Printemps 204, Citée Brisée d'Hikari, Pays du Bois.
L'onde d'une brise sylvestre vint longer le visage de l'ascèse, telle la douceur d'une caresse annonçant un au revoir qu'elle ne connaissait que trop bien. Par tant de fois par le passé, ses pas avaient quitté les détours de ce pays pour arpenter le monde, abreuver une soif de découverte sourde et ouvrir un esprit emprisonné de tourments à des cultures éloignées de la sienne. Pour percevoir, au fond des frontières courant les nations, la vérité insondable qu'elles gardaient entre toutes. Celle d’une vie gorgée de souffrance, de peine, de chagrin, que certains préféraient ne pas vivre, que d'autres, comme Aditya, faiblissaient à comprendre l'entêtement que l'on portait à la poursuivre. Mais elle s'était aussi trouvée forgée de joie, tendresse et sollicitude, d'entraide.
Que ce soit au sein de la Roche, des Nuages, de l'autrefois Feu n'étant que braises, des Remparts ou du Fer, l'existence des uns était l'égal des autres.
Un équilibre nécessaire, que certains cherchaient à renverser, dans l'infime espoir que ceux dotés de dons refusés à autrui seraient la cause des malheurs des hommes. Mais cela n'était que poudre aux yeux, jetée pour mieux se fourvoyer. Le chakra n'avait pas éveillé la famine, ni les maladies, ni provoqué la courbe céleste du soleil apportant le froid mordant de l'hiver, ou la crue inondée des rivières. Les Shinobis n'avaient rien apporté d'autres que les hommes n'avaient fomenté auparavant ; car les guerres assaillaient certainement le monde bien avant l'éclosion du pouvoir Dieu Renaud, les querelles naissaient dans les cœurs, engendraient les conflits et la mort d'âmes, dont l'innocence variait selon le regard qui l'observait.
Pour tant de choses, tant de vies que la Coalition se prétendait être les sauveurs, Aditya s'était engagé dans cette voie, abandonnant, de par son enrôlement à la Brume, son vœu le plus cher. Celui de se refuser à influer sur la course du monde, sur ce destin que tant utilisaient pour justifier leurs actes ; d'offrir un choix, laissé libre à celui qui l'entendrait de le prendre ou de suivre sa volonté.
Et s'il avait toujours considéré l'Eau comme un frein à ce désir humble et désintéressé, elle ouvrait, désormais, la chance de renouer. Le regard de l'ascèse se releva de la missive issue de l'Ombre ; une réponse, tant attendue à sa demande.
Il délaissa un soupir et se gorgea de l'air sylvestre qui emplissait la plaine de la Citée Brisée, du vent, forgeant le souvenir de sa plus tendre amie. Remplissait son esprit du silence bercé par la cime des arbres majestueux ; et dans un souffle, ses yeux se fermèrent une nouvelle fois au monde, sa posture redressée sous la forme d'un lotus en pleine éclosion.
La méditation guiderait son esprit, dans ce pays natal qu'il contemplerait pour la dernière fois cette nuit, à l'aube d'un départ pour la Terre.
[...]
Au temps de l'éveil de l'astre solaire, le regard d'Aditya se courba sur la silhouette des trois êtres qui, au même titre que lui, s'étaient engagés dans l'apprentissage d'un des Kinjutsu, mandés par les dirigeants de leurs nations. Trois d'entre elles se représentaient ici, au cœur du Continent et du monde tel qu'ils le connaissaient. Mais lorsque la silhouette des envoyés de la Roche s'approcha de lui et de celle de l'écarlate, un simple sourire humble vint épouser ses traits, adressé à ceux qui étaient aujourd'hui des compagnons.
Et sans plus de cérémonie, il laissa sa voix porter son discours, posé, clair.
« J'imagine qu'il s'agit là de l'heure où nous nous séparons, pour revenir au cœur de la nation qui nous a envoyé ici., il éveilla l'ombre de la missive trônant dans un repli de son sari. Néanmoins, lors du Sommet, le Saint Père a mentionné la présence du Dieu Singe, bâti sur les fondations même du village de la Roche. »
Son attention se logea sur le visage de la Chiwa, ainsi que du Miyamoto, avant de finalement croiser les prunelles rubis de la Sendai.
