Tout comme pour Yugure quelques temps avant, j’avais gratifié Meho d’une mission qui se voulait d’une importance certaine. Suite à l’attaque de Yonbi sur le village, ce dernier, bien qu’il s’en soit sorti et notamment la population, évacuée bien avant les évènements désastreux, était en pleine reconstruction. Fort de son activité commerciale et reconnu pour cela, Iwa se devait de retrouver sa force d’antan. Dans cette optique, renouer avec nos voisins proches était plus que nécessaire. Dans cette optique, Meho avait pour tâche de remettre en route une voie commerciale avec Kaze. Il y avait fort à parier que cela ne serait pas facile, d’autant plus Suna avait bien plus souffert qu’Iwa, tant d’un point de vue structurel qu’humain. De ce point de vue, nous pouvions croire que nos propositions seraient les bienvenues. Je l’espérais du moins.

Finalement, c’est détendu que j’arrivais aux portes du village, et, je dois l’avouer, surpris d’être le dernier sur place, et encore plus sachant qu’en réalité j’étais en retard. Quelque peu gêné par la situation je souriais chaleureusement à la vue de mes deux partenaires pour cette aventure.

« Ahaha … si tôt … et moi qui arrive si tard. Désolé pour cette attente, je me suis oublié. J’avais pas dormis comme ça depuis un très long moment … enfin bref, je dois pas être un vrai ninja, hein Yugure ». finis-je en rigolant.

Reprenant alors d’une voix enjouée à l’attention du Nihito,

« Je vois que tu as tout prévu. C’est une bonne chose que de se baser sur son expérience et sur celles des autres pour mener à bien ses objectifs. »

Puis, sans un mot, attentif et curieux, j’écoutais les échanges entre les deux jeunes garçons qui exposaient leurs expériences et connaissances respectives, surtout Yugure qui serait d’une grande aide dans cette mission de par ses origines du Pays du Vent. Les bras croisés derrière le dos, j’admirais à quel point le genin avait su grandir, entendant par là de par ses compétences et expériences. Il était toujours plaisant de voir les jeunes pousser évoluer petit à petit, prendre plus d’ampleur jusqu’à ce que le bourgeon devienne une fleur épanouie.

« Eh bien Yugure, je comprends pourquoi Meho a fait appel à toi pour cette mission. Il ne fait nul doute que tes connaissances et ton héritage sauront tous deux nous êtres utiles. Quant à moi, pour l’heure, je n’ai pas grand-chose à dire … »

Puis, me tournant vers le chunin, affichant une mine toujours aussi enjouée.

« … quant à moi, si j’ai quelques opinions, je me garderai bien de les partager pour l’heure, je ne voudrais pas influencer le dérouler de ta mission. Ce seront tes choix, fussent-ils bons comme mauvais. Cette mission me permettra de juger de tes talents mon cher ami. Mais si tu penses avoir une quelconque pression sur toi, sache que si je t’ai confié la direction de cette mission, c’est que je t’en estime des plus capable. Sur ce, à toi de nous guider. »

Aussi étrange qu’il n’y paraisse, je ne savais trop quoi faire. Après tout, la situation était quelque peu délicate en quelque sorte. Je connaissais parfaitement les tenants et aboutissants de la mission actuelle pour l’avoir rédigée moi-même. Je m’étais donc fait une idée particulière de la manière dont nous devrions gérer les choses. Pour autant, je gardais volontairement le silence afin de laisser à Meho tout le loisir de diriger cette escouade et de prendre ses propres décisions. Cependant, si la méthode n’importait guère pour peu que les résultats soient présents, je ne laisserais pas tout faire si jamais il s’avérait que nous prenions la mauvaise direction. Cette mission avait pour but de permettre au chunin de démontrer ses talents, c’était une chose, mais d’un autre côté, les objectifs définis étaient réels, tout comme nos besoins.

