RENCONTRE AVEC L'AMBASSADRICE INUZUKA ~ ♫

J’avais envoyé de nombreuse lettres à mon ami Yahiko, mais en tant qu’Empereur il n’en avait reçu qu’une qui nécessitait son aide. Je devais parler avec l’Empereur, l’homme en possession du pouvoir et le seul capable de résoudre la discorde qui règne dans le clan depuis le départ de la matriarche. J’étais bien trop jeune pour pouvoir espérer prendre la relève, je n’avais pas les épaules assez solides. Ironiquement, j’étais celle que l’on avait nommé responsable des communications entre le clan et l’empereur. Je tenais à ce rôle d’ambassadrice qui me permettrait de me tenir aux côtés de mon ami tout en assurant la pérennité de mon clan. Aujourd’hui plus que jamais, j’avais besoin de Yahiko pour nommer une remplaçante. Je n’osais imaginer l’affront d’y faire siéger un mâle, mais il ne fallait pas s’arrêter aux apparences. Je n’étais pas adepte aux coutumes de mon clan, j’étais longtemps considéré comme la risée. Mon intervention aux élections avait redoré mon nom, mais je n’étais pas à l’abris du jugement de mes pairs. Des gardes étaient venus à moi, pour me conduire auprès de l’Empereur. Alors, à l’intérieur du palais doré j’observais mon ami siéger dans sa nouvelle demeure.

Ayuu, avec un air taquin – Yahiko ! Tout me semble illusoire, mais pourtant je ne rêve pas… j’ai devant moi le nouvel Empereur du feu, Sendai Yahiko.

« Ayuu… le temps presse. Cesse donc de faire l’enfant, tu dois expliquer la situation du clan. »

Ayuu, distraite – Oui bon, ça fait longtemps que je ne l’ai pas revu, Ruth. Hm… tu m’excuserais Yahi-… dois-je t’appeler mon Empereur à présent ? Je pense pouvoir le faire... si nécessaire. Je veux simplement pas arrêter les familiarités, ça serait trop cruel ! M’enfin, je disais donc… Inuko a déserté l’Empire sans laisser un mot. Nous ignorons sa position et craignons le pire, mais nous devons accepter son choix. Une cheffe qui se dérobe à ses fonctions n’est plus digne de diriger. Elle avait conscience de ça, alors… elle ne peut revenir sur le territoire. Le clan est quelque peu… perturbé ? Les anciens m’ont prié de te rencontrer, me nommant ambassadrice du clan, alors... me voilà Ya-... Hum. Nous avons besoin d’une remplaçante au titre de cheffe de clan. Tu en conviens, je n’ai pas l’étoffe ni la popularité au sein du clan. Je ne connais malheureusement … pas très bien mon clan. J’ai toujours tenté de fuir le domaine alors… comme tu le sais… je ne suis peut-être pas la mieux placée pour ce rôle d’ambassadrice.

Je regardais tout autour de moi à la recherche d’un échappatoire, je n’aimais pas me comporter comme une lâche… mais que pouvais-je bien faire ? J’étais si petite, si insignifiante que je n’avais pas eu le courage de soutenir Yahiko pendant les élections, préférant courber l’échine dans l’espoir de tirer un sourire sur le visage de mes parents. Je connaissais assez bien Yahiko pour savoir qu’il me pardonnerait, qu’il pourrait comprendre mes obligations. Toutefois, je ne sais pas si je cherchais ce réconfort. Je voulais apporter une nouvelle matriarche au clan, mais mes doutes étaient omniprésents. Je ne me sentais pas légitime, j’avais honte de me tenir devant lui.

Yahiko prenait toujours autant attention à ma personne, m’aidant à éclaircir mes propos. Il avait des craintes justifiées par le rôle qu’il endossait, il ne voulait pas mettre en danger ses proches. Un Empereur pacifiste trônant sur un peuple aux ambitions conquérantes, il y avait de quoi vouloir abandonner l’embarcation au profit d’une vie plus paisible. J’avais pleinement confiance en mon ami, il était assez honnête pour conquérir les cœurs et faire rêver les esprits avec des promesses tenues. J’étais rassurée, soulagée de le savoir vainqueur plutôt qu’un autre. J’avais peur de devoir abandonné définitivement les miens, j’allais surement hésiter avant de passer à l’acte et ressentir cette déchirure en le suivant. C’était ironique, presque honteux comme sentiment, mais j’étais ainsi faite. Je suivrais Yahiko dans ses entreprises, mais je ne risquerais pas d’être blanche de regrets. Les attaches n’étaient pas quelque chose que l’on pouvait si facilement couper, une lame ne suffisait pas alors des mots… Il souhaitait une chose simple, que je m’habitue à la courtoisie en comité prônant son titre plus que son nom. Je considérais cet homme comme un mentor, je l’estimais en tant que soldat et l’estime toujours en tant qu’Empereur. Je me plierais donc à ses exigences, pour servir au mieux sa cause et ce qu’il défend.

