Printemps 204, Cité Brisée d'Hikari, Pays du Bois.
Au lendemain de l'avènement des shinobis sur les traces disséminées par le Saint Père, Aditya était revenu au cœur de la Forêt Millénaire, seul lieu où son âme trouvait la communion si particulière que la cime des arbres réverbérait sur ce monde en souffrance. Ses poumons n'étaient fait que de cet air sylvestre berçant les courbes de l'autrefois Cité Ancestrale, courant sur ses débris de jade et frôlant les contours d'êtres abandonnés à la paix.
Ses prunelles d'azur s'ouvrirent à nouveaux sur les contours du monde, réverbérant le calme impérial qui coulait dans ses veines et l'arche lumineuse du ciel, qui, déjà, se délaissait des reliques forgées par l'hiver. Partout où son regard se déposait, l'onde claire des rivières emportait avec elle les flocons et glaces apportés dans son sillage. La faune revenait à la vie, garante de la présence de tant d'animaux que cette saison avait exempté à la forêt ; et les germes de nouvelles pousses s'émerveillaient d'ores et déjà de la chaleur des rayons, arbres majestueux en devenir.
Du coin de l’œil, il pouvait être témoin de l'éveil des silhouettes moniales, seules comparses à l'aube d'un nouveau jour ; déjà, elles s'affairaient à leurs devoirs du jour, maniant tous les éléments que cette terre portait en son sein pour relever la grandeur de leur nation pudique. Au loin, l'horizon gigantesque de l'Entaille du monde les surplombait tous de son ombre majestueuse, apaisant le soleil naissant qui se levait au-dessus des montagnes.
L'ascèse délaissa un soupir en ressentant le passage d'un maigre frisson sur sa peau, engendré par la caresse du vent. Il ne lui restait qu'une poignée de jours à pouvoir passer à graver chaque fois le paysage d'Hayashi au creux de ses prunelles, avant que son devoir auprès de la Coalition ne l'arrache à sa présence. Plus tôt, il avait encré une poignée de mots à l'attention de l'Ombre, dont la réponse seule déterminerait si la sylve des arbres serait remplacée par les courbes rocheuses de la Terre, ou par la calme mer de Mizu et la brume qu'il retrouverait avec ardeur.
Au creux de l'une de ces bâtisses, les silhouettes de sa mentor et de l'Akiyama travaillaient au même objectif qui avait été le sien, une poignée d'instants plus tôt. Son attention se déposa sur les détours de son bras, entaillé plus profondément qu'aucun autre affrontement, dans le seul but de prouver les fondement d'une théorie erronée au Dernier Gardien. En retour, il leur avait adressé quelques mots, garant une nouvelle fois de son fanatisme pour les shinobis en les mettant à son image. S'ils l'avaient troublé, le temps d'un instant de remise en question, ce sentiment passager s'était évaporé au profit du calme de la forêt ; car jamais il n'avait perdu de vue l'onde de ses principes.
L'écho d'une rumeur de rassemblement au sujet de la Coallition était parvenu à ses oreilles, dans les soirées de paix que l'entraînement pour parfaire ce Kinjutsu leur avait épargné.
« Eh bien... », murmura-t-il sans réel but.
Une fois de plus, le monde semblait tourner sous l'égide des vies humaines, sans qu'autrui n'interfère dans sa course ; hormis, peut-être, le Chapelier. De nouveau, son regard vint contempler la voûte céleste, en nichant l'ombre de sa main dans le repli de son sari. Exempté de nuages noirs, il n’accueillait que la richesse d'une nuit mourante, laissant sa place à son astre amant.
Cela, et l'envol d'un corbeau, réverbérant ses ailes d'obsidiennes sur ce plateau sylvestre.
Respirant l’air frais et hivernal, Raizen venait tout juste de terminer les quelques missives qu’il devait envoyer en urgence suite à la mission de la Coalition. N’étant pas forcément agréable de sortir de réunion et d’être aussitôt sollicité, semblait-il que les responsabilités ne feraient que s’accroître au fur et à mesure que les choses avanceraient.
Souriant, le Meikyû libéra quelques corbeaux chargés de transmettre des messages. Or, ils avaient respectivement émis un code, celui de croasser lorsque leur départ était épié d’une présence ou de quelqu’un.
Ainsi, Raizen activa ses facultés sensorielles de manière à s’assurer que la personne n’intercepterait pas son message. Après tout, c’était monnaie courante chez les contrebandiers d’information d’intercepter des messages. À Kaze, il avait même eu vent d’oiseaux hostiles manipulés par leur maître ayant pour objectif de terrasser les oiseaux messagers afin de s’accaparer des messages.
N’existant aucun autre moyen plus simple d’intercepter des conversations, la pire chose qui pouvait arriver était de voir le message intercepté arriver à destination après avoir été modifié. C’était donc pour cette raison que Raizen prenait les précautions nécessaires à l’aide de ses corbeaux, mais aussi en scellant ses lettres.
-Je me disais bien que je reconnaissais cette présence.
Souriant alors qu’il venait d’apparaître sur une branche d’arbre enneigée, celle-ci était assez solide pour soutenir la totalité de son poids. Légèrement illuminé par les ténèbres percées des astres veillant sur Hayashi, il était heureux de faire une telle rencontre.
-Je suis content de te revoir Aditya-san ! À te voir en vie, je peux conclure que l'entraînement pour maîtriser le kinjutsu n’a pas commencé, n’est pas terminé ou que vous l’avez réussi.
Lui souriant, il ne pouvait masquer le timbre de soulagement de le voir en un morceau. Après tout, il n’était pas rentré avec Kaya et lui lors de sa visite à Kiri, signe qu’il se devait d’accomplir une mission quelconque. Que ce soit en lien avec la Coalition ou non, Raizen avait simplement tenté de connecter les possibilités sachant qu’il était fort probable que ce soit le cas.
-Je voulais justement te voir pour discuter à Kiri, mais je devais retourner à Kumo pour reprendre le village. Au moins, la vie semble bien faire les choses…
Souriant, son timbre de voix trancha l’annonce de non pas une, mais deux révélations :
-Partenaire.
Lui annonçant le fait qu’ils avaient officiellement rejoint la coalition, il était fort probable qu’il ne comprenne ce qu’il voulait dire par là, surtout s’il venait aussi d’apprendre qu’ils avaient repris Kumo, sans qu’une seule goutte de sang ait été versée…
L’espace d’un instant, il avait même l’impression de discuter à un possible ami d’antan, comme quoi leur première discussion l’avait suffisamment marqué pour croire qu’ils gravitaient sur une longueur d’onde similaire.
Le regard de l’ascèse trouva la courbe de son épaule, afin de darder son attention par-delà le rivage qu’elle imposait à sa vision ; et ce qu’il y trouva ne fut nul autre que le visage d’un être qu’il n’avait revu depuis des lunes. L’envoyé des Nuages, parvenu sur les courbes du pays du Bois au côté de la Yondaime Raikage, dont la prestance certaine avait tâché de marqué son esprit. Un fin sourire se glissa sur ses lèvres, sous le joug de la familiarité – et bien assez tôt, ses pas se détournèrent de cette esplanade sylvestre pour faire face à son vis-à-vis, avec le même calme que toujours.
Il accorda néanmoins un dernier coup d’œil à ce corbeau planant dans le ciel, avant d’observer l’homme. Il devinait aisément que ces oiseaux n’étaient autre que les siens.
« Le plaisir est partagé, Raizen. Cela me rassure d’entendre que les Nuages ont retrouvé leur souveraineté, mais c’est certainement un sujet sur lequel mon avis importe peu. », il repensa au porte-parole. « Comment se déroulent vos relations avec l’Empire, au lendemain de la reprise de Kumo ? »
Il accueilli son dernier murmure d’un sourcil arqué par la surprise, davantage teintée par le soulagement que tout autre chose. « Partenaire. » Alors ainsi, la Foudre a finalement rejoint la Coalition.
Pourtant, son air se mua bien vite sous des traits plus renfrognés, marqué par la réflexion. Ses bras vinrent se croiser sur son torse, dénué de la présence de ces mèches d’or dans son dos.
« L’apprentissage de cette technique interdite s’est finalisé il y a quelques jours, non sans les… encouragements spécifiques de l’homme à sa tête. », glissa-t-il sur un ton ironique. « J’ai été surpris de ne voir aucun membre de ta nation à nos côtés, au contraire d’une envoyée de l’Empire. D’autant plus en connaissant ta réputation ainsi que celle de la Yondaime en tant que maîtres des sceaux. N'y avez-vous pas été conviés ? »
Une myriade de pensées se bousculaient dans l'esprit de l'ascèse ; et pourtant, d'aucune n'était adressée à la Brume qu'il se devait de rejoindre au plus vite pour partager l'héritage des Gardiens désormais en sa possession. Une chose qui, plus encore, ne trouvait pas à son goût les reliques d'un quelconque honneur. Il demeurait encore dans son cœur cette ombre d'incertitude, quant à l'enfermement d'entités proches de divinités ; davantage, lorsqu'il s'agissait de trôner parmi ceux qui ploieront le joug de l'Histoire sous la présence de leurs maigres existences. Aditya n'avait jamais souhaité devenir l'un de ces hommes laissant leur marque dans la courbe du monde, d'une vie aussi insignifiante que celle qui gorgeait ses poumons d'un air pourtant salvateur. Il ne s'y sentait pas légitime. Ce n'était pas sa place.
Mais peut-être pourrait-il faire amende honorable à ces principes qu'il avait bafoué, pour la seule et unique fois de son passage sur cette terre, en les renouvelant à nouveau. En offrant aux Nuages le choix dont ils avaient été dépossédés ; celui de parvenir au scellement des Dieux et de les user, ou non pour payer le prix de l'ego et de la guerre.
« Mais peut-être pourrais-je y remédier. »
En lui enseignant, à son tour, ces arcanes interdites qui lui avaient été confiées afin de les perpétuer dans le temps.
Souriant, Adtiya était clairement une personne avec qui il appréciait discuter et sa première question ne tarda pas à lui étirer un sourire. Touchant non pas un, mais plusieurs aspects relativement intéressants, il ne put se contenter de masquer davantage son rictus, préférant être transparent sur son ressenti par rapport aux différents phénomènes qu’il venait d’aborder.
