ou un canidé, sa représentation la plus commune était toutefois celle d'un loup à la fourrure parsemée d'éclairs. Et c'était précisément ce que je voyais sous mes yeux. Un énorme loup, à la fourrure blanche et crépitante d'éclairs, me regardant de ses yeux dorés perçants. Il m'observait avec calme, mais je pouvais déceler dans ses yeux une pointe d'amusement face à la confusion que son nom m'avait apporté. J'avais toujours pensé que le Raiju n'était qu'un mythe, mais maintenant que je l'avais devant mes yeux, j'en restais bouche-bée.

-Eh bien, petit homme, tu en perds tes mots toi qui a toujours quelque chose à dire ?

Ses paroles donnaient l'impression qu'il me connaissait depuis bien longtemps, ce qui semblait coller avec le fait qu'il connaissait déjà mon nom et mon prénom. Je penchai la tête sur le côté avec un air curieux, me demandant ce qu'il savait d'autre. Il avait mit son savoir sur le compte de sa vieillesse, même s'il ne semblait pas si âgé que cela, et je me demandais si c'était simplement une moquerie ou un savant mélange de vérité et de sarcasme. Au vu de l'amusement que je percevais dans son attitude, je penchais pour la seconde option. Et comme s'il pouvait lire dans mes pensées, je crus voir le loup m'adresser un clin d'oeil moqueur. Ouais, c'était définitivement la deuxième option. Toutefois je ne pus m'empêcher de rire.

-Haha ! Z'avez bien raison. Mais comment ça s'fait que vous m'connaissiez aussi bien ?

-Je garde un oeil sur tous les enfants nés de la foudre, tous tes semblables...

-Oh ! Ca veut dire que tu les connais tous ??

Une nouvelle fois, ses babines se retroussent sur un sourire canin alors qu'il me regarde de ses yeux dorés.

-Ne compte pas sur moi pour te révéler leur nom ou leur localisation, petit homme. Cela, tu devras le découvrir par toi-même.

Moi qui pensait que j'étais tombé sur une mine d'information, sa réponse me ravisa immédiatement. Je croisai les bras avec une moue boudeuse, mécontent de m'être fait couper l'herbe sous le pied aussi rapidement. D'un autre côté, je comprenais Raiju et j'aurais certainement fait pareil si j'avais été à sa place. Au final, même si nos apparences étaient différentes, je commençais à penser que mon interlocuteur avait bien des points en commun avec moi. Je finis par sourire une nouvelle fois, et cela sembla être le signal pour le loup géant. Se levant il se retourna sur lui-même pour me donner dos, laissant sa longue queue électrique me bousculer légèrement et me faire tomber sur les côtés.

-Suis-moi, petit homme, je ne t'ai pas appelé ici pour rien.

Je ne pus m'empêcher de rigoler face à sa petite attitude taquine, mais affectueuse en me relevant pour marcher à la suite du canidé fulgurant. Sa petite bousculade avait réveillé les résidus de douleur de notre "combat" un peu plus tôt, me faisant remémorer une question qui m'avait taraudé plus tôt. Ses déplacements. Il avait littéralement disparu sous mes yeux, et réapparu à plusieurs reprises. A chaque fois, la foudre et le tonnerre s'était manifesté pile au moment où ses déplacements échappaient à mon regard. Coïncidence ? Certainement pas.

-Hum dis-moi, Raiju-nii-san ! Comment tu fais pour te déplacer ainsi ?

-Haha, parce que je suis la Foudre, petit homme, dit-il en tournant vaguement la tête vers moi pour me regarder de son oeil à l'éclat lumineux.

