| Sur la Voie II | Nomura Ieyasu Avatar © : Ashina Genichirô (Sekiro) Expérience : 1407
Messages : 179 Date d'inscription : 26/04/2020
| | Ven 23 Avr 2021 - 22:34 | | Cette vallée était vieille. Très vieille, à en juger par les reliefs creusés par les pluies et les tempêtes, façonnés par des décennies de conflits. Ieyasu bien sûr était trop jeune pour être contemporain de toutes ces choses, et avait de toute façon vécu toute sa vie à des centaines et des centaines de kilomètres de là, mais il parvenait malgré tout à sentir, à percevoir le passé tourmenté de ces monts arides. La vallée de l’anarchie portait bien son nom… mais le jeune bretteur était loin d’imaginer qu’elle le portait si bien, et même encore aujourd’hui.
Le mercenaire en armure, chargé de tout son matériel et de ses affaires, arpentait précautionneusement un sentier qui serpentait entre les rochers, tutoyant une pente dangereuse sur son flanc gauche en y prêtant une attention toute particulière. Après une escale à un poste frontière entre Tsume et Hayashi, où il avait pu apprendre la direction à prendre pour rejoindre le Refuge, Ieyasu avait enfin choisi d’emprunter le chemin le plus court, quitte à prendre quelques risques, afin de ne pas perdre plus de temps qu’il ne l’avait déjà fait au Pays du Bois. Cette résolution, il l’avait suivi d’autant plus facilement que le secteur ne semblait receler d’aucune végétation particulièrement intéressante sur laquelle se pencher, contrairement aux forêts qu’il avait précédemment traversé. Toutefois, le jeune épéiste était sur le point de réapprendre à ses dépends que désirer une chose n’était pas synonyme de son obtention.
Son sixième sens l’alerta in extremis du danger, lui dictant d’empoigner la garde de son sabre aussi vite que possible. A peine l’avait-il brandit sur son flanc droit que l’acier d’une série de griffes, fixées sur la main d’un individu masqué et vêtu de haillons de camouflage, entrait en collision, coinçant presque tout à fait la lame entre deux d’entre elles. Les yeux du Nomura s’écarquillèrent. Il était déséquilibré, sa prise sur son arme était mauvaise, ce n’était pas bon pas bon du tout. D’un geste, l’inconnu dévia la lame du katana sur le côté et asséna aussitôt un coup de pied dans les côtes d’Ieyasu, le propulsant vers la pente qu’il heurta de plein fouet, des sachets et sacs de matériel s’échappant de son dos en échouant entre les reliefs escarpés. De justesse, le bretteur en péril se rattrapa de sa main unique, réalisant seulement à ce moment que son sabre lui avait échappé sur le sentier. Le sentier. L’inconnu y était encore, le toisait, comme vérifiant l’état de sa proie. Car c’était bel et bien ce qu’il était, dans ce scénario : une proie.
Ieyasu serra les dents, tentant d’ignorer la douleur. Il reprit rapidement des appuis, mais tituba un instant en gardant les yeux rivés sur son agresseurs.
« Qu’est-ce que vous voulez !!? - On verra ça quand on t’aura maté, petit samouraï…Mais, ton coupe papier, là, fera déjà une belle prise... »
Le Nomura fulmina, mais se ressaisit en se souvenant de ses entraînements. Son sang froid était sa meilleure arme : mieux valait ne pas la perdre, elle aussi. L’inconnu masqué fléchit les genoux. Il le croyait désarmé, allait charger, tenter de l’achever. Ieyasu se retint de porter la main à son wakizashi, caché sous son habit ample à son flanc qu’il gardait de trois-quart. L’inconnu se jeta sur lui, toutes griffes dehors, confiant. Trop confiant. D’un geste pur et sans à-coup, d’une rapidité semblable à celle de l’éclair, la lame courte fut dégainée, puis exécuta un balayage oblique tandis que tout le corps du bretteur s’inclinait en avant pour glisser sous les griffes tendues vers lui. Saisi à l’épaule, son élan brisé, l’inconnu masqué alla s’écrouler plus loin dans la pente jonchée de rocs saillants et dangereux. Ieyasu lui accorda un bref coup d’oeil mais, conscient d’avoir fait mouche, était bien décidé à profiter du temps qu’il venait de gagner. De deux bonds successifs, il regagna le sentier, rengaina prestement son wakizashi et ramassa son sabre.