Ayant un intellect qui se lisait à travers son aura et sa prestance, Raizen ne pouvait y lire que du potentiel qui incarnerait possiblement la future direction de Kiri. Déjà bien garnie, que ce soit le Nobuatsu, la Sanjikan ou lui, de nombreux meneurs de la nation semblaient exister, signe clair qu’ils avaient su évoluer au-delà de bien des attentes. Ainsi, devant ce constat, Raizen ne pouvait s’empêcher d’être reconnaissant d’avoir pu rencontrer Kaya avant même que la Coalition ne force un lien entre les différentes nations. C’était plus ou moins une bénédiction déguisée d’une certaine manière, un signe comme quoi ils étaient des avant-gardistes datant d'avant l'existence d'une menace mondiale.
-C’est toujours agréable d’entendre un avis positif à ce sujet. Les relations avec l’Empire sont pour les moins particulières je dirais, mais je préfère préserver le tout sous forme de statu quo le temps de voir si leurs actions suivront bel et bien la ligne de conduite qu’ils déclinent avoir.
Se demandant s’il allait pouvoir lire entre les lignes, il patienta un peu, le laissant mijoter avant de préciser certains éléments :
-En cédant Kumo et par le fait même Kaminari, ils ont plus ou moins annoncé les motifs derrière leurs actions, mais surtout leur futur objectif, protéger et honorer les différents pays relativement neutres puisqu’ils jugent avoir été victime d’un génocide en provenance de la nation Kumojine qui était aussi accompagnée de la nation Iwajine lors des événements ayant marqués Hi… On peut donc être porté de croire que pour le futur, ils ne s’en prendront plus aux villages cachés mis à part si ceux-ci transgressent certaines lois et normes en s’en prenant à des pays neutres. Au contraire, ils vont reporter leur attention sur les pays neutres pour protéger leur libéré contre la moindre institution dangereuse…
Souriant toujours, il laissait Aditya réfléchir aux paroles qu’il venait de prononcer puisqu’elles avaient le mérite d’être lourdes de sens… surtout par rapport à la discussion qu’ils avaient eu suite à la réunion de la Coalition.
-Kumo a donc servi d’exemple au regard des erreurs qui ont été commises à Hi afin d'envoyer un signal aux autres villages cachés, mais aussi aux autres pays. Si l’on veut, c’est la première fois qu’une des grandes infrastructures militaires chute et devant l’opinion assez mitigée des autres pays, le tout les positionne indirectement comme étant la seule entité qui a un système militaire relativement solide sans être un village caché. En espérant qu’ils ne nous trahissent pas, ils pourraient très bien rallier la totalité des pays en dehors de Mizu, Tsuchi et Kaminari sous leur aile pour ne former qu’un Empire sous le couvre-chef de la liberté… mais bon tout cela ne sont que des mots et des possibilités.
Toutefois, l’essence même de la naissance de l’Empire était poignante, voire même très stratégique. Quel qu’il soit, l’homme derrière tout cela était un fin stratège et Raizen le savait.
-Je doute que tu aies eu cette occasion, mais pour avoir rencontré tous les Daimyos du continent, il existe une réelle différence entre les chefs de pays et les chefs de village caché. L’éclectisme n’étant que trop évident, il faudra faire attention à tout cela si tu veux mon avis et le Teikoku jouera un grand rôle s’ils arrivent à se stabiliser à mon sens…
Mettant fin à cette parenthèse, il décida finalement de répondre aux questions du jeune homme sans oublier sa proposition.
-Nous n’avons pas du tout été conviés. La réunion dont je sors récemment officialise plus ou moins l’entrée de Kumo dans la Coalition. Je ne sais pas si c’est une question d’interprétation ou de délais quelconque, mais nous avons plus ou moins été mis de côté jusqu’à nouvel ordre…
Gardant ce fameux sourire, on pouvait voir qu’il avait certaines arrière-pensées à ce sujet.
-Toutefois, ce n’est que le passé et l’apprentissage de cette fameuse technique nous serait d’une grande aide. Je promets de ne pas être un mauvais élève si tu comptes bel et bien me l’enseigner.
Redressant ses manches, on pouvait nettement voir que le Meikyû était plus que concentré sur son objectif d’apprendre cette technique. Or, comme l’avait dit Aditya, il était un expert en fuinjutsu, signe pertinent que cela lui mettrait fort probablement moins de temps surtout qu’il était décidé à récolter ce savoir pour le ramener à Kumo et contribuer à la protection du village. Au final, tout dépendait du Mizujine.
L’ascèse délaissa un soupir, laissant ses bras se croiser sur l’onde de son torse dès lors que le récit de l’homme se terminait – et quel récit ce fut. Si la situation avait pu sembler électrique lors du sommet, il semblait que les braises instiguées au moment de cette rencontre s’étaient épanchées de la chaleur qui les animaient dès leur retour… pour mieux se rallumer, une fois que le regard apaisé de toutes les nations se seraient détournées de l’Empire. Un sujet, à traiter avec tant de parcimonie qu’il n’en méritait.
« Je vois... », souffla-t-il.
Il manqua néanmoins d’arquer un sourcil lorsqu’il lui intima la raison de son absence lors de cet enseignement ; celle d’avoir été écarté, ne pouvant accéder à la possession de ces techniques interdites. Pour autant, il ne put réellement avouer en être surpris ; quoi qu’un peu, en se remémorant le visage d’Hanae à ses côtés face au Saint Père, en tant qu’envoyée du Feu. Avec une once de recul, il réalisa que seuls les Nuages avaient été relégués au second plan, contrairement à l’Empire qui trahissaient les mêmes conséquences qu’eux, si ce n’était davantage. Son visage se fronça le temps d’une seconde sous le joug de l’agacement avant qu’il ne balaye ce sentiment d’un revers de la main, tel que ces myriades d’heures dédiées à la méditation lui avait conseillé de s’en défaire. Après tout, son vis-à-vis actait lui-même ce désir par ses paroles.
Ses bras se décroisèrent en observant les mouvements du Kumojin, semblant prêt à débuter ce qui serait sans nul doute un enseignement d’une complexité certaine. Pour autant, Aditya ne bougea pas, à son contraire ; seules ses lèvres trahirent la raison d’un tel immobilisme, en cherchant à trouver dans les détours de sa présence une promesse, sans laquelle il ne pourrait accéder à sa demande.
« Bien que je sache, ne serait-ce qu’en échos, ton refus à accéder à la guerre sans raison, à ébranler les braises d’un nouvel affrontement ou que j’éprouve de la sympathie à ton égard – peut-être davantage – partenaire… J’aimerai simplement qu’avant de débuter, tu m’assure que tu n’useras pas des Dieux à de mauvaises fins. Que ce soit pour reprendre l’ascendant sur l’Empire, ou que les êtres à qui tu l’enseigneras ne le scellent dans un homme pour déchaîner la fureur du Démon sur autrui. », il marqua un bref temps de pause. Même s’il connaissait la nature pacifique du Meikyû et qu’il lui accorde une pleine confiance, l’ascèse ne pouvait se résoudre à délaisser ce point pour autant. Il le comprendrait. « Bien sûr, je ne peux m’assurer que tu la tiendras ; cela sera une redevance que tu devras à toi-même, si tu venais à la rompre. »
Son regard s’ancra dans les prunelles d’or de Raizen, afin de s’assurer du bienfondé de ses paroles avant de darder l’horizon qui les entourait, lui laissant le temps de la réflexion. Son attention ‘échoua sur les détours d’un rocher majestueux, ainsi qu’un arbre dont la hauteur semblait courber l’ombre sur leurs silhouettes. Pour autant, sa paume s’échoua au sol sous l’égide d’un mudrā unique, afin de faire naître derrière lui une immense muraille forgée du même bois qui parcourrait la Forêt Millénaire, de troncs entrelacés.
Et lorsqu’il se redressait, sa voix trouva à nouveau le chemin qui la guiderait auprès de l’Envoyé des Nuages.
« Si tu acceptes cette seule condition, j’aimerai que tu scelles trois éléments. Ce rocher assez imposant, à ma gauche ; l’un des immenses arbres de ce bois, et ce rempart trônant à mon dos. S’ils sont tous trois de taille et de poids différents, leur densité en est tout autant. Ce devrait être un bon début. Dans le cas contraire, j’imagine qu’il nous faudra trouver un autre sujet de discussion. »
Étant assez peu surpris de la réaction de l’homme de Mizu, la proposition qui fit suite à tout cela ne fit aucunement exception. Il avait totalement raison d’imposer certaines conditions à cet apprentissage. Qui plus est, il avait eu la sagesse de préciser que les redevances ne l’affecteraient pas, comme quoi mentir aujourd’hui serait se mentir à soi-même. Lui permettant ainsi de ne pas être responsable des utilisations futures qui découleraient d’un tel apprentissage tout comme du fait qu’il ne l’avait pas enseigné sans condition , Raizen se contenta d’émettre un sourire. La mention du teikoku lui ayant plus ou moins attiré l’oreille vers un constat intéressant, il commençait soudainement à se demander si les antécédents avec l’Empire les suivraient dans toutes circonstances ou si ce n’était que pour faire une suite logique et continuité aux éléments qu’il venait de souligner.
-Intéressant. Bien que je puisse promettre de ne pas l’utiliser dans une notion de vengeance gratuite en déchainant la fureur d’un démon sur un village, je ne peux garantir que l’enseignement qui en sera fait ne finira pas entre de mauvaises mains bien qu’en aucun cas ce ne sera l’intention initiale. Toutefois, je me porte garant de conscientiser l’utilisation de ce type de techniques afin de garantir la sécurité des gens et préserver un certain équilibre tout comme en aucun cas, je n’utiliserais cette technique pour sceller un Dieu dans une personne trop instable et dangereuse pour porter ce fardeau, sauf si une situation de plus grande ampleur ne le contraint pour le bien-être collectif.
Ne pouvant s’engager que moralement dans ce qui était important pour lui, il n’avait pas prononcé le Teikoku ou autre institution précise, car ce genre de promesses allait au-delà d’un vulgaire village ou d’une entité. N’étant pas dans l’optique de faire une guerre inutile alors que les enjeux étaient beaucoup plus importants ailleurs, Raizen faisait partie de ceux qui avaient pris le temps de souligner le poids derrière l’utilisation des Dieux. Ainsi, cohérent à lui-même, il était bien entendu évident que cela s’appliquait à lui.
Or, il était possible qu’au-delà de tout cela, Aditya ait décelé ce que peu de gens avaient pu pressentir chez Raizen. S’il n’en demeurait quelqu’un de réfléchi, calme et n’inspirant pas forcément la colère, ce n’était pas pour autant que son esprit ne réfléchissait pas aux différentes possibilités. Après tout, à l’intérieur de lui résidait une part de chaos qui aurait très bien pu l’amener à prendre un chemin totalement différent de celui qu’il avait emprunté. Ainsi, ne pouvant prévoir le futur, pour le moment, cette facette était maintenue à l’intérieur de lui, servant à remettre en question certaines décisions tout en lui permettant de se mettre à la place d’autrui. C’était notamment cette facette qui ne le rendait pas forcément naïf. Loin d’être le cas, le tout lui permettait justement d’être très pragmatique lorsqu’il le fallait, un peu comme le double tranchant d'une arme tout aussi rusée qu'aiguisée.