Ayuu, conciliante – C’est noté Yahiko, tu peux compter sur moi. Je tacherais de ne pas faire remarquer que nous sommes proches, pour ce qui est du passé… nous pouvons jouer sur le soutien que j’ai porté à Inuko aux élections pour justifier cet éloignement. Je pense, que tout homme peut se sentir légitiment trahi de voir son amie soutenir une autre candidature. Alors, si tu le juges nécessaire, nous pouvons faire comme ça.

J’écoutais mon camarade rebraillé sur mon clan, ne cherchant nullement à s’imposer dans les décisions de ce dernier. Si les anciens m’avaient envoyé c’était pour trouver une solution au désordre, entre la défaite d’Inuko et sa fuite, la nomination de Yahiko. Il y avait de quoi provoquer des désagréments, le déshonneur planait sur les miens par le comportement de l’ancienne matriarche. Yahiko lui prêtait tout de même quelques louanges, Inuko était inévitablement une bonne matriarche, mais elle était à présent déchue de ses fonctions.

Ayuu, perplexe – Je comprends. Les anciens ne voulaient pas t’imposer une nouvelle tête avec la désertion d’Inuko, mais si tu insistes, je transmettrais le message pour que le nécessaire soit fait. Je ne connais pas assez bien mon clan pour te confier des prognostiques, alors… il faudra attendre les résultats. Je ne peux te cacher qu’il y a des émeutes internes avec les récents évènements, mais ce ne sont que des querelles de clan. Ces histoires se résorberont d’elles-mêmes, tu n’as pas à t’en faire. Seulement, je dois te rappeler que le clan était fidèle à Yamanaka Rei par le passé. Ils se sont rassemblés au Teikoku il y a un peu plus d’un an sous son règne, alors… il te faudra gagner la confiance de la prochaine matriarche pour obtenir le soutien du clan. Je serais le lien qui unit mon clan à l’Empereur, tu peux compter sur la fidélité de mes propos.

Avec surprise mon ami me demandait d’intégrer l’unité coloniale et ainsi quitter les rangs de celle où il m’avait recruté. Il voulait me mettre en avant pour mes capacités sensorielles et diplomates. J’étais un peu sonnée d’entendre cette proposition, j’avais conscience qu’elle ne pouvait m’être que bénéfique, mais... on me demandait d’abandonner mes projets par la même occasion. Mon quotidien en serait alors chamboulé, mais j’avais foi au jugement de Yahiko. Cette décision ne devait pas être prise à la légère, il ne chercherait pas à me nuire. Je me sentais simplement déboussolée, mais je ne voulais pas me faire attendre davantage. Je m’étais alors redressée, verrouillant mon regard dans le sien avant de prendre la parole.

Ayuu, sérieuse – Si tu estimes que j’ai les compétences nécessaires, j’irais. Je suis juste un peu troublée de me retrouver confronter à nouveau à Akira, surtout qu’il sera mon supérieur hiérarchique direct. M'enfin. Je te remercie pour cette proposition, j’accepte de tenter ma chance. J’espère pouvoir t’aider au mieux… je ne veux pas laisser quelqu’un t’atteindre et briser ce que tu es en train de construire. Alors, en tant que soldate de l’Empire je te serais fidèle. Il faut juste que je trouve quelqu’un qui puisse me recruter… Je ne pourrais pas gagner un combat singulier, mais j’ai de quoi me défendre.

J’étais toujours un peu perplexe à l’idée d’intégrer l’unité, mais je ne voulais pas décevoir Yahiko. S’il jugeait cette option meilleure, je n’avais qu’à tenter l’expérience pour m’y résoudre. Je trouverais bien mon compte, je réussirais à me faire une place. J’en avais la conviction, malgré mes maigres ambitions.

Yahiko ne semblait pas vouloir justifier cet éloignement comme une punition, il tentait d’être le plus honnête possible. C’était quelque chose que je respectais et admirais chez un homme qui était maintenant à la tête d’un pays. Il n’était pas devenu vaniteux, respectant ses principes élémentaires. J’étais même rassurée de le voir inchangé, la tête droite et les chevilles fines. Il estimait que l’unité coloniale était la plus adaptée à mon profil clanique. J’étais assez simple en réalité, un compliment pouvait me faire vaciller mes convictions. J’avais des projets dans l’unité Territoriale, je ne l’abandonnais pas le cœur léger. Je voulais répondre aux attentes de mon ami, cette opportunité était pour le mieux. Le temps était le seul témoin de mes futurs accomplissements, l’unité me permettrait peut-être de gagner en maturité.

J’aspirais à devenir une guerrière digne de ce nom, une femme forte dont le charisme repose sur la puissance. C’était presque fantaisiste, je n’avais pas la base pour y parvenir. Je voulais du changement, faire évoluer cette petite fille fragile que je suis malgré moi. J’apprécie être protégée par les autres, mais je ne pouvais pas toujours compter sur quelqu’un. Je devais me forger ma propre force, devenir quelqu’un d’honorable à une certaine échelle. Pour Akira, il semblait témoigner d’un apaisement. Il était prêt à coopérer sous le règne de Yahiko, le pacificateur. Je n’avais pas à m’inquiéter davantage, Hanae était également dans l’unité Coloniale. Elle veillerait à ce que le comportement du Lieutenant Akira soit irréprochable. Je ne pouvais que lui faire confiance à ce niveau, il s’agissait d’une personne impartiale et juste. Hanae était la porte-parole parfaite pour coller à la colombe.

