Kaze no Kuni, Automne 204.
Taiyô, Sommet de la Tour de guet de l'Est.

Quelques jours avant le sommet...

Nuit de pleine lune.
Le vent soufflait fort à Kaze no kuni.
C’était, comme tous les ans, signe que l’hiver approchait à grand pas. Cependant, contrairement aux précédents, celui-ci pouvait bien marquer la fin de l’ère des shinobis. Oui, la fin des shinobis. Chose que tous ne réalisaient peut-être pas suffisamment, ou que beaucoup refusaient encore d’admettre…

Du haut de la Tour de guet de l'Est, Musashi, lui, songeait à cette possibilité.
Et, aussi étonnant que cela pût paraître, il ne voyait pas la chose comme une fatalité. En effet, si les shinobis disparaissaient et que le chakra s’évaporait, le monde n’en était pas pour autant condamné. La vie continuera d’exister. Les choses seront simplement différentes mais, comme il en est dans leur nature, les Hommes s’adapteront et transformeront de nouveau le Yuukan à leur image, à n'en point douter.

En l’occurrence, le samouraï ne s’alarmait guère, et prenait le temps nécessaire pour se ressourcer et songer à la meilleur façon de résoudre ses quêtes.
Pour cela, il lui fallait d’abord se vider l’esprit.

Ainsi, il commença par laisser toutes les choses qui erraient dans son monde intérieur s’exprimer et s'évaporer. C’était pour lui la meilleure manière de retrouver sa lucidité et sa concentration. Débuta alors le film de sa rencontre avec un mystérieux personnage, un vieil homme au front dégarni et à la chevelure argentée…

... Flash-back ...

…

« Comme tu as grandi, Musashi ! » Lâcha le vieil homme à l’allure de marchand.

Curieusement, le samouraï n’avait aucune idée qui il pouvait s’agir.
Aussi, il le dévisagea quelques instants, s’efforçant de creuser dans ses souvenirs, mais en vain.

« Oh, je vois. Tu ne te souviens plus de moi… Remarque, cela doit faire quoi ? Dix ans, non ? Ce n’est pas étonnant. » Reprit le vieil homme, d’un mince sourire.

Silencieux, Musashi attendait de son interlocuteur qu’il aille droit au but.

« Je t’ai connu plus expressif, mais j’imagine que tu as dû en voir des vertes et des pas mûres ? Je dirais que c’est même un miracle que tu sois encore en vie… » Fit le vieil homme, visiblement songeur.

Ayant l’impression de perdre son temps, le samouraï daigna presser son interlocuteur.

« Ne tournez pas autour du pot. Dites ce que vous êtes venus me dire ! » Finit-il par rétorquer, sur un ton sec.

Le vieil homme sourit légèrement.
Il hocha finalement la tête et fit signe à un de ses disciplines de se rapprocher. Ce dernier se pressa et lui remit un tube en cristal qui renfermait visiblement un rouleau. Intrigué, Musashi attendait la suite avec une certaine curiosité, d’autant plus que ce cristal semblait lui évoquer quelque chose… ou plutôt quelqu’un… Il ne souhaitait toutefois pas tirer de conclusions hâtives, après tout nombreuses étaient les personnes capables de manier le shôton.

« Tu es lent à la détente, Musashi. Ceci dit, quand je ressens l’aura qui émane de toi, je ne peux qu’être fier de toi. Elle doit l’être aussi, j’en suis certain… » Glissa le mystérieux homme à la chevelure argenté. « Tu ne te souviens toujours pas de moi ? Tu ne te souviens plus de Han Ugetsu, ton oncle et ton professeur de fuinjutsu ? » Ajouta -t-il, en étirant ses lèvres.

Les yeux écarquillés, tout semblait désormais revenir au samouraï…
En effet, il se retrouvait submergé par un flot de souvenirs. Il se remémorait toutes ces nuits où il fut enfermé et contraint d’apprendre le fuinjutsu. Tous ces bouquins qu’il fut contraint d’ingurgiter. Il se souvenait également de toutes les paroles du vieil homme, de tous ses conseils à son égard. Et, surtout, il se remémorait aussi toutes les manigances auxquelles Ugetsu et sa génitrice s’étaient adonnées dans le but de renverser son grand-père…

... Fin du flash-back ...

L’apparition d’une tornade au large le fit brusquement revenir à la réalité.

