Et baaaah, je vous jure que c'est crevant de marcher dans ce désert. On dirait pas comme ça, mais il est vachement grand.. En fait, si on dirait. Et puis marcher dans le sable ça use énormément. Je commence à avoir un petit peu faim. Mais heureusement, j'ai tout prévu, j'ai acheté ces délicieuses noix du désert à un marchand du coin. Il me les a vendus comme un met rare et très demandé à Kaze. Elles doivent être succulentes. Mais bon, je vais marcher encore un petit peu histoire de trouver un petit coin pour me reposer un peu, je commence à avoir bien mal aux jambes à force de marcher toute la journée. Je suis un vrai nomade du désert, je le sens, ce pays commence à m'accepter.

Et bingo! Une oasis, pile devant moi. Et je vous jure que c'est pas une illusion. Ça fait maintenant un petit moment que j'ai pas eu d'hallucination ou vu de mirage. Je vous l'ai dit, je commence à m'habituer à ce pays. "Bogi du désert." Pas mal pas mal. Disons que ça fera un bon surnom le temps d'en trouver un plus percutant et suintant la classe. Je décide donc de m'asseoir près de cette oasis histoire de me rafraîchir un peu. Je saisis mes délicieuses noix, je les porte en direction de ma bouche, lentement, la bave aux lèvres, je les approche encore un peu plus et je... Tiens, mais j'y pense. Et si ces noix étaient maudites. Imaginez un peu. Je mange ces noix et deviens complètement accro à leur goût fantastique. Je décide donc de repartir voir le marchand, je claque toutes mes économies pour acheter tout son stock, je les mange toutes, jusqu'à plus faim, tellement que je commence à gonfler. Une fois fini, je retourne voir le marchand, mais j'ai déjà acheté tout son stock. Énervé de pas avoir ma dose de noix du désert, on s'embrouille, malencontreusement, je le tue. Et ça, c'est déjà pas cool. Ensuite, je traverse le désert en long et en large à la recherche de noix, je commence à tuer tout ceux qui s'oppose à moi et mon délicieux repas. Je deviens l'ennemi public numéro 1 de Kaze, les autorités me pourchassent, on se bat, ils gagnent, ils me torturent et me laissent mourir sur un piquet au milieu du désert.

Bon, c'est décidé. Je vais pas manger ces noix. Tant pis, elles avaient l'air délicieuses, mais le risque est bien trop important. Je vais me contenter de mon repas de tous les jours depuis que je suis arrivé ici : de l'eau stockée dans ma calebasse. Et ensuite, je vais aller faire trempette dans l'oasis, ça me fera oublier les noix. Je prend donc une énorme gorgée d'eau directement dans ma gourde, puis je me relève tranquillement en enlevant le sable sur mes habits.

-" Alllleeeez ! À la floooootte !"

Ni une, ni deux, j'étais déjà recouvert d'eau, profitant de ce moment incroyable. Croyez-moi, pour quelqu'un comme moi, composé à 99% d'eau, ce genre de moment détente, ça n'as pas de prix. Petit à petit, je commençais à m'assimiler, ne faisant bientôt plus qu'un avec ce liquide divin qu'est l'eau du désert. Ici, au moins, je n'avais pas de risque de finir perdue dans l'océan. Je devenais une véritable flaque d'eau. Nan mieux. Je devenais l'oasis. "Bogi l'oasis". Aaaah, ce surnom, il claque. Et au moins ici, dans ce gigantesque désert, il y avait quand même très peu de chance qu'on vienne me déranger durant mon moment de bonheur.

Ouais, bien sûr qu'il avait entendu ce qui se disait sur ce coin du désert « un lieu maudit », « impossible de s'y retrouver, même pour un kazejin », « personne n'en revient », etc. Mais Sharrkan était quand même sacrément borné. Un coin du désert non accessible pour un Fils du Vent ? Peuh ! N'importe quoi. La zone était toute petite, c'était impossible de s'y perdre. Alors ne pas retrouver son chemin ? Ne jamais revenir ? Ah, c'était juste un ramassis de conneries.
...

Des conneries, qu'il avait dit. Enfin, bien sûr, tout ça il l'avait dit avant de partir explorer la zone maudite. C'était... il y a presque deux jours. Oui, deux jours qu'il tournait en rond dans cette minuscule zone de la carte, sans croiser âme qui vive, sans retrouver la sortie. Ah, vraiment... Il commençait à croire que les légendes étaient vraies et qu'il allait crever ici. Plutôt ironique pour un shinobi ayant traversé plusieurs fois le Yuukan et ayant combattu dans une guerre, de crever tout seul dans le désert. Pas vrai ?! Hahaha, la blague. Hé, il savait déjà ce qu'il y aurait écrit sur sa tombe : « Sharrkan est mort comme il a vécu : stupidement. »

Il ne savait pas si c'était la faim, la soif, ou la folie qui le prenait définitivement à force de tourner en rond, mais il voyait encore une de ces putains d'oasis fantômes. Il s'était déjà fait avoir quatre ou cinq fois par ces saloperies. C'était donc ça qu'ils voyaient les touristes, quand ils prenaient un trop gros coup de chaud ? Il aimait bien se moquer d'eux depuis qu'il était gosse, donc c'était certainement un très juste retour du karma. Un bon gros « cheh » dans la tronche. Mais bon, il fallait bien marcher dans une direction... alors autant suivre ce point de repère.

Enfin là, il était quand même sacrément près et l'oasis n'avait toujours pas disparu. Il essayait de ne pas avoir d'espoir, parce qu'il allait encore se faire avoir par l'illusion, mais c'était quand même sacrément difficile. Alors, comme un idiot, il courut. Jusqu'à la dernière seconde, il fut persuadé que l'eau deviendrait du sable au moment où il la toucherait. Hé bien non. L'eau était réelle, elle était là.

