| La ratière : Hikari no Eiichiro | Shinrin Hanzo Avatar © : Gabimaru (Hell's Paradise) Expérience : 2530
Messages : 847 Date d'inscription : 25/06/2020
| | Lun 21 Juin 2021 - 15:33 | |
A petites gouttes l'on pouvait entendre les douces perles indiscrètes du monde d'en haut se faire l'exode au travers des rocs du donjon avant de s'écraser sur le gré du sol. Pour sûr, la ratière des bas-fonds du Palais Impérial n'était guère le plus fastueux des endroits. Ici entre deux cellules et deux torches on croisait quelques unes des vermines les plus "délectables" du pays de la flamme, et fort était de constater que chacune d'entre elle avait méritait sa place dans ce trou. Mais tandis que l'Empereur se faisait le pérégrin de ces galeries incessantes, c'est sur une loge qui semblait bien gardée qu'il jeta son dévolu, se tenant en son seuil, honorant d'un bref signe de la tête la paire de geôliers impériaux qui, droits comme des piques, se faisaient les cerbères de la chambrée. "…" Nuls mots ne furent alors nécessaires pour qu'ils se mettent à l'œuvre et déverrouillent la lourde plaque d'acier qui faisait office de porte, décadenassant chacune des entraves pour finalement laisser coulisser le dernier loquet et laissait un peu de lumière s'infiltrer dans ce terrier. Là, le captif se dévoilait alors aux yeux de l'Empereur qui le narguait de haut, tel un père qui lorgnait sur son fils. Mais alors que de quelques pas il se rapprochait de celui qui était ficelé de la tête aux pieds, des épaules jusqu'aux bras tendus vers les murs, il se montrait sous une voix qui annonçait le début des hostilités. "Hikari no Eiichiro. Encore un "Elu de l'Humanité" j'imagine ? J'ose imaginer qu'il n'est point aisé que d'essayer d'écouter aux portes du QG ?.. Es-tu prêt ?" Sourire aux lèvres, le baignant de son ombre, il était l'heure de démarrer un exercice qui serait bien impromptu pour l'un des deux. |
| | | Hikari no Eiichirō Avatar © : Jet (Avatar) Expérience : 950
Messages : 192 Date d'inscription : 20/06/2017
| | Sam 26 Juin 2021 - 0:47 | | Cela faisait des lustres que j'étais coincé dans ce trou à rat. Isolé dans l'obscurité, je n'avais que faire à part réfléchir. J'avais analysé la situation et je fus étonné de la tournure de celle-ci. En effet, je n'avais absolument rien à faire là, je n'ai aucune prétention à ces guerres futiles et à ces intrigues géopolitiques, je m'étais juste perdu en chemin. J'étais peut-être enchainé, enfermé, immobilisé dans cette cage, mais j'étais peut-être plus libre que je ne l'avais jamais été. Lorsque vous êtes prisonnier physiquement, c'est votre esprit qui s'évade et vous découvrez de nouvelles choses. C'est ainsi que j'ai pu me rendre compte de l'équilibre du corps et de l'esprit ainsi que du sentiment de liberté.
Un corps trop libre renferme l'esprit comme je l'ai été lors de ces derniers mois. J'avais quitté Kumo pour rejoindre Hayashi, puis retrouver le Fukkatsu pour ensuite revenir à Kumo et rejoindre le Ningen. Cette liberté excessive a empiété sur ma capacité de jugement et de réflexion, j'ai donc pris de mauvaises décisions en me comportant tel un opportuniste souhaitant avoir une vie à 100 à l'heure, un peu trop curieux sur les bords.
Maintenant que je suis enfin physiquement privé de liberté, mon esprit devient totalement libre et je suis à présent redevenu capable de m'asseoir pour réfléchir et prendre du temps avant de décider. Cela me permet d'agir plus intelligemment et de remettre en questions certains de mes choix. Un ermite est bien souvent prisonnier dans un lieu, mais son esprit n'a aucune limite, tandis qu'un renégat est libre, mais prisonnier intérieurement. Il faut donc un juste milieu, car la liberté peut très vite devenir une prison physique ou psychique. Il faut tendre vers un équilibre.
