Coucher parmi les fleurs, à quelques mètres de l’Arche grise, Riku somnolait en observant le ciel bleu. Ici, le danger ne chatouillait pas ses sens. Ici, personne la pointait du doigt. Ici, c’était le paradis. Même si quelques jours après son arrivée, une énorme guerre a éclaté, ça ne l’inquiétait pas. Elle n’y comprenait rien au sujet de Teikoku ou de Hi, personne semblait vouloir lui expliquer. Donc, la brune avançait dans ce village sans posséder un contexte nécessaire. Les kumojins et les soldats de l’empire semblaient se mélanger à merveille pourtant. Peut-être tentait-elle de se voiler un peu le visage avec la nature de cette bataille, mais tout ce qui lui importait pour l’instant, c’était sa propre personne. Loin du désert, son coeur pouvait enfin se reposer en paix.
Remarquant le manque de chaleur, Riku s’assit et figea aussitôt. Son corps se sentait emprisonné sous un regard peu chaleureux. Doucement, la jeune femme se retourna pour ensuite lever la tête vers un homme si grand, si imposant. Le souffle coupé, le calcul fut rapidement : devant ses prunelles, se trouvait le shinobi Nobusada. Elle le connaissait du battle royal et, que dire de sa performance. Inutile de dire qu’elle ne cherchait pas à sympathiser avec un tel personnage. Son physique comme son mental l’effrayait, la faisant frissonner de la tête aux pieds. Star Killer ne perdit pas une seconde pour s’imposer devant l’homme, s’adaptant à sa taille de colosse. Riku ne fit rien pour arrêter la menace de son poison, préférant le laisser agir à son aise.
« Je ne vous ai pas invité à me rejoindre. »
Étonnée par ses propres mots, Riku se dressa sur ses deux pieds, ne clignant pas des yeux face à l’homme. Même dans cette position, elle semblait minuscule. Star Killer tourna autour du duo, prêt à se lancer sur sa cible.
S'il s'était sédentarisé après avoir prêté fidélité à Kumo avant d'être enfermé, Nobusada n'en avait pas pour autant oublié ses habitudes de nomades. Depuis qu'il avait été libéré par un Mû prodigue escorté par un Ban Zai imprévisible, il n'avait eu de cesse de battre le pavé pour retrouver une foulée de nomade qu'il était parvenu à aguerrir au terme de longs voyages sur les sentiers sinistres des plaines du Kaminari. Des plaines sur lesquelles, en tant que mercenaire, il avait dû sculpter un physique assez impressionnant pour gagner son beurre grâce au sang déversé, un physique puissant au sommet duquel trônait un faciès étrange, trop pâle pour paraître normal, trop sérieux pour paraître débonnaire.
Il était aussi sinistre et insondable que sa religion, lui qui avait de confession juré fidélité au Kôgen, une lumière qui s'imposait à peu d'homme, un culte moins diffus que celui de la déesse de l'eau, et qui méritait sans doute qu'on y prête un peu plus d'attention, ce à quoi il tentait de contribuer avec ferveur. Alors qu'il errait sans autre conviction que celle de savourer une liberté toute relative, il entendît cette voix si chaude et si ronde qu'il décelait jadis, mais qui lui avait fait défaut à cause de l'ultrason récent causé par la Résonance. Cette réminiscence lui procura une immense jouissance. Ce son sacré, cette voix si claire, elle revenait dans l'oreille du plus grand de ses fidèle pour éclairer une route devenue trop sombre. Un sourire éclaira son visage, chose plutôt rare.
« Trên bãi cỏ yên tĩnh chờ em một người quan trọng ». Autrement dit, sur l'herbe tranquille t'attend quelqu'un. Il se fia à cette promesse et se promena dans la verdure, en quête de cette personne.
Quelques instants plus tard, le destin se déclina de façon un peu plus détaillée. Cette personne évoquée avait déjà fait un passage dans sa vie, lors du battle royale. S’il n’avait pas eu l’opportunité d’en apprendre davantage sur elle, il avait découvert qu’elle maniait une sorte de créature vaporeuse, sûrement toxique ou du moins suscitant assez de danger pour qu’on veuille s’en méfier. Lui qui avait déversé la foudre dans l’arène, il s’était distingué de la même façon. Pourquoi donc le Kôgen avait-il jeté son dévolu sur cette kunoichi ?
L’irruption de Nobusada mît la guerrière sur la défensive. Quelque chose dans son regard criait méfiance vis-à-vis de lui, comme s’il était animé d’intentions criminelles. En soi, cette étrange créature n’avait pas tort, puisque l’élu de la lumière était à sa façon un fanatique dangereux : mais depuis qu’il avait retrouvé sa liberté, il faisait l’effort de se montrer plus pieux. Observant l’émanation brumeuse du spectre de la kunoichi maîtrise du Dokuton, il observa qu’elle se comportait comme un fantôme errant, menaçant les hommes de sa présence.
Les mains invisiblement jointes sous ses longues manches pendantes qui se rejoignaient en prière devant lui, il ressemblait à un moine. Il s’inclina vers l’avant pour montrer ses respects et faire preuve de vertu.