C'était quand même super étrange qu'il ait passé autant de temps dans la zone sans jamais croiser cette oasis mais bon, il réfléchirait à tout ça plus tard, quand il ne serait plus en train de crever de soif. Il plongea ses mains, ses bras et son visage dans l'eau salvatrice, se désaltérant à grandes gorgées. Et si c'était toujours une illusion, elle était quand même vachement bien faite.

Il avait même réussi à trouver des racines comestibles aux abords de l'oasis. Enfin, comestible c'était vite dit. Elles étaient mangeables une fois cuites mais crues, c'était comme bouffer une bonne poignée de sable. Et bien sûr, il n'était pas le genre de personne à se balader avec une petite casserole sur lui. Mais bon... il avait de l'eau, il avait son Shakuton, il pourrait bien réussir à faire quelque chose.

Il se plaça sur un bord plus étroit de l'oasis et composa des mudras...

Oh le pieeeeed. Ca fait maintenant de longues minutes que je me prélasse tranquillement dans l'eau de cette oasis. Enfin, c'est moi l'eau, mais quand même. C'est vraiment pour ce genre de petit moment de bonheur que je vis. Pas de prise de tête, pas d'angoisse quant à prendre la bonne décision, pas brouille entre shinobis. Nan. Rien que moi, assimilé à 100% qui prend son panard en barbotant dans l'eau. Il faudrait que je pense à sortir, j'ai encore pas mal de chose à découvrir. Oh puis après tout, c'est pas comme si tout le sable du désert allait disparaître d'un coup... Attendez. Nan nan, là pour le coup c'est vraiment impossible, faut pas abuser.

♪ -" Une bulle, bulle, vole,
Quatre bulles, bulles, s'envolent
Des milliers de bulles dansent en farandole
Une bulle, bulle, vole." ♫

J'adore cette comptine, elle correspond bien à la situation en plus. Tapis dans l'eau, je fais quelques petites bulles avec mon propre corps, c'est bizarre, ça chatouille un peu. Je pourrais rester ici toute la journée, je suis tellement bien, tellement que.. Oh bah.. Je m'endors.

Je rêve que je suis en train de me faire pouponner par une belle bande de sirènes.. Elles sont jolies les sirènes, en plus elles massent trop bien.. Je leur préparerais un petit repas pour les remercier. Un bon saumon aux.. Ah, bah nan, je suis con, pas de poisson, elles vont pas apprécier que je leur propose de bouffer leurs cousins. Bon bah, on mangera des légumes, c'est bon pour la santé les légumes. Des bons légumes vapeur. Tiens en parlant de vapeur, il commence à faire chaud un peu là. Ce doit-être le climat entre moi et les sirènes qui se réchauffent, grrrr. Caliente. Une des sirènes se rapproche de moi tout doucement, il commence à faire de plus en plus chaud. Sa main remonte le long de mon torse, jusqu'à ma joue, puis termine en brossant mes cheveux vers l'arrière. Il fait vraimeeeeeent chaud là. Peut-être même un peu trop remarque.. Oulah, je crois que je vais m'évaporer si ça continue. Oh bah pourquoi les sirènes ont disparu d'un coup? Pourtant, il fait encore super chaud là. AU FEU!

Je crois que j'ai fini par me réveiller, mais bordel de merde, c'est quoi cette chaleur, je suis censé être dans de l'eau froide, et je suis de l'eau froide. C'est pas logique. J'étouffe, je vais mourir. Mourir évaporer, pire mort possible pour moi. Hey, mais c'est qui ce gusse là? Et qu'est-ce qu'il fout avec ses mûdras?

-" Ouooooooh! Mais ça va pas la tête, tu veux m'évaporer ou quoi? Tu te rends compte de ce que tu es en train de faire? Et qui t'as permis d'ébouillanter les oasis pendant leur sommeil? T'es un grand malade mon gars, faut pas faire ce genre de chose!"

J'accompagne ma phrase en lui jetant un filet d'eau au visage, pour bien lui faire passer le message. Nan mais il y a des malades, je vous jure.

L'idée était très bancale mais finalement, ça fonctionnait quand même. Sharrkan pouvait déjà voir quelques volutes de fumée caresser la surface de l'eau. Juste encore un peu plus chaud et il pourrait y jeter les racines. Et après, une fois désaltéré et rassasié, il pourrait repart-

« WAAAAAAAAAAH ! »

Il avait fait un bond en arrière et lâché tout mudras. C'était quoi encore ce bordel ? Est-ce que l'eau venait de... parler ? Nan, impossible. C'était juste de l'eau et l'eau, ça parlait pas.

« Pff, encore une de ces conneries d'illusions... »

Sauf que la même eau qui parlait pas mais qui en fait venait de parler, venait aussi de lui cracher à la gueule. Et là, pas de doute possible : ce n'était pas une illusion. Non, il s'était bien fait engueuler par de l'eau. Prudemment, il se rapprocha du bord pour voir s'il voyait un poisson magique ou autre truc bizarre mais... rien. Juste de l'eau.

Et en fait, il ne pouvait même pas s'énerver en retour, parce qu'en réfléchissant bien, c'était quand même pas cool ce qu'il venait de faire. Faire bouillir quelqu'un, c'était pas vraiment le plus poli- MAIS STOP EN FAIT, C'EST DE L'EAU ! C'EST NORMAL DE FAIRE BOUILLIR L'EAU ! Non, non, le problème était sûrement que ce n'était pas de l'eau normale.

Mais après tout, c'était la première entité qui lui parlait depuis deux jours. Alors même s'il devait passer pour un con à discuter avec de l'eau, autant tenter la chose. Peut-être même qu'avec un peu de chance, il arriverait à obtenir le chemin pour partir d'ici... Si c'était le seul moyen de survivre, il pouvait bien faire quelques concessions. Du coup, il s'essaya à la diplomatie.