Ayuu, sérieuse – Je comprends Yahiko, ça me convient. J’estime pouvoir te faire confiance en toi et ton jugement. Je suis juste embêtée par les quelques têtes présentes au sein de cette unité, mais avec la présence d’Hanae tout devrait bien se passer. Je ne risque pas grand-chose, je me sens déjà assez rassurée à ce propos. Ce n’est pas une finalité, il faut voir ça comme un vent nouveau ! J’espère pouvoir changer un peu avec cette initiative. Je ne veux pas rester à la traine, vous progressez tous si vite… Je trouverais quelqu’un pour me recruter, tu n’as pas à t’en inquiéter.

Yahiko était une personne simple, ne cherchant pas à compliquer les choses pour quiconque. J’étais obligée d’accepter sa requête dans ces conditions, je trouverais par moi-même comment évoluer au sein de cette unité. Maintenant, il ne me restait plus qu’à y entrer. Du reste, j’ai le temps d’y réfléchir. Mon ami reprit la parole, cette fois il souhaitait obtenir des informations plus personnelles.

Ayuu, perplexe – Mes objectifs ? Yahiko, ils sont les mêmes qu’au début. Je souhaite la paix, je ne veux pas voir le chakra disparaître… je veux simplement apaiser les cœurs et les guerres. La seule chose qui a changé, ce sont mes motivations. Je veux être plus forte, différente ! Présentement je ne peux défendre mes convictions. Je me repose sur les autres, ne cherchant pas à prouver ma valeur. Je veux pouvoir te soutenir pleinement, pouvoir t’aider. Dans l’état, je ne peux rien faire. Je dois progresser si je veux pouvoir respecter mes engagements auprès de toi et de mes espoirs. J’estime que rien n’est acquis, on n'est pas à l’abri de discorde interne ou de soulèvement. Je te sais capable de gérer ses crises, mais je veux pouvoir t’épauler… Alors… j’ai besoin de changer.

Je n’étais pas confiante, j’étais fidèle à la personne qu’il connaissait déjà. Cette envie de changement était ma seule chance de devenir la soldate que je voulais être.

L’ami soutenait mes plans, m’encourageant à progresser sur cette voie. Je m’étais présentée à lui sans grandes convictions, inquiétée par mon clan et j’en ressortais avec des objectifs. Cette envie de changer, d’évoluer ma personne était enfouie dans mon cœur depuis un moment. Je n’avais simplement pas le courage d’entreprendre ce chemin, les démarches n'étant pas des plus simples. Je n’étais pas adepte des difficultés, j’aimais me sentir dans ma zone de confort. Yahiko m’avait toujours connu ainsi, je restais fidèle à mes faiblesses malgré le temps qui passe.

Ayuu, enthousiaste – Je ferais au mieux, j’ai des gens sur qui compter alors je ne doute pas de mes progrès. Je compte sur toi pour suivre mes accomplissements de près ! Tu pourrais être surpris, moi aussi d'ailleurs...

J’étais rassurée à l’idée que Yahiko avait toujours confiance en moi. J’étais assez hésitante et avais l’impression d’être si facilement détestée. Un simple regard, un mot de travers pouvaient me faire flancher dans cette masse sombre de doutes. J’avais indéniablement des progrès à faire sur ce point, on ne devient pas puissant avec de telles craintes. La voix de mon ami m’arrachait à ses pensées pour me faire atterrir dans la réalité, m’invitant à terminer cet entretien. Je n’avais pas grande chose d’autres à ajouter, on avait fait le tour de la question. Il précisait rester le même, ne voulant pas s’éloigner par son titre. Je n’avais nullement imaginé cet éloignement, j’étais même surprise de l’entendre dire. Je me sentais un peu sotte, j’étais trop préoccupée par le clan pour penser clairement aux choses essentielles.

Ayuu, surprise – J’espère bien ! Je n’accepterais pas que tu t’éloignes… Tu comptes beaucoup pour moi, tu restes mon mentor à mes yeux. Je n’avais même pas imaginé cette éventualité, je suis tout de même soulagée. Je n’hésiterais pas à venir à ta rencontre si le cœur m’en dit comme avant ! Je te souhaite une bonne journée, merci pour le temps accordé. Je traiterais les affaires dont nous avons parlé aujourd’hui, je te tiendrais au courant de l’avancée. Sur ce, mon Empereur, je dispose à quitter les lieux.

Arquant ma bouche d’un sourire pour souligner le ton humoristique de ma révérence. Puis, d’un pas léger j’étais partie en direction de la sortie. Il y avait pas mal de sujets à traiter avant de me représenter devant Yahiko. Je devais tâcher de ne pas me disperser, j'avais de quoi stresser dans les prochaines heures.

Fin.