« Comme vous avez pu le supposer lors de notre épreuve, la Brume a connu les affres du cataclysme provoqué par un Dieu... et a su l'endiguer avant que nous ayons conscience de l'existence de ce que l'on appelle désormais Kinjutsu. J'ai participé à son endiguement, auprès de mes pairs, et observé le Dieu à Trois Queues lors de sa libération. »
Il prit un instant pour apaiser ses pensées, faisant un adieu sourd à cette Forêt ayant bordé son enfance.
« C'est pour cela que tant pour honorer le pacte formulé lors de la Coalition que l'engagement de la Brume à améliorer les relations l'unissant à la Roche, je vous suivrais jusqu'à votre nation, afin de partager ce que nous avons appris avec votre Intendante. Quand bien même je suis certain que vos préparations depuis l'éveil de l'hiver ont d'ores et déjà pallié les plus grandes inquiétudes... les Dieux sont capables de bien plus de choses qu'on ne peut l'imaginer. »
Il se tourna vers Hanae, paré d'un sourire amical ; et dans l'ombre d'une courbure imperceptible de son dos, les yeux clos, il s'adresserait à elle pour la dernière fois avant que les prémisses d'un nouveau conflit n'assaillisse le monde.
« Retrouvons-nous aux confins du Feu, à l'aube de l'été. Reikan et moi t'y attendrons. », sa paume se glissa sur son bras, dans un dernier au revoir. « Prend soin de toi. »
Suivant l'ombre de son regard, ses pas se détachèrent du chemin vers lequel ils s'étaient tournés, afin d'arpenter le sentier qui le guiderait, auprès des envoyés de la Terre, vers cette nation dont les années l'avait séparé des paysages.
Il laisserait la Forêt Millénaire derrière lui, à l’avènement d'une autre lune.
Voilà maintenant quelques jours, peut-être même que l’on peut parler en semaines, qu’Hanae a été missionnée pour se rendre à Hayashi. Si son intérêt perpétuel pour le Fuinjutsu l’a bien évidemment intéressée, elle n’aurait jamais imaginé pouvoir revoir ce Kirijin qui l’a sauvée lors de son passage à Mizu pour récupérer son pacte Kuchyiose, et encore moins pouvoir prendre dans ses bras et discuter avec cette jumelle perdue de vue depuis le jour même de leur rencontre. Finalement, sans le savoir, l’Empire lui a fait un véritable cadeau en lui demandant de se rendre dans la cité brisée. La voilà donc forte d’un Kinjutsu qu’elle pourra apprendre à ses alliés, à Urahi, et de sentiments renouvelés à l’égard de la Chiwa, et renforcés du côté du garçon de la brume. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et si elle a pu passer du temps avec chacun d’eux, voici l’heure des séparations.
Le premier à prendre la parole est Aditya, qui, au lieu de dire au revoir à l’assemblée, semble plutôt enclin à suivre le mouvement de la Roche, formant un trio qui arpentera la Terre ensemble. De quoi rassurer la rubiconde, qui n’aura aucun souci à se faire pour la sécurité de ces trois-là. En fait, il faudrait que l’Homme au Chapeau en personne intervienne, pour réussir à représenter une menace. Elle sourit donc en écoutant les propos du blond à son égard, et ressent comme un pincement au cœur quand celui-ci achève son monologue. Reikan… Le moment de leurs retrouvailles pourrait arriver plus tôt que prévu, et sans qu’elle n’ait à bouger outre mesure.
« Je ferai en sorte d’être présente à Hi, et j’espère ne pas vous rater. Fais bonne route, Aditya. »
Avec les événements à venir, il faudrait aussi qu’elle s’assure de survivre, si elle veut revoir la Yasei. L’affrontement avec l’ennemi public numéro un et les Dieux ne sera pas de tout repos, et aussi forte soit-elle, sa vie sera sûrement sur le fil du rasoir, comme celles de nombre de ses alliés. La Kazejine se tourne alors vers les deux Iwajins. Elle commence par regarder Teruyo, avec une légère méfiance, mais la présence de la Chiwa efface ses doutes.