-Si cela n’avait pas été le cas, quel aurait été ton chemin de prédilection Aditya ?
Effectuant soudainement des mudras à l’aide de ses deux mains, il enchaina une combinaison relativement intéressant avant de déposer trois sceaux selon des intervalles relativement similaires de manière à sceller l’arbre, le rempart et le rocher. Bien que l’aisance d’effectuer consécutivement de tels actes pouvait sembler beaucoup trop facile, voire banal, pour le maître en fuinjutsu qu’il était, Raizen savait pertinemment que l’entrainement avait déjà commencé.
Ainsi, lors de la composition de chacun de ses sceaux, il comprenait plus ou moins ce que Aditya tentait de le forcer à prendre en considération. Adoptant par conséquent le volume et la masse des sceaux de manière à s’adapter à ce qu’il scellait, Raizen s’assurait de créer un sceau adapté aux formes différentes. Plus intéressant encore, le fait de le faire consécutivement lui faisait prendre conscience de la concentration importante nécessaire pour enfermer parfaitement des objets ayant des mesures totalement différentes.
-En tout cas, ce genre d’exercice me rappelle à quel point le fuinjutsu est un art qui s’adapte et se personnalise pour être réellement adéquat et adapté.
Réalisant ainsi trois sceaux différents, même si le fondement de son approche était similaire, l’écriture qu’il en avait faite était pour la moins adaptée. Bien que les codes chakratiques qu’il avait utilisés n’étaient pas les plus compréhensibles des yeux les moins avertis, ils n’en restaient pas moins différents…
-J’imagine que le tout s’applique aussi aux formes différentes, flexibles des dieux…
Prêt pour la prochaine étape, il observait celui-ci se demandant quelle ligne directrice il comptait entreprendre pour poursuivre cet apprentissage.
Les pupilles d’Aditya se plantèrent dans celle de son vis-à-vis avec toute l’ampleur de la gravité qu’une telle discussion pouvait sous-entendre, malgré la camaraderie qui liait ces deux âmes l’une à l’autre ; et si pendant de longs instant l’ascèse demeura interdite, comme s’il jaugeait au creux de son être les paroles prononcées par l’envoyé des Nuages, un soupir finit par fendre la barrière de ses lèvres. Les yeux clos, le temps d’un instant, il accorda une seconde au silence pour attester sa décision de son poids de réalité, avant d’aviser à nouveau la silhouette qui lui faisait face.
« Cela me convient. »
Si le blond ne pouvait se vanter de connaître le Meikyû aussi fermement que le cœur de la féline blanche n’avait aucun secret pour lui, il était néanmoins conscient qu’à l’image de Kaya, tous deux étaient drastiquement différents lorsqu’il s’agissait d’envisager le devenir du monde sous l’égide de leurs actions. Là où il ne considérait que ses actes ne devraient en aucun cas faire ployer la courbe du monde sous leurs poids, la dame de glace et son amant semblaient bien plus enclins à trouver une fin à leur moyen, qu’elle apporte avec elle les déboires de conséquences qui ne seraient préférables à nul autre qu’eux, ou la nation qu’ils se seraient engagés à servir. Ce n’était nullement un défaut, en soit – d’autres lui trouveraient un caractère honorable. Pour Aditya, ce n’était que ce que les choses sont, de comment leur monde a pu être forgé ; par des individus divers. Il ne s’attendait pas à trouver au sein d’autrui un égal à lui-même. Au contraire. Il n’était pas certain que son esprit ou ses principes ne soient, ou ne doivent, être une référence. Il n’était qu’un homme parmi d’autres. Tout ce dont il pouvait s’assurer, c’était que les traits de caractères divergents de chacun n’apportent pas davantage de souffrance inutile à ces terres ; car si douleur il devait exister, il l’accueillerait. Mais pas si elle devait être forgée par la bêtise que toutes ces autres guerres avaient imposée. Sa main trouva l’égide de la manche de son sari, qu’il tâcha de redoubler avec parcimonie jusqu’à ce que le tissu ne soit plus à même de gêner ses mouvements.
« Les seigneurs, que tu as mentionné plus tôt, certainement. », glissa-t-il en réponse à la question du brun de plutôt, tandis que ce dernier s’affairait à débuter ces scellements simplistes. « J’aime à penser qu’aucun être ne pourrait comprendre le monde ou les âmes qui l’habitent sans en voir les détours par le voyage ; les têtes couronnées n’en font pas exception. Guidées par la malice, l’égo, la droiture ou la bienveillance, elles peuvent changer le destin de bien d’autres. Dame Watanabe était de ceux-là, bien qu’elle n’eût disposé que du titre d’Ombre. »
Un sourire s’éveilla sur ses lèvres à sa remarque portée sur l’art des sceaux, bien qu’il n’y répondît pas. Ce ne fut que lorsqu’il se redressa face à lui, prêt à s’abandonner à la suite de cet enseignement, qu’il fit écho à ses dernières paroles.
« En effet. Tu as été témoin de l’éveil du Vent, bien que toujours partiellement enfermé dans le sceau qui le gardait prisonnier. Mais leur taille gigantesque demande le concours de plusieurs êtres, selon une formation cardinale, afin de créer un sceau sur mesure. Évidemment, nous ne pouvons faire une véritable pratique aujourd’hui. Je tâcherai de faire au mieux. »
Il avisa les sceaux du Meikyû, avant de poursuivre.
« L’une des choses sur lesquelles le Saint Père a tâché d’appuyer ses dires n’est autre que ce Kinjutsu, une fois réalisé et débuté, détient plus de valeur et d’importance que toute autre chose. Plus que nos vies, celles de nos confrères, ou que la cité que l’on défend. Nul ne doit le rompre, sous aucun prétexte, même lorsque cela à l’encontre de tout ce qu’il s’est juré à soi-même. »
Sa main érigea les détours d’un mudrā unique, avant que le seuil de la terre qui avait accueilli sa présence de se mue à son tour sous les détours d’une lance forgée dans le même apparat sylvestre que cette Forêt sempiternelle.
Et sans une once d’hésitation, le blond projeta cet objet d’orfèvre sur le Meikyû, fendant l’air sur son passage.
Partageant une opinion assez similaire à celle d’Aditya sur le fait que le voyage forgeait les âmes, une partie de lui ne pouvait s’empêcher de croire qu’une personne n’ayant jamais quitté son village ne pouvait pas du tout prétendre au rôle de meneur ou de chef d’une quelconque manière. Après tout, si diriger nécessitait des aptitudes certaines, la vision nécessaire pour orienter un groupe de personne dans la bonne direction nécessitait une prise de recul certaine sur certains moyens de faire pour remettre en question ce qui pouvait être amélioré dans le but ultime d’atteindre le progrès.
Poursuivant dès lors son écoute, Raizen n’était pas surpris d’entendre Aditya lui partager la règle incarnant la nécessité d’avoir un nombre de membres suffisant pour accomplir le tout. Autrement, sceller un Dieu aurait été fâcheusement trop facile et simple… C’était même là l’enjeu le plus intéressant, la possible nécessité de cohésion pour employer des kinjutsus…
Dès lors, alors que Aditya continuait de parler, Raizen commençait tout juste à comprendre ce qu’il entendait par la nécessité de devoir manifester une force d’esprit à toute épreuve, même contre les possibles éventualités relativement dangereuses qui pouvaient venir le provoquer.
Or, en aucun cas, il ne s’attendait à ce qu’il utilise une action concrète pour illustrer le tout. Dès lors, alors qu’une lance de bois venait d’être formée devant celui-ci, elle fut projetée à une vitesse suffisamment drastique pour que le Meikyû arque un sourcil.
Devait-il démontrer qu’il était prêt à se faire empaler pour une lance pour témoigner de sa concentration hors norme ?
-Cela va de soi, je suppose.
Esquivant d’un bref mouvement du buste la lance assez rapide, le Meikyû n’eut aucun mal à utiliser la totalité de ses réflexes pour parer l’objet qui s’était dirigé vers lui. Or, le plus important dans tout cela était qu’il l’avait fait sans forcément se déplacer.
-Lors du scellement, je suppose qu’il est impossible d'échanger le maintien d'un sceau à un clone ou de faire quoique ce soit nous permettant une défense, est-ce bien cela ?
Se posant la question alors qu’il se demandait s’il avait bien fait, il pointa soudainement la lance qui s’était fichée quelque part derrière lui.
-Ou est-ce que j’étais censé accepter de me faire transpercer par la lance pour prouver que j’avais la volonté nécessaire ?
Visiblement quelque peu confus par l’objectif réel de l’attaque qui pouvait prendre plusieurs sens, le Meikyû se permettait de poser des questions visant à clarifier l’objectif et le cheminement afin de faciliter son apprentissage.
-Si cela peut te rassurer, je n’aurais aucun problème à maintenir un sceau aussi longtemps qu’il le faudrait si quelqu’un couvre mes arrières, donc si c’est ce que tu tentais de confirmer, n’hésite pas à reproduire la même expérience.
Effectuant un seul et unique mudras, il activa soudainement son sceau de guerre pour l’aider pour le futur. En effet, si son activation pouvait être à but de protection, il désirait surtout améliorer ses aptitudes à maintenir ses gestes en cas de nécessité tout en bénéficiant de la montée d'esprit de son ancêtre guerrier.
Un léger rire retint la barrière des lèvres de l’ascèse lorsque l’écho des paroles de l’envoyé des Nuages lui parvint, mêlé d’autant d’incompréhension que de surprise. Mais si son geste avait pu éveiller une réaction si naturelle auprès de lui, il n’en demeurait pas pour autant dénué de sens.
« Rassure-toi, je ne désire nullement que tu te fasse empaler. En vérité, c’est là l’enseignement principiel que le Saint Père nous a offert, avant d’accéder à l’apprentissage de cette technique ; que son maintien va au-delà de nos vies. Lorsque l’on est ainsi, seul, face à un assaut, cela ne semble pas important. Pas crucial. Mais lorsque nous ferons face à un Dieu et que quatre âmes devrons lutter de force conjointe, aucune ne pourra se permettre de relâcher le sceau, au risque de mettre en péril l’entièreté de l’opération. C’est pour cela qu’il faut avoir des réactions vives, comme la tienne, lorsqu’un danger se présente sans pour autant délaisser l’objectif qui nous a été donné. », déclara-t-il.