« ...Fils de pute… !! Aaarggh...Putain d’merde… Mon bras rrrg… !! »
Il jeta un coup d’oeil en contrebas. Il avait, effectivement, saisi son assaillant à l’épaule, et pour cause : c’était à peine si le bras était encore relié au reste du corps, pendouillant dans un écoulement sanguinolent massif qui laissait peu de doute sur le sort qui l’attendait sans soins d’urgence.
« Tu l’as cherché faut dire, Jizô… »
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| | | Nomura Ieyasu Avatar © : Ashina Genichirô (Sekiro) Expérience : 1407
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| | Sam 24 Avr 2021 - 13:57 | | La sueur perlant sur son front, le jeune épéiste se retourna vivement vers les hauteurs de la colline sur sa droite, où une nouvelle silhouette venait de faire son apparition. « On », avait-il dit plus tôt. Ce n’était apparemment pas qu’une tournure frisant la schizophrénie, l’homme aux griffes d’acier avait véritablement des comparses avec lui. Ieyasu avait récupéré son sabre, mais il devait se préparer au pire.
« Laissez-moi tranquille… Votre ami a besoin de soins, occupez-vous plutôt de lui.. ! - Oh, mon petit samouraï… tu me parais bien, bien loin de chez toi, pour te permettre de donner des ordres… Et quel âge as-tu, d’abord… Tu as le droit, de te promener avec tout cet attirail, hm ? Haha… hahaha… ! »
L’adolescent serra les dents, jetant à nouveau un coup d’oeil au premier inconnu qui se tordait de douleur en tâchant tant bien que mal de limiter l’hémorragie qui le menaçait de mort. Le danger ne viendrait plus de lui, songea-t-il, mais ça ne le sortait pas d’affaire pour autant.
« Enfin… Il faut être idiot, vraiment, pour aller chercher un de ton espèce au contact. Tant pis pour lui. »
A ces mots, le nouvel assaillant déploya ses mains jusque là restées le long de son corps… et commença à incanter une technique. Les yeux écarquillés, Ieyasu se mit en garde et n’eut pas à attendre longtemps avant de voir déferler sur lui une nuée d’éclairs en forme de molosses affamés. Son chakra à lui ne fit qu’un tour, irriguant la lame qu’il tenait fermement dans son unique main, et d’un geste fluide et ample, le jeune bretteur fendit l’air devant lui, dispersant les molosses, brisant l’élan de chakra qui les avait animé.
« ...Je vois. On veut pas se laisser faire… Tant pis. »
Des projectiles auréolés d’éclairs fusèrent alors cette fois dans sa direction, tandis que l’inconnu se propulsait sur le côté pour alterner l’angle de ses attaques. Il devait réagir, et vite, avant de subir un mauvais coup et de se faire submerger, songea le Nomura. Lui aussi se mit donc à progresser le long du sentier, en parallèle de son assaillant, déviant un à un les projectiles qui le menaçaient dans un claquement métallique rendu strident par le Raiton qui avait entouré chaque kunai. Pendant un bref instant, Ieyasu maudit la perte de son bras gauche : une flèche bien ajustée, c’est peut-être tout ce dont il aurait eu besoin pour se débarrasser de ce brigand de grand chemin, cet opportuniste à la morale inexistante, mais sans sa main manquante pour maintenir le corps de son arc en place et maintenir une tension constante dans le corps de cette arme de trait noble et létale, c’était peine perdue. De tous les angles possibles, les poignards infusés de foudre continuaient à pleuvoir, le gardant sur le recul, l’empêchant de penser, de réfléchir à ce qu’il devait faire. Mais c’est justement là que lui arriva cette réalisation. Il devait arrêter de penser.
Ieyasu prit le contre-pied, dérapa et chargea vers les hauteurs de la colline d’où l’inconnu le pilonnait sans vergogne, utilisant un piton rocheux comme couverture dans la foulée. Il en jaillit alors droit vers le haut, comme prenant son envol, une cible certes facile mais imprévisible. Un poignard, lancé en hâte, l’atteignit aux côtes, mais il était trop tard pour faire marche arrière. Sitôt son pied d’appui réceptionné, le mercenaire déchargea d’un seul coup une grande quantité d’énergie, se propulsant droit vers son agresseur à une vitesse phénoménale. Point de temps pour lui ou d’envie de savourer la mine déconfite de son assaillant en le voyant clore la distance aussi vite : dans le même mouvement, son sabre fendit en oblique, ouvrant le torse de l’inconnu du nombril à l’épaule en déployant une gerbe de sang épais.