En effet, grande, majestueuse et implacable, la tornade balayait tout sur son sillage, si bien que la capitale semblait retenir son souffle.
Ce n’était pourtant ni la première ni la dernière tornade qui prenait forme devant Taiyô. Et, d’ailleurs, comme pour les autres, elle gardait étonnement toujours cette trajectoire parallèle à la capitale, écartant d’office tout risque de collusion.
Chose qui n’excluait néanmoins pas des retombées, à l’instar de la grande quantité de poussière qui s’échouaient à l’intérieur de Taiyô.

To be continued...

Kaze no Kuni, Automne 204.
Taiyô, Sommet de la Tour de guet de l'Est.

Les choses se tassaient à mesure que la tornade s’éloignait.
D’aucuns remerciait le ciel de les avoir épargnés, tandis que d’autres dirigeaient secrètement leurs remerciements à Ichibi, avec probablement l’intention de lui adresser quelques sacrifices.

Musashi, lui, restait simplement indifférent.
Pour lui, comme sans doute pour la grande majorité, il ne s’agissait en effet rien de plus qu’un phénomène météorologique courant dans le désert. Rien de plus.

Finalement, après le départ de la tempête, son esprit finit par s’échapper de nouveau, le faisant voyager à travers le temps, pour lui remontrer la suite de ses retrouvailles avec Ugetsu.

… Flash-back …

…

La surprise se lisait clairement sur son visage, tandis qu’une interrogation lui venait à l’esprit, une seule : en effet, pourquoi, contrairement aux autres, le vieil homme était-il toujours en vie ?

Il attendait les explications.

« Je vois que ça te revient… J’imagine que tu te poses beaucoup de questions… C’est normal. » Reprit Ugetsu, en baissant le regard. « Tiens ceci. Elle l’avait écrite peu de temps avant de mourir. Elle savait qu’elle n’allait pas s’en sortir… » Ajouta -t-il, en gardant la tête baissée.

Cette posture, ce comportement, cela ne ressemblait pas au vieil homme, du moins pas de l’époque où il l’avait connu.
Demeurant cependant toujours silencieux, le samouraï se contenta de récupérer le tube en cristal, focalisant entièrement son attention dessus, pour l’analyser dans le moindre détails.

Ugetsu, lui, se laissa soudainement s’effondrer au sol, sous le regard triste de ses disciples.
Front contre le sable, il reprit finalement la parole.

« … Si elle est morte, c’est parce que je n’ai pas su tenir la promesse que je lui ai faite, Musashi. Je n’ai pu me résoudre de sacrifier la vie de mes propres enfants pour une guerre dont on avait, de toute évidence, peu de chance de l’emporter. Je suis sincèrement désolé. » Fit-il, alors que son corps tout entier tremblait.

Alors qu’il s’apprêtait à poursuivre, Musashi finit par l’interrompre.

« C’est bon. Relevez la tête, Ugetsu-san.
Mère savait ce qu’elle faisait. Elle connaissait les risques. Elle a joué et elle a perdu. Nulle ne sert de ressasser sans cesse le passé. » Glissa -t-il, en lui tendant la main, le visage pourtant toujours neutre. « J’imagine que si vous avez décidé de sortir de votre trou, c’est parce que la rumeur de sa mort vous ait parvenue ?

A ce sujet, sachez que rien n’est moins sûr. La seule chose dont je suis certain, c’est qu’il a été balayé par la tempête d’Ichibi, sous mes yeux. Aucun homme ordinaire ne peut se remettre d’une telle attaque, mais nous savons tous les deux qu’il n’a rien d’ordinaire…

Maintenant, libre à vous d’aller vous terrer jusqu’à en avoir le cœur net ou de prendre le risque de circuler librement dans le pays dont, jadis, vous vantiez tant les mérites. » Ajouta -t-il, avant de remettre sa capuche au-dessus de la tête.

Il n’avait visiblement plus rien d’autre à lui dire. Plus de questions à lui poser.
Une attitude qui semblait à beaucoup étonné son oncle.

Finalement, alors qu’il s’apprêtait à partir, il se retourna une dernière fois pour adresser ses « derniers » mots.

« Ne vous sentez point responsable de tout ce qui s’est passé dans ce manoir, et encore moins dans notre village.
Merci d’avoir préserver cette lettre pendant dix longues années, beaucoup auront sans doute fini par briser le sceau pour le lire. Je ne l’oublierai pas. » Glissa -t-il, avant d’entamer sa marche vers la capitale.

