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La loi du silence

Hyōsho Shironome
Hyōsho Shironome

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Dim 18 Oct 2020 - 18:22







La loi du silence

solo



Été 204, alentours du village de Kiri, centre du lac du Dieu de l’Eau.

L’écho intense d’une course effrénée réverbéra l’onde de son passage sur une écume abandonnée, tambourinant les traces de sa présence face au silence qui s’était imposé en ces lieux. Seuls quelques essaims poussiéreux demeuraient à la surface de cette eau immobile, reliquats d’une terre autrefois exemptée de la douleur d’un tel Cataclysme. De nombreux débris flottaient à sa surface, balayés par le flux tempêtueux d’une lutte dont ces yeux nivéens ne purent être les témoins.

Haletante, cette silhouette éleva son regard empli d'une profonde détresse sur cette esplanade immobile, le corps meurtri par la morsure d’une lancinante fatigue. Son torse se soulevait au rythme de respirations insensées, cerné par l’adrénaline qui coulait dans ses veines ; et lorsque ce paysage offrit toute l’intensité de sa morbide splendeur à cet être abandonné au tourment... l’étau qui enserrait autrefois son cœur se referma impitoyablement sur sa poitrine, de tout le poids de son emprise invisible. Le temps d’un instant, son souffle se rompit.

Car devant lui trônait le cadavre d’un être divin, irradiant encore des brides intenses de ce chakra qui avait éveillé son corps autrefois. Un être dont la présence était allée jusqu’à révolter sa mémoire contre le linceul qui l’eût recouvert pour en dissimuler les trésors. Sur des souvenirs pourtant si précieux, désormais.

Non…

Les prunelles éthérées de l’enfant des neiges s'embrumèrent face à cette réalité qu’il se refusait à reconnaître, allant jusqu’à abandonner ce bras meurtri par le joug des flammes qu'il avait soutenu jusqu’ici, d'une main tremblante. Aux berges de ce lac d’argent, les restes d’une âme dont son seul but avait été de les arracher des griffes d’un homme ayant transcendé la mort s’échouèrent dans le sable poussiéreux, anonymes, oubliés, au profit d’une cause qui jamais ne pourrait trouver d’égale dans cet esprit fragilisé.

Pour la première fois, son échine fut parcourue d’une vague de frisson née du gel parant encore ses muscles, comme si elle lui était étrangère, témoin de l’ensevelissement d’une créature qui représentait l’unique lien véritable avec son passé.

Pour la première fois, il lui sembla que cet air glacé qui l’accompagnait en tout temps s’était refermé sur son corps tel le plus intense des étaux, face à une vision qu’il se refusait à comprendre, à réaliser, à accepter. Que cette chose que tous avaient érigé sous le nom de Dieu de l’Eau avait été vaincu, emportant avec lui l’ombre d’un vain espoir ; de retrouver, grâce à sa présence, celle qu’il recherchait tant à travers ses souvenirs.

Une larme anodine glissa le long de ses joues bordées de la caresse d’une glace éphémère, reflétant à travers elle tant de sentiments qu’il ne pouvait plus enfermer en lui ; toute cette frustration qui, désormais, semblait régir son corps de ses règles aveugles. Ses genoux fléchirent d’eux-mêmes, laissant sa silhouette retomber à l’aube de ce littoral nouveau, et abandonner, dans un geste vain, ses doigts à effleurer la frontière où s’entremêlaient écume et terre affranchie. Dans un dernier sursaut, l’adolescent se recroquevilla sur lui-même, espérant, qu'enfin, ces émotions qui s'imposait à lui sans qu'il n'en comprenne la cause cessent à jamais. Que son corps oublie au même titre que son esprit les affres qui lui avaient été infligés par le passer, afin que cette torture sourde abandonne son être. Un sanglot s'échappa de cette silhouette frêle, dont les respirations s'entrecoupaient de hoquets avortés par les larmes.