« Excusez-moi, euh... Madame l'eau ? Je savais pas que l'eau avait des ressentis et... bref. Je le referais plus. »

Quoique... la voix ne faisait pas vraiment féminine. Mais c'était de l'eau en fait, ça avait pas de sexe !

« Enfin je sais pas trop comment je dois vous appeler. Vous êtes quoi, un dieu ? Un djinn ? Une fée ? Dame Nature ? Un fantôme ? Autant faire les présentations direct, comme ça ça simplifie le reste de la conversation. »

Sharrkan ne savait pas vraiment sur quoi il était tombé mais en tout cas, il y avait quelque chose de pas très net dans cette histoire. Et si tous les mystères et épreuves de cette zone étaient en fait destinées à cacher cette oasis ? Il y avait forcément des légendes Kazejines qui devaient en parler. Mhmm, là il regrettait un peu de pas avoir plus écouté à l'école. Une oasis... Une oasis ? Un point d'eau en tout cas. Peut-être une mer. Ou un océan. Un océan... Oh, il y avait une légende qui parlait d'un océan...

Sous la réalisation, Sharrkan tomba à genoux au bord de l'eau, les yeux écarquillés.

« L'Océan Primordial... ? Le Noun... ? Impossible... C'est impossible... »

Il avait même les larmes qui lui montaient aux yeux...

Fiiiiiiiiou. Ce mec pas très sympa à enfin arrêté ses mûdras. Il fait carrément moins chaud d'un coup. C'est fou comme pouvoir. Le mec est capable de faire bouillir de l'eau sans bouilloire. C'est pas donné à tout le monde. Mais il devrait faire plus attention, il y en a qui sont de l'eau merde, il aurait pu demander la permission. En tout cas, mon petit coup de gueule à eu l'air de faire son effet, et je l'ai arrosé... J'y suis peut-être allé un peu fort remarque, ça se trouve, il est sympa. Non non non, il serait sympa, il aurait d'abord demandé la permission avant de manquer de m'ébouillanter!

Madame l'eau? Ahahahahaha. Il est drôle en fait, c'est la première fois qu'on me l'a fait, faudra que je pense à la noter dans mon carnet de blague. En plus je viens tout juste de commencer la partie "blague des habitants du désert"... Bon pour l'instant les pages sont vides, mais j'en ai au moins une maintenant. Ah le pauvre, il doit souffrir de la chaleur, il me prend pour un Dieu. Je sais que je suis charismatique et vachement sympa, mais même moi j'oserais pas me comparer à un Dieu. En plus, je crois pas que je suis un Dieu, fin ma mère me l'aurais dit, je pense. Un peu déçu, mais restons censé.

-" Non non non, appelle moi Bogi. Je suis Shishi Bogi, le shinobi-oasis. Oui, je sais mon prénom est pas commun, mais c'est ma maman qui l'a choisi, elle super fan des musiques style "boogey" du coup elle a voulu me donner un prénom en rapport. C'est original, mais au moins je suis le seul à l'avoir. C'est cool d'être unique, tu vois... Bref. Tu t'appelles comment toi, monsieur-le-pas-poli-qui-ébouillante-les-eaux-sans-demander-leur-avis?"

Avant même que j'eu le temps de finir ma phrase de présentation, qui était courte pourtant, le guguss venait de tomber à genoux, en sanglot, les larmes aux yeux. Oh non non non, je voulais pas lui faire de la peine! Bon d'accord, j'avais été un peu méchant en lui donnant un surnom ridicule à rallonge mais je voulais pas qu'il se vexe. Et puis après tout, c'est lui le méchant moi, j'ai fait que me défendre. Oh nan il va me faire culpabiliser! Et puis en plus il commence à prononcer des incantations mystiques. À genou + parole incompréhensible... Bordel, il va me faire un AVC !

-" Désolé désolé désolé! Je voulais pas te vexer! Je suis pas primordial et encore moins noun! ahah, noun, c'est marrant comme mot, noun noun. Tu vas pas mourir hein? Je t'en supplie meurt pas, je connais pas d'hôpital proche, en plus je connais pas ta famille! Comment je pourrais leur dire que leur fils est mort si je les connais pas? Je vais vivre avec ta mort et ce déshonneur sur ma conscience à errer dans le désert pour trouver ta famille afin de leur annoncer la nouvelle! Mais si je les trouve pas hein? T'as pensé un petit peu à moi? Je veux pas passer ma vie à chercher ta famille... sniiiif"

Finalement, c'était moi qui pleurais. Une oasis qui pleure, je me demande bien à quoi ça peut ressembler vu d'extérieur.

« Attends... Quoi ? »

Le shinobi-oasis ? Est-ce que l'eau venait de dire qu'elle était shinobi ? Sérieux... C'était quoi encore cette connerie ? Non parce que là, ça commençait à bien faire quand même. Fallait pas trop se foutre de sa gueule, Océan Primordial, oasis ou quoi que ce soit. De toute façon, y'avait un moyen rapide pour savoir s'il y avait vraiment un shinobi là-dedans. Sharrkan utilisa sa sensorialité pour détecter du chakra ; et effectivement, il y avait un individu tout près.

Mais il avait beau regarder la surface, il ne voyait strictement rien. Décidé à trouver la vérité, il plongea ses mains dans l'eau, cherchant une quelconque dissimulation sous la vase ou sous le sable. Mais rien. Il ne rencontrait aucune résistance physique, seulement de l'eau. Ahhh... c'était vraiment à devenir fou. Il tenta alors un Kai ; s'il était pris dans un Genjutsu, cela suffirait à l'annuler. Puis il essaya à nouveau la détection... mais le "shinobi" était toujours présent.

Ne supportant pas l'échec, le Kazejin se laissa dramatiquement tomber sur le dos, les bras en croix. S'il devait mourir dans cette zone, autant que ce soit à cet endroit précis, en parlant à une voix plus ou moins imaginaire. C'était mieux que tout seul. Mais... Ça lui donna une idée.