D’un mudrā unique, la lance s’éroda, laissant dans son sillage l’ombre de copeaux de bois effrités.
« De plus, lorsque tu viendras à utiliser une telle technique, sache que ton chakra en sera lourdement impacté. Le Fanatique nous a prévenu à ce sujet ; faire appel à une technique interdite a un coût. Tu ne pourras pas te permettre d’user de la totalité de ton panel de technique, ni même avoir assez d’amplitude pour réagir à temps face à un assaut qui visera à te faire rompre son maintien – car une divinité ne se laissera pas dompter facilement. Il faut être prêt à faire des sacrifices, ou calculer l’avenir avec assez d’exactitude pour éviter de se faire prendre de court. Nous avons chacun notre façon d’aborder un affrontement, mais j’avoue avoir une préférence. »
Sa main s’éleva à nouveau sous le joug d’un signe mêlé par la présence du bois à ses côtés : et s’érigeant de terre comme l’écho sylvestre de son don, deux doppelgänger prirent place aux côtés de l’ascèse.
« Les clones. », dit-il simplement. « C’est là une technique qu’un homme de confiance m’a enseignée il y a bien longtemps, et pourtant, elle ne perd jamais en utilité., il avisa le Meikyû d’un coup d’œil. « Lorsque tu es incapable de te défendre, que ce soit par toi-même ou par des alliés aux mains liées, que ton temps de réaction est entravé par la concentration que tu offres au scellement… avoir à tes côtés des esprits libres qui peuvent assurer tes arrières sans toujours te reposer sur autrui est quelque chose d’extrêmement précieux. »
Lorsque le blond laissa glisser à nouveau la vue de mudrās, ces derniers forgèrent autour de son vis-à-vis une prison faite du même acabit que la Forêt Millénaire qui entourait leurs frêles silhouettes ; une geôle, l'empêchant en cet instant de se mouvoir avec autant de fluidité qu'il l'avait fait autrefois.
« Pour cette épreuve, je ne t'autorise l'usage que d'un jutsu, en plus de... cette simulation de scellement, hormis si tu décides de faire appel à des clones toi aussi – tu n’y es pas obligé. Agis comme si tu te tenais face au Dieu du Désert d’autrefois, et qu’il déversait sa fureur autour de toi. Tu n’as que peu de temps pour réagir, que déjà trop de chakra alloué à ce Kinjutsu. Ce sont davantage les décisions que tu prendras qui primerons ou non sur la victoire, que ce sceau qui enfermera une divinité. »
Et comme une révérence à ces terres boisées qui l’entouraient, Aditya se refusa à user des flammes dont son chakra pouvaient imiter la forme – au lieu de cela, l’égide d’un fervent dragon serpentin s’éleva à ses flancs, pour venir heurter la silhouette du Meikyû, entourée de cette acropole. Tant par respect envers le Kazejin que face à la difficulté d’un tel enseignement, l’ascèse ne pouvait se permettre de lésiner sur les moyens.
Écoutant attentivement Aditya, il devait avouer être curieux par ce qui se cachait réellement derrière la façade du jeune homme. Bien que ses propos étaient véridiques et logiques, le Meikyû ne put s’empêcher d’émettre un léger sourire, comme quoi il avait capté son attention. Que pouvait donc masquer un tel visage ?
Étrangement, il avait l'impression que gratter sous sa carapace lui permettrait de découvrir une personne assez particulière et différente de ce qu’elle dégageait aux yeux de tous. Malgré tout, il n’était pas présent pour cela et il le savait. Ce serait donc un mystère pour un autre jour.
Revenant ainsi à leurs moutons, il comprenait aisément ce qu’entendait Aditya lorsqu’il parlait de la notion de sacrifice tout comme il comprenait qu’apprendre le kinjutsu en question nécessiterait d’être prêt à faire des sacrifices tout en étant apte à prendre des décisions adéquates et adaptées.
Ainsi, Raizen devait penser à deux endroits à la fois tout en mesurant le danger sur de nombreux angles, un phénomène que le corbeau appréciait particulièrement, surtout à titre de stratèges. Anticiper, planifier et surprendre son adversaire étaient intéressants. Or, devoir réagir en réponse à des actions inattendues l’était tout aussi. De ce fait, Raizen était plus que prêt.
Dès lors, faisant suite aux paroles du Sylvestre, Raizen l’observa calmement alors qu’il lui offrait un seul et unique ultimatum pour lutter contre sa technique tout en maintenant artificiellement un sceau. Représentant ainsi indirectement une situation assez similaire à celle qu’il risquait de rencontrer en scellant un Dieu, son esprit était déjà très loin dans le futur, considérant par le fait même qu’il devrait sceller, se protéger, protéger autrui, mais aussi diriger à l’aide de sa voix les différents acteurs sur un même terrain de combat…
-J’imagine que dans un vrai scénario, la possibilité de maintenir des clones serait quasi impossible, surtout si mon chakra est perturbé. Donc, dans le cas où je me retrouverais dans une telle situation, la réponse la plus importante me connaissant serait de ne pas lésiner sur les moyens pour protéger coûte que coûte l’objet de la technique que je dois maintenir, et ce, en minimisant la concentration physique et chakratique qu’il me faudra.
Souriant alors qu’il réfléchissait purement comme s’il était dans une situation du genre, bien que le nombre de réponses possibles était multiple, il comptait opter pour ce qui lui semblait le plus adapté à son instinct. Après tout, il aurait pu élever une armure corporelle, un mur à base de vent tout comme il aurait pu attaquer directement le dragon de bois qui l’attaquait. Toutefois, n’ayant qu’une seule et unique opportunité et n’ayant pas le choix de fuir, le réflexe naturel était d’utiliser ce vers quoi son instinct le poussait.
Dès lors, une aura sourde se dégagea soudainement dans l’atmosphère tandis que son regard s’était muté. Maintenant le sceau comme dans une scène réelle, seul son bras droit vint accueillir le fameux dragon d’une violente onde de choc défensive ayant pour objectif d’imposer sa volonté, car devant la puissance des Dieux, Raizen savait que le luxe d’utiliser des techniques élites n’était pas suffisant. Il devait constamment sortir ses meilleures cartes pour la situation, ni plus ni moins, ce qu'il fit dans le scénario actuel. -Devant les forces divines, il est hors de question d'avoir la moindre retenue....
Dit-il alors qu'une puissante onde de choc venait de frapper l'atmosphère...
Instantanément, les bras de l’ascèse s’érigèrent devant son regard tel des œillères faites de chair, bafouant l’air et la poussière soulevés par le geste de l’envoyé des Nuages – car si ce n’était pas là le propre de sa réplique, elle avait bel et bien annoncé l’arrivée d’un typhon devant lui, jusqu’à ce qu’il ne sente ses propres jambes reculer d’elles-mêmes sous la force du vent. Ses sourcils se froncèrent au même titre que ses yeux ne se plissèrent, tentant de discerner sa silhouette malgré l’épaisseur de ces courants ; mais ce ne fut qu’une fois dispersés que le blond put enfin retrouver le sens de la vue, au travers de mèches d’or envolées par la brise.
Lentement, ses bras se rabaissèrent le long de son corps lorsqu’il lui apparu que l’intensité de cet assaut, bien que défensif, s’était amenuisée, et il se tint alors face à lui, observant la colère de cet élément si cher à la tigresse blanche. Un sourire humble se glissa sur ses lèvres, tâchant d’apporter avec elles l’écho de sa voix dans cette agitation mourrante.
« …En effet. »
Ses poumons s’emplirent à nouveau d’air lorsque ce souffle semblât s’être éteint, tel un réflexe naturel. Ses pas franchirent le peu de distance qui les séparaient, afin de retrouver sa place d’autrefois ; à quelques enjambées de sa position, ni trop éloigné, ni trop proche.
« J’imagine que nous pouvons passer à la suite. », déclara-t-il en érigeant un mudrā unique de sa dextre.
Comme invoqué par son don sylvestre, deux silhouettes issues de terre s’élevèrent à ses côtés telles deux döppelganger, des doubles fomentés à son image, mais plus encore, constitués du même flux qui ébranlait chacun de ses méridiens.
« Comme tu l’as certainement compris, le scellement de ces entités en une âme ou un objet implique d’enfermer leur essence dans un sceau ; à savoir le chakra. C’est une chose particulièrement compliquée pour bon nombre d’adeptes du Fūinjutsu, mais je crois savoir que l’un des Ancêtres de ton clan a trait à ce genre de pratique. Peut-être pourrais-tu puiser dans ces savoirs, que tu les maîtrises ou non, pour t’aiguiller sur le chemin. », glissa-t-il en faisant signe aux deux ombres de prendre place entre eux.
Son regard se releva dans celui du Meikyû avant que ses bras ne viennent joindre son torse, signant l’arrêt de toute implication de l’ascèse… tout du moins pour l’instant.
« J’aimerai que tu scelle le chakra qui constitue ces deux clones, à une difficulté près. Ils ne doivent en aucun cas disparaître en fumée – autrement dit, être détruits. Le but n’est pas d’aspirer le flux qui les compose, mais de le sceller directement, lui et son enveloppe, dans un sceau. »
L’une de ses mains se délia de l’étau formé par son bras pour empoigner un imposant parchemin trônant à son dos, qu’il déroula précautionneusement face au brun. Son aspect était en cela tout à fait particulier, puisqu’il ne s’agissait pas d’un simple sceau, encore moins d’une face vierge ; mais bel et bien des tracés propres au Kinjutsu enseigné par le Fanatique.
« Arriver à enfermer un élément est une chose, le faire lorsque celui-ci est encore parcouru d’un chakra n’étant pas le sien en est une autre. C’est là tout le cœur de cet enseignement. »
Alors, à nouveau, le blond posa ses iris éthérées sur les traits de son vis-à-vis, conscient que cette étape s’avérerait bien plus ardue que les précédentes.
Semblant réussir l’épreuve que lui avait conférée l’utilisateur de bois, le Meikyû ne pouvait masquer son enthousiasme. Bien qu’il était calme et contenu, ses iris pétillaient plus ou moins comme ceux d’un adolescent en plein développement de ses aptitudes de shinobi.
Attentif, bien qu’il ne l’exprimait pas, il tentait indirectement de deviner quelle serait la prochaine étape. Effectuant par le fait même les liens, son esprit ne pouvait s’empêcher de se multiplier telles les racines d’un arbre. D’un côté, il capturait l’essentiel de l’apprentissage afin de le maîtriser jusqu’à en anticiper les comportements futurs et de l’autre, il consolidait son expérience pour imaginer de quelle manière il pourrait l’apprendre aux autres Kumojines.