Sa réponse sonnait évidente pour lui, et pourtant. J'étais moi aussi "la foudre", mais la manière dont il avait prononcé ces quelques mots laissait penser qu'il était à un niveau tout autre du mien. Capable d'apparaître et de disparaître dans un grondement de tonnerre, se déplacer littéralement avec la foudre. Si je devenais suffisamment fort, pourrais-je faire ça un jour ? J'en doutais. Cela semblait être une particularité de Raiju, la bête de la foudre. Il était selon les mythes le compagnon du Dieu de la foudre, fait lui-même de l'élément dont il était la représentation. Il était pratiquement à la foudre ce que les esprits élémentaires étaient à leurs éléments respectifs. Marchant à la suite de cette puissance de la nature, je le suivis à travers les plaines improbables de cette dimension reposant sur les nuages. Et alors que nous contournions une petite barrière d'arbres -enfin lui il l'enjambait plus que la contournait-, ces derniers disparurent pour laisser place à une grande et magnifique clairière. Entourée d'arbre, la clairière possédait en son centre un grand lac et de l'herbe fraîche. Et bien que j'étais certain qu'aucun homme n'était venu en ces terres depuis bien longtemps, la verdure semblait parfaitement taillée. Mais ce n'était pas la seule chose que je remarquais. Nous n'étions plus seul. La prairie était pleine de canidés tous plus étranges et plus beaus les uns que les autres...

Je ne savais pas réellement pourquoi, mais je m'étais attendu à ce que nous nous trouvions tout seul dans cet univers un peu spécial qui semblait coupé du monde réel. Mais force était de constater que je m'étais lourdement trompé. Au lieu de cela, je me retrouvais devant de nombreux canidés qui semblaient paisiblement vivre en communauté. Ils avaient la particularité d'avoir tous une fourrure d'une belle couleur blanche, dont certaines étaient parcourues de motifs zigzagant rappelant les éclairs. Ils étaient tous si beaux, et dégageaient une telle prestance et une telle puissance que j'en avais presque des frissons le long de mon échine. Mais parmi tous ces canidés, il y en avait un qui attirait mon attention plus que les autres, allongé un peu à l'écart des autres avec sa tête reposant sur ses pattes avant. Un beau spécimen qui semblait faire ma un peu plus que ma taille s'il décidait de se mettre debout sur ses pattes. Je ne savais pas ce qui avait attiré mon attention chez ce dernier en particulier, mais mes yeux s'attardèrent sur lui un peu plus que nécessaire. D'ailleurs, je semblais avoir attiré la sienne aussi, au vu du regard qu'il me lança en retour. Etait-ce de la curiosité que j'entrevoyais dans ses prunelles dorées ? Mais quelque chose d'autre y était mêlé, comme un regard de défi. Un léger sourire étira mes lèvres alors que je sentais mon sang commença à bouillir à nouveau. Mais avant que je ne puisse faire le moindre commentaire, je vis la large tête de Raiju s'interposer entre le loup et moi-même. Et je me rendis compte de ce qui avait attiré mon attention chez l'autre loup : il ressemblait énormément à la version géante qui remplissait à présent mon champ de vision.

-Minute petit homme. Vous aurez l'occasion de faire plus ample connaissance, toi et Zera. Avant laisse-moi te dire quelques mots.

Il semblait avoir percé à jour la situation, et il semblait presque me connaître comme s'il m'avait vu naître. Je ne pus m'empêcher de rigoler de bon coeur devant son anticipation, et finis par acquiescer en détournant mon regard pour reporter mon attention sur lui. Une fois qu'il était assuré d'avoir récupéré mon attention, il pointa d'un mouvement de tête un endroit qui se situait au milieu du lac, lui-même au centre de la clairière dans laquelle je venais de pénétrer.

-Au centre de ce lac se trouve le parchemin qu'il te faudra signer pour passer un pacte avec nous, Hikari. Mais pour passer ce pacte, il faut que tu le veuilles, mais que nous aussi nous t'acceptions parmi nous.

Je hochai la tête, sachant déjà à peu près à quoi m'attendre. Je l'avais senti dès le départ, au vu de la manière dont le loup blanc géant me regardait, me jaugeait.

-Il y a un défi à passer, c'est ça ?