« Madame, enchanté. Je me présente : Nobusuda, soldat de l’Empire et prêcheur du Kôgen. Je viens à votre rencontre pour vous éclairer de la lumière céleste. Voulez-vous entendre quelques prières ? »
Déclara-t-il doucement, avec assez délicatesse pour ne pas effrayer davantage la farouche guerrière.
Craintive, Riku analysa tous les mouvements et la posture de son interlocuteur. Ses mains cachées, ne rassuraient pas l’adulte. Peut-être attendait-il le bon moment pour l’enfermer dans une prison mortelle, ou peut-être cherchait-il à dérober des informations pour l’apprivoiser ? Beaucoup trop de portes à ouvrir avant de découvrir les véritables intentions de l’homme. Star Killer ne relâchait toujours pas sa quête à la protection, se rapprochant peu à peu de Nobu, sans ne jamais le toucher. La kunoichi fut très étonnée de voir l’homme s’incliner et de lui proposer des prières. Chez les Asaara, les croyances régnaient en la force du clan et à l’esprit du désert, rien de plus, rien de moins. Pas de grandes divinités, ni un dieu à chérir. Peut-être qu’ici, la religion prenait une place importante ?
« Arrêtes. »
Ses prunelles en direction de Nobu ne visaient pourtant pas l’homme en blanc, mais plutôt le fantôme violet qui se promenait et qui s’apprêtait à toucher la tête de l’ange. La kazejin le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaît dans son dos. Il lança un dernier regard menaçant vers l’homme. Pour se rattraper de sa non-réponse, Riku s’inclina pour ensuite se relever, perdant peu à peu sa méfiance. Nobusada ne possédait-il donc pas de nom? Devait-elle lui révéler son propre nom ? Une force comme lui devait probablement connaître la grande famille Asaara. Ce n’était pas rassurant comme scénario.
« Asaara Riku. »
Mais elle ne pouvait pas se cacher de la vérité.
« Je ne connais aucune prière, ni la lumière céleste. Mais si ça peut vous faire plaisir… je vous invite à vous asseoir. »
La brune retourna s’asseoir dans les fleurs, faisant attention pour un choisir un coin peu peuplé, ne voulant pas tuer la nature. Elle remonta ses genoux jusqu’à son torse et y déposa sa tête. Son regard aux multiples couleurs vibrantes observa Nobu.
« Pourquoi êtes-vous venu me voir ? Il y a énormément d’habitants plus apte pour un tel sujet. Lors du Battle Royal, ai-je projeté mon intérêt pour une lumière? »
La créature impalpable de Riku sembla se calmer, sage décision qui sans doute avait permis d'éviter un dangereux affrontement entre les deux protagonistes, au cours duquel chacun risquait d'y perdre quelques plumes. Rassuré de voir que la kunoichi pouvait garder le contrôle de son ange-gardien vaporeux était bonne chose aux yeux du pieux prêcheur, car la colère de cette chimère venimeuse semblait en dehors de toute échelle, si bien que la simple idée de croire qu'il pourrait la contenir ne l'avait même pas effleuré. Toujours sagement figé dans sa position de modeste ascète religieux, être spirituel rempli de grâce et absolument dévoué à sa foi, l'être cabalistique à la chevelure d'albâtre resta un moment à attendre que Riku lui fasse part de sa curiosité.
La farouche kunoichi finît par rétracter ses griffes et se présenta plus calmement, enchaînant son animal mystique sous le verrou de sa gouverne, matriarche convaincue, maîtresse incontestée de la chimère. Son regard médusé fixa celui, presque clos, de son visiteur : pourquoi diable venait-il lui professer sa bonne parole, ce fanatique religieux ? Sans doute le lorialet ignorait-il tout de cette réceptionnaire de ses prières. Elle confessa le doute qu'elle avait sur sa sincérité proclamée. Ce Nobusada de malheur... quelque chose d'étrange émanait de lui, quelque de mystique et d'infiniment sinistre.
Mais l'émissaire de la lumière absolue encaissa cette incertitude avec un léger sourire. Ses lèvres se plièrent en souriant et s'étalèrent très modestement, sourire bienheureux d'allure débonnaire, humble et raffiné. L'homme semblait se contenter de désirs médiocres. Mais en réalité, son rêve était immensément grand.
« Voyez-vous, noble Asaara, je ne suis qu'un modeste porte-parole. Mes ordres viennent d'un être intangible et omnipotent. Peut-être cela vous semblera-t-il farfelu, mais je ne suis pas face à vous par hasard. C'est de lui que j'ai reçu la consigne de venir à votre rencontre. »
Déclara-t-il en s'asseyant, épousant la volonté de son interlocutrice et se mettant en tailleur, toujours avec les mains jointes sous d'amples manches qui tombaient à l'extrémité de sa toge blanche. Baignant dans la lumière, le shinobi électrique décida de poursuivre la conversation pour donner plus de clarté à son message spirituel.
