Sérieux, délicatesse, ne pas créer d’accident. Décidemment, il n’est plus l’Hideto intrépide et audacieux qu’il a connu. Quand a-t-il perdu son cœur d’aventurier ? A cette pensée, Tawamure se sent prit d’un certain sentiment de tristesse, mêlée d’une pointe de nostalgie ; quelque chose que même un masque a dû mal à faire paraître. Pourtant…
Nous nous somme fait une promesse plus jeune, nous devons vérifier les histoires que nous avons entendu, change cet air de ton visage et nous y allons.
Pourtant, l’espoir renait à l’évocation de cette promesse et de son visage. Après tout ce temps, il restait l’une des seules personnes à le « voir » réellement.
Il se ressaisit, hochant la tête d’un mouvement plein d’entrain.
Réajustant la corde servant de sangle de fortune au shamisen maintenu dans son dos, il s’avance d’un pas déterminé, passant les deux gardes postés de part et d’autre de la porte.
Sérieux, délicatesse. En dépit de ses bonnes intentions et de son estime envers les dires de son compagnon, ces notions dérisoires se retrouvent balayées par le raz-de marée qu’est l’excitation du jeune homme.
Pénétrant dans la grande salle, son regard se perds le long des colonnes de pierres, parcourant les dorures, les tapisseries, balayant la pièce du sol au plafond, sans pour autant s’arrêter d’avancer vers…
Une main vient saisir un pan de son kimono, l’arrêtant net dans sa course.
Tawamure abaisse les yeux, lâchant le plafond pour aller trouver l’homme se tenant face à lui.
D’un geste d’une vivacité étonnante, il échange son masque avec l’un de ceux contenus dans sa besace ; l’une des pièces les plus élaborés de sa collection.
Si la base reste la même que celle de toutes ces autres œuvres, celle-ci comporte l’ajout flagrant d’une lunette, similaire à celle que pourrait porter un joaillier.
Grand, regard perçant, cheveux blanc, vieillesse, maladie, particularité génitale ?
Il ajuste le grossissement de sa lunette d’une main.
Pas de rides apparentes, épaules droites, on exclut la vieillesse. Et à le voir de près, on inclut même la jeunesse. Une vingtaine d’année peut-être ?
Qu’est-ce qu’un bonhomme si jeune fait ici, là où devrait être l’…
La main sur le pan de son kimono le tire plus fermement ; son propriétaire, Hideto, semble lui indiquer qu’il est trop près, beaucoup plus qu’il n’est censé l’être.
Attends, quoi ? Non, non, NON. NON. Pas possible. Son regard oscille entre son camarade et l’’inconnu. Pas d’écaille. Pas d’ailes. Et les naseaux ? Où sont les naseaux ?!
…
Mais après tout… Il n’a jamais eu l’occasion de vérifier lui-même l’apparence d’un vrai spécimen… Alors il n’y a qu’un moyen d’en avoir le cœur net.
Accompagnant ses paroles d’un salut amical de la main, il se lance :
Salut ! T’es un dragon ?