« Hé, Bogi. Si tu veux savoir mon prénom, il va falloir te montrer d'abord. Et ce serait vraiment dommage que tu le saches pas, parce que si tu sors pas, je vais me laisser mourir ici. Et t'as raison, comme t'es le plus près, c'est toi qui devra apporter mon cadavre à ma famille. Mais comment tu vas faire pour les trouver si tu sais pas comment je m'appelle, hm ? Donc du coup, tu seras obligé de passer ta vie entière à les chercher, en portant mon cadavre sur ton dos. Et tu sais ce que ça fait, la chaleur sur les cadavres ? Bah c'est vraiment dégueulasse. D'abord ça va puer la mort pendant des jours et des jours, puis après ma peau va sécher et mes organes vont tomber. Et tu sais où ils vont tomber ? Sur ton dos. Et alors après, bon courage pour te débarrasser des tâches. Et à la fin, je serai juste un squelette. Et tu crois que les gens vont parler à un mec qui trimballe un squelette ? Ah bah non. Donc si ça se trouve, tu vas même croiser ma famille mais ils voudront pas te parler et tu sauras pas que c'est eux. Ah non vraiment, c'est pas une vie ça... T'es encore si jeune, ce serait vraiment triste de tout gâcher comme ça. »

Woaw, on partait dans du gros gros délire là. Mais bon... Qu'est-ce qu'il avait à perdre, hein ? Au pire c'était une illusion et il passait pour un guignol tout seul, au mieux c'était vraiment une personne et ils pouvaient chercher la sortie ensemble. Dans tous les cas... ça ne coûtait rien d'essayer.

Oh, bah. On dirait bien qu'en fait, il faisait pas un AVC. Mon intervention à dû le calmer, j'ai peut-être des dons de chaman, qui sait. Oui ça doit-être ça, le fait d'être mélangé à l'eau pure et divine d'une oasis me donne des pouvoirs particuliers qui redonne santé et prospérité à quiconque entend ma voix. À moins que ce ne soit l'inverse, et qu'il prépare une lourde rechute, ou pire, que je l'ai condamné à une mort certaine. Gloups. Je préfère pas y penser. En tout cas, il a repris du poil de la bête, le voilà de nouveau debout. Tiens, d'ailleurs il recommence à faire des mûdras. Dis-moi pas qu'il veut encore m'ébouillanter ce fou?! Ah non non non, ça va pas se passer comme ç-... Oh. Je reconnais ce genre de technique. Étant moi-même adepte de la sensorialité, et un plutôt bon niveau, je dois bien l'admettre, je suis quasi sûr qu'il essaie de chercher une source de chakra, la mienne, je présume. Il est bête, je viens de lui dire que j'étais devant lui, pourquoi il me cherche.

Oh. Il vient de plonger ses mains dans l'eau, pourquoi il fait ça? Je suis l'eau, le "shinobi-oasis" qu'est-ce qu'il comprend pas? J'ai passé des heures à trouver un surnom stylé. Et mais, héhé, ça chatouille... Oulah, hihi, arrête... OH! Non mais oh, sale pervers va, pas à cet endroit voyons!

J'eu à peine le temps de réagir, voulant lui dire que ce n'était pas poli de plonger ses mains dans quelqu'un sans lui demander l'autorisation, mais voilà qu'il venait de s'écrouler en arrière, les bras en croix. Cette fois il venait de passer l'arme à gauche, c'est sûr. Et merde. J'étais vraiment maudit dans ce foutu désert, rien ne se passait jamais comme prévu. Moi, je venais juste me prélasser dans l'eau et il fallait que ce mec vienne mourir ici. C'est quand même pas de chance. Ah bah nan, il est pas mort, il parle encore. Il parle beaucoup en plus. Attendez, mais il a raison, je peux pas le laisser mourir ici, le risque est bien trop grand. Oh nan, il est rentré dans ma tête, aïe aïe aïe, normalement personne raisonne comme ça à part moi.... Aaaaah. Voilà que je venais de stopper mon assimilation, reprenant complètement forme humaine à vitesse grand V en sautant direct hors de l'eau. Je me retrouvais en l'espace de quelques secondes le visage presque collé au sien.

-"Jure-moi que tu vas pas mourir ici. Je veux pas que tes intestins coulent sur mon dos. Déjà, parce que c'est pas propre, mais en plus ça va attirer tous les charognards aux alentours. Et ensuite, ils vont dévorer tes intestins directement sur mon dos, puis ils vont se dire "ah, c'est cool il en reste" et ils vont commencer à grignoter mon dos. Ensuite, je vais avoir des blessures irréversibles, mourir de perte de sang ou autre infection du désert. Puis ils viendront finir le travail en me dévorant en entier. Et tu sais ce qui sera le pire dans cette histoire? C'est qu'il y aura plus personne pour aller le dire à nos deux mamans."

Je sais que ma maman doit s'inquiéter depuis que je suis parti, alors imaginer si je meurs. Ah, bah, je suis bête, elle en saura rien. Enfin ça se trouve elle s'inquiète pas tant que ça.. Elle me manque.

Sharrkan pensait avoir réussi à un peu cerner son interlocuteur, qui semblait avoir un penchant prononcé pour le drama. Et ça tombait bien, car Sharrkan était aussi un spécialiste dans le domaine. Une vraie diva, certains diraient même. Il n'avait pas tardé à mettre ses talents en exergue, offrant à son nouvel ami une chute et une tirade digne des plus grandes pièces dramatiques. Un brin manipulateur, hm ?

Et ça avait fonctionné. Dès la fin de son monologue, le beau ciel bleu que Sharrkan fixait avait été remplacé par le visage d'un mec totalement paniqué. Il était d'ailleurs un peu trop près pour que ce soit confortable et en plus, toute l'eau qu'il avait sur lui dégoulinait sur le Kazejin. On aurait presque pu croire que c'était une scène tout droit sortie d'un yaoi. Sharrkan repoussa vite le shinobi-oasis avec une main sur son front.