-Deux, plus précisément. Mais tu as déjà réussi le premier, qui consiste à montrer que tu es capable de protéger sans avoir à tuer...

A ces quelques mots, mon regard s'assombrit. Protéger sans tuer...c'était bien souvent ce que je m'astreignais de faire. Mais depuis l'incident Joben, je ne savais plus trop où passer la limite. Protéger sans tuer, tuer pour protéger...parfois la limite se trouvait fine. Si je n'avais pas hésité à ce moment-là, si j'avais décidé d'employer des moyens léthaux au lieu de simplement immobiliser le Nara Fou, bien des gens seraient encore vivants à l'heure qu'il était. C'était la raison pour laquelle les paroles de la Bête de Foudre me faisaient l'effet d'un jus amer. Mais étrangement, comme depuis le début de notre rencontre, il semblait parfaitement lire en moi.

-Sauf si c'est le seul recours possible. Et cela, tu apprendras à le distinguer avec l'expérience.

Cela ne faisait qu'atténuer un peu le cri de mon coeur meurtri. Je ne savais pas très bien si c'était le fait d'avoir pris la vie d'un "camarade" ou le fait de ne pas l'avoir assez tôt, condamnant de nombreuses autres vies qui me faisait le plus souffrir. Moralement, certainement le second. Certains codes du Bushido voudraient même que je m'éventre devant ce qui pouvait être considéré comme une erreur. Mon code m'enjoignait à faire mieux la prochaine fois. Mais je ne pouvais retirer de mon esprit la sensation lourde que m'avait renvoyé mon katana après avoir pris la vie de Joben. Cette impression désagréable que Thunderbird pesait une tonne, et était irrémédiablement salie...Mais les paroles du loup blanc me revinrent en tête. J'avais déjà réussi la première épreuve ?

-Qu'est-ce que vous vouliez dire quand vous parliez d'ma réussite, Raiju-nii-san ?

Un nouveau sourire énigmatique fit retrousser ses babines sur ses crocs géants et luisants, tandis que ses pupilles dorés se paraient d'amusement à nouveau.

-Te rappelles-tu des premiers habitants de Leitsu que tu as rencontré...?

Bien évidemment que je me rappelais de Haori et son petit Saraki. Je les avais rencontré dans la forêt...sur le point de se faire agresser par un ours ! Je les avais sauvé de l'ursidé, mais je me rappelais distinctement de cette sensation qui m'avait dissuadé de dégainer au moment où j'allais prendre la vie de l'animal. Ecarquillant les yeux de surprise, je me tournai vers le canidé avec cette expression d'Eureka imprimé sur le visage.

-C'était toi ! C'était donc ça la première épreuve.

Le sourire de Raiju s'élargit un peu plus, et il n'eut besoin ni d'infirmer ou d'affirmer ce que je venais de dire. Nous savions tous les deux que j'avais correctement deviné. Suite à cela, il fit un signe au loup plus petit que j'avais remarqué quelques instants plus tôt et lui fis signe d'approcher. Sur ses quatre pattes, le loup s'avança lestement vers nous pour se planter devant moi, un air presque moqueur inscrit sur son faciès lupin.

-La seconde épreuve t'opposera à Zera. Au fin fond de la forêt par-delà la clairière se trouve une orbe refermant la puissance de ma foudre. Il te faudra l'attraper avant Zera pour terminer le second défi. Il vous sera interdit de vous blesser l'un l'autre...As-tu compris ?

Une simple course ? Ca devrait le faire. S'il n'était pas aussi rapide que son patriarche, Zera ne me faisait absolument pas peur. J'étais moi-même extrêmement rapide. Mais alors que je me faisais à cette réflexion, Nii-san prit à nouveau la parole.

-Cela fait bien longtemps que personne n'a pu lui récupérer cette pierre...Et l'épreuve commence maintenant !