« Jadis, j'étais un mercenaire. J'errais sans autre conviction que celle de répandre le sang contre un peu d'argent. Il a fallu que je commence à entendre certaines choses pour me rendre à l'évidence qu'un destin avait déjà été écrit pour moi. »
Il détacha ses mains et présenta ses paumes, desquelles germèrent quelques petits éclairs inoffensifs, symboles de la puissance qu'il avait révélé lors du Battle Royale dont semble-t-il l'Asaara avait gardé souvenir.
« Le raiton est une arme redoutable, et s'il est vrai que j'en ai fait l'une de mes signatures, il ne s'agît vraisemblablement que d'un art secondaire pour ma part. Comme vous, je maîtrise d'autres techniques plus subtiles. Les premières se sont présentées à moi tout naturellement, sans que je n'eusse à m'exercer aux armes shinobis. Il s'agît du Onkyôton. Peut-être tout cela n'est-il que chimère, mais je puis vous affirmer que j'entends ce que seul un être constitué comme je le suis peut entendre. Néanmoins, comme je l'ai évoqué, je ne suis qu'un porte-parole. Semble-t-il que le Kôgen, puisque c'est cette entité que je sers, veuille rassembler plusieurs shinobis sous sa coupe. A priori, vous faîtes partie des élus... »
Son interlocuteur possédait une parole unique et glorieuse. Tous les mots déverser de sa langue réussissait à captiver la manieuse de poisons. La méfiance continuait de régner sur ses sens, plus discrète, mais belle et bien présente. Les propos de Nobu se partageaient entre l’originalité et le n’importe quoi. Riku se demanda même si Star Killer l’avait effleuré pour l’affecté d’un poison hallucinogène. Toute son histoire concernant le raiton, le dieu et sa quête, c’était beaucoup trop profond pour sa personne. Pourtant, elle ne voyait pas le mensonge de l’homme. Ses prunelles ne portaient pas à la confusion, ni ses mains. C’était difficile de former une réelle opinion sur le messager de Kôgen.
« Je ne crois pas à l’écriture du destin. Une forme de tarots, peut-être, mais notre vie nous appartient. Nous la modifions tous les jours, toutes les minutes. Je ne vous jugerai pas sur vos croyances, mais je ne suis pas en accord. Toute ma vie, je m’imaginais mourir dans le désert de Kaze, mais par mes choix, j’ai quitté. Voilà, changement de destiné. Demain je pourrai mourir et ce ne sera pas une question de lecture divine, ce sera simplement la décision d’un être ou de moi-même. » elle marqua une pause, réfléchissant à bien choisir ses mots pour ne pas recevoir un coup à la tête. « Nobusada-sama, vous êtes un grand homme de ce que j’ai pu voir, et si le dieu vous parle, j’en suis ravie. Je respecterai votre quête et votre passé. »
Détournant le regard, la kunoichi promena ses doigts dans les fleurs. Peut-être que le shinobi a vécu un lourd passé, le guidant jusqu’à croire qu’un dieu dans le ciel ou la terre lui parle. Était-il fou au point d’en discuter et d’amener une autre personne? Un personnage effrayant, beaucoup trop fort pour être ignoré. Si elle refusait de l’écouter, la mort viendrait chez elle bientôt, non?
Le pâle émissaire de la lumière chimérique écouta sans trop s’agiter cette réfutation d’une omnipotence qui semblait pourtant certaine à ses yeux : l’existence d’une entité qui, du fait de sa transcendance, apparaissait bien difficile à déchiffrer, mais tombait tout de même sous l’étendard de la logique. Drapeau flottant sur l’immatériel monde des pensées, le Kôgen était là, étendard de réconciliation de l’espèce humaine, guidant les justes vers de plus grandes vérités. Comment prouver à cette élue qui, sans le vouloir, avait attiré l’orbite lumineuse sur sa silhouette, que cette religion ne relevait pas qu’un idéal onirique ? Le prêcheur devait consentir à employer de plus grands moyens. Toujours en tailleurs face à la promise du Soleil et de la Lune, les mains jointes sous ses longues manches, il effectua des mundras.
« Chère Rikku, je conçois votre réticence à accepter ce que vous ne pouvez voir. Mais si vous croyez que votre vie vous appartient, je dois vous assurer que cela n’est pas si juste. Si tel était le cas, pourquoi n’avez-vous pas choisi la place de vos poumons, de votre cœur, et de tous vos organes ? Pourquoi ne pas envisager d’avoir plus de bras, plus de jambes ? Votre genèse est déterminée, noble Asaara, aussi libre votre esprit soit-il. »
Derechef, il recula ses bras pour faire apparaître deux kunais. Si, spontanément, cela pouvait faire réagir la guerrière et sa chimère de poison, cette menace n’en était pas une. Nobusada, armes en mains, les fit frotter l’une contre l’autre, produisant un son strident. Spontanément, toute lumière disparût du monde, laissant Rikku et le religieux seuls dans un monde de ténèbres. C’est au sein de cette dimension parallèle, enfoncée dans une nuit oppressante, que commença à naître un cierge pâle. Sinistrement, la flamme de ce dernier éclaira le visage des deux interlocuteurs.