« Teruyo, nous n’avons pas eu l’occasion de faire connaissances, mais Aimi a l’air d’avoir confiance en toi, alors j’en ferai autant. Je compte sur toi pour la protéger, la distance nous séparant ne me permettant pas de le faire… Je ne connais pas ses autres amis à Iwa, alors s’il lui arrivait malheur, je crains que tu ne sois celui qui subira mon courroux. »
Un sourire se dessine sur ses lèvres, plus proche du sadisme que de l’avenance, et elle détourne les yeux vers celle avec qui la séparation est la plus difficile. Elle commence par la prendre dans ses bras, et la serre fort, durant quelques secondes. La Sendai retient ses larmes, lorsqu’elle la relâche finalement, et lui fait ses au revoir, tentant de cacher sa peine :
« Jumelle… Je te promets de tout faire pour que l’on se revoit au plus vite. Il n’y aura pas dix ans d’ici nos retrouvailles, pas même un an d’ailleurs. Je viendrai te voir à Iwa, je te le jure. Je souhaite aussi que les malheurs cessent de nous frapper d’ici-là, mais… ça, je ne peux pas le contrôler. Fais tout pour survivre à ce qui va se passer, je t’en supplie, ne disparais pas avant que je vienne dans ce village qui semble si important pour toi… »
Elle lui dépose un baiser sur la joue, et s’éloigne d’un pas, prête à partir après avoir écouté les mots de cette sœur si chère à son cœur. Personne n’est à l’abri de la mort, dans l’affrontement à venir, c’est ce qui est à retenir, et qui inquiète le plus Hanae…
Spoiler:
Hanae part pour Urahi après ce rp, une fois les réponses d'Aimi et Teruyo entendues.
Le temps était arrivé pour les shinobis venus apprendre l’interdit de quitter les terres du renouveau, car oui, Hikari se reconstruisait doucement, mais sûrement. Aimi aimait le printemps, qui offrait une fraîcheur qui inspirait à profiter du monde. Mais le temps n’était plus à l’aventure et les responsabilités planaient sur la tête de la rubiconde.
Aux côtés de Teruyo, la jeune femme rejoint le point de rassemblement, celui qui allait les séparer d’Hanae qui rentrerait au pays du Feu et qui emportera Aditya qui fera un détour par le pays de la Terre. Il était possible que sa présence à Iwa et ce qu’elle viendrait dire ou transmettre change beaucoup de choses dans un futur proche.
Une fois face à ses compagnons, car il était indéniable qu’un lien s’était créé entre le quatuor qui avait déversé de son sang pour apprendre les arcanes sombres du Fuinjutsu. La Chiwa se courba respectueusement avant de leur adresser un doux sourire, comme la brise du printemps qui faisait danser leurs chevelures. Ce fut le kirijin alors qui démarra la dernière conversation qu’échangera le groupe. Sa mention du Dieu singe semblait faire comprendre à la rougeoyante qu’il en avait à redire, surtout parce que Kiri semblait avoir vécu le courroux de l’un d’entre eux. Ils avaient réussi à contenir cette puissance de frappe qui effrayait tant le rubis et elle espérait qu’ils pourraient en faire de même avec le dieu singe.
Savoir qu’il était prêt à partager ces informations donnait l’espoir à l’Eiseinin que les relations entre les deux nations pourraient s’améliorer. C’était là un grand pas vers des tensions liées au passé qui devaient disparaître, même si cela prendrait le temps nécessaire pour apaiser le cœur de tous.
« La Roche ne saurait pas refuser toute aide ou indication pour nous préparer à ce qu’il va nous attendre. De plus, j’aspire à ce qu’on continue notre chemin en quête d’apaisement entre les nations. Alors merci Aditya. »
La jeune femme inclina sa tête légère avant de se tourner vers le rouquin pour savoir s’il était d’accord avec cela. Elle laissa les deux connaissances parler entre eux et lorsqu’Hanae prit à son tour la parole, elle comprit que c’était le moment de dire au revoir. Toutes les bonnes choses avaient une fin, devoir quitter de nouveau celle qu’elle n’avait pas vu depuis dix ans lui faisait mal. Et lorsqu’elle passa à son tour et qu’elle s’approcha pour lui dire au revoir, la kunoichi ne put contenir les perles salées qui menaçaient de quitter ses pupilles carminées. L’étreinte fut forte, pas au point de lui briser les os, mais assez pour lui faire comprendre que leur séparation était douloureuse pour la rubiconde. Contrairement à sa jumelle, la doucereuse n’avait pas envie de retenir sa tristesse, c’était leur moment et personne ne lui empêcherait de se montrer spontanément telle qu’elle était. Elle hocha la tête à l’écoute de ses mots et ferma les yeux un bref instant lorsqu’elle sentit ses lèvres sur sa joue.