Ainsi, quelque peu en retrait, j’écoutais sagement la conversation, comme à l’époque où j’étais encore genin, bien que la majorité de ce que j’avais eu à faire l’eut été avec Masami et donc plutôt source de compromis qu’autre chose. A écouter l’échange entre les deux jeunes shinobis, si le choix qu’avait fait Meho de recourir aux talents de Yugure semblait bon au départ, au vu des dernières informations apportées par ce dernier, le choix était clairement justifié.

Gardant le silence, suivant le pas de mes deux paris, je retenais tout de même une certaine information. Si récupérer des informations était une donnée nécessaire dans ce que nous avions à mener, pourquoi donc préciser que nous aurions à pénétrer dans Kaze. N’était-ce pas là le but de notre voyage ?

Courant, sautant, glissant ici et là, écartant feuilles branches et papillons devant nos yeux, les discussions se poursuivaient alors que notre destination se rapprochait inexorablement.

« Eh bien, si une partie de l’épée vient d’un temple sacré, nous ne devrions pas prendre le risque d’offenser qui que ce soit. Il serait effectivement plus judicieux dans ce cas de cacher cette lame. » dis-je à Meho.
« Peux-tu nous parler un peu plus de ce temple ? De son culte ? De ses fidèles ? » terminais-je en me tournant vers Yugure.

Finalement notre course effrénée nous mena dans un petit village, point de transit de notre petit groupe. Les ordres de notre leader furent rapidement donnés et l’annonçant à chacun, je me chargeais de trouver une auberge pour la nuit, leur laissant tout loisir du reste. Pour ma part, le choix se sera porté sur un établissement des plus confortable. Après tout, pour une fois, ce n’était pas à moi de payer n’est-ce pas ? C’était bien au chef d’équipe que revenait cet honneur en général. J’étais curieux de voir le visage de mon jeune ami quand il aurait à payer la note le lendemain. Pour autant, avant de nous séparer, chagriné par quelques paroles de Yugure, je me permettais tout de même une remarque.

« Avant que l’on ne se quitte, rappelez-vous d’une chose. Relisez-donc notre ordre de mission s’il n’est pas déjà encré en vous. Une fois que ce sera fait, vous vous poserez tout deux cette question. « Pourquoi adopter une fausse identité de marchands de bijoux ? ». Je vous laisse réfléchir à cela et à agir en conséquence. Quant à moi, je m’occupe de l’auberge et un endroit où manger ce soir. »

Spoiler:

Enfin. Après les paroles de Yugure sur la manière dont nous aurions dû conduire notre mission, j’étais quelque peu étonné et circonspect quant à la suite de notre escapade, curieux de savoir comment le Nihito allait prendre la mesure des choses et poursuivre nos affaires. Point positif, il semblait avoir décidé de mettre de côté les propositions de l’eiseinin parti pour d’autres instructions. En attendant, même en n’étant plus que deux, Meho avait largement fait sa part des choses en glanant de précieuses informations nous indiquant la route à suivre pour la suite.

« Tu es le chef de cette mission, la décision te revient. Si c’est un ordre, alors accompagnons les, mais si attendais une quelconque réponse de ma part, je pense que c’est en effet une bonne idée. J’ai suivi les échanges que tu as eu avec le camelot et c’est effectivement une bonne piste à exploiter que tu as trouvée. Yugure nous aurait surement bien aidé avec ses origines, mais nous devrons faire sans lui. »

Invitant le chunin à me rejoindre à une table, je commandais pour nous deux quelques spécialités locales, une sorte de soupes de nouilles au soja soyeux et aux racines ramassées dans les forêts voisines. Nin bon, ni mauvais non plus, ce fut quelque chose de très classique mais avec un petit goût étrange que je ne parvenais pas à identifier clairement. Une fois ce repas succinct terminé, je relevais les yeux vers mon partenaire, essuyant ma bouche d’un revers de la main avant de déposer mes baguettes sur le rebord du bol.