Quoi, maintenant ?? Comme si le loup blanc qui me mettait au défi n'attendait que ça, il fusa comme une flèche blanche en direction de la forêt. Et merde ! J'étais pas prêt. Et fichtre ce qu'il était rapide ! Ca ne commençait pas très bien.

Ce satané loup ! Ils m'avaient bien eu, ces deux-là. Mais je n'avais pas le temps de tergiverser, ni de pester, si je voulais remporter ce second défi. Prenant le train en marche, je m'élançai à mon tour en direction de la forêt. Une petite part en moi avait espéré que je puisse gagner du temps en coupant par le lac au lieu de contourner ce dernier pour accéder à la forêt en face. C'était sans compter le fait que mon adversaire canidé possédait aussi la faculté d'user du chakra et n'eut aucun mal à marcher sur l'eau. Les empreinte de ses pattes foulant la surface du lac avec légèreté et rapidité ne laissant que de légères ondes aquatiques sur leur passage. Et il ne ralentissait pas le moins du monde ! Il arrivait déjà au niveau du couvert des arbres, et dans quelques minutes, il ne tarderait pas à arriver à l'endroit indiqué par Raiju. Si je n'usais pas de mon affinité, j'allais perdre cette course. Mais au moment où je m'apprêtais à laisser mon chakra dynamiser mon corps pour rattraper le canidé, je me rendis compte qu'il ralentissait. En rentrant dans la forêt, il avait légèrement ralenti. Sa posture aérodynamique d'un peu plus tôt s'était subtilement modifié, le museau en l'air, alors qu'il zigzaguait entre les arbres, ce qui semblait un peu le ralentir.

Un sourire étira mes lèvres alors que je voyais enfin mes chances de remporter cette course grimper en flèche. Je n'aurais peut-être même pas besoin d'utiliser mon raiton pour augmenter ma vitesse. Je voyais déjà la distance se refermer entre nous alors que je pénétrais à mon tour dans la forêt. Je comprenais pourquoi le loup avait ralenti, la forêt était incroyablement dense et les racines aux pieds des arbres suffisamment sinueuses pour faire trébucher des cheveux passant par là. Si je ne voulais pas être ralenti, il allait falloir que je passe au-dessus des arbres, sur les branches. Rien de plus facile pour un ninja. Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi le loup n'avait pas fait pareil. S'il était capable de marcher sur l'eau, il était certainement capable de se déplacer en haut des arbres non ? Peut-être n'y avait-il juste pas pensé auparavant. Dans tous les cas, je n'allais pas me priver de ce petit avantage. Avec un sourire, je m'élançai dans les airs à la rencontre des branches des arbres pour pouvoir m'élancer à toute vitesse à travers cette forêt.

Alors que je posai mon pied sur la seconde branche d'arbre que je rencontrais, celle-ci céda immédiatement sous mon poids. Comment était-ce possible ? J'avais appris comme tout bon ninja à choisir les branches d'arbres sur lesquels je posais le pied, et...je faisais à peine cinquante kilos pour un mètre soixante ! Il y avait des chances pour que la branche soit plus lourde que moi, c'était pour dire ! Alors pourquoi s'affaissait-elle sur mon passage ? Je n'avais peut-être pas vu qu'elle était pourrie...mais j'en doutais. Pour cause, lorsque la branche se brisa, je crus entendre un petit déclic, comme si...un mécanisme venait de s'enclencher ? L'instant d'après, un tronc d'arbre sorti d'absolument nul part, accroché certainement aux arbres par je ne savais quel moyen, fonçait droit sur moi. Un piège. C'était une blague. Un piège aussi sophistiqué et très humain, dans un monde de kuchyose fait de canidés. Comment avaient-ils seulement pu mettre en place un tel piège ?? Je n'avais toutefois pas le temps de réfléchir à deux fois, sauf si je voulais me faire casser les côtes et éjecter de la forêt. Avec la pratique de l'entraînement et l'expérience du combat, je portai ma main à ma ceinture, et d'un mouvement fluide et rapide je dégainai mon katana et frappai dans le même temps. Laissant un flux de chakra parcourir ce dernier, je découpai le rondin de bois se dirigeant vers moi d'un geste qui sépara l'objet en deux pour m'en prémunir.