Pour conceptualiser cela, j'avais dessiné un repaire sur le sol à l'aide d'un caillou. A l'ordonné, j'avais inscrit le mot "Soma" et à l'abscisse, j'avais écrit "Psyché" et j'avais tracé une droite partant de l'origine, le point [0, 0], qui coupe l'angle droit formé par les deux axes en son milieu créant ainsi deux angles complémentaires de 45° avec les deux axes perpendiculaire du repaire. Cette droite représentait l'équilibre ultime entre liberté du corps et liberté de l'esprit, la situation où il y a une parfaite allocation entre ces deux formes. J'avais ensuite placé en pointillé une droite parallèle à l'axe des abscisse qui représentait un degré trop important de liberté physique et une autre parallèle à l'axe des ordonnées qui représentait son contraire. Chacune de ces deux droites en pointillé représentait le pire des scénarios. J'essayais ensuite de m'imaginer à quoi chacun des trois scénarios pouvait bien correspondre.
Quelle est donc la liberté physique totale ? C'est certainement la possibilité de se téléporter n'importe où dans le monde, c'est n'avoir aucune attache, aucune responsabilité, aucune proche. Je ne connais personne qui incarne cela, à part peut-être... l'Homme au Chapeau ? Je me mis alors à écrire son nom sur la droite parallèle à l'axe des abscisses. Quelle est donc la liberté de l'esprit totale ? Là encore je ne connais personne, je serais tenté de dire... un scientifique ou un chercheur ? Il est cloué dans son laboratoire à effectuer des recherches, il ne bouge pas et cela lui convient puisqu'il passe son temps à réfléchir. Ou un prisonnier ? Il ne peut pas se déplacer, la prison, c'est la privation de liberté par excellence. Dans les deux cas, je suis à la fois chercheur et prisonnier, je pense donc être le plus à même à représenter ce cas de figure. Ainsi, je notais donc "Moi" à côté de l'axe parallèle à l'ordonnée.
Quel serait donc l'optimum ? Le parfait équilibre ? Le juste milieu entre ces deux extrêmes ? Je n'avais malheureusement aucune réponse. Je notais donc "Goal" à côté de cette droite partant du point [0,0] entourant ainsi le mot que je ne venais décrire, car c'était l'objet de ma recherche et de ma réflexion. Cependant, j'étais dans un état de privation extrême de liberté physique avoir été dans l'état inverse, je ne pouvais donc que difficilement imaginer ce que le juste milieu pouvait représenter.
C'était donc cela mon prochain défi : trouver quelle est la véritable liberté. Cela faisait plusieurs jours que je méditais sur cette énigme, mais impossible de trouver. Je passais mes journées à regarder le mur, dos tourné à la porte pour réfléchir, mais je n'avais absolument aucune idée. En retournant le problème dans tout les sens, je ne parvenais pas à trouver de réponse satisfaisante. C'était bien sûr sans compter la visite d'un mystérieux personnage. Un signe du destin peut-être ? J'avais pas affaire à n'importe qui. Je me disais que pour venir me voir jusqu'à ouvrir ma cellule, c'est que ça devait être important.