Se clonant ainsi en âme et en esprit, l’essence même du prochain exercice le ramena toutefois à se centrer sur une seule problématique, signe que celle-ci était bel et bien supérieure à bien des situations qu’il avait pu rencontrer par le passé..
Le scellement d’une entité hein…
Ayant un avantage naturel à travers sa maîtrise avancé du chakra, mais aussi sa connaissance des arcanes Meikyûs, cela ne rendait pas pour autant la tâche de sceller une entité vivante et éphémère dans un sceau. Se devant ainsi de respecter la fragilité des propriétés qui la composaient, cet exercice était fort probablement un des plus difficiles qu’il avait eu à rencontrer depuis qu’il maîtriser le fuinjutsu, une réelle expertise nécessitant le savoir et la puissance d’un expert…
Confiant qu’il pouvait les sceller, le plus difficile allait être dans le contrôle et la délicatesse nécessaire pour le maintenir dans un habitacle fictif suffisamment adapté…
-Très bien.
Prenant un moment de réflexion alors qu’il observait le rouleau que celui-ci venait de déplier devant lui, Raizen finit par libérer un rouleau d’un de ses sceaux. Posant sa main, il se mit soudainement à déployer son chakra sur ce nouveau rouleau de manière à élaborer une composition chakratique qui ressemblait en tout point à une prison. Pourtant, au fur et à mesure qu’il déployait cette nouvelle technique, il en changeait les variables, se permettant de visualiser l’effet qu’il tentait de rechercher.
Ce qui commença de manière anodine dura plusieurs heures durant lesquels il s’attelait à la tâche, se concentrant pour tenter de déployer une prison apte à sceller une entité vivante sans la contraindre.
Évidemment, faire une prison très large semblait être la solution. Pourtant, plus elle était large et plus elle était fragile. Ne lésinant ainsi pas sur les détails, de temps à autre, il faisait apparaître certains clones à ses côtés sur lesquels il se permettait de faire des tests visant à tester sur solidité.
-Je vois…
Alors que Aditya devait visiblement être épuisé depuis le silence prolongé que Raizen avait manifesté, voilà que le Meikyû allait s’appuyer sur son enseignant.
-Avant de faire une tentative, permets-moi d’élaborer mon processus pour savoir si le kinjutsu est plus ou moins composé de cette manière…
Levant son regard vers le Kirijine, il poursuivit :
-Si je comprends bien, le sceau doit plus ou moins adopter le comportement de deux techniques différentes. D’un côté, le sceau que j’utilise doit aspirer l’essence même de ta technique tout en libérant une couche superficielle de chakra visant à s’approprier l’entité sans pour autant affecter un moindrement le flux chakratique. La clé serait donc dans la réalisation de ses deux étapes en même temps, est-ce bien cela ou ai-je le mauvais résonnement ?
Se permettant de poser cette question après de nombreuses écritures chakratiques et de tentatives à l’aide de ses propres clones, il espérait ne pas se tromper sachant que la prochaine étape semblait sans appel. Ainsi, il devait confirmer son approche avant de réellement tester le tout…
Puis, s’il avait raison, le tout viendrait forcément confirmer un des éléments associés à la cérémonie d’obtention d’un ancêtre… En effet, lors de la première passation d’un ancêtre et de son marquage, du temps des sept, le Meikyû avait soupçonné ceux-ci d’avoir imité l’enveloppe même qui protégeait l’âme autour de leur chakra… C’était selon lui ce qui leur avait permis de transférer une partie de leur chakra dans le corps d’autrui sans passer par la génétique jusqu’à ce que le corps se l’approprie...un peu comme le contrôle temporaire de l’essence même du chakra…, un élément similaire à ce que les sendais utilisaient… le chakra pur.
« En effet. Présentement, tu ne disposes d’aucun réceptacle pour donner le change ; aussi, focalise-toi sur la précision de l’extraction de chakra, c’est là l’étape la plus difficile., déclara-t-il. Toutefois… »
L’une de ses paumes s’éleva sous les détours d’un mudrā unique, comme répétant à l’exactitude son geste de plus tôt ; mais au lieu d’un döppelganger, s’en fut deux nouveaux qui apparurent. L’un, plus robuste que les deux premiers, le second, identique. Il fit signe à l’un d’entre eux de s’approcher – le plus fragile d’apparence – tandis que son confrère s’approchait des flancs du Meikyû, les bras croisés comme s’il était doté d’une conscience plus pointue que les précédents.
L'ascèse ploya le genou à terre tandis que l'ombre des deux clones fragiles d'autrefois se détournaient de sa silhouette, afin de laisser tout le loisir au maître des corbeaux d'observer ses faits ses gestes. D'un mouvement bercé par l'habitude, ses doigts vinrent effleurer les murmures de la terre et du bois à ses pieds, esplanade d'une Forêt ayant gardé son enfance, avant d'élever un nouveau signe incantatoire de son autre main ; et comme convoqué, des traits noirâtres vinrent émaner de sa paume apposée au sol, dessinant leurs tracés selon des arcs particuliers, prémédités. Ceux d'un sceau s'esquissant lui-même selon les pensées de son invocateur, jusqu'à ce que son symbole particulier ne soit visible aux yeux de tous, implanté dans l'environnement.
« Je te montrerai, pour cette fois, si cela peut t'y aider. », murmura-t-il sans le regarder, son attention rivée d'une mélancolie légère sur l'herbe tamisant le bois.
Tel un écho à ses paroles, les détours de ce sceau se mirent à briller d'une lueur étouffée, trônant sur les récifs de chacune des courbures jusqu'à ce qu'il n'émane de sa présence une lumière franche, blanche à la lisière de la transparence. En un instant, ce même phénomène s'imposa sur la silhouette d'un double fragile demeuré près de lui, et trahissant du même fait qu'il en serait l'objet.
Bientôt, cette clarté se mua en aura, recouvrant le corps de ce clone de bois ; d'abord immobile, puis mouvante, changeante, prenant une tout autre forme que celle d'un corps humain selon lequel son chakra avait épousé la forme. Et tandis qu'elle s'éloignait petit à petit, selon un fin filament, elle semblait attirée à l'intérieur du sceau, lentement, mais sûrement, absorbée en son sein.
D'un regard au döppelganger, il était clair d'une chose : quel que soit cette entreprise, sa face en devenait altérée, grisonnante. Des lignes boisées s'imprégnaient petit à petit dans traits de son visage, l'éloignant de l'humanité.
Et finalement, lorsque plus une ombre de lueur ne trônait autour de sa stature et que la dernière goutte de chakra avait siégé au sein des tracés du Fūinjutsu, il n'était plus. Non pas disparu, en un nuage de fumée auquel tous avaient été habitué, mais comme mort, changé en statue de bois. En son élément le plus brut, le plus sincère – celui qui lui avait donné naissance.
Alors, lentement, les doigts de l'ascèse s'élevèrent des contours du sceau dans une prestance naturelle, avant que ses yeux d'éther n'accordent leur attention à ce double inanimé ; et doucement, sa paume s'avança vers son buste, si fragile, si friable, qu'ils s'y incrustèrent d'eux même comme si cette surface était aussi fluide que de l'eau... avant que l'ensemble de cette statue ne s'effondre sur elle-même, en lambeau et poussière.
Le blond avisa le Meikyû, d'une œillade.
« Normalement, ce Kinjutsu doit être réalisé à plusieurs, comme tu le sais. Néanmoins, lorsqu'il ne s'agit que d'une absorption de chakra, plus simple, l'utiliser seul comme base à ce jutsu n'est pas impossible. Après tout, comme je te l'ai déjà dit, aucun hôte ne peut l'accueillir, aussi, la technique sera fondamentalement incomplète, et ne demandera pas les mêmes recours. »
Il désigna les trois clones demeurants encore debout, d'un geste du menton.
« Celui-ci est plus robuste que les deux autres ; tu peux t'y entrainer en amont ou après les deux premiers, si le cœur t'en dit. Cela peut autant représenter une difficulté d'une facilité ; retenir plus longtemps l'extraction, ou ne pas avoir à craindre qu'il disparaisse d'un coup ou d'une absorption mal calculée. »
Par moment, l’observation était importante lors d’un cas pratique. Permettant non seulement de faire des liens, elle permettait surtout et avant tout de voir les failles dans la pratique, surtout lorsqu’on était si proche du but.
Songeur et concentré, Raizen laissa la totalité de ses aptitudes prendre le dessus tandis qu’il regardait avec intensité le déroulé du moment. Respirant calmement, on pouvait aisément voir ce qui faisait de lui un si bon élève. Analysant le comportement d’Aditya, bien qu’il ne pouvait suivre la totalité de ses mudras du regard, à travers le processus, il effectuait de nombreux liens qui l’amenaient peu à peu à comprendre de quelle manière la technique fonctionnait.
-Je pense avoir compris comment le tout fonctionne…
Souriant alors qu’il venait tout juste d’avoir un déclic, si la démonstration du jeune homme était intéressante, c’était surtout ses paroles qui lui avaient révélé la ligne directrice à entreprendre .
-L’extraction de chakra est quelque chose que je maîtrise à un certain degré, donc en théorie, il faudrait simplement que je puisse la maintenir dans un sceau, sans forcément en dénaturer sa nature…
Comprenant dès lors que cette tâche d’extraction était aussi délicate que lourde, le Meikyû était toutefois confiant en ses aptitudes à réaliser le tout. Employant dès lors la totalité de ses sens, il se synchronisa sur une longueur d’onde différente. Résonnant avec son troisième ancêtre qui représentait la gloutonnerie pure, il comptait réincarner ce processus. Or, au lieu de maintenir le tout comme une sangsue, il comptait s’assurer que ce ne soit que la préface du sceau qui viendrait surtout envelopper l’essence même de ce qu’il absorbait sans forcément en dénaturer sa nature.
Similaire à un vortex, tout était dans la précision, le contrôle et la visualisation.
-Si j’arrive à le maîtriser à base échelle, en compagnie de partenaires, ce sera surement plus simple de le produire à grande échelle moyennant une certaine synchronisation. Voyons voir cela.
Observant l’un de ses propres clones, Raizen commença par faire un test, composant ainsi une série de mudras de scellement avec des variables différentes. Les imposant d’un simple contact à ses clones, il en vit quelques-uns disparaître avant de terminer ses exercices. Stimulé par ces récentes tentatives, il se permit même de les ramener afin de tester d’autres variantes. Laissant dès lors son clone tenter le scellement, il observait la scène afin de multiplier les angles de vues et les expériences de manière à s’améliorer.