« Hey, hey, du calme. Alors t'es vraiment humain, hmm... »

Il ne pouvait pas lui faire de promesse vu qu'il n'était absolument pas sûr de survivre dans cet endroit. Ce type n'était qu'une voix quelques secondes auparavant et d'un coup, il existait réellement. Et il n'était pas caché ailleurs ; il sortait vraiment de l'eau. Pourtant Sharrkan avait bien cherché dans l'eau aussi...

« T'es un assimilatruc, c'est ça ? Un assimilatruc d'eau. C'est pour ça que je t'ai pas vu ni senti dans l'oasis. Parce qu'en fait... t'étais de l'eau. Donc t'es vraiment un shinobi-oasis, hmm hmm. »

Finalement, rien de bien magique là-dedans. Mais il fallait dire qu'une flaque d'eau dans le désert, c'était pas très courant non plus. Il savait pas trop comment ça fonctionnait mais s'il avait besoin d'eau pour survivre il était plutôt dans la merde ici, il risquait pas de faire long-

« Attends, t'étais dans l'eau quand j'en ai bu ? T'étais l'eau ? Ça veut dire que j'ai bu ton... tes... fluides... ? MAIS C'EST DÉGUEULASSE ! »

Alors ça, c'était vraiment inédit comme situation. Sharrkan se redressa sur les coudes pour se relever et s'éloigner de l'étrange énergumène quand il remarqua un autre problème. Ah là c'était sûr, le mec était bien un être humain. Et pas du tout une "Madame l'eau".

« Bogi. Pourquoi t'es à poil ? »

Il s'efforçait de regarder l'homme dans les yeux pour ne pas rendre la situation plus gênante qu'elle ne l'était déjà.

« En connaissant la situation, je comprends que mes actes aient pu être... mal interprétés. Et en plus, on risque fortement de crever ici. Mais tu crois pas qu'on pourrait discuter d'abord ? J'suis pas un homme facile hein ! »

N'empêche que toute cette situation lui avait ouvert les yeux sur les oasis. Si ça se trouve, il avait déjà tripoté un nombre incalculable d'assimilateurs au cours de sa vie sans s'en rendre compte. Et là, c'était juste la première fois qu'il tombait sur un bavard. C'était vraiment inquiétant. Est-ce que toutes les oasis étaient en réalité des assimilateurs d'eau pervers attendant d'être tripotés par une victime inconsciente ?

-" Évidemment que je suis humain, je te le dis depuis tout à l'heure, tu crois vraiment qu'une oasis pourrait être shinobi? Et puis t'as déjà vu une marre d'eau qui parle toi? Parce que moi jamais hein, ça existe que dans les illusions ça. Euh. Enfin, techniquement, quand je suis une flaque, si, tu peux voir de l'eau qui parle, mais là, c'est pas le cas.... ENFIN BREF! Tu m'as compris."

Franchement, qu'est-ce qu'ils ont tous dans ce désert à jamais comprendre quand je parle. Oh. Ça doit être mon accent. Je dois avoir un accent Kirijin ou un truc du style. C'est vrai que j'avais jamais vraiment exploré d'autre lieux que les abords du village, du coup bah, on parle tous pareil là-bas. Je me souviens d'un mec, un genin de Kiri, il avait une drôle de façon de parler, il répétait plusieurs fois certaines lettres genre "Bbbb-bonjour, jjjjj-je ssss-suis bbbbbbb-bègue." C'était donc ça. Il devait venir d'un village qui parlait le bègue. Je comprends mieux maintenant. Bref. Revenons à nos moutons du désert.

-" Un assimila-quoi? Connais pas. C'est qui? Des gens bien, j'imagine si tu penses que je fais parti de leur équipe. Mais non non rien à voir, je suis juste capable de devenir de l'eau. Bah bien sûr que je suis un shinobi-oasis, je me tue à te le dire depuis tout à l'heure. Vraiment, vous les gens du désert, vous êtes étranges."

C'était bizarre comme situation. Enfin, je pensais que le mec était en train de mourir de sécheresse, mais finalement, on se retrouvait là, lui assis et moi accroupi face à lui, à discuter comme de vieux copains. Alors qu'on rappel qu'il a essayé de m'ébouillanter ce fou. Mais bon, il a l'air cool, il a l'air de réfléchir un peu comme moi, j'ai pas l'habitude, ça me fait bizarre. Q-quoi? MOI? DÉGUEULASSE? Mais je retire tout ce que j'ai dit! Quel salaud, quelle enflure, quel toupet! Le mec me sirote et il dit que je suis dégueulasse? Je vais me le faire!

-" Hey oh! Je te rappel que t'as essayé de m'ébouillanter et en plus t'avais l'air de bien kiffer me boire, hypocrite va! C'est vraiment pas très gentil de dire ça tu sais, certaines personnes sont sensibles.. snif. Ah, et puis, t'as pas bu mes fluides rassure-toi. Tu as bu un morceau de ma fesse, si si, regardes."

Je me tournais légèrement pour lui montrer ma fesse droite, à laquelle il manquait un léger bout, forcément, puisqu'elle était dans son ventre. Il venait de reculer un peu de moi, peut-être choqué de se découvrir une passion pour la cannibalisme. Ah bah non, je sais, je suis bête. Ah quel con ça m'arrive tout le temps. J'avais oublié que j'étais tout nu. Mais c'est qu'à force de s'assimiler, de se rassembler etc, bah on oublie ce genre de petit détail. Il me fixe droit dans les yeux, mon petit axolotl héhé, à l'air de le déranger.

Je tourne alors le dos à cet énergumène du désert, marchant tout droit vers l'oasis. Je me retournais d'un coup vif, histoire de voir s'il me regardait pas le derrière, avant de reprendre mon chemin vers la source d'eau. Me mettant à quatre pattes pour plonger ma main dans l'eau, il pouvait admirer la fameuse "face cachée de la lune". Hmmmhmmm. Je m'égare.