« Si je vois que tu tardes trop, sache que c’est moi qui me pointerai à Hi pour te voir. Il est hors de question que nous ne puissions pas nous revoir. Alors tâche de survivre toi aussi et je t’attendrai… ou te viendrai. Prends soin de toi et de ceux qui te sont chers, les temps le nécessitent. »
Elle ne savait pas ce que le futur leur réserverait, mais l’Irounin avait bien trop à perdre pour chuter ou voir les siens tomber. Lorsque sa jumelle quitta leur champ de vision, Aimi essuya la sauvage trace de larme sur sa joue et se tourna vers ses deux comparses.
« Bien nous n’avons pas de temps à perdre, nos pays nous attendent, mettons-nous en route. »
Finalement, après tant de temps passé à subir l’enseignement de celui qui était autrefois décrit comme un ennemi et qui restait pour l’avenir un ennemi potentiel, voilà que ce jutsu qui était appelé « scellement divin » faisait partie de notre panel technique. Si j’étais conscient de qui j’étais et surtout de la valeur que je pouvais accorder à ma personne et à mes talents, pour la toute première fois, j’avais le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand, quelque chose d’important, quelque chose qui serait en mesure d’aider les villageois, d’aider Iwa et bien plus encore à contrer la menace qui planait sous notre terre. En venant sur ces terres profiter de ces connaissances, je ne m’attendais pas à en apprendre autant. J’avais connaissance de ce vaste monde que je voulais découvrir, mais surtout à travers les cartes et les livres que j’avais lus, pour autant, la réalité était tout autre et aujourd’hui, peut-être, je voyais les choses différemment. Même nos relations avec ces deux shinobis de Kiri et du Teikoku me faisaient réfléchir. La politique se baignait dans une complexité certaine et il était facile de se noyer dans les méandres et les rouages de quelque chose que l’on ne maîtrisait pas.
Silencieux, je suivais Aimi alors que nous nous apprêtions à quitter les lieux, songeant non pas à nos réussites, mais à tout ce que nous devrions encore faire pour le bien de tous. C’est Aditiya qui de ses premières paroles devant les portes de la Citée me fit lever les yeux sur notre petit groupe assemblé dans la douceur de cette nouvelle journée. Ses paroles faisaient sens, mais ce qui m’intéressa davantage fut son expérience face à une force de la nature comparable à celle que l’on avait aujourd’hui sous nos pieds.
Si chacun y aller finalement de son petit commentaire, comme à l’aller, je me sentais quelque peu de trop dans cet échange entre personnes qui semblaient se connaître de longue date, et ce, malgré ce que nous venions de partager et malgré les remarques d’Hanae qui me firent sourire généreusement. Mais avant cela, c’était un mot banal qui me fit réagir en premier lieu.
« « Certain » ? Tu es un homme alors ? Eh bien au moins j’en suis certain maintenant, j’ai jamais trop sur ce qu’il en était. » finis-je par rigoler d’un air benêt, me grattant ostensiblement le crâne, marque de ma gêne.
Finalement, les joues sûrement rougies par la situation, je me tournais rapidement vers Hanae afin de répondre à ses attentes concernant la sécurité de ma très chère amie.
« Rassure-toi, je ferais tout pour protéger Aimi, ses talents sont bien plus important que les miens et elle porte sur ses épaules le futur d’Iwa. Je ferais tout pour qu’il ne lui arrive rien, dussé-je y laisser ma propre vie. »
Finalement calmé de cette découverte inespérée, je me tournais une seconde fois vers le blond à la chevelure éclatantes, prenant cette fois un ton bien plus sérieux que celui que je venais de lui offrir, teinté d’une naïveté certaine.
« J’ai une question avant qu’on ne se quitte. Tu dis que vous avez réussi à sceller votre Dieu. Comment avez-vous fait sans connaître ce kinjutsu ? Quel sceau avez-vous utilisé pour réaliser cet exploit ? Est-il possible que tu nous l’enseignes, et surtout quelle est la différence avec celui que l’on maîtrise désormais ? »
Finalement, bien que sur le départ pour rentrer à Iwa, je me retournais vers Aimi, lui offrant un grand sourire, attendant les réponses d’Aditiya qui pouvaient potentiellement nous aider davantage quand le Saint-Père lui, n’avait pas daigné faire plus que ce qu’il avait promis.
Aux frontières de la Terre et du Feu — ft. Chiwa Aimi, Miyamoto Teruyo & Sendai Hanae
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