-Je pense être prêt à tester le tout. Par contre, je ne sais pas si ce sont des clones normaux, mais je pense qu’il serait assez idéal pour moi de tenter de sceller les trois en même temps…
Une surdose de confiance ? Pas vraiment. Bien que Raizen pouvait visiblement paraître très confiant, s’il n’arrivait pas à se mettre dans une situation ou l’adrénaline lui permettait de faciliter l’apprentissage, plusieurs heures voir jours allait être nécessaire pour avancer. Étant ainsi prêt à payer le prix cher de la tentative, il prit une grande respiration.
-Je ne saurais l’expliquer, mais j’ai l’impression que la clé réside entre la création d’une zone de stockage au sein d’un sceau, de la création d’un clone et de l’absorption d’une technique .... au sein de la même technique.
Déployant dès lors des mudras à l’aide de ses deux mains, le Meikyu se concentra afin d'effectuer une série de signes qui pouvaient ressembler en grande partie à ceux composés par Aditya à quelques différences près. Après tout, il existait parfois quelques variantes à la même équation, un des nombreux phénomènes qui incarnaient la beauté des arts shinobis.
Posant dès lors un sceau au sol, un cercle moyen se forma pour venir entourer les trois clones.
Maintenant celui-ci, contrairement à son habitude, Raizen délaissa toute influence chakratique de nature différente possible pour se concentrer uniquement sur son chakra neutre. Une fois le sceau de stockage amorcé, contrairement au processus usuel d’absorption, il déclencha de nouveaux mudras visant à générer des sceaux à l’intérieur du sceau existant. Se positionnant dès lors sur les différents clones, un peu comme des chaines restrictives, le tout avait pour utilité première de les contraindre dans la dimension qu’il créait, mais aussi de les protéger.
Laissant dès lors des perles de sueurs couler sur son front tandis que la tâche était intense, même à titre de maître fuinjutsu, le volume de chakra qu’il dépensait était beaucoup plus élevé qu’on pouvait le prétendre. Après tout, maîtriser une technique permettait bien souvent de l’utiliser de manière économique. Or, les apprentissages étaient bien souvent difficiles dû au manque de contrôle notable qui avaient pour conséquence de diminuer très rapidement les réserves des différents apprenants.
-Je pense que j’y suis presque…
Alors qu’une vingtaine de minutes s’étaient déjà écoulées, le Meikyû enchaina avec de nouveaux signes. Maintenant que son sceau de stockage était créé et sa cible marquée, il devait s’assurer d’absorber et de maintenir le tout sans forcément tout détruire, une dernière tâche ardue.
Oeuvrant ainsi dans la délicatesse, son regard inspirait une confiance à toute épreuve. Quasi maladive il mettait autant d’effort et de douceur que lorsqu'il avait appris ses toutes premières techniques. Or, contrairement à ces exercices , il visualisait toutefois les clones d’Aditya comme étant des essences chakratiques humaines, un peu comme s’il apprenait comme ses ancêtres à enfermer leurs pouvoirs afin de les offrir à d’autres générations.
Ne pouvant ainsi se permettre d’échouer, c’était maintenant ou jamais.
Le regard du blond se déposa sur les faits et gestes de son vis-à-vis, des prémisses de son essai aux détails finaux de son avancée ; et lorsqu'il le vit si certain de demeurer au bord de l'avènement, les muscles de sa mâchoire se contractèrent, d'ores et déjà conscient du résultat. Ses yeux se fermèrent lorsque la dure réalité s'imposa tant à lui qu'au Meikyû ; celle d'un clone fragmenté en de larges de bois et d'épines, mené par une absorption instable. S'il en était là l'évidence d'une entreprise avec laquelle l'envoyé de la Foudre était familier – celle de la gloutonnerie de ses ancêtres – elle était fondamentalement différente de l'objectif premier de sa démonstration.
Aditya retint un soupir en ouvrant à nouveau ses paupières, conscient de la difficulté que cela pouvait représenter. Que s'eût été pour Hanae ou les deux Iwajins à leur côté, ou pour lui-même, tous les quatre avaient éprouvés les mêmes difficultés auxquelles il était désormais mis face à face. C'était attendu.
Aussi, sa voix s'éleva sur un ton humble, en tâchant d'éclairer ne serait-ce qu'un peu sa lanterne.
« Il y a un point sur lequel tu as fait une erreur., dit-il en s’approchant du sceau du Meikyû. Les clones sont, par définition, bien trop instables pour supporter le joug d’une telle technique. Il est impossible pour eux de l’utiliser, car elle convoque tous les sens, l’attention, et l’énergie de son utilisateur. », il s’accroupit, observant les dessins du Fūinjutsu avant d’apprcher ses doigts de sa surface, eux-mêmes chargés en chakra, avant d’ajouter quelques détails sur son tracé comme pour le corriger. « En te basant sur ce qui était en leur pouvoir, tu as dévié la nature du sceau et des explications. Le but n’est pas tant de te faire parvenir à absorber, sceller, et former un hôte du premier coup ; cela, tu ne le peux que lorsque quatre personnes sont présentes et que leurs efforts sont conjoints. Une seule âme ne le pourrait jamais, même avec toute la bonne volonté du monde. »
Ses genoux se délièrent dans le détail d’un dernier trait glissé sur le sceau de son vis-à-vis, laissant ses phalanges légèrement teintées de la terre humide couvrant le sol.
« J’aimerai que tu te concentre sur l’absorption seule, pour le moment. Mais nous reprendrons cela demain à l’aurore ; tu es épuisé, c’est normal. Nous ne pouvions tenir quelques heures d’enseignements aux premiers jours, à ton image. Laisse ton corps s’habituer, observe ce Fūinjutsu et remémore-toi ce que nous avons dit. Je n'ai aucun doute que tout cela deviendra clair bien assez vite. », ajouta-t-il avec un sourire bienveillant.
Et sans un mot de plus, l'ascèse laissa ses pas rejoindre l'orée de la terre des moines, auprès des moines et des habitations laissées au bénéfice des voyageurs qu'étaient tous deux l'envoyé de la Foudre et celui de l'Eau.
[...]
« Bien. Maintiens le chakra à la surface du sceau, comme cela. », déclara le blond en observant les faits et gestes de son vis-à-vis. « Un chakra sans enveloppe ni élément devient libre, sauvage, ce que seuls les Sendai sont capables de manier. Le but de cette étape est de le maintenir à l'état brut au-dessus du sceau en le confinant à ses barrières, avant de le rediriger dans un autre réceptacle. »
Il glissa une œillade à l'un de ses propres doubles, plus solide que les autres qu'il avait à nouveau élevé à l'aurore, pour permettre au Meikyû de redoubler ses efforts ; et s'ils semblaient payer, l'ascèse voulu néanmoins s'en assurer.
« Ne le scelle pas, ne l'absorbe pas. Extrais-le seulement du corps auquel il a donné forme, et empêche-le de s'évaporer dans la nature. »
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Dernière édition par Aditya le Dim 28 Fév 2021 - 19:31, édité 1 fois
Réalisant qu’il venait d’échouer, le Meikyû utilisa sa main de manière se protéger des nombreux débris fusant dans sa direction. S’en sortant dès lors avec des blessures amoindries, il constatait que le prix pour l’échec était bien faible en comparaison du réel prix qu’il aurait pu payer dans un réel scénario…
Attentif aux motifs de son échec, il était vrai que le Meikyû avait plus ou moins tenté d’exécuter ce qui pouvait être un sceau à sa propre sauce et signature si l’on veut. Se devant ainsi de faire attention à ne pas retourner ses aptitudes de maîtres contre sa propre personne, il comprenait dorénavant qu’il faisait face à un sceau qui se répliquait plus qu’il ne se personnalisait, quelque chose qu’il connaissait bien pour avoir enseigné de nombreux sceaux.
Or, celui-ci était différent. Étant d’une nature chakratique neutre et pure, il devait faire attention à l’impact que le tout avait sur son corps, sa concentration et ce qu’il devait manifester.
-Très bien, merci beaucoup Aditya.
Laissant ainsi la nuit porter fruit, il visualisa de nouveau tous les éléments de leur entrainement. Mettant à profit sa mémoire à court terme, il se donna tout de même les moyens de retenir tout ce qu’il avait testé en ayant une nuit fructueuse. Se levant ainsi au matin, il s’adonna à quelques étirements avant de méditer.
En profitant dès lors pour revoir tous les événements s’étant produits la veille, il se sentait nettement plus confiant dorénavant pour affronter le scellement.
Dès lors, contrairement à la veille, il suivit à la lettre les moindres instructions d’Aditya, comme s’il connaissait déjà les instructions, mais devait les assembler pour créer un rendu lui permettant de se concentrer uniquement sur l’absorption. Dès lors, il se concentra dans la formation du chakra pur à l’air libre et sauvage. Ne laissant ainsi aucun de ses acquis prendre le dessus, si ce n’était de sa motivation et sa concentration, il évitait à tout prix de perturber le maintien du sceau.
Exécutant ainsi les prémisses du confinement, le regard de Raizen incarnait la totalité de sa concentration et sa maîtrise. Plus détendue sur la maîtrise des sceaux, son expertise lui permettait de porter une attention particulière au maintien du chakra neutre et pur à l’état brut. Si au début le tout fut difficile, il opta pour une approche un peu plus digne de son lâcher-prise naturel. Se permettant ainsi de vibrer sur la même longueur d’onde qu’il dégageait à travers sa concentration, il s’accoutumait de plus en plus à l’exercice.
Poursuivant dès lors jusqu’à tenter d’extraire le tout du corps qu’il ciblait, il comprenait dorénavant l’essence même de la capture de cette technique. Plus une extraction qu’autre chose, la forme, la concentration et puissance nécessaire pour parvenir à cela représentaient des éléments qu’il n’avait jamais vus ni ressentis auparavant. Pourtant, c’était dans ces moments et zones d’inconforts qu’il se dépassait et se sentait renaître.
Laissant dès lors de nombreuses gouttes de sueur perler sur son front, il ne reculait derrière aucun signe d’effort, s’abandonnant corps et âme à la tâche. Dès lors, il n’y avait rien de plus beau pour l’exercice qu’une personne qui était en synchronisation en corps, en âme, mais surtout et avant tout en esprit avec son art.
Dès lors, Raizen se sentait de plus en plus prêt et apte à réaliser l’impossible et maîtriser l'interdit qu'était cette technique ancestrale et divine. Dès lors, se pouvait-il que le Meikyû venait de faire un pas supplémentaire dans la direction de ses ancêtres ?