"Avant cela, j'ai une question à te poser : Quelle est selon toi la véritable Liberté ?" @Shinrin Hanzo |
| | | Shinrin Hanzo Avatar © : Gabimaru (Hell's Paradise) Expérience : 2530
Messages : 847 Date d'inscription : 25/06/2020
| | Sam 26 Juin 2021 - 16:08 | |
En quelques fois l'avenir se dessinait en des formes bien étranges. Ce fut le cas à ce moment précis, en ces lieux qui ne laissent aucune indication quant à l'heure. Car quoi de plus étrange que de concevoir l'absence d'effroi en cette personne emprisonnée dont l'âme ne semblait concevoir aucun barreau. Riotant avec une certaine retenue, c'est avec allégresse que l'Empereur recevait alors le questionnement de son détenu. Depuis les parois graniteuses l'on pouvait alors percevoir l'écho de son amusement qui se propageait le long des sinueux couloirs et venaient intriguer les quelques gardiens et reclus qui avaient l'ouïe fine. Balayant alors sa chevelure nivéenne de sa main sylvestre, toujours vêtu de surprise, c'est avec un ton serein et une attitude sans manière qu'il prenait alors parole : "Tu sembles… intriguant, jeune élu." Entamant les cent pas dans cette modeste pièce autour du captif, c'est sous le coup de la réflexion qu'il traduisait alors ses pensées : "Pour être tout à fait honnête avec toi mon ami, je ne sais sur quel pied danser à ton propos. Souhaites-tu me rallier à ta cause en tentant naïvement de faire naître en mon esprit le mal du doute ? Souhaites-tu implorer ma pitié par la voie de la philosophie ? Ou es-tu si noyé dans quelques folies élucubratives pour conjecturer qu'il est avant tout primordial d'avoir le point de vue ton bourreau sur un de tes questionnements ?..." Laissant alors s'installer un silence qui n'invoquait aucune réponse, il enchaînait : "Quoi qu'il en soit, par courtoisie, sache il est commun pour certains de dessiner la liberté comme un pouvoir : celui de pouvoir fuir ou poursuivre les choses que l'univers nous met sous le nez, que ce soit une pensée, une vérité, un jugement, une causalité… Sachant cela, à la question "es-tu libre ?" la réponse serait bien paradoxale. Car si tu ne peux te défausser aux conséquences de tes actions, tu pourras adoucir celles de mon jugement…" Puis, après une révolution de plus il se stoppait alors net devant l'élu. "… Car aujourd'hui, je pourrais tout aussi bien être l'ange qui te sauvera la vie que le diable qui te la ravira." … et tout portait à croire qu'ici, il ne mentait pas. |
| | | Hikari no Eiichirō Avatar © : Jet (Avatar) Expérience : 950
Messages : 192 Date d'inscription : 20/06/2017
| | Sam 26 Juin 2021 - 19:01 | | Intriguant ? M'avait-il dit... Ce petit sobriquet de jeune élu comme pour signifier un certain sarcasme pour évoquer les membres de la nation de l'Homme au Chapeau, ouvertement teinté de mépris et de condescendance. Après tout, cela ne me dérangeait pas, il avait sûrement besoin de flatter son égo. Je ne savais pas qui il était, mais sans doute il devait être quelqu'un d'important ici. Un arriviste ? Un carriériste ? Un sous-fifre ambitieux ? J'étais son prisonnier après tout et peut-être qu'il se servirait de moi comme tremplin pour gagner les faveurs de l'empereur, voire des nations unis au vue des enjeux. J'étais bien conscient d'être plus qu'un simple prisonnier.
"Suis-je vraiment capable de te faire douter de ton Nindô ? Suis-je réellement de ceux qui mendient la miséricorde d'autrui ? Tu es bourré de présupposés concernant les "élus de l'humanité". C'est bien la preuve qu'il y a un manque de dialogue entre les deux camps, le conflit aurait pu être résolu depuis des lustres. M'enfin... si je peux te permettre de clarifier certains points pour mieux gérer la situation, qu'il en soit ainsi. Cela sera ma contribution au Monde."
"Disons qu'une question me taraude et je n'ai pas la réponse."
Il me donna sa définition de la liberté. Je ne pouvais pas m'attendre à mieux comme réponse de sa part, je le regardais en souriant jusqu'à en rire. J'étais satisfait, voire surpris de sa réponse, mais parfaitement adapté à ce qui allait s'en suivre avec cette magnifique ouverture sur la fin. Il me laissait une ouverture, une possibilité de discuter, de négocier. Je n'ai de loyauté pour personne si ce n'est celui qui possède le Savoir.