« Rassurez-vous, cette illusion ne vous fera aucun mal. Je souhaite seulement vous éclairer. Veuillez me dire si vous désirez revenir à la réalité. »
Impérial, Nobusada semblait encore plus grand qu’il ne l’était naturellement. Ici, seule sa voix et le crépitement de la petite flamme résonnaient dans l’atmosphère. Après une série de mundras, le cierge se transforma pour devenir un fœtus lumineux, comme un nouveau-né fluorescent scintillant dans les ténèbres entre les deux shinobis.
« Voici l’être humain tel qu’il a été conçu par le Kôgen, comme chaque créature de ce monde. Historiquement, tout n’était jadis que ténèbres dans un monde immobile et sinistre. Le Kôgen apparût avec le premier astre pour éclairer la nuit, puis créa le deuxième, et ainsi de suite jusqu'à faire naître le firmament. Chaque chose fut conçue mathématiquement, selon les lois de la physique, sûrement prescrites par cette entité qui, effectivement, n'est pas matérielle, et pourrait dès lors paraître comme abscons… mais le Kôgen est une source, non une fin en soi. Il crée, puis guide, peut-être sans raison : cela, en tout cas, personne ne saurait l'expliquer. Néanmoins, le Kôgen est une idée, au moins cela, puisqu'il a organisé la matière de façon logique et formidablement paramétrée... »
Etait-il convainquant ? Peut-être pas encore. Mais dans ce genjutsu, son rôle était au moins d’essayer, avant que Star Killer n’envisage de lui faire la peau.
Nobusada ne semblait pas vouloir lâcher le morceau, prêt à tout pour prouver que la vie de la Asaara était déjà écrite et réservée à un rôle particularité. Rôle qui ne s’ouvrait toujours pas à ses yeux. Qu’est-ce qu’une jeune femme comme elle, sans expérience, pouvait apporter à une silhouette imaginaire chérie par un culte? Jamais, au grand jamais, sa présence sera compter dans une secte ou un semblant de religion. Pour un village, peut-être, l’empire du feu se résumait déjà à des fanatiques uniques plus ou moins neutres, mais Kôgen.. ça représentait un jeu trop dangereux pour la brune. Même si la logique pouvait être vu dans les paroles du colosse, Riku ne semblait pas y croire. La tête toujours cachée dans ses bras, le visage à moitié couvert, elle lançait un regard intrigué en direction de son interlocuteur. Et sinon… la science ? Ohlala, un sujet qu’elle ne toucherait pas avec lui. Des plans pour qu’ils soient encore présent à minuit sur les fleurs.
Sans prévenir, le décor se modifia pour apporter les shinobis dans un monde sombre, éclairé seulement par le biais d’une unique bougie. Perturbée par le néant autour d’eux, le cerveau de Riku commença à envoyer des signaux de panique à tous ses sens, ses membres, son coeur. Aucune hésitation nécessaire, la jeune femme se blondit contre le bras du plus vieux, masquant son visage contre le tissu blanc. Son seul pilier. Écoutant la voix du messager, se concentra que sur ce bruit pour retrouver la pêche, la brune commença doucement à tourner la tête pour plonger ses yeux sur l’apparition d’un bambin brûlant les rétines. De cette façon, le vide ne semblait plus si terrifiant. Doucement, elle abandonna Nobusada pour retrouver son ancienne place, contournant l’enfant. Star Killer apparut, en tailleur, et Riku alla s’asseoir sur ses jambes.
« Je ne vous crois pas. »
Entouré des bras de son ange gardien, Riku observa le shinobi.
« Je ne vous crois pas, mais je sais que vous allez continuer. J’ignore la vision que vous avez de moi, mais je n’aime pas être influencée. Kôgen, ne me semble pas présent dans ma vie. Je préfère me pencher sur les termes de la science concernant une évolution. Si je me trompe, et bien je suis désolée de vous faire subir mon idiotie. »
Repliant les jambes contre son torse, la jeune femme chercha ses mots en regardant la lumière du nouveau-né. Star Killer s’occupait de scruter le blanc, sans presque cligné des yeux. Un duo qui se complétait.
« Nobusada-sama, vous êtes un shinobi à la puissance incroyable et sans aucun doute, à l’intelligence vaste. Ici, dans l’empire du feu, je suis persuadée que vous trouverez d’autre soldat beaucoup plus fort et apte à se porter au service du dieu Kôgen. Peut-être que vous tentez de m’envoyer un message, mais je ne le comprends pas. Ne tournez pas autour du pot. Dites-moi simplement ce que vous cherchez, je ne dirai probablement pas non. »
Dans ce monde illusoire peuplé de néant, Nobusada était certes à son aise, mais la magie n’opérait pas. Finalement, il n’était pas le chantre qu’il pensait être, et le genjutsu n’était visiblement pas un artifice suffisant pour témoigner de son empathie pour le Kôgen. Il ferma les paupières pour méditer sur la situation, voyant que Riku continuait d’être sur la défensive. Pourquoi donc la lumière avait-elle jeté son dévolu sur cette inconnue ? Sa mission consistait-elle réellement à la convaincre de sa Foi, à elle, pour qu’elle épouse les courbes divines du sacré ? Ces questions s’immiscèrent dans son esprit, incisives, semant le doute et le tracas. Il ne souhaitait pas décevoir son dieu, ou du moins l’entité qu’il associait à cette théorie. Mais il devait se résigner à constater l’évidence.