Le regard d'éther de l'ascèse happait chacun des gestes de son vis-à-vis au cœur de ses prunelles, trahissant, par ce seul fait, toute l'attention qu'il portait aux efforts de l'envoyé des Nuages ; et bien que les heures passées en sa compagnie sur cet enseignement pour le moins complexe avaient pu être de faible quantité, il demeurait évident à ses yeux que le Meikyû prenait à cœur chacune des étapes, doivent-elles être aisées pour lui du fait de ses ancêtres ou non.
Il hocha simplement la tête lorsqu’il le vit écouter ses demandes, et s’abstenir de sceller tout à fait le chakra qui demeurait à la lisière du sceau et de ses contours. S’il pût entrevoir les gouttes de sueur qui glissaient sur ses traits malgré l’aurore, Aditya n’en fit pas mention – il savait, à quel point cette étape pouvait être compliquée, combien emmagasiner une quantité de pouvoir sans l’enfermer dans un réceptacle en le maintenant sous son emprise pouvait se révéler ardu. Seul, l’épuisement ne tarderait pas à s’éprendre de quiconque s’y osait.
Heureusement pour Raizen, la conclusion de ces efforts relevaient d’un peu de camaraderie.
Alors, s’agenouillant à nouveau devant les contours encrés du Fūinjutsu, le blond laissa la pulpe de ses doigts en effleurer les tracés, avant d’élever sa paume sous le joug d’un mudrā unique ; et par ce seul fait, il sembla que le sceau réagit à son contact, comme s’il poussait son chakra à se mêler à celui du Meikyû, à s’harmoniser. La partie lui faisant face reluis quelques instants sous sa venue, faiblement, avant de se tamiser – et du côté de son vis-à-vis, il était non négligeable qu’il pouvait avoir ressenti une sorte de choc, une connexion, en quelque sorte.
Lorsque l’ascèse releva son regard sur le visage du brun, il laissa sa voix accompagner ses gestes, cette fois, en appuyant davantage sa paume sur le sceau qui accaparaient leurs attentions conjuguées.
« La dernière chose que tu dois savoir au sujet de cette technique, c'est qu'il est impossible pour quiconque d'y parvenir seul., déclara-t-il. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, chaque Kinjutsu requiert quatre individus ; et pour fonctionner, ces personnes doivent agir comme un seul homme. Qu'il s'agisse du choix du réceptacle où tous devront tomber d'un commun accord, du maintien du sceau ou du scellement en lui-même. »
Aditya laissa davantage ses tenketsus déverser son chakra dans le Fūinjutsu, afin d'accorder autant d'effort que son comparse ne l'avait fait jusqu'ici, dans un souci d'équilibrer la balance des forces. Là où ils ne demeuraient que deux êtres face au double requis d'ordinaire, il ne s'agissait que d'un leurre, pour parfaire leur maîtrise à tous deux, qui restait tout aussi important et crucial pour comprendre toute l'amplitude qu'une telle chose pouvait leur demander.
« La dernière étape que tu devras réussir n'est nulle autre que d'harmoniser ton absorption avec la mienne, en tâchant de ne rompre ni ta concentration sur le sceau, ni d'aller au-delà de la limite que j'impose. Il est important que nous restions consistants, car le moindre imprévu peut faire capituler l'ensemble de l'entreprise. »
Et tout simplement, le blond commença à amorcer un rythme soutenu pour enfermer, petit à petit, l'ensemble de cette gigantesque quantité de chakra qui demeurait sur la surface du sceau. Si d'aventure le brun réussissait à coordonner leurs actions à son image... le Yuukan tiendrait en son sein un nouveau manieur de ce Kinjutsu, à n'en point penser.
kinjutsu:
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Dernière édition par Aditya le Mar 16 Mar 2021 - 14:59, édité 1 fois
Satisfait du défi que représentait l’apprentissage d’un kinjutsu, le Meikyû commençait de plus en plus à se familiariser avec le fonctionnement d’une telle technique. Étant maître dans l’art du fuinjutsu, ce n’était pas pour autant que maîtriser du chakra neutre de haut niveau était simple. À vrai dire, c’était particulièrement difficile dans la situation actuelle sachant qu’il y avait beaucoup trop de variables simultanées à prendre en considération.
Si de base, la maîtrise du chakra neutre était faisable, celle-ci était particulière, voire même disruptive. Que ce soit dans sa forme ou dans son fonctionnement, effectuer une technique combinée avec une personne était une chose, mais avec 3 autres personnes, c’était totalement un autre niveau. Demandant synchronisation et harmonisation, c’était le genre de défi de taille que Raizen appréciait particulièrement.
Ayant plus ou moins atteint un potentiel intéressant, tout ce qui pouvait nourrir la puissance qu’il avait déjà était bienvenu. Que ce soit la sagesse, l’agilité ou la puissance brute.
N’ayant qu’une brève relation avec son ancêtre glouton, ce n’était pas pour autant que leurs esprits ne se comprenaient pas… Au contraire, ils se comprenaient fortement…
-Très bien. Une dernière étape de taille pour une technique d’envergure je vois… Merci encore une fois Aditya.
Souriant calmement au blondinet, un regard plein de compassion était dirigé à son égard tandis que le Meikyû ne semblait pas du tout inquiet. S’il y avait bien un élément qui était important, c’était bien l’écoute. S’étant ainsi familiariser à deux reprises plutôt qu’une avec Aditya, il se remerciait intérieurement d’avoir pris le temps d’apprendre à le connaître. Après tout, grâce à cela,il risquait fort probablement de pouvoir mieux se synchroniser à lui.
Personnifiant ainsi mentalement l’individu dans son esprit, le regard du Meikyû changea totalement de forme. Semblant absent, mais concentré, l’espace d’un instant, on aurait dit que son esprit ou son âme avait quitté son corps. Pourtant, c’était là tout l’inverse…
Utilisant ainsi ses préceptes Meikyûs pour se synchroniser avec Aditya, Raizen commença soudainement à déployer des vibrations chakratiques visant à se calibrer à Aditya. Personnifiant ainsi la longueur d’âme de celui-ci sous une forme mentale, il tentait de voir le Kirijine sur sa force brute, mais aussi au-delà des apparences.
Au même moment, son corps suivait chacun de ses faits et gestes, comme s’il tentait de l’imiter. Or, rapidement, Raizen commença à adopter sa propre cadence de manière à être complémentaire à Aditya et non un clone parfait.
Suivant ainsi son tempo, il se calquait sur ce qu’il percevait de son compatriote. Telle une âme résonante avec la sienne, c’était la première fois qu’il devait se calquer sur la longueur d’âme d’un autre individu et pourtant, il avait l’impression qu’ils n’étaient respectivement pas si loin de la même fréquence….
Ne lâchant aucune parcelle de sa concentration, le Meikyû poursuivit donc ses mudras tout en maintenant son chakra à un niveau constant. S’assurant ainsi de calibrer sa technique de manière à agir en synergie et en complémentarité avec lui, quelque chose de particulier se produisait.
Telle une âme dans une zone spécifique, le Meikyû semblait étrangement surfer sur une zone de confort devant un tel défi ou plutôt, l’effort qui était demandé était si conséquent qu’il dégageait cette impression. Or, il était plus concentré que jamais tandis qu’il mariait sa maîtrise et son expertise en fuinjutsu, sa compréhension des âmes, mais aussi son aptitude à connecter avec autrui. Représentant un savoureux mélange d’éléments le faisant entrer dans une zone de concentration absolue, de violents frissons s’emparaient de son derme tandis qu’il avait vaguement l’impression d’être en transe.
Dévoilant par le fait même la nature de sa personne, le Meikyû n’imposait aucune barrière et invitait Aditya à amplifier cette harmonie qu’ils partageaient depuis peu. Tâchant de ne pas dépasser la limite que le kirijine avait imposée, il effectuait tout le contraire, se permettant même d’être son complice chakratique le temps d'une technique.
-À ton signal…
Raizen était prêt et pensait avoir manifestement établi une connexion avec son tuteur. Or, qu'en était-il de l’expert en la matière ? Lui qui avait jadis pu savourer le fruit d’une telle synergie ne pouvait qu’être un meilleur guide pour compléter cette technique.
Ainsi, le Meikyû espérait avoir atteint l’objectif bien que quoiqu’il arrive, il était prêt à recommencer si nécessaire. Après tout, il était dans ce que certains qualifiaient de la Zone.
L’attention de l’ascèse s’écrasa sur les moindres faits et geste de l’individu qui lui faisait face, les traits de son visage imprégnés d’une concentration qui semblait quémander chaque parcelle de son être à l’ouvrage. La mâchoire serrée, les yeux plissés, il s’efforçait de parfaire ce qu’ils venaient tous deux de réaliser ; nul autre chose qu’une harmonie certaine entre leurs deux chakra, prérequis indéniable à la suite des événements. Il réussit, néanmoins, à laisser un léger sourire parer ses lèvres en avisant le Meikyû une nouvelle fois lorsqu’il entendit sa voix faire échos à ses précédentes paroles.
« Tiens-toi prêt. », murmura-t-il simplement en recentrant son regard au creux du sceau, comme s’il accaparait l’entièreté de ses pensées.
Les doigts de sa main apposée sur les détours du Fūinjutsu se courbèrent légèrement, comme ébranlés par l’effervescence du flux qui demeurait à sa surface – et bien que cela ne soit, en l’idée, seulement un simulacre de la véritable technique jugée interdite par les derniers Gardiens, l’énergie qu’elle demandait à être déployée était loin d’être illusoire, elle. Un long soupir fendit les lèvres du blond lorsque ses sourcils se froncèrent, et que, finalement, il lui semblât que leur connexion fût suffisamment stable pour débuter le scellement en lui-même.
« Maintenant. »
Sa paume sembla se raffermir davantage sur les traits gravés dans le sol, dont une lumière vivace émana de ses dessins lorsque le sceau parut s’activer de connivence avec chacun de leurs gestes, désormais censés être à l’image même d’une volonté conjointe. Petit à petit, le chakra demeurant sur la surface de la terre sembla se concentrer en son cœur, devenant plus visible, condensé, vivace… jusqu’à arborer les traits d’une forme humaine, reliquat de celle qu’elle avait pris auparavant sous l’image d’un clone, et de plusieurs – et graduellement, ce fut comme si celle constitution se dégradait petit à petit pour n’être plus qu’une sphère d’énergie pure, irrégulière.