« Ba… ! »
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| | Sam 24 Avr 2021 - 22:24 | | Haletant, il mit un genou à terre, trouvant également un appui salvateur sur la pointe de son arme dirigée droit vers le sol. La douleur au niveau de ses côtes l’étreignit, rappelant à son bon souvenir à quel point il s’était montré imprudent. A quel point il s’était précipité, sous la pression, et avait laissé son jugement être altéré par elle. Le bretteur autodidacte se redressa quelques peu, laissant momentanément son sabre sur le sol, et s’empara de sa main unique du poignard qui s’était fiché dans son flanc. Il en éprouva la profondeur de son ancrage, non sans éprouver une douleur cinglante, puis se décida à tirer dessus d’un coup sec. La plaque d’armure à cet endroit n’était pas la plus épaisse, pour permettre au corps de ne pas se retrouver entravé dans cette zone de pivot cruciale, mais elle avait malgré tout rempli son office, songea-t-il de façon passablement amer. Derrière lui, les gémissements continuaient, et si il s’était pour l’instant refusé à y faire face, il savait que ce moment était finalement inéluctable. Il devrait s’occuper de sa plaie, mais avant ça…
Il se releva, sa carrure frêle à peine masquée par son attirail de samouraï qui pouvait le rendre si menaçant faute d’un regard insistant et observateur, et observa presque nonchalamment la lame de son katana.
« ...Gkkkhh… P-..Pitié… Me laisse… pas là… Hnn.. ! »
Ieyasu expira un grand coup et se décida finalement à se retourner, posant enfin ses yeux sur son second agresseur, mortellement blessé au torse en représailles de ses attaques appuyées et répétées. Que pouvait donc valoir la morale, celle qu’il tenait de ses parents, de son pays, dans ce genre de situation ? Devait-il aider cet homme ? Était-ce si mal de prendre la vie d’autrui, quand c’était pour protéger la sienne propre ou celle d’un autre ? Mais plus important encore… avait-il vraiment la capacité de faire un autre choix que celui qui semblait s’imposer à sa lame, qui lui aurait presque paru trembler dans sa main, avide du sang de ce malandrin sans foi ni loi ?
« … Te laisser là… C’est sans doute… ce que je peux faire de mieux, à vrai dire. »
Il rengaina sa lame, lentement, dans son fourreau, des yeux mêlant pitié et incompréhension sur l’homme qui avait voulu le tuer quelques instants auparavant. Sa main se glissa ensuite dans l’une de ses sacoches, d’où il sortit un sachet rempli d’une pâte végétale, produit du pilonnage de Myrthe blanche dont il préparait toujours quelques réserves en cas de coup dur. Le jeune épéiste s’approcha ensuite d’un pas de son agresseur et lui envoya une partie du concassé presque huileux, rangeant son sachet dans la foulée.
« ...Qu- que… - … Applique ça sur ta blessure. Ca ne te sauvera pas… mais ça peut te donner du temps. Ce que tu en feras… ça te regarde. Adieu. »
D’un pas leste, Ieyasu dépassa alors l’inconnu à terre sans lui accorder un autre regard, se forçant dans les faits à ne pas ralentir et à continuer droit devant sur le sentier. Prenait-il la bonne décision ? Ce qu’il venait de faire, était-ce… moral ? Faisant l’inventaire mental de ses affaires pour vérifier une énième fois qu’il n’avait rien oublié, le Nomura eut tôt fait de dépasser cette partie de la vallée, mais même alors la question continua de le tarauder sans qu’il puisse y trouver une réponse franche et nette. Mais au fond, se dit-il après une bonne heure de marche supplémentaire, une bonne morale… n’était-elle pas celle avec laquelle on pouvait continuer à se regarder en face et à avancer sans regrets ? Si c’était cela, finit-il par se dire, alors sans doute, oui… Sans doute avait-il pris la bonne décision.
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