Le néant commença tout à coup à s’éclaircir. La dimension féérique s’éclipsa petit à petit pour renouer avec la froideur de ce monde, sur l’herbe verte et folle que le vent remuait de courants d’air en courants d’air, s’amusant à faire danser les brins pendus aux cieux. Assis face à la prodigue porteuse de Star Killer, Nobusada releva la tête, les paupières toujours bien closes, mais maquillées d’une forme de sympathie ; de même que ses lèvres s’étaient courbées dans le dessin d’un sourire. Il reprît la parole, convaincu d’avoir fait ce qu’il pouvait.
« Vous êtes une cartésienne. Et vous avez raison de croire à la science. Pourtant, figurez-vous que le Kôgen part de celle-ci et se détourne du culte d’Isonade à bien des égards du fait de cette dernière. Mais bien entendu, la voie religieuse ne représente peut-être que des hypothèse pour votre esprit, ce que j’ose concevoir. Je respecte votre décision. Je ne veux pas vous forcer. Quant à vous préciser ce que j’attends de vous… »
Il haussa les épaules et écarta ses mains, paumes retournées vers le ciel, tel un Atlas voulant soulever la stratosphère pour empêcher qu’elle ne tombe sur la tête des hommes.
« … à vrai dire, je ne saurais le préciser. C’est le Kôgen qui m’a guidé jusqu’à vous. Peut-être s’intéresse-t-il à cette créature. »
Fit-il en pointant Star Killer du doigt.
« D’ailleurs, je me suis toujours interrogé sur votre pouvoir. Je n’ai jamais été empoisonné ni eu affaire directement à quelqu’un comme vous. Sauriez-vous m’en apprendre un peu plus sur vos facultés ? Rassurez-vous, je ne vous embêterais pas plus avec la voie de la confession ; je suis aussi un homme en quête de savoir. »
Lorsque le néant les quitta enfin, Riku se permit de respirer aisément. Ses yeux se fermèrent pendant quelques secondes, heureux de ne plus subir cette sorcellerie qui les menait droit sur le chemin de la folie. Son coeur reprenait une danse normale et détendue. La kazejin déposa ses émeraudes sur l’homme en blanc et l’écouta parler. Effectivement, la science régnait dans son coeur, bien que l’histoire autour de ce Kôgen commençait à l’intriguer.
« Oh… et bien, si Kôgen vous a guidé jusqu’à moi, il y a probablement une raison, après tout. Je ne dis pas croire en cet esprit, mais je fais l’effort de me mettre à votre place. Ce serait triste de vous bloquer dans votre quête. »
Riku souriait et s’installa un peu plus confortablement sur les jambes de SK. Elle réfléchissait à une façon d’aborder le dieu sans paraître trop intéresser ou retomber dans un débat qui les séparerait pour de bon. Nobu fut plus rapide et sauta sur l’occasion pour adresser une curiosité sur le Dokuton. Oh, comme la brune appréciait qu’on s’intéresse à son art maudit!
« Et bien… je maîtrise le poison sous toutes ses formes. Je ne connais pas la sensation d’être empoissonné, mais ceux qui ont subis mes attaques, préfèrent ne pas entrer en contact avec moi une deuxième fois. Je peux jongler entre les hallucinations, la paralysie, des douleurs… je ne connais pas tout de ma capacité, disons que je ne pouvais pas vraiment la pratiquer dans mon clan. Oh et bien sûr, je peux contrôler l’intensité de mes poisons. Certa- WOAH! »
Sans prévenir, Star Killer disparu et laissa l’empoisonneuse tomber au sol. La jeune femme se frotta le derrière et rougie. Qu’est-ce qu’il avait? La présence de Nobu le perturbait à ce point? Son comportement s’alimentait d’un étrange besoin d’être différent. Elle ne comprenait pas du tout son nuage violet, mais décida de reprendre la conversation comme si tout allait bien.
« C-comme je disais.. Certaines personnes ou animaux, développent une résistance à ma présence ou Star Killer. » comme par magie, celui-ci apparu et tira la langue devant Nobu. « Nobu-sama! Je suis sincèrement désolée, c’est la première fois qu’il est si.. Désagréable. » l’ange-gardien arrêta sa grimace et alla plus loin avec un air triste. Riku roula ses yeux pour continuer sans regret. « Enfant, je n’arrivais pas à renfermer mon poison, donc je me promenais souvent en dégageant un parfum très dangereux. Mon oiseau, Hikaru, était faibles dans les premiers mois où il vivait avec moi. Au final, j’ai user d’une technique pour le soigner. La mithridatisation, une petite dose de poison au quotidien pour construite une insensibilité. »
Elle marqua une pause et baissa les yeux.. elle ne parla pas pendant plusieurs secondes et ses joues commencèrent à devenir rose.