Ugetsu n’en revenait toujours pas de l’homme qu’était devenu son neveu.
Il pensait sans doute que toutes ces histoires l’auraient changé, au point qu’il serait animé par la haine et la vengeance. Et même s’il ne pouvait pas encore en avoir le cœur net à ce sujet, il ne restait pas moins beaucoup de fierté pour l’homme qu’était devenu Musashi.

Songeur, il finit alors par l’interpeler une dernière fois.

« Attend, Musashi ! » Glissa Ugetsu, avant de regarder ses disciples.

Sans un mot, ils semblaient tous d’accord avec ce que le vieil homme s’apprêtait à annoncer.

« … Tiens, cela te revient de droit. » Fit-il, alors que l’un de ses disciples s’avançait pour remettre au samouraï un mystérieux objet recouvert par un tissu à l’effigie des capes de son clan.

Musashi s’avança et récupérer l’objet, avant de se débarrasser de sa couverture. Il vit alors « Enma », le célèbre katana de sa génitrice. De nombreuses souvenirs remontèrent immédiatement à la surface, si bien qu’il semblait éprouver beaucoup quelques difficultés à maîtriser ses émotions...

… Fin du flash-back …

Trop d’émotions, Musashi finit par revenir à la réalité.
Une main posée sur « Enma », qu’il avait depuis fait sien, il se faisait de nouveau la promesse d’en être digne.
Et quel meilleur moyen que de s’en montrer digne que de le mettre au service de Kaze ?

…

To be continued…

Kaze no Kuni, Automne 204.
Taiyô, Sommet de la Tour de guet de l'Est.

Après le départ de la tempête, c’était une douce et agréable brise qui venait caresser le samouraï.
Du haut de sa tour, il contemplait toujours l’horizon, laissant son esprit vagabonder sans lui opposer une quelconque résistance.
Ainsi, de retour dans son monde intelligible, il se retrouva de nouveau téléporté, cette fois-ci dans un lieu qu’il n’était certainement pas près d’oublier…

... Flash-back ...

…

Entamant son deuxième mois au sein de la cité ancestrale des vautours, le samouraï s’était égaré dans la forêt des anciens. Il faisait particulièrement sombre, si bien qu’il lui était impossible de savoir à peu près où il se situait dans cet immense jungle, interdite pour les communs des vautours.

Il s’agissait en effet du territoire de Satsujin, l’autoproclamé monarque des cieux, et désormais allié de Musashi. Il se terrait quelque part à l’intérieur, refusant la vie en société, et prêt à punir ceux qui s’aventurent dans son antre sans son autorisation.

Alors qu’il poursuivait tranquillement ses recherches, en s’enfonçant de plus en plus dans la jungle, le Han sentit soudainement une présence derrière son dos.
Cette aura. Satsujin ! Cela ne faisait pas l’ombre d’un doute pour lui.
Seulement, lorsqu’il se retourna, sourire aux lèvres, il se fit balayer d’un revers d’aile, qui le propulsa à une vingtaine de mètres, le faisant raser quelques arbres dans son sillage.

L’oiseau colossale lâcha un long soupir, tandis que sa victime Musashi, lui, tentait tant bien que mal de se remettre de cette attaque « surprise ».

« Pff. Même pas capable d’éviter une attaque aussi basique. Parfois, je me demande si j’ai bien fait de signer ce foutu contrat avec toi, Musashi du désert. » Glissa le néophron géant, avant de se retourner pour tirer une pauvre bête qu’il avait tué.

Un cerf étonnement gros, susceptible de nourrir une petite armée d’humain.
Prenant une longue inspiration, le rapace finit par déverser un jet de flamme pour attendrir la chair de son repas. Puis, d’un coup de bec, il arracha une jambe, qu’il envoya vers le manipulateur de cristal.

Se remettant encore tant bien que mal du choc, le Han fit quand même le nécessaire pour intercepter le cadeau que son allié lui faisait. Il se posa ensuite sur un tronc d’arbre, prêt à partager ce moment avec l’autoproclamé monarque des cieux.

« Merci. » Fit-il, avant d’arracher un petit morceau de viande de ses crocs. « … Ne te surestimes pas trop, hein. Ton attaque, si je voulais l’arrêter, je l’aurais fait sans le moindre problème. » Reprit-il, le regard rivé sur l’oiseau colossale.