« Plusieurs choses du coup. En lisant de nombreux ouvrages à la bibliothèque, préparant des hypothétiques voyages ici et là, Kaze fut fatalement une destination à explorer et pour cela, nous ne sommes pas prêts à affronter le désert. Je vais faire quelques achats pour la route, quant à toi, je suppose que tu sais déjà ce que tu vas négocier et comment tu vas le faire non ? »

La question était plus rhétorique qu’autre chose, n’attendant pas réellement une réponse de la part du jeune homme. Elle avait surtout pour but de rappeler qu’il nous fallait être prêt à affronter la suite et ne pas nous reposer seulement sur notre bagout ou notre expérience pour parvenir à un résultant exploitable.

Après avoir indiqué la chambre que j’avais finalement réservée, je laissais là Meho, quittant l’établissement pour faire le tour des commerces afin d’assurer notre survie dans le désert. Toges et autres foulards pour nous protéger de la chaleur, ombrelles pour nous protéger du soleil, des gourdes d’eau en plus et surtout, ne connaissant nullement le temps nécessaire à notre voyage, une tente et des couvertures pour affronter la rudesse froidure nocturne du désert. Une fois tout cela acheté et scellé, nous pourrions enfin nous mettre en route.

Spoiler:

Ainsi notre groupe réduit se mit en marche, suivant de prêt la caravane qui prenait la route du désert. Et force est de constaté que tout shinobi que nous étions, les craintes que j’avais pour ce voyage se concrétisaient au fur et à mesure de notre marche. Plus le temps passait et plus la chaleur se faisait pesante, plus le sable grandissait sous nos pieds, prenant la place de ces chemin rocailleux, ne laissant que brulure dans nos sandales. Moi qui avais toujours rêvé d’exploration, voilà que j’étais servi. A peine en voyage que je déchantais déjà. Finalement, j’avais là la preuve que la simple volonté ne suffisait pas, qu’il fallait également connaitre un minimum sa destination, sa route et le matériel nécessaire et adapté au voyage.

Par chance, cette première étape fut courte. Pour des nomades tels que nos guides, dans le désert, il fallait se déplacer de points d’eau en point d’eau et le premier d’entre eux fut en vue après une demie journée de marche sous une chaleur étouffante. Par chance l’oasis regorgeait d’eau et mes gourdes, désespérément vides n’avaient laissé que sécheresse dans ma bouche.

Alors que les caravaniers montaient leurs tentes et autres échoppes, le prochain départ n’étant que dans deux jours, pour ma part, j’évaluais déjà notre voyage. Après discussion avec l’un des chefs de cette troupe, le couperet tomba finalement. Oui, Taiyô était belle et bien la destination finale, mais le voyage serait encore long pour y parvenir, plusieurs semaines. Si la distance, plus que raisonnable n’était pas l’obstacle principale, le circuit prévu par ces marchands était ce qui freinait notre propre escapade. Le soir venu, face à Meho, un feu entre nous deux, une décision devait être prise.

« Eh bien. Je crois que nous n’avons pas fait les meilleurs choix. »

Il fallait se rendre à l’évidence au vu des explication apportées que nous n’arriverions à rien dans un laps de temps raisonnable. De fait, si jusque-là j’avais laissé au chunin les directives de notre voyage, désormais, je faisais le choix de rentrer au village et préparer les choses différemment. Ainsi, au petit matin, après discussion au près d’un des chefs de route, je laissais une missive destinée aux autorités Kazejins les informant d’une prochaine arrivée d’une délégation Iwajin au sein de la capitale en vue de relancer le commerce entre nos deux pays.

Si de prime abord tout ceci apparaissait finalement comme un échec, à mon sens, ce n’était pas entièrement le cas. Nos futurs hôtes seraient avertis, nous avions renoués un premier contact avec les nomades, prit en compte leurs besoins et évaluer nos propres besoins en termes de préparation pour une telle escapade. Ce n’était pas le résultat escompté, mais nous ne rentrions pas sans rien finalement.

Désormais, à moi de préparer au mieux la prochaine délégation, faire en sorte qu’elle parvienne cette fois à un résultat réel et tangible.