"La liberté comme un pouvoir ? C'est malheureusement une idée bien commune... Le pouvoir te confère peut-être la liberté, mais tu en deviens dépendant jusqu'à en perdre ta liberté. Ce droit de vie ou de mort te confère peut-être un pouvoir, mais d'entre nous deux, je suis celui qui est le plus libre." |
| | | Shinrin Hanzo Avatar © : Gabimaru (Hell's Paradise) Expérience : 2530
Messages : 847 Date d'inscription : 25/06/2020
| | Sam 26 Juin 2021 - 20:30 | |
A la dernière palabre de l'élémentaliste, le Shinrin se fendit la gueule à gorge déployée, noyant le dédale des galeries d'un rire aussi sinistre qu'insolent, aussi cinglant que luciférien. De "liberté" se vantait-il d'être nanti, aux yeux de l'Empereur c'était là une cocasse ineptie qui ressusciterait plus d'un mort. "HA HA HA HA !" Alors bras déployés il exprimait son amusement, ombrant la petite cellule de son ombre macabre qui vibrait au rythme de ses esclaffes, se montrant en des silhouettes plus ou moins aiguisées qui semblaient être le parfait reflet des démons qu'il abritait en son for intérieur. "Liberté, liberté, liberté ! Trois syllabes de trop pour une âme qui s'en croit pourvu ! Est-ce donc par cette voie que tu comptes trouver ton salut ? Est-ce donc sous l'hilarité de tes fabulations que tu penses pouvoir trouver le repos ? Vois-tu, j'ai bien pressenti confier le labeur de cette "entrevue" à un griveton de mon Unité Territoriale, mais loué soit le très-haut, je suis là…" Avec lenteur, il dégainait du fourreau ce poignard qu'il conservait au niveau des reins, berçant le lieu du doux son du fer qui danse avec le cuir. Alors se prenait-il d'affection pour ce moment, laissant doucettement son doigt danser sur le fil du croc tandis qu'il dardait de nouveau l'élu, orné de son sourire en coin des mauvais jours avant d'arborer un minois faussement gêné : "… Mais j'en perds mes manières, j'ai gauchement oublié de me présenter. Je suis Hanzo, du clan Shinrin. Nouvel Empereur du Teikoku et récemment détenteur du modeste titre de… "Dieu du Ciel". Ce n'est qu'un sobriquet de plus que l'on m'a accordé il y a de cela quelques lunes à mon retour de Tsume no kuni. J'ai joué mon pérégrin en ces contrées, j'ai pu rencontrer cette mignonne petite élue rubiconde à la rivière incarnate, j'ai pu profiter de votre marché aux bibelots où j'ai dû marchander contre une de vos kunoichi, une nivéenne à l'aura glaciale. C'était une bien belle cité il faut l'avouer ! Alors il est vrai qu'en quelques occasions je regrette d'avoir dû la décimer en laissant pleuvoir cette pluie de météorites… Il faut l'admettre la vue était magnifique mais j'entends encore leurs cris d'effroi des fois, c'est… pénible…" Son œillade céruléenne perdait alors tout soupçon de gaieté. "Mais avec toi je ne bâclerai pas le travail. Je n'attendrai guère le temps de tes supplices." Armant son bras, c'est vers le bras du captif que le fil du croc semblait être dirigé. "Tu vas me dire quel était votre objectif au QG, ainsi que les plans de vos lieutenants. Si manque de réponse, il manquera un bras, puis un autre." |
| | | Hikari no Eiichirō Avatar © : Jet (Avatar) Expérience : 950
Messages : 192 Date d'inscription : 20/06/2017
| | Lun 5 Juil 2021 - 0:43 | | Changement d'ambiance, l'homme se mit à s'esclaffer tout d'un coup. Je le regardais toujours l'air impassible, malgré cette excès de folie pris par mon bourreau. Après tout, je n'avais que faire de cette situation ici bas, je me disais que la mort n'est pas si mal tout compte fait. Je n'imagine pas la mort comme une épreuve plus difficile que la vie d'ici bas, je n'avais donc que faire de sa réaction. A sa réaction, j'avais bien compris que j'avais affaire à un élément irrécupérable, attaché à la vie d'un homme de pouvoir, incapable de se projeter et de prendre du recul sur son existence.