Je comprenais mieux pour quelles raisons le loup avait ralenti, le museau en l'air. La forêt devait être bourrée de pièges, et il devait certainement avoir un moyen de les repérer avec son odorat. Les saligauds de loups, ils m'avaient encore eu. Mais j'avais d'autres soucis à me faire. Le rondin de bois n'était visiblement pas le seul piège qu'ils avaient placé sur cette branche particulière. Le sol sous mes pieds se rapprochant à grande vitesse, je vis avec effroi ce dernier s'affaisser pour laisser place à une fosse remplie de pieux effilés et visiblement extrêmement bien taillés. Encore une fois, je pouvais me demander comment on pouvait retrouver ce genre de pièges dans une forêt habité habituellement par des loups, mais les réponses ne risquaient pas d'arriver jusqu'à moi maintenant.

-Sérieusement ?!

Modifiant rapidement ma prise sur mon arme, je baignai de chakra mon arme et le plantai vigoureusement dans le tronc de l'arbre duquel j'étais tombé. Le flux ne dura qu'un instant afin que le katana pénètre le tronc, autrement je n'aurais pas eu suffisamment de force pour le planter. Laisser trop longtemps le chakra, et j'aurais fini par éviscérer l'arbre. Mais cela venait de me faire perdre de précieuses secondes. Je savais maintenant qu'il fallait que je suive le canidé. Prenant appui sur l'arbre, je profitai de la poussée sur mes jambes pour déloger mon arme du bois et poursuivre mon adversaire lors de cette course. Et j'avais beau marcher dans ses pas, je n'arrivais pas à le rattraper. L'échéance se rapprochait...j'allais perdre ! Au loin, à travers les arbres, je commençais à apercevoir une lumière filtrer jusqu'à nous. Une lumière qui rappelait celle de la foudre, ce qui me rendait assez sûr que l'objet de notre convoitise se trouvait quelques centaines de mètres devant nous. Pendant un court instant, je perdis de vue le canidé à la fourrure immaculée, mais je ne tardai pas à le retrouver alors que la forêt disparaissait subitement pour laisser place à un terrain plus rocailleux et montagnard. J'apercevais maintenant la pierre, mais le canidé s'en rapprochais dangereusement, et j'étais encore trop loin. J'allais perdre...

-Oh que non, mon p'tit gars ! J'te laisserai pas gagner.

Et sur ces quelques paroles, mes yeux déjà bleus se mirent à briller d'un éclat électrique. Mon chakra s'amassait en moi, et des étincelles commençaient à apparaître autour de moi. Toutefois, au rythme où nous en étions, ma technique habituelle qui visait à booster ma vitesse ne serait pas suffisante. Il allait falloir que je passe à la vitesse supérieure. Que j'acquiert une vitesse qui ne pouvait être dépassée...

J'avais travaillé pendant de longues heures à l'entraînement afin de trouver un moyen pour pouvoir améliorer ma vitesse. Pouvoir dépasser ce dont j'étais déjà capable à ce jour. De manière assez consensuelle, j'étais connu dans le village pour ma vitesse. Toutefois, je savais certains des shinobis du village capables de rivaliser avec cette dernière. Pour vivre à la hauteur de mon nom, je devais devenir encore plus rapide, mais plus encore, je devais réussir à rendre cette vitesse bien plus stable. Jusqu'à présent, je ne pouvais garder trop longtemps cette vitesse activée tout en combattant. Face à une trop grande pression et à une grosse consommation de chakra, je devais m'amputer de cette dépense supplémentaire et de la vitesse qu'elle m'apportait. Ce qui rendait les objectifs de mon entraînement absolument limpides. Et je m'y étais entraîné pendant une longue période. Concentré le chakra, en imprégner mon corps comme j'étais capable de le faire avec l'assimilation, le stabiliser pour que je puisse maintenir cette forme le plus longtemps possible. Et j'avais fini par y arriver, me transformant en un être capable de me déplacer à la vitesse de l'éclair. Tandis que je déployais une énorme quantité de chakra, l'électricité venait chargée mon corps d'énergie le faisant tourner en une teinte bleue électrique. Le chakra avait, d'une manière ou d'une autre, changé la forme de mes vêtements pour que ceux-ci me collent à la peau et prennent eux aussi différentes teintes de bleu. Pour finir de l'électricité, témoin de ma nature, venait crépiter tout autour de moi dans une démonstration de la puissance du chakra que je dégageais.