« Voulez-vous essayer l’empoissonnement.. nobu-sama ? » Sa voix devenait petite et timide. Difficile de croire qu’elle offrait cette douleur à un homme, mais certains aiment expérimenter.
Dans la clairière isolée où ne régnait désormais plus que la voix de l’un et de l’autre, damnés de la civilisation, Nobusada et Riku échangeaient, encore et encore, sur leur savoir et sur leurs aspirations respectives. La belle venimeuse évoqua sa relation avec Star Killer sans exprimer de réserve, et ce dernier se mit bientôt à lui jouer des tours, tentant de ridiculiser sa maîtresse devant le prêcheur blanc : ce qui invita un sourire sur le faciès de celui-ci, qui tenta malgré tout de garder son sérieux, même lorsque la créature vaporeuse se mît à le provoquer lui aussi. S’il avait pu se douter que Star Killer était du genre spontané, il n’avait pas imaginé qu’il fusse si juvénile dans sa façon d’agir : n’était-ce pas là le signe que cette créature était fort peu apprivoisable ? On aurait dit qu’il se comportait tel un fauve sauvage, et les efforts de Riku se soldèrent par une résignation de la créature qui afficha un air déçu. C’est dire que la chimère toxique avait sa sensibilité. Le parangon de lumière observa cela d’un œil curieux.
Soudain, le regard de Nobusada se transforma devant la révélation de la maîtresse du Dokuton. Ses yeux amicaux s’écarquillèrent derechef, rendant son visage beaucoup plus avide, sauvage et sordide : il laissa entrevoir un aspect maléfique de son caractère, intéressé et opportuniste. Cet air si avide se présenta à l’Asaara comme le spectre d’un sanguinaire mercenaire ; un spectre qui disparût aussitôt que Nobusada décida de reprendre le fil de la discussion, retrouvant un air plus apaisé pour convaincre Riku de sa sagesse. Qu’est-ce donc qui avait animé l’illusionniste du Kôgen à cet instant ?
La mithridatisation… rien que le terme était fascinant, comme voilé de mystère et rempli de magie. Déposant sur Riku des yeux calmes, dont l’iris pâle semblait dénuée de vie, il répondit.
« Extraordinaire ! Je n’avais jamais entendu parler d’une telle pratique. Si vous pouvez m’assurer que je ne risque rien… alors pourquoi pas. »
Développer sa résistance aux poisons était une chose tout à fait concevable et cela lui promettait d’être encore meilleur par la suite. Nombre de combattants usaient de procédés toxiques pour abattre leurs cartes : s’il parvenait ne serait-ce qu’à ralentir les effets d’un empoisonnant, il mettait davantage de chances de son côté pour survivre.
« Je suis prêt. Je vous invite à me dévoiler votre capacité. »
Nobusada semblait beaucoup trop excité à cette demande. Son interlocutrice partagea sa joie en ignorant ce sourire malsain et ce comportement si inhabituelle. Elle toussota pour attirer son attention et tapa dans ses mains en signe de bonheur. Quelqu’un qui s’intéressait enfin à sa capacité spéciale. Elle pouvait en profiter ! Heureuse de pouvoir guider un homme dans son univers mortel, la Asaara souriait et réfléchissait aux options possible. Elle ne souhaitait pas aborder la paralysie ou la maladie pour commencer. Débuter sur un pas plus normal serait déjà bien pour tester la résistance du plus vieux. Encore à cette étape banale, un éventail de choix se présentait.
« La première étape est d’analyser votre réponse à un simple poison faible. Vous ne ressentirez pas de douleur très importante, probablement juste l’envie de tousser. »
Elle pointa du doigt l’homme et trois projectiles vinrent le toucher de plein fouet. L’effet ne durait que quelques secondes, voir une minute pour des gens très faible et ne possédant pas des capacités de fou. En voyant que tout se passe à merveille, la Asaara opta pour continuer.
« Je vous conseille de vous allongez. »
Riku s’approcha de son interlocuteur et l’invita à se coucher sur le nid de fleurs. De cette vue, il ressemblait à un ange. Ses longs cheveux blancs, son visage pâle.. il possédait un physique très charmeur pour une personnalité de fou. Star Killer assista au processus en observant la scène, sans faire de grimace bien sûr. La kazejin se pencha vers l’élu de Kôgen et resta à quelques centimètres de son visage. Elle annonçait sa présence pendant quelques secondes et commença à laisser un nuage rose s’échapper de sa bouche. Bientôt, la forme gazeuse se trouva rapidement un chemin en la personne de Nobu. Tout commençait.
Une simple technique d’hallucination auditive. Ça correspondait très bien avec son aîné. Peut-être pourra-t-il entendre le Kôgen ? Le mieux serait de combiner les oreilles à la vue, pour un grand spectacle complet. Ça charmerait probablement son interlocuteur. Elle se retenait pour ne pas le gaver d’une tonne de poison. Déjà qu’il se laissait faire, c’était beaucoup. Le tuer.. semblait si simple soudainement. Riku pencha doucement la tête vers le côté et laissa sa main caresser la joue de Nobu. Star Killer vint aussitôt taper la main et il lui envoya un regard menaçant. Outrée par son propre geste et la réaction de son gardien, Riku recula de quelques pas pour ne pas retenter un étrange comportement.