Ses paupières se fermèrent à ce monde en priant pour que lorsqu'elles s'ouvriraient à nouveau, toute réminiscence dont ses muscles avaient gardés la marque indélébile ne s'effacent. Pour que cette douleur, cette appréhension, cette frustration et ce désespoir dont il ne comprenait pas la cause abrogent son cœur de leur présence. Un gémissement franchit la barrière de ses lèvres, ensevelit sous le poids de ces émotions et brides de souvenirs qui inondaient son esprit, se jouant en boucle, inlassablement. Il pouvait sentir sa peau se rebeller contre ses mouvements, implorant ses gestes de lui épargner l'intense rappel des chairs brûlées qui l'avait remplacée, sous le passage du brasier de l'envoyé des morts.

Ses paumes enserrèrent le peu de roche demeurant sur ce sol abrupt, dans un dernier espoir de se raccrocher à ce qu'il restait d'elle, de sa présence qu'il substitua autrefois à celle de ce Dieu, par ce lien qu'ils partageaient.

Et finalement, un hurlement perça le silence imposé au sein de cette esplanade, révoltant l'échine du nivéen qui tentait d'expier ce tourment de son être par la seule réalité à laquelle il pouvait se raccrocher, à travers ce nuage d'illusions bercées par la colère, issues de sa mémoire.

Être des nôtres ? DES NÔTRES ? COMMENT OSES-TU !

Une nouvelle vague de frisson s'imposa à lui, reflétant le joug tortueux qui animait cette frêle silhouette, dont les poings si fermement refermés épousaient la blancheur de ses cheveux immaculés. Son corps tout entier était animé de tremblements incontrôlés tandis que l’écho de ses seuls souvenirs surplombaient son esprit en flashs constants, rappelant sans cesse ce dont il venait d’être dépossédé à jamais. L'espérance de trouver, dans ce qui n'était désormais plus qu'une carcasse dénuée de vie, l'ombre d'un indice sur son passé, sur ce flux de chakra qui semblait trouver en sa mémoire le reflet d'une présence enracinée au plus profond de lui.

Faiblement, ses yeux éthérés s’ouvrirent sous la caresse de l’eau montante ; un lac formé de sa rancœur, qui, désormais, accueillait en son sein les vestiges d’une divinité autrefois libre de déchainer sa colère sur des âmes incapables de la comprendre. Son regard se releva sur les détours engloutis du Dieu de l'Eau, bordé par linceul de larmes.

Et tandis que la dernière parcelle de cette carapace inanimée s'immergea au cœur de l'écume, les iris de Shironome s’écarquillèrent sous le joug d’une surprise mêlée de résignation ; car au sommet de son crâne dénué de vie gisait une l'ombre d'un corps inanimé, dont les traits féminins n'étaient que le miroir d'un souvenir, ravivé à tout jamais. Celui de la Déesse de l'Eau, dont la voix et les traits s'imprégnaient d'ores et déjà dans ses pensées.

Devenu sourd à tous les murmures que lui lançaient sa prudence, faisant fi des silhouettes parées de noir qui, déjà, encerclaient la zone de leur présence et dardaient la scène de leurs faciès masqués, l'enfant des neiges s'élança jusqu'à elle en laissant ses pieds revêtir la douce caresse du chakra.

Et lorsqu'il parvint devant elle, bien qu'il fût l'intense témoin de ces traits blanchâtres qui trahissaient son existence fauchée, rappelée d'entre les morts à l'orée de la nouvelle libération de ce Dieu qu'elle chérissait tant, il ne put empêcher ce soulagement morbide de dominer son être. Aussi lentement que les chairs brûlées de son bras purent lui permettre, l'adolescent s'approcha davantage d'elle, jusqu'à ce que ses doigts ne puissent épouser les courbes de son visage.

Garde-le en vie, pour l'instant. Un jour viendra où ce clan ayant voulu assouvir la terre du Dieu Félin deviendra Son sacrifice. Mais lui...

En un instant, ce fut comme si ce linceul opaque réverbérant la lumière sur ses souvenirs s'était soulevé, ne serait-ce qu'une seconde pour dévoiler l'once de réminiscences y demeurant enfouies. L'ombre d'un temps érigé au zénith du Pays des Neiges, bien avant son éveil. La silhouette de la Déesse, sur ses flancs brodés d'hémoglobine. L'écho du visage d'un homme qui l'accompagnait, dont la familiarité retrouvait n'évoquait aucun nom en sa mémoire. Le crépitement d'un feu de camp, ravivé à l'orée de chaque nuit où les dires et confessions taraudaient l'égide de la nuit. Le récit de massacres, d'adorations.