Mais maintenant que je me trouvais ici, une nouvelle inspiration s'infiltra dans mon esprit, et mon chakra sembla naturellement suivre cette voie. Des motifs noirs en forme d'éclairs zigzaguant apparurent le long de la partie antérieure de mes membres, et je sentis dans mon dos se former le symbole que j'avais vu à plusieurs reprises sur les maisons du village de Leitsu et ici-même : le Mitsu no Tomoe. L'accent n'était pas axée sur les tomoe eux même, mais sur ce qui se dessinait sur les contours de ces derniers, rappelant sans mal ce que beaucoup apparentaient au symbole de la foudre. Mes cheveux s'étaient hérissés sur mon crâne sous l'effet de l'électricité statique, et pendant un court instant, je fus conscient que la totalité du domaine de Raiju avait senti la soudaine explosion de chakra. Mon adversaire l'avait ressenti, lui aussi, et ce qui ressemblait vaguement à de la panique commença à saisir ses mouvements, le poussant à se dépêcher pour tenter de saisir la pierre qui n'était plus qu'à quelques mètres devant lui. Mais ces quelques mètres de latence, c'était tout ce dont j'avais besoin.




Tel une flèche faite de foudre, je m'élançai vers mon objectif à une vitesse vertigineuse. A tel point que ça ne m'aurait pas étonné que tout devienne flou autour de moi. Mais ce n'était pas le cas. Au contraire, le temps sembla presque s'arrêter, les crocs de Zera s'approchant de la pierre pour la saisir étaient comme suspendus dans les airs. Et l'instant d'après, dans un grondement de tonnerre précédé par le bruit déchirant de la foudre, la pierre se retrouva dans ma main quelques mètres plus loin. Mon déplacement avait laissé presque une traînée d'étincelles sur son chemin, alors que la mâchoire du loup blanc adverse se referma sur du vide, preuve que la pierre n'était plus là. Puis d'un air triomphant tout en désactivant ma technique, je me retournai vers l'autre loup et Raiju qui apparaissait déjà derrière les arbres pour leur offrir un grand sourire en brandissant la pierre. Je pouvais voir dans leur regard un mélange de curiosité, d'amusement et de joie. De prime à bord, j'aurais pensé que le loup blanc Zera serait amer de sa défaite et me raillerais. Mais je me trompais entièrement.

-Bien joué, humain haha. Cela faisait longtemps qu'un humain ne m'avait pas battu sur cette course.
-Eh bien il faut croise que les humains peuvent aussi faire des trucs sympa, n'est-ce pas ! terminai-je avec un clin d'oeil non seulement au loup blanc qui avait été mon adversaire mais aussi à Raiju.

Car, bien que je ne me déplaçais pas aussi rapidement et de manière aussi impressionnante que le loup géant, ma vitesse commençait à se rapprocher de celle de la foudre. Je ne l'avais utilisé qu'au dernier moment, après tout cette technique consommait une quantité folle de chakra. C'était un peu une botte secrète que je ne comptais sortir qu'en dernier recours, ou face à des adversaires contre qui je n'avais pas trop le choix. Le loup géant qui semblait être le Patriarche du domaine s'avança vers moi avec un sourire amusé sur les babines. Et avec un ton qui aurait presque sonné comme un reproche si l'amusement n'était pas aussi présent dans son langage corporel, il prit à son tour la parole.