Piège vénéneux, tentation mortelle, Riku asséna à Nobusada ses trois pics toxiques, précurseurs d’une agonie plus longue, d’une convalescence choisie et acceptée. Pour réaction, il eut quelques fourmillements et une belle quinte de toux : symptômes annoncés par la mygale, réactions physiologiques élémentaires et somme toutes pas si dérangeantes. Néanmoins, le chanoine ignorait encore bien des choses sur sa propre résistance au poison et les effets de ce dernier sur son organisme ; ainsi, grisé par sa propre curiosité, il se laissa emporter par le charme trompeur de l’Asaara.
La situation devint presque troublante, autant qu’elle était envoûtante. Obéissant aux réclamations de la prédatrice, le prêcheur blanc s’allongea et laissa la sensuelle officier à son complot, effluve volatile qui s’engouffra dans sa bouche en l’imprégnant du poison tandis que le spectre vaporeux observait en silence cette sentence irrévocable. Et s’il mourrait ici ? Contemplant le délicat visage de la vénéneuse, il songea qu’il était peut-être déjà trop tard…
Le monde s’éteignit doucement. Le rêve s’empara de sa conscience. Une caverne imaginaire emprisonna son corps. Il observa autour de lui : rien que de la pierre grise et froide, dans la pénombre de ce paysage sinistre.
Et tout à coup, des grondements ! Des bruits de tambours battants, comme une armée en campagne ! Des tréfonds de la caverne résonnaient ces bruits de guerre, frappant en cadence, alors même qu’une voix, rugissante, s’élevait depuis l’obscurité !
Terrible, glaçant, le timbre résonnait dans tout l’espace ! Aussi virulent que lui, un autre rugissement surgît, monstre infâme hurlant de colère, courroux des courroux, pour lui répondre dans une autre langue !
« NUỐT LƯỠI, CHÓ HOANG! BẠN KHÔNG CÓ GÌ CỦA MỘT VỊ THẦN, BẠN CHỈ LÀ MỘT KẺ KHỐN KHỔ! »
Nobusada pouvait sentir les palpitations de son coeur jusque dans ses tempes. La situation semblait critique, infiniment tendue. L’inimitié dans ce sanctuaire d’épouvante était palpable, comme s’il foulait un territoire interdit. Sa tête se mit à tourbillonner, migraine lancinante et douloureuse !
Que pouvait-il bien faire, dans ce qui semblait être la discorde de deux créatures olympienne dépassant de loin tous les horizons possibles ?
« Sorcellerie ! »
Jeta-t-il dans l’abîme de ce cauchemar, tandis que dans la réalité, son corps se mettait à convulser.
La panique s’empara de Riku, comme elle s’empara de celui de Nobu. La jeune femme se dressa sur ses deux pieds, jetant des regards de détresse à son gardien. Sous le choc, des larmes commencèrent à apparaître. Star Killer passa une main dans ses cheveux sombres et enchaîna un combo de mouvement, dictant à sa protégée qu’elle devait reprendre ses esprits. Celle-ci continua de pleurer et retomba au sol, bloquant ses émeraudes sur la figure de l’homme. Son corps ne cessait de bouger. Pour une si petite dose, elle n’arrivait pas à croire qu’un tel spectacle s’offrirait à elle. Le regret se lisait sur son visage, et surtout, la peur était présente. Nobusada ne pouvait pas mourir. Bien sûr que non! Un homme si grand, si fort! Ce n’est pas un faible poison qui lui mettrait le coup final. Riku ria nerveusement à cette idée, avant de reprendre un certain contrôle.
Elle se tapa les joues et les cuisses pour se rappeler que c’était une situation d’urgence. Devant elle, Star Killer lui montrait un doigt, signe qu’une minute était passée. Ok, techniquement, tout est en ordre. Le poison ne faisait pas effet très longtemps, dans quelques secondes, tout allait redevenir normal. La kazejin glissa sa main sous la tunique de son interlocuteur, cherchant son coeur. Beaucoup trop rapide à son goût. Elle leva les yeux et rata un battement en voyant trois doigts levés. Non, ça, ce n’est pas logique. L’homme de dokuton déposa à son tour sa main sur le torse du soldat et recula aussitôt.
« Q-quoi?? »
Star Killer était drôlement doué pour mimer ses pensées, mais cette fois-ci, une peur se lisait sur son visage et ses bras bougeaient trop rapidement. Le fait de voir son gardien anxieux, la rendit tout autant stressée. Puis, une pensée la frappa. Le poison n’est pas un problème pour elle, mais est très dangereux pour les autres. Enfant et adolescente, sous l’excitation ou la peur, une forte dose s’évapore. Lorsque Nobu accepta son offre, Riku se sentit très heureuse et probablement trop enjouée. Une petite dose s’était transformée en réel produit mortel.