-" Ah! Le voilà!"

De l'eau, je ressortais ce qui allais rendre cette discussion plus formelle. Un petit slip bleu, avec des dauphins roses dessus. Un véritable porte-bonheur. C'est ma maman qui me l'avait offert quand j'étais petit, et depuis j'ai du mal à m'en passer. Bon, du coup, il est un peu petit. Mais au moins, ça cache l'essentiel, ou presque.

-" Bon dis-moi alors. C'est quoi ton prénom? Qu'est-ce que tu fais ici? Pourquoi tu m'as ébouillanté? Pourquoi t'as l'air perdu? T'habites où? T'as des parents? T'as des enfants? T'as l'air jeune, t'es un adolescent? T'as déjà mangé du sable?"

Oui bon ok, j'avais peut-être un problème avec les questions, j'avais tendance à en poser un peu trop. Mais bon, après tout, il me devait tout un tas de réponses.

Le mec avait quand même un certain culot, il osait dire que les gens du désert étaient bizarres alors que lui, il se transformait en eau et se baladait à poil ? C'était la cerise sur le gâteau. Ou la cerise sur le gars-d'eau, hahaha. Pas mal celle-là. Enfin bon vu sa tenue, il fallait mieux pas voir où il la rangeait, la cerise.

« Parce que crois que je l'aurais fait si j'avais su que y'avait quelqu'un dans l'eau ? Que quelqu'un était l'eau ? Je savais même pas que c'était possible ! Et pour le bout de ta fesse... T'inquiète pas, je vais te le rendre. »

Sharrkan n'était pas sûr que ça changerait quelque chose pour Bogi, mais il pouvait définitivement pas rester avec un truc comme ça dans le ventre. Est-ce que c'était toujours de l'eau ou est-ce que ce bout-là s'était aussi reformé ? Rien que de l'imaginer, ça lui donnait des haut-le-cœur. Mais malgré ces pensées dégueulasses et les deux doigts enfoncés au fond de la gorge, il n'arrivait pas à vomir. Après tout, il n'avait pas eu le temps de faire cuire ces racines et à part les quelques gorgées d'eau, il n'avait rien dans l'estomac...

Le Kazejin vit Bogi revenir avec un petit slip bleu avec des dauphins roses. Très petit slip, mais c'était toujours mieux que rien. Par contre, il ne savait pas du tout d'où il l'avait sorti, et il ne voulait pas le savoir. Sharrkan avait cru voir Bogi à quatre pattes pendant qu'il essayait de se faire vomir... il n'avait pas besoin d'en voir plus.

« Désolé, je crois que je vais pas réussir à te rendre ton morceau. Tu peux pas remettre n'importe quelle eau à la place ? Si non, t'inquiète pas, je payerais pour ta greffe. Même que c'est plus ta faute que la mienne, mais bon... »

S'ils reparlaient encore de ça, ils n'arriveraient jamais à avancer. Les torts étaient partagés, chacun devait reconnaître ses erreurs et pardonner l'autre pour pouvoir aller de l'avant. Oui, c'était mieux comme ça. Ils devaient s'allier s'ils voulaient sortir de cette zone maudite.

« T'as raison, on a commencé sur de mauvaises bases. Tu sais ce qu'on va faire ? Je vais faire le tour de l'oasis et quand je reviens ici, on se présente et on fait comme si rien ne s'était passé. Et on repart sur des bases saines ! Par contre, euh... Reste hors de l'eau. Sinon on va recommencer exactement la même histoire et ça va pas aller. Je joue pas méta moi ! »

Sharrkan s'élança à l'assaut du point d'eau. C'était un oasis de taille moyenne, du coup il lui fallut quand même quelques minutes sans chakra pour revenir à son point de départ, ce qui normalement devait laisser aux deux hommes le temps d'effacer leur précédente rencontre de leur esprit. Arrivé à nouveau devant Bogi, le Kazejin s'arma d'un grand sourire et déclara :

« Salut ! Bien ou quoi ? T'habites dans le coin ou quoi ? T'as pas l'air en tout cas. Moi c'est Sharrkan, et toi ? »

Mais Sharrkan avait beau essayer d'oublier, l'image de Bogi avec un bout de fesse en moins resterait gravée dans sa mémoire pendant un long moment...

Alors lui, il est vraiment ravagé. On discutait entre adultes éclairé et mature, il devait répondre à mes questions parce qu'il me l'avait promis et voilà qu'il se retrouve avec deux doigts enfoncer dans la gorge.. Chelou. Oh, mais si ça se trouve, c'est une coutume locale du désert! Une sorte de salut entre nouveaux amis, une marque d'affection ou que sais-je! Il faut dire que j'avais rencontré si peu de monde que je connaissais pas encore les coutumes du pays. Merde. Il faut pas que je passe pour un ingrat, je vais faire comme lui. Ni une ni deux, j'enfonçais mon poing entièrement dans ma bouche, grattant le fond de ma gorge. Je me donnais à 100% pour paraître le plus intégré possible. Oh merde. Bah, je viens de vomir sur le sable. Je maîtrise pas encore le salut du désert, berk, ça sent l'eau polluée.

Je ravalais petit à petit le filet de salive-vomi qui pendouillait de ma bouche. Slurp. Il faudra que je m'entraîne au cas où je rencontrerais d'autres indigènes et locaux. Au final, il avait raison sur un point, quelques gouttes d'eau de ma calebasse suffirait à remplacer la partie de ma fesse qui manquait. Mais bon, c'était un peu drôle de lui faire voir qu'il m'avait bouffé le c.. Euh. Bref.

-" Bon ok, je t'attends ici, je vais faire comme si de rien était. Mais tu reviens hein, tu me laisse pas ici. Parce que je me connais, si tu pars, j'arriverais jamais à me persuader de partir et je vais rester bloquer là pour le restant de mes jours. Donc fais pas le con, s'il te plaît."