Loin d’être convaincu, Satsujin se contenta de le regarder d’un coin de l’œil, tout en dégustant son repas.

« Bref. Tiens ta promesse et parle-moi des Bushins. Comment se sont-ils formés ? Qu’est-ce qui les distinguent des shinobis, des samouraïs, ou encore des moines ? Je ne te croirais pas un instant si tu me disais que ce sont juste des guerriers qui veulent s’amuser… » Ajouta le samouraï, le regard inquisiteur.

Le néophron géant continuait de regarder son allié d’un coin de l’œil, sans dire un mot, le bec toujours plongé dans la chair de sa victime.

Puis, soudain, il arracha le cœur de la bête d’un coup sec et s’en délecta, avant de daigner répondre au Kazejin.

« … A quoi bon, Musashi ? A quoi bon ? » Fit-il, dans un premier temps. « Mais, si tu y tiens tellement, je suis disposé à te répondre… à une condition. » Ajouta -t-il, sourire au bec.

Sceptique, le samouraï attendait de connaître cette fameuse condition.

« … C’est simple. Je veux que tu y retournes dans le lac, que tu t’aventures dans ses profondeurs. Et si tu y survis, alors je répondrais à toutes tes questions, toutes, tu as ma parole. » Glissa le néophron, l’air on ne peut plus sérieux.

Le lac.
Musashi semblait en souffrir rien que d’y penser.
Serait-il capable d’y retourner ? Pourquoi l’oiseau colossale souhaitait lui faire revivre cette expérience ? De nombreuses interrogations lui traversaient l’esprit, si bien que, pour le moment, il ne semblait pas très enclin à accepter le chantage de son allié.

« J’ignore ton objectif, mais je refuse cette condition. Maintenant si tu ne souhaites pas m’en dire davantage, tant pis. Je trouverai les réponses par moi-même, tôt ou tard. » Rétorquai le samouraï, l’air neutre.

Le roi déchu soupira.

« Tu as vraiment le don de plomber l’ambiance, tu le sais ça ? Tu sauras où me trouver si jamais tu changes d’avis. En attendant, parle-moi de ton désert et de l’idée que tu m’avais soumis pour votre armée. » Glissa le vautour, avant de plonger de nouveau son bec dans son repas.

Songeur, le Han cherchait comment présenter la chose à son allié.
Finalement, après réflexion, il opta pour la simplicité.

« Pour le moment, je ne fais pas encore officiellement partie de l’armée Kazejin. Cependant, lorsque j’y retournerai, j’entends proposer mes services à l’organisation qu’Ashura avait rejoint. Aussi, tes camarades et toi pourraient faire de même, notamment en signant des pactes avec des soldats que vous aurez vous-mêmes sélectionnés. Ainsi, nous pourrons mettre en place un escadron aérien en vue de préparer les batailles dont Mukuro nous a parlé.
Disons, qu’en d’autres termes, je souhaite simplement mettre en place une unité aérienne, capable de détruire des villes sans se poser trop de questions. Je sais que c’est dans votre corde, à vous les vautours. Je sais que c’est ce que tu aimes, la destruction. Alors accepte de poursuivre la quête d’Ashura, en nous aidant à conquérir le pays. » Rétorqua le Kazejin.

Amusé, la réponse de Satsujin ne se fit pas prier.

« Tu crois qu'Ashura avait vraiment quelque chose à faire de votre désert ? Gurururu ! » Fit-il, d'un léger rire. « Quoi qu'il en soit, si c’est des batailles qui en valent la peine, alors tu connais déjà ma réponse. Autrement, ne compte pas sur moi, Musashi du désert. » Conclut-il.

…

... Fin du Flash-back ...

Retour à la réalité, le samouraï arborait naturellement un léger sourire.
Il semblait satisfait de son alliance avec les vautours, en particulier Satsujin.
En effet, si aujourd’hui certains membres de l’armée libre de Kaze pouvaient invoquer ces créatures pour combattre, c’était uniquement grâce à l’autoproclamé monarque des cieux.

Songeant finalement à ce fameux escadron dont il avait mis en place, le samouraï s’imaginait déjà leur première véritable mission.
La bataille pour la conquête de la porte de l’Est.
Les Kurogo n’avaient en effet qu’à bien se tenir...

To be continued...