Il y avait une différence de point de vue importante entre nous deux, mais que pouvais-je attendre d'une personne comme lui. Je viens de la cité lumineuse d'Hikari, je suis un chercheur, scientifique et penseur. Je suis un homme de lumière comme en témoigne mon nom. Rien n'est anodin, tout est fait de sorte à ce que je me sente supérieur à ce genre de personne. Observant l'arme qu'il venait de dégainer, j'esquissai un sourire avant de me tourner et de me rassoir un peu plus loin dans ma cellule.
Il se présenta alors, me racontant quelques petites anecdotes histoire se flatter lui-même et de se mettre en confiance. Visiblement j'avais affaire à un l'Empereur du Teikoku lui-même, Shinrin Hanzo ou le Dieu du ciel l'appelait-on. Sans doute, un sobriquet parce qu'il est capable de créer une pluie de météorite m'a-t-il dit. Je n'ai aucun doute sur sa puissance, mais d'où lui vient cette envie de vouloir prouver qu'il est si fort que ça ?
"L'empereur du Teikoku lui-même ? En voilà un beau CV ! Quel honneur, vous me faites..."
"Je vais te faire gagner du temps : Le Ningen voulait localiser le QG et je ne connais pas les plans des lieutenants."
"Par lieutenant, tu sembles faire allusion aux gradés de Tôsen ? Tu crois sincèrement qu'il se risquerait à parler de ça avec quelqu'un comme moi ? S'il m'avait confié quoique ce soit, vous ne m'auriez jamais eu vivant et mon cadavre aurait été détruit. Je ne le connais pas plus que toi, mais je sais qu'il ne laisse jamais rien au hasard. Vous n'imaginez quand même pas qu'il allait m'envoyer ici en me donnant tous les détails de ses plans sans prendre de précaution ? S'il est capable de lire l'avenir comme on le dit, il a certainement prévu notre échange. Comme tu le vois, il n'a apposé aucune contrainte, pas de sceau, rien... Tu peux donc t'imaginer que je n'ai aucune espèce d'importance pour lui et ma capture, ma vie ou ma mort n'aura absolument aucune incidence sur son projet, pas le moins du monde. Tu es Empereur du Teikoku, tu dois le comprendre, je suppose. Si Tôsen capture l'un de tes petits soldats, il en tirera rien non plus."
"En bref, si tu veux en savoir plus sur les plans de Tôsen... Mauvaise pêche."
|
| | | Shinrin Hanzo Avatar © : Gabimaru (Hell's Paradise) Expérience : 2530
Messages : 847 Date d'inscription : 25/06/2020
| | Jeu 29 Juil 2021 - 11:22 | | L'endroit puait la mort. A croire que les fondations du village étaient d'os et de chairs, et que c'est en ces tréfonds que les pires crasses étaient commises dans le plus grand secret, préservant ainsi aux innocents les actes de leurs gardiens aux mains crasseuses et à la moralité nauséabonde. Il était pour autant parfois bien intelligent de se demander si de telles métaphores avaient réellement cours, ou si tout cela n'était qu'un spectacle de marionnettes se délectant de sang et invoquant de grands principes afin de travestir leurs macabres désirs. C'était là la beauté qui se dégageait de toute cette répugnance, un spectre de réalités où pragmatisme se mêle avec mensonge, où sacrifice se mêle avec égoïsme. Rien n'était blanc, rien n'était noir, tout était gris en ces ratières souillées. Ainsi il semblait que "l'élu" soit dépourvu de toute information utile à se mettre sous la dent ? Si l'idée était inconvenante pour l'Empereur, il n'en demeurait pas moins impassible tant une telle réaction était prévisible de la part d'un troupier un tant soit peu attaché à ses convictions. S'en échappait ainsi un long et pénible soupire qui signifiait là l'ennui de la