Son idée était plutôt bonne, faire table rase du passé et repartir sur une amitié solide et une rencontre inoubliable. Pas le temps de plus bavasser que l'inconnu avais déjà entamer son tour de l'oasis. De mon côté, je croisais les bras, sifflotant une comptine comme si j'avais pas remarqué sa présence. Il est marrant ce jeu, faudra que je le refasse avec mes petits Axolotls. Bon, c'est long, j'ai fini par me perdre dans mes pensées. Je pensais au jour où je retournerais à Kiri, je me demandais si ma maman m'aurait préparé un bon petit repas, avec du steak haché, j'adore le steak haché, ou alors si j'allais directement me faire emprisonner et couper la tête par le Mizukage. J'espère qu'ils me laisseront un dernier repas histoire de partir avec le ventre plein.

Tiens, un homme viens de s'approcher de moi, me sortant de mes pensées, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.

-" Salut! Moi c'est Bogi, le shinobi-oasis. Que fais-tu ici? Tu t'es perdu? Je pensais être seul. Pourtant c'est bizarre j'ai l'impression de t'avoir déjà vu quelque part. On se serait pas déjà rencontré? T'es Kirijin peut-être? Ou alors t'es un copain des Axolotls, des fois, ils invitent des gens pour des soirées entre adultes, mais la plupart du temps on porte un masque et pas beaucoup d'habits, donc j'ai du mal à te remettre. Hmmmm. Comment tu t'appelles?"

J'ai l'impression d'avoir oublié un truc important, mais je sais plus quoi. En plus je suis en slip, pas super comme première rencontre.

Woaw alors ce mec, soit il jouait vraiment bien la comédie, soit il était complètement perché et il avait vraiment oublié ce qui s'était passé cinq minutes auparavant. Et si c'était vraiment le cas, est-ce qu'il fallait lui rappeler ce malencontreux accident ? Non, certainement pas. Il avait la chance d'avoir oublié ce traumatisme, ce qui n'était pas le cas de Sharrkan. Mais au final... est-ce que c'était vraiment mieux ? Si le choc avait été trop grand et qu'il avait enfoui ce souvenir dans son inconscient, c'était pas hyper dangereux ? Est-ce qu'il risquait pas de devenir dépressif une fois adulte ? Ou un serial killer ? Un serial killer dépressif ? Bah, au moins, Sharrkan ne devrait pas payer la facture de la greffe.

« Ah non on s'est jamais vu ! J'suis jamais allé à Kiri et je sais pas ce que c'est des Axotrucs mais ça a l'air sympa. C'est un club ? Une secte ? Non parce qu'on a déjà essayé de me recruter dans une secte, maintenant ça marche plus ces trucs sur moi alors pas la peine d'essayer. »

Enfin bon... Des fois il y avait des choix et des sacrifices à faire dans la vie, quand même. Mais c'était pas trop la question pour l'instant, vu qu'ils étaient même pas sûrs de pouvoir sortir un jour de cet endroit. D'ailleurs, est-ce qu'il devait vraiment dire la vérité à Bogi ? Il avait l'air de paniquer assez rapidement. Mais bon, il valait mieux une amère vérité que deux tu l'auras, alors autant ne pas le bercer d'illusions.

« Oui, je suis perdu. Il paraît que cet endroit est maudit, qu'une fois entré on en ressort plus jamais, je suis venu voir si c'était vrai. Bah tu sais quoi ? On dirait que c'est vrai. Et toi, ça fait longtemps que t'es coincé ici ? T'es arrivé comment ? »

Ah vraiment... C'était quand même sacrément con. Comme les gens qui lisent les panneaux "peinture fraîche" et qui touchent quand même pour être bien sûr que c'est pas sec. Sauf que là c'était "endroit maudit dont personne ne ressort jamais" et que Sharrkan s'était précipité pour savoir si effectivement, c'était maudit. Et ça l'était ! Hahahaha, c'était marrant non ?

« Donc depuis cette perspective je crois qu'on a deux choix : soit on combat les vieilles légendes et on cherche la sortie, quitte à peut-être ne jamais retrouver le chemin et mourir desséchés, ou alors on accepte le fait qu'on partira jamais d'ici, et on essaye de rendre nos vies un peu moins pourries. On pourrait euh... construire une cabane ? Faire des plantations ? Élever des chèvres ? Ah, il faudrait déjà avoir des chèvres. Enfin, tu vois, ce genre de trucs... »

C'était pas le meilleur endroit du monde pour vivre le restant de sa vie, mais c'était pas non plus le plus pourri. Ils avaient une oasis, c'était déjà un bon début. Enfin ils faudrait qu'ils définissent des tours d'utilisation d'oasis, parce que s'ils devaient refaire les mêmes erreurs que tout à l'heure...

« Ah au fait, moi c'est Sharrkan. »

Bizarre, j'étais persuadé d'avoir déjà vu sa petite tête quelque part. Je me grattais le menton, perplexe, j'avais pas l'habitude de me tromper quand je disais que j'avais déjà rencontré quelqu'un, j'avais plutôt bonne mémoire vous savez! Bref. Là, tout de suite, ça me revenait pas, mais j'allais bien finir par trouver! Oh le con. J'ai oublié que je suis en slip là, avec le foin qui déborde de la charrette! Vite; ni une ni deux je plongeais ma main dans l'oasis, récupérant un pantalon large et d'un tissu assez léger pour ne pas mourir de chaud en plein désert.