Tu ne pourrais comprendre, toi qui n'a pas étudié le Bréviaire des Dieux.
Le « Bréviaire » ?
« Il n'y a rien de plus beau que de regarder un Dieu dormir... et il n'y a rien de plus terrible que de le réveiller. ». Tu l'apprendras bien vite.

Le murmure d'une prière, dont la voix du nivéen suivis les mêmes détours, telles des paroles bercées par le souvenir qu'elles furent une fois murmurées devant lui, il y a bien des lunes.

Est-ce la seule chose à laquelle tu dédies ta vie ?
La Déesse n'existe que pour sa mission. Pour adorer les Dieux.
Comment sais-tu si c'est là la bonne chose à faire ?

Il se souvint, d'un regard aussi froid que la glace qui ravivait son corps. D'un dédain, dissimulé dans ses paupières. D'une colère, montante. D'une main glissée contre sa joue, dans un geste dont nulle tendresse n'émanait si ce n'était la menace qu'il sous-entendait.

Ne les remet plus jamais en question devant moi. Devant nous. Les aspirations des Hyōsa ne sont rien face aux nôtres.
Y en-a-t-il d'autres comme toi ?

Du vide, qui remplaçait cette caresse fulminante.

Autant que les Dieux ne le désirent.

Un bras vint se glisser devant les prunelles humides de l'adolescent pour en chasser les larmes ; un geste, qui tâcha de prouver son inutilité lorsqu'une vague de douleur vint éveiller les nerfs gisant sous cette peau brûlée. Le temps d'une seconde, le monde vrilla autour de lui, et il sentit, une nouvelle fois, cette odeur de chair menacer la venue de nouvelles nausées. Sa paume s'effondra sur les écailles rémanentes du Dieu, comme pour trouver un point d'ancrage pour revenir à la réalité, assommé par tant de souvenirs qu'il ne pouvait se remémorer.

Lorsqu'il déglutit pour aviser à nouveau le corps de la Fanatique, l'ombre de présences se déroba dans son regard ; et tandis qu'il élevait son attention vers elles, le joug de l'évidence s'imposa à lui. Chacune d'entre elle dardaient sa présence sans agir, ni bouger, pour l'heure : mais au creux de cet ilot où Adoratrice et divinité se mêlaient ensemble dans un dernier au revoir, Shironome comprit. Il était encerclé.

« Non... »

Comme par réflexe, ses bras vinrent entourer la silhouette de la femme, seule relique de son passé dont il venait enfin de retrouver la trace. Mais empêchant son mouvement, une main referma son étau sur les brûlures qui parsemaient son corps, lui arrachant un hoquet de surprise mêlé de douleur. Il sentit, plus qu'il ne vit, une autre ceindre son torse pour l'éloigner de celle qui fut autrefois à l'origine de tant de malheur pour la Brume ; une chose à laquelle il ne pouvait se résoudre.

Haletant, l'enfant des neiges tenta tant bien que mal de se défaire de l'emprise de cet être masqué dont l'identité demeurait absoute à sa compréhension, allant jusqu'à convoquer une nouvelle fois le givre qui s'apprêtait à se substituer à son corps, pour les empêcher, coûte que coûte, de ne pas l'emmener là où il ne pouvait d'ores et déjà pas la rejoindre.

Un choc vint heurter sa nuque, l'emmenant jusqu'aux frontières de l'inconscience.

Son corps retomba de lui-même dans les bras de ces silhouettes inconnues, dont il perçut les ombres se munir de la silhouette de cette femme ; et avant que son monde ne trouve d'égal que celui des rêves, bercé de noirceur, son bras s'éleva vers elle dans un dernier espoir de l'atteindre. Un gémissement s'échappa de ses lèvres, lorsque ni son esprit ni ses muscles ne voulurent s'absoudre à sa volonté.

Il ne se souvint que d'un sourire grave, désolé.

Peut-être n'es-tu pas aussi perverti par ces fausses croyances que ne le sont tes semblables.

Et de l'obscurité du sommeil.

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