situation. ""Localiser", voilà donc un objectif bien lamentable. Et si ton maître semble si bien voir l'avenir, pourquoi a-t-il eu besoin de t'envoyer localiser un lieu qu'il aurait bien fini par deviner ? Que de questions, pour si peu de réponses… Il est juste pénible de devoir respecter des promesses faites." Son doigt filant le fil de sa lame, ce n'est qu'après un rapide coup d'œil sur le détenu que l'Empereur s'attela à venir le désolidariser d'un coup aussi prompt que propre son bras gauche qui traçant les airs s'entrechoqua avec le mur avant de tomber et gésir au sol, inerte, traçant en quelques bribes de sang son chemin. Un coup vif et simple qu'un homme enchaîné n'aurait pas pu éviter. "Je t'avais prévenu, Elu. Je ne suis guère venu ici pour entendre un guerrier déplorer son ignorance. Il suffit d'un simple coup d'œil pour te savoir suffisamment sage pour comprendre l'acte qui se tient en cette cellule. Comprends que ton avenir se tourne actuellement vers un pays qui souhaite récupérer l'un de ses déserteurs. Il n'appartient qu'à toi de décider si tu souhaites t'y rendre en un morceau, ou plusieurs. Alors parle, ou crève." Tout est simple quand c'est nous qui tenons la lame. PS : Mes excuses pour l'attente si longue, ça ne sera pas le cas pour les prochaines réponses. |
| | | Hikari no Eiichirō Avatar © : Jet (Avatar) Expérience : 950
Messages : 192 Date d'inscription : 20/06/2017
| | Mar 24 Aoû 2021 - 23:59 | | Il marquait un point, il est vrai que si Tôsen était réellement capable de lire l'avenir, il n'aurait pas eu besoin d'enquêter sur le lieu d'implantation du siège. Cependant, lire l'avenir ne signifie pas nécessairement être capable de savoir tout sur tout, à tout moment et partout. C'est là aussi le fantasme de ses ennemis qui se méprennent sur les capacités de l'Homme au Chapeau, qui l'idéalisent, car ils n'ont pas les capacités intellectuelles pour comprendre ce que signifie "lire l'avenir".
"Peut-être bien, tu as raison. Cependant, connaître l'avenir lui permet d'anticiper, cela ne lui confère pas la possibilité de tout géolocaliser. M'enfin, peut-être qu'il m'a envoyé ici en sachant pertinemment ce qui allait m'attendre. Il sait peut-être où le lieu se trouve et je ne suis qu'un pion qu'il a sacrifié pour faire croire à ses ennemis qu'il n'a aucune informations sur ce sujet ? Je ne sais pas, après tout, je ne sais rien de lui."
"D'ailleurs, ne te méprends pas, ce n'est pas mon maître, je n'ai aucun maître. Je suis pareil à l'abeille, attiré par le miel. Je vais là où il y a de la connaissance."
Il marqua une pause puis me regarda avant de m'assigner un violent coup sur le bras gauche. J'avais jamais vu un tel coup d'épée si rapide, puissant et précis, c'est un Shinobi de classe mondiale sans nulle doute. Après tout, ce n'était pas le numéro un du Pays du Feu pour rien. Mais voilà, avant même que je me rende compte, j'avais perdu mon bras gauche. Je ressentis soudain une vive et puissante douleur qui mit un peu de temps à se propager. Je me tins alors l'épaule gauche ou tout du moins ce qu'il en restait tout en posant mon genou droit au sol, haletant alors. La situation venait de changer, j'étais maintenant sur la défensive. A l'image de ma blessure, plus rien ne serait comme avant, j'étais maintenant énervé, prêt à mourir comme un homme.
"Je n'ai rien à dire à des barbares dans ton genre. Puisse Sakaze Tôsen te tuer, toi et les tiens. Puisse-t-il exterminer les vermines de ton espèce." - Le maudissais-je avant de lui cracher dessus.