Mentalement, les pensées d’Aditya allèrent auprès d’un vase demeurant à proximité de ce Fūinjutsu ; et comme répondant à sa volonté que son chakra semblait suivre sous l’égide d’un tel rituel, le flux demeurant à la surface s’y adjoint lui aussi, comme attiré par l’objet, réceptacle de fortune pour cet enseignement au creux des terres du Bois.
L’ascèse éleva son regard sur l’envoyé des Nuages, comme pour jauger son expression et sa façon d’agir au fur et à mesure où leurs faits et gestes menaient petit à petit cette énergie à prendre place dans cet étau d’argile, mesurant à son tour toute l’entièreté nouvelle d’une technique qu’il était, lui aussi, toujours en train d’apprendre à parfaire, après tout. Sa mâchoire se contracta de nouveau sous l’effort requérant normalement bien plus que leurs deux personnes – mais d’un équilibre trouvé quelques instants plus tôt, il s’efforçait de mener la danse pour le Meikyû, cette fois-ci, afin de s’assurer qu’aucune bride d’information ou de sensation ne se dérobe à lui.
Car lorsque tous seraient excentrés sur le champ de bataille, parler, dialoguer, était un vague souvenir auquel il était inutile de se raccrocher. Il devait apprendre à reconnaître les sentiments qui parcouraient son corps au cours du scellement, qu’il s’agisse des siens ou des reliques de ceux de ses partenaires qui pourraient l’informer sur leur situation.
Aditya comptait bien à cela : sans attendre, il fit mine de relâcher sa prise devenue fébrile, de rendre le lien qui les unissait sur ce sceau bien plus fragile, dans l’espoir que le brun la perçoive seulement par son ressenti.
Tout cela, en gardant son regard gravé sur lui, discrètement.
Entrant littéralement en transe, Raizen avait l’intense conviction d’être au summum de ses aptitudes en ce moment. Lui permettant par le fait même de comprendre et de lire les intentions et les gestes d’Aditya sans qu’ils n’aient forcément à verbaliser le moindre élément. Plus qu’une technique combinée, c’était une intense synergie.
Amplifiant la longueur d’onde sur laquelle ils étaient respectivement, il ne pouvait que se concentrer, s’efforçant de garder le rythme de la technique qui peu à peu semblait passer de l'immatériel au matériel. Ainsi, tranquillement, l’objet de leur synergie semblait se manifestait dans ce sceau commun qu’ils exécutaient respectivement en synergie.
N’établissant en aucun cas une dualité ou un désir d’aller plus loin ou plus rapidement que son partenaire, Raizen s’efforçait avec conviction de rester serein et de ne pas voir l’objet de ses ambitions prendre le dessus.
Ressentant étrangement les prémisses de la technique originelle de scellement Meikyû, si l’espace d’un instant, son esprit navigua en se demandant si transiger légèrement de la technique permettrait de sceller une entité ou un pouvoir intangible en quelqu’un, il se résigna, préférant ne pas céder à la tentation qu’était la curiosité au regard de l’impact possible qui pouvait découler d’une telle technique combinée.
Au contraire, étrangement, quelque chose lui disait que faillir à la technique en ce moment pourrait avoir de répercussions dévastatrices sur la personne qui ne saurait s’adapter, un triste sort qu’il pouvait sentir et clairement percevoir grâce à son expertise en fuinjutsu. Après tout, les sceaux comme les techniques étaient bien souvent des bombes à retardement. Bien souvent, en l’absence d’un cadre donné, elle pouvait perdre leur contrôle et leurs règles , créant ainsi une faille qui pouvait autant disparaître de manière inoffensive ou exploser dans un éclat de chakra.
Ainsi, c’était une situation quitte ou double dans laquelle ils devaient mutuellement se faire confiance, entre eux, mais aussi à eux-mêmes.
Dès lors, alors qu’Aditya semblait tranquillement mener la charge, un éclair traversa la totalité de ses membres tandis que sa concentration ne cessait d’être amplifiée. L’atteignant comme une seconde nature ou plutôt un réflexe humain, aussi bref fut cette impression, l’espace d’un moment, il crut percevoir un certain relâchement chez Aditya. Que se passait-il et pourquoi cédait-il ?
Lui infligeant dès lors un regard pertinent, Raizen ajusta tranquillement son impulsion chakratique de manière à ne pas perdre le lien avec Aditya, s’ajustant au fur et à mesure de la sensation de manière à ne pas rompre le lien.
-Tiens bon !
Redoublant d’efforts, au lieu de supprimer leur longueur d’onde, il tentait de garantir le maintien de la stabilité le temps qu’ils se calibrent mutuellement. Allant même jusqu’à déployer des fluctuations de chakra variante au fur et à mesure de la sensation de synergie qui lui était remontée, graduellement, il espérait qu’ils conserveraient leur lien, mais aussi qu’ils pourraient renforcer celui-ci, ni plus, ni moins..
Une technique nécessitant une concentration infinie, une confiance et une perception aiguisées, mais aussi un travail d’équipe exemplaire dans lequel ils ne formaient respectivement qu’une entité. Ne cédant aucune place à l'égoïsme, c’était un moment où la synergie et l’équilibre représentaient la règle d’or, élément sur lequel il ne comptait diverger.
Fixant ainsi Aditya, son regard était clair : il ne le laisserait pas tomber.
Les paupières de l’ascèse se fermèrent le temps d’un instant, bien qu’aucune once de la concentration qu’il allouait à une telle technique n’ait été absorbée par le rictus qui se glissa sur ses lèvres, en écho aux paroles de l’envoyé de la Foudre. Comme répondant à ses dires, il lui apparut que le blond ravivait davantage ce lien unit sous les reliefs du Kinjutsu, comme s’il n’en avait jamais été autrement ; et lorsque son attention trouva les perles d’encre du Meikyû, il put comprendre que tout cela n’avait été qu’un test, dont la réussite n’était plus à prouver.
Bien assez tôt, de leurs efforts conjugués, la chakra circulant au cœur de cette prison de sceau fut guidé aux lisières de ce qui deviendrait son étau d’argile, épousant ses détours comme s'ils avaient toujours été sien, se l'appropriant, petit à petit, pleinement et entièrement.
Jusqu'à ce que dans une illusion finale, les lueurs illuminant le Fūinjutsu ne moururent à l'image du flux que ces deux âmes maintenaient de concert, et que les reflets du chakra, désormais scellé, ne furent absouts à la vision du monde ; et finalement, ce fut comme si tous les sons de la forêt dont l'existence avait été assourdie à leurs sens par l'attention qu'ils portaient à cet effort reprirent vie, que l'écho des souffles alourdis par la difficulté ne revint épouser leur ouïe.
L'enfant du bois redressa son regard céruléen vers les traits de Raizen, l'air marqué par l'éreintement sous l'égide des mèches blondes dissimulant la tâche rouge siégeant sur son front. Pourtant, lorsqu'il lia ses yeux aux siens, il ne put y lire qu'un fervent sentiment d'accomplissement, avant que ses lèvres ne traduisent le fondement de ses pensées dans un soupir.
« Félicitations. »
Un sourire franc illumina son visage lorsque ses doigts s'élevèrent de la lisière du sceau avec parcimonie, pressant son départ au fur et à mesure que son contact se faisait absent. Son échine, elle se délia de la langueur du temps passé, et d'un nouveau souffle s'échappant de ses poumons, il laissa ses traits s'enivrer de la fraicheur que la Forêt Millénaire pouvait leur offrir, comme si tous ses muscles pouvaient profiter d'un repos mérité. Ses yeux coururent un instant sur la broderie des cimes au-dessus de leurs têtes, gorgeant son être de l'odeur sylvestre de ce sous-bois ; et lorsqu'une fine pellicule de sueur manqua de faire frissonner son être, il délaissa un léger rire, avant d'empoigner du bout de sa senestre l'amphore qui s'était vue, le temps d'un enseignement, devenir réceptacle.
Il avisa le Meikyû d'une œillade, de celle-ci que l'on n'offrait qu'aux âmes se révélant dans notre vie en tant que véritables partenaires.
« Kumo dispose désormais de ce qui lui revient sous ton image, Raizen. »
Les yeux écarquillés, seuls un sentiment de stupéfaction traversait Raizen tandis qu’il était impressionné par la fréquence sur laquelle résonnait le Kinjutsu. Étant un adepte des arts ancestraux, il n’avait pourtant jamais perçu quelque chose d’aussi brut, mais pourtant fusionnel. Représentant une réelle collision entre deux mondes, il ne pouvait s’empêcher de se demander quelle était la sensation vécue lorsque 4 entités joignaient lors force dans une telle technique.
Se sentant tout de suite plus proche d’Aditya, malgré leur lien pour le moins nouveau, il ne pouvait s’empêcher d’avoir l’impression d’un peu mieux le connaître, comme si un fil imperceptible les liait dans cette symbiose qu’ils étaient en mesure de manifester d’un commun effort.
Observant ainsi ses mains légèrement nerveuses, il cessa de respirer le temps d’une seconde. Expirant par le fait même tous les questionnements qui traversaient son esprit, il regagna instantanément son calme et son contrôle avant d’afficher un léger sourire devant les félicitations de son frère kirijine.
Mémorisant par le fait même la sensation ressentie lors de l’apprentissage d’une telle technique, il comptait s’assurer de transmettre cela aux courageux Kumojines qui tenteraient d’apprendre le tout.
-Merci pour tout Aditya.
S’approchant d’un sourire franc, le Meikyû se positionna tranquillement sur le côté avant de le fixer. Le temps d’un moment, s’il semblait jauger celui-ci, il n’en fit rien, se permettant d’y aller d’un compliment sincère.
-Par chance, je ne suis que l’ombre de ce que représentent Kumo et son potentiel. Lors de la réunion, j'ai parié que ce village pouvait faire la différence dans cette guerre et je le pense encore. Ainsi, je ne peux rendre honneur qu'à la cité lumière en étant la meilleure version de moi.
Accentuant soudainement son sourire, son faciès s’apaisa légèrement malgré les flammes qui irradiaient de ses iris suite à ses paroles:
-Et au-delà d’être une âme bienveillante pour mon village, si pour le moment, je ne vois que très peu de moyens de te rendre la pareille, j’ose croire qu’à travers ce nouveau lien et partenariat j'arriverais à te remercier un jour pour le temps que tu as pris lors de cet enseignement. C'est plus qu'apprécier.
Lui tendant ainsi officiellement la main pour la lui serrer, le Meikyû venait ainsi sceller le lien fraternel qui naissait graduellement selon lui. Fortement plus sage que lui, Aditya faisait partie de ceux qui marqueraient le Yuukan, un geste à la fois, il n’avait aucun doute quant au pilier que celui-ci représenterait pour la génération actuelle et future.