-" Désolé, je sais plus vraiment ce que je faisais en slip ici ahah. Je te ferais rencontrer mes Axolotls un jour! C'est des petites bestioles, on dirait des têtards, mais en plus moche, et rose en plus. Il y a Acapulco, c'est mon pref lui, on est devenu super ami après que je l'aide à combattre un méchant manipulateur de sauce piquante, El Luchador. Qui, finalement, s'avère être un gentil, il est drôle, il en fait toujours des caisses, mais il adore le show et se mettre en scène, il est drôle avec son accent éclaté. Et bon, il y a en a d'autres, il y a le chef aussi... Bon, lui, je te le présenterais pas, il fait peur, et sa tête est... Particulière. Il faudra que tu viennes avec moi dans leur monde aquatique pour... Ah bah attends, tu peux respirer sous l'eau? Hmmm. Si non ça risque d'être embêtant."

Les paroles, les paroles, les paroles, ouais j'avais encore oublié de me taire. Mais bon, c'était toujours sympa de parler avec des inconnus de nos centres d'intérêts. Et pis, il avait une bonne tête, pas une ganache de délinquant, pas une bouille de bandit, pas un faciès de tueur en série, pas une tronche de prisonnier en cavale, pas une mine de crayon.... Ouais bof celle-là désolé. Breeeef. Par contre il vient de parler d'un endroit maudit, enfin comme quoi on serait pris au piège ici. D'un côté ça expliquerais le fait que je me souvienne de rien avant son arrivée, mais d'un autre, j'ai quand même le souvenir d'avoir semer des carcasses de noix sur mon chemin. Génie? Non loin de là, j'avais juste entassé tout un tas de carcasse dans mes poches, et je voulais m'en débarrasser. Et je vous vois déjà venir bande de filou, c'est biodégradable les carcasses de noix, alors laissez moi tranquille.

Bon et bien on allait pouvoir discuter sur le trajet retour alors, il avait l'air désespéré. Attends quoi? Construire une cabane? Faire des plantations? Élever des chèvres? Oh le rêve de toute une vie! Il est là, le futur tant espéré, la vie de rêve avec un super pote loin de toutes les malversations du monde! Ohlalalala, j'allais en pleurer de joie, merci dieu, merci seigneur d'avoir entendu mes prières et de m'avoir envoyé votre serviteur! Bon. Ok, c'était pas très sympa pour Sharrkan tiens ça me dit quelque chose ça. qui voulais sortir d'ici, mais bon, il s'y ferait vite.

-" Ah la la la la. Je crois bien qu'on est bloqué là pour encore très très longtemps, je ne connais pas du tout du tout de sortie, mince alors."

Terrible jeu d'acteur, j'en suis conscient, c'est peut-être également pour ça que j'avais été viré de ma troupe de théâtre finalement.

-" Bon on commence quand la cabane? hihi"

Un sourire qui partait de ma bouche et qui touchait presque mes tempes, habillé de toutes mes dents. Ah non, il manque une molaire à gauche, un écureuil me l'as choper quand j'ai traversé le pays de Hi no Kuni. Bon, j'avais trop hâte de commencer, Sharrkan, il allait devenir mon meilleur pote, c'est sûr. Attendez. Sharrkan, Sharrkan, Shaaaaaaaarrkan... Je suis sûr que ça me dit un truc.

Des têtards moches et roses ? Ok, il y avait du potentiel. Acapulco, sauce piquante, El Luchador... Wow, là, ça faisait quand même beaucoup. Bogi était complètement allumé comme mec. Enfin, il fallait quand même lui laisser le bénéfice du doute. Après tout, Sharrkan n'avait jamais vu de shinobi-oasis avant, alors pourquoi pas des têtards roses, hein ? Ce serait certainement pas le truc le plus bizarre de la journée.

« Ouais, non, je peux pas respirer sous l'eau. A la limite je peux retenir ma respiration un moment mais bon, je pense pas avoir le temps de rencontrer tous... euh... tes copains. Vraiment dommage ! »

Parce qu'au fond, le Kazejin n'était pas sûr à 100% que ce ne soit pas une secte alors comme ça, ils ne prenaient pas de risques inconsidérés. Bon et puis c'était bien sympa de faire connaissance et tout, mais s'ils restaient bloqués ici pour le restant de leur vie, c'était mieux de ne pas épuiser tous les sujets de conversation dans les trois premiers jours. Dans cette situation, ils étaient obligés de voir sur le long terme pour avoir une chance de survivre.

Mais bizarrement, Bogi n'était pas du tout effrayé en entendant les révélations. Sharrkan s'attendait à voir une scène dramatique incroyable, des pleurs, des évanouissements, peut-être même une crise cardiaque, et en fait pas du tout. Il avait même l'air... content ? Woaw, alors là c'était super suspicieux. Est-ce qu'il travaillait en fait avec la secte ? C'était ça leur plan, coincer des gens dans cet endroit paumé pour les obliger à les rejoindre ?

Non mais c'était pas possible, Bogi n'avait pas l'air d'être comme ça. Malgré le fait qu'il traîne à poil dans une oasis, il avait l'air très... innocent. Alors soit il avait un incroyable jeu d'acteur, soit... la secte l'obligeait à travailler pour eux. Et alors franchement, c'était impossible de fermer les yeux. Sharrkan ne rejoindrait pas ce culte occulte et en plus, il arracherait le shinobi-oasis de leurs griffes. Oui, c'était sa nouvelle mission.

« Tu sais Bogi, tu n'es pas obligé de vivre de cette façon. Tu peux tout recommencer ailleurs, te défaire de ton passé. Et je t'aiderai ! D'ailleurs, tu peux venir vivre avec moi si tu veux. J'ai une maison pas loin de Taiyô, mais j'y suis jamais parce qu'elle est trop vide pour moi tout seul. On pourrait vivre en coloc, comme des super potes ! Mais pour ça, il faut d'abord qu'on sorte d'ici. T'en dis quoi... ? »

Les dés étaient posés, les cartes étaient lancées. Il fallait que Bogi se laisse convaincre, il n'y avait pas le choix. Se retrouver changé en têtard rose ok, mais en têtard rose MOCHE ? Pas moyen.

« Et s'ils viennent à ta poursuite, on les combattra ensemble ! Ok ?! »