De toute évidence, j'avais atteint le point de non retour, mais je n'en avais que faire. Par son action, il avait fermé toute possibilité de discussion, de négociation. Hors de question de coopérer avec un barbare de la sorte. Finalement, je n'ai jamais pu supporter ces chiens arrogants du pays du feu, la fin me donnera raison. |
| | | Shinrin Hanzo Avatar © : Gabimaru (Hell's Paradise) Expérience : 2530
Messages : 847 Date d'inscription : 25/06/2020
| | Dim 29 Aoû 2021 - 21:38 | |
Traiter avec le Samouraï était moins évident qu'il n'y paraissait. Par son alignement et ses convictions il ne rendait pas la tâche simple même pour un bourreau fataliste comme Hanzo. Pour autant, il en restait pénible que de se résoudre sur la marche à suivre tant les facteurs et composantes de cette histoire ne se disposaient pas sur un simple tenant. Se montrer indulgent ? Tenter la négoce ? Demeurer impitoyable ? Il détaillait en son esprit toutes les possibilités tandis qu'il dévisageait le guerrier se vider de quelques gerbes de sang. Mais si ses élucubrations ne suffisaient guère à lui montrer la voie, les mots de l'Elu et son insulte se pourvoyaient à eux-mêmes. "Je vois, même dans ces circonstances tu restes digne de ta classe, Elu. Entends mes mots quand je te dis que cette situation m'attriste au plus point. Je ne prends aucun plaisir à te priver de cette liberté que tu chéris tant et à t'affliger la colère de tout un pays, c'est même tout l'inverse. J'ai toujours aimé croire qu'il était bien simple pour un homme d'occire ses ennemis et de se faire une raison, mais le temps m'a appris que tout pions que nous sommes, nous ne sommes pas si différents. Nous ne sommes que dans des jouets tirés du même bois que le destin finit par conglomérer en tas pour finalement les liguer les uns contre les autres. En un autre temps, tu aurais pu être un frère dont j'aurais brigué la sagesse, en un autre temps, j'aurais pu combattre en ton honneur… Aujourd'hui c'est malheureusement bien éloigné de tout ça." Le silence s'imposait alors dans la pièce. Seule la réverbération des gouttes de sang quittant le fil de la lame pour épouser le seul venait rythmer ce qui semblait bien être les derniers instants d'un héros pour les uns, d'un malfaisant pour les autres. "… Notre époque est ainsi faite qu'il nous faut déshumaniser autrui pour protéger les notres. Et en ce sens, je te prierai de croire en l'existence du grand respect que j'ai à ton égard. Fidèle aux tiens, tu quitteras ce monde sans qu'une once de trahison en vienne entacher ton honneur. Que tes dieux t'accordent le repos que ton âme mérite, guerrier…" Avec promptitude et quiétude, le fer de l'Empereur traçait alors une nouvelle ligne dans l'atmosphère, rompant le fil de vie du Samouraï. Et si cet acte passerait sous silence dans les caveaux impériaux, elle teinterait à tout jamais l'âme du meurtrier innocent. "Au Yuukan, rien n'est noir, rien n'est blanc, tout est gris. Adieu, Samouraï éclairé." … |
| | | Hikari no Eiichirō Avatar © : Jet (Avatar) Expérience : 950
Messages : 192 Date d'inscription : 20/06/2017
| | Mar 31 Aoû 2021 - 0:27 | | La fin était proche, je me sentais partir loin de tout cela. Tout était devenu calme tout d'un coup, je me sentais comme léger. C'était une sensation étrange d'être au porte de la mort, comme une certaine quiétude, un sentiment de paix, mais surtout... j'étais impatient d'accéder à l'au-delà, de voir ce qu'il y a après. Je m'étais toujours demandé ce qu'il y a après la mort, j'avais longuement pensé jusqu'à même écrire sur ce sujet. Finalement, mes écrits ne verront jamais le jour. Peut-être que quelqu'un les trouvera par hasard, les diffusera et s'en inspirera ? Peut-être que quelqu'un s'intéressera à moi ? Moi qui pensait que les idées rendaient l'homme éternel, qu'en est-il si je n'ai pas eu le temps de transmettre mes idées ? Vont-elles disparaître avec moi ?
Ma vie fut courte, mais lourde de sens, la fin peut-être moins. D'ailleurs, j'avais toujours fermement défendu l'idée d'entropie, l'ordre tend vers le désordre. Ce n'était bientôt plus une métaphore, je savais pertinemment que j'allais finir en morceaux. Mourir si jeune, cela veut-il dire que je me suis perdu en chemin ? L'épitomé de ma vie, qu'est-ce qu'on pourrait en tirer ? Si il devait être étudié, qu'est-ce qu'on en apprendrait ? Que la curiosité est très probablement un vilain défaut ? C'est ce même défaut qui m'a mené ici en ce jour. Qui sait, j'avais peut-être échoué. Ma vie a peut-être été veine.