Furieuse contre elle-même, la Asaara se positionna tout de suite aux côtés de Nobu et plaqua ses lèvres contre les siennes. Non pour l’embrasser, mais pour extraire toute la formule. La jeune femme avala sa propre capacité, priant pour ne pas avoir tuer le messager du dieu Kôgen. Ses larmes glissèrent sur la bouille de l’homme. Après de longues secondes, ne sentant plus rien se faire tirer, Riku resta la tête au-dessus de son ancienne cible. Ses lèvres, qui peuvent donner la mort, servirent à l’éviter.
« Je suis si désolée Nobu… »
Une déclaration honnête, sans vénération, en usant un surnom peu commun.
« J-je.. la dose était plus forte que prévue… ce n’était pas mon intention, je te le promets. Nobu, ne sois pas fâché ! »
Dans la caverne tourmentée, vestige du sordide, autel d’un abyssal désespoir, la rixe divine écumait dans la noirceur de la pénombre omnipotente. Insignifiant comme un caillou perdu dans ce gouffre rocailleux, un galet face à la montagne de pierre, l’énigmatique dévot du Kôgen se tenait figé, tétanisé par l’ampleur de la colère monstrueuse des deux fantômes impériaux se jetant, dans une langue étrangère, les pires acrimonies. Si d’aventures il pouvait les entendre, il ne pouvait pourtant les voir, et cela rendait la querelle encore plus anxiogène.
Bientôt enveloppé par cette terreur insoutenable qui tombait sur lui comme le ciel sur un Atlas blessé, courbé de douleur et de labeur, il eut le sentiment d’être broyé par les évidences : il n’était rien d’autre que…
Rien.
Vanité des vanités. Insignifiance de la vie humaine. Médiocrité du mortel. Il ne pouvait que ployer devant la majesté de ces forces en discorde.
Et puis, infiniment lentement, le paysage s’enroula comme dans un siphon. Les choses de son monde onirique disparurent les unes après les autres, et les voix se firent plus faibles. Petit à petit, il revint à la réalité. Sans hâte, sans précipitation. Il se retrouva soudain, par la force des évènements, nez-à-nez avec son assassine.
« Tu... »
Ses yeux écarquillés traduisaient encore son effroi. De longues perles de sel coulaient le long de son front jusqu’à ses joues creusées, abondante sudation, fruit d’une conséquente anxiété.
« Tu as le pouvoir de me faire rencontrer les dieux ! Recommençons ! »
Le fait d’avoir eu ses lèvres posées sur les siennes lui importait si peu, lui qui n’avait pour amour que sa Foi, et qui n’attendait rien des choses de la romance : bigot résolu, être de guerre, il ne pouvait que négliger cet écart sans émettre la moindre attirance pour l’Asaara. Comme cela avait été le cas pour la Suzuri.
Il ignorait que la dose avait été trop importante mais le comprît au regad des révélations de Riku. Pour autant, il n’avait aucun ressentiment à son égard. Fi ! Il voulait à tout prix revoir ces dieux invisibles !
L’homme se tirait doucement des bras de la mort, affichant une mine étrange. Bah normal, il vient de frôler un destin triste. Une dose trop forte pour des humains normaux est bien sûr, dangereuse et porteuse de mauvaises nouvelles. Riku se rassurait de pouvoir contempler une nouvelle fois ce regard si perturbant et sans couleur. Maintenant, elle s’attendait à être électrocuté, étrangler ou recevoir la malédiction de Kogen. Elle n’arriva pas à choisir lequel était le plus sain. Pourtant, cette colère n’arriva jamais. Nobu abordait une toute autre allure, ignorant complètement le sauvetage des dernières minutes. Sa réaction réussit à briser la jeune femme. Elle ne comprit pas et ne voulu pas savoir ce que son interlocuteur avait aperçu dans son monde, mais s’était suffisant pour lui faire peur.
« n-NON ! »
Ferme et puissant, la kazejin ne laissa pas place à une négociation. Elle commença à mettre ses sandales et tenta une façon de mettre un terme à cette journée, mais rien ne lui venait en tête. Cette rencontre était si originale et effrayante. Ses émeraudes dévièrent plusieurs fois sur la silhouette masculine, mais sa bouche refusait de s’ouvrir. Sans saluer l’homme, Riku se leva et commença à courir pour s’enfuir.
Après quelques secondes, elle retourna sur le même lieu et attrapa le bouquet de fleurs qu’elle avait soigneusement cueilli avant de recevoir la visite du messager. Elle se tourna vers lui et s’inclina.
« Pas aujourd’hui, ni demain, mais un autre jour, Nobusada. »
Sans comprendre pourquoi, la Asaara lui offrit ses services pour une future rencontre. Cette fois-ci, elle pourra l’inviter dans sa petite demeure pour l’installer confortablement pour une séance empoisonnée. Elle ne pouvait pas se l’avouer pour le moment, mais la présence de shinobi était très mature et agréable. Leurs idéaux ne venaient pas se rejoindre, mais la conversation avec Nobu se montrait intéressante. La brune ne pouvait qu’espérait le recroiser dans un état plus calme et prêt à user du dokuton. Pour ne pas causer une seconde fois la mort.
« Pardonnez-moi. »
Cette fois-ci, la kunoichi quitta d’une façon plus naturelle, en se glissant les pieds dans les fleurs.