-C'est un sacré petit tour que tu as là, p'tit homme. Tu ne t'étais donc pas battu à fond contre moi...?

-Haha ! J'ai pas eu l'temps d'utiliser cette technique en même temps.

Si j'avais eu le temps, je l'aurais certainement utilisé. Mais j'avais l'intime conviction que cela n'aurait pas servi à grand chose. Sa vitesse était encore supérieure à la même, ressemblant presque à de la téléportation. Et si, pendant quelques secondes, j'aurais pu tenir la cadence en augmentant ma vitesse et en améliorant mon temps de réaction, mais ça n'aurait pas duré. Et lui comme moi le savions très bien. Quelques secondes plus tard, tous les loups que j'avais vu un peu plus tôt apparurent à travers les arbres, restant à l'orée de la forêt quelques secondes avant qu'ils ne se retournent tous pour s'éclipser à travers la forêt. Raiju et Zera se tournèrent eux aussi, après un dernier regard dans ma direction et s'élancèrent à travers les arbres. Si pendant un instant je me demandai ce qui se passait et si je devais les suivre, une petite force extérieure m'appela, m'intimant que ce départ des canidés était en fait une invitation. Une invitation à rejoindre le groupe. Et je me laissai aller à ce sentiment.

Me laissant pousser par cette force qui semblait à la fois extérieure et intérieure, je finis par suivre le groupe des canidés pour que nous retournions près du lac. En repassant par cette forêt dense qui entourait le lac, je fis bien attention de suivre les traces des loups pour ne pas tomber dans de nouveaux pièges qui auraient été installés là, je ne savais de quelle manière. Le chemin se passa sans encombres particulières, et nous retournâmes près du lac. En sortant de l'orée de la forêt, mon regard fut directement attiré par la parcelle de terre qui se trouvait au milieu du grand lac, un parchemin trônant en son centre reposé sur un pilier semblant fait en marbre. Je l'avais déjà vu un peu plus tôt, mais maintenant que je savais que j'allais m'en approcher, j'avais l'impression qu'il brillait d'une légère lumière. Je remarquai distraitement, sans que cela ne m'impacte vraiment, que tous les loups présents étaient capables de marcher sur l'eau aussi facilement que n'importe quel shinobi. Bien que je m'interrogeai subrepticement sur la raison pour laquelle ils étaient tous capable de cet acte en apparence si banal, je laissai mes interrogations derrière moi et m'approchai du centre du lac.

Raijuu se trouvait déjà au centre du lac, couchée sur l'eau derrière le pilier en marbre, sa tête reposant sur ses pattes avant et sa gigantesque queue d'un blanc pur bougeant paresseusement au-dessus de l'eau. Malgré le fait qu'il était allongée sur l'eau, sa tête dépassait largement au-dessus de la construction de marbre, et je voyais un sourire dans les yeux de l'animal géant alors qu'il attendait que je m'approche. Je marquai un court temps d'arrêt à quelques mètres du parchemin, avant de finir par m'approcher et me mettre juste devant ce dernier. Ce n'est que devant le bout de papier simple en apparence que je me rendis compte que la clairière était devenue parfaitement calme. On n'entendait plus le son du tonnerre là-haut, ni lees petits bruits reflétant la présence et la vie des loups autour de nous. Il n'y avait plus rien, même les remous à la surface de l'eau semblait s'être mystérieusement calmés. Et de sa voix semblable au grondement du tonnerre, d'un solennel naturel, Raiju finit par prendre la parole.