Je ne pouvais qu'acquiescer les mots qu'il prononçait. On aurait pu marcher ensemble si la Vie l'avait voulu autrement. Que de mystères d'ailleurs, tant de questions qui fusaient, mais impossible de pouvoir y réfléchir ni trouver de réponse. Je n'arrivais plus à réfléchir, tout était flou, ma vision devenait brouillée par une épaisse lumière qui m'aveuglait. Je commençais à perdre connaissance, à me laisser mourir, mais dans un sursaut d'orgueil je repris conscience. Un esprit vif et plein d'idées qui s'éteint brutalement à tout jamais, mon inconscient refusait de l'admettre. Tant d'énergies et de vitalité disparaissaient petit à petit. Je suais à grande goutte, tandis que je canalisais mes dernières forces pour me concentrer. La dernière question que je me posais aux portes de la mort, juste avant le coup final.
Ma postérité, quelle empreinte vais-je laisser ici bas ?
Soudain la machine se débrancha. Son sabre avait coupé les derniers fil qui la faisait tourner. Qui l'eut cru... que tant d'idées avait parcouru cette enveloppe charnelle inerte, tout du mois ce qu'il en restait. Quant à moi, je, qu'adviendra-t-il de moi, mon esprit ? Qu'était-ce donc ce "je" ? Mon esprit ou mon corps ? Dans l'état actuelle des choses, "je" ne peut pas être mon corps, car il y aurait plusieurs "je", il y en aurait autant que mon bourreau en avait décidé. Penser cela, c'était comme considérer que mon être lui appartenait et que je ne pouvais rien y faire. J'avais enfin ma réponse, "je", c'est l'âme, l'esprit qui quitte sa prison matérielle. Elle est une, unique, indivisible et inappropriable. C'est ma nouvelle forme, libérée de toutes contraintes spatio-temporelles, revenue à son essence la plus pure. Me voilà maintenant... enfin libre. |
| | | Shinrin Hanzo Avatar © : Gabimaru (Hell's Paradise) Expérience : 2530
Messages : 847 Date d'inscription : 25/06/2020
| | Mar 31 Aoû 2021 - 9:39 | |
Son âme était un océan de chaos. Il aurait préféré se confronter à un pur antagoniste, à un fieffé guerrier dont la raison ne vous trouble pas la votre. S'il était bien aisé que de tirer la lame, on omet de vous apprendre les conséquences de telles gestes sur votre propre personne. Qu'il était alors risible que celui qui se targuait de jouer avec la mort en était devenu la principale marionnette. Il savait que tout là haut, les Dieux se rient de leur sujet hijin car eux plus que quiconque savent à quel point les créatures qui déplorent les effets dont elles chérissent les causes sont d'un comique absolu.
Alors il demeurait là, teinté d'un sang qui n'était pas le sien et qui embrumait l'air, lorgnant sur cette carcasse qui semblait avoir trouvé la paix. C'en était dérangeant à quel point il pouvait jalouser sa condition, à quel point il désirait lui-même cette fin qu'il venait d'accorder, s'imaginant qu'elle représenterait un repos si précieux.
Peignant sa tignasse d'un trait de la main, il tentait par quelconque moyen d'arracher ces pensées qui lui tenaient le bulbe, seul le labeur - encore une fois - semblait alors l'unique porte de sortie pour celui qui refusait d'en finir. Tirant un parchemin de sa besace, il apposait alors sur feu le Samouraï Eclairé un ordre de scellement, ne laissant dans la cellule que la vision en quelques aplats du carnage qui avait découlé de cet interrogatoire. Puis, las, il s'en allait alors, jetant un dernier regard sur une scène qui resterait à jamais gravé dans son for intérieur. Un jour banal pour certains, fataliste pour les autres.
|
| | | La ratière : Hikari no Eiichiro |
Sujets similaires | |
|
| |