-Nagamasa Hikari, fils de Nagamasa ... et Nagamasa ..., Gardien et Fils de la Foudre, tu as réussi aujourd'hui les épreuves des Gardiens. Tu as su défendre les habitants de Lei-Tsu sans verser le sang. Et tu as su ravir la pierre à Zera, l'un de nos loups les plus rapides. Tu as su ainsi prouver ta valeur. Tu es maintenant digne de signer un pacte contractuel avec nous, digne de laisser ton sang et ton empreinte sur ce parchemin qui nous unit tous. Approche, Hikari...

Je fis à nouveau un pas en avant, et je sus immédiatement ce que je devais faire. Je tendis ma main vers l'avant, la plaçant quelques centimètres au-dessus du parchemin. Sur ce dernier on pouvait voir plusieurs emplacements et plusieurs empreintes de sang, reflet du passage de mes prédécesseurs. Je choisis le prochain emplacement vide, tandis ma main tandis que de l'autre je dégainai mon katana pour placer le tranchant de l'arme sur la peau de ma paume ouverte.

-Jures-tu de protéger la Foudre et ses habitants, de faire tout ce qui est en ton pouvoir pour garder les habitants de Kaminari sain et sauf de ce qui peut leur nuire ? Jures-tu de protéger et de veiller sur les Tiens, et de traiter avec respect tes frères et soeurs ?

Ces paroles résonnaient en mon être comme une seconde promesse, venant compléter celle que j'avais déjà prêter lors de ma transition en tant que réel samouraï. Mes frères et soeurs faisaient certainement référence aux loups qui m'entouraient. Accordant un regard circulaire vers le reste des individus nous entourant, je me rendis compte avec surprise que certains des loups qui nous entouraient étaient devenus des...humains ! Ou du moins ce qui s'en rapprochait fortement. Leur pupille restaient celles des canidés, et leur corps renvoyaient la grace sauvage de ces puissantes bêtes qu'ils étaient un instant plus tôt, mais ils avaient forme humaine. Etaient-ce donc eux qui s'étaient chargés de placer les pièges dans la forêt ? Et certainement bien autres choses faites par des mains humaines ? Certainement. Mais j'avais l'impression que plus grand chose ne pouvait m'impressionner à l'heure actuelle. A la place, je leur souris, et ces derniers me rendirent mon sourire. Et je finis par tourner à nouveau ma tête vers Raiju, et acquiescer.

-Sur mon honneur de Fils de la Foudre, de Gardien...et de Samouraï, je le jure.

Et à ces paroles, je laissai glisser la lame effilée de mon katana sur ma paume, laissant perler quelques gouttes de sang sur le parchemin. Suite à cela, je posai cette même main à plat sur le rouleau pour étaler le sang et laissai mon empreinte. Puis suivant un élan d'inspiration, j'y mélai un peu de mon chakra raiton qui fit crépiter légèrement le liquide rouge sous la chaleur. Lorsque je retirai ma main, mon empreinte sanglante était bien sur le parchemin et au milieu de celle-ci apparut un éclair noir. Cette petite marque de fabrique sembla plaire à mes camarades au vu des quelques sourires que j'aperçus sur les visages autant humain que canin. Puis l'instant d'après, je fus entouré entièrement de loup, et ces derniers hurlèrent tous ensemble à l'unisson dans une jolie mélodie festive et puissante. Un chant qui faisait vibrer quelque chose en moi, et je souris...

-Maintenant tu pourras faire appel à nous pour t'épauler dans tes tâches. Bien évidemment, tu es bien trop jeune et pas encore assez puissant pour faire appel à moi.

Je fis un signe de tête pour acquiescer tout en continuant à sourire. Cela ne m'étonnait pas que je ne puisse pas faire appel à la puissance de Raiju. Ce dernier était certainement bien plus fort que moi, et que la plus part des shinobis que je connaissais. Mais ce dernier était occupé à protéger son domaine des intrusions, et seuls les Assimilateurs de foudre comme moi pouvaient y entrer. Je me demandais par ailleurs s'il existait d'autres domaines comme ce dernier pour les autres assimilateurs primaires...