Le nocher positionné à l’avant du bateau passager contemple le rivage sableux de l’île d’Ue. Imperturbable, la visière d’acier à travers lesquels percent ses yeux miroite sous l’effet des irisements du soleil perché dans l’azur, le sabreur muet égal à lui-même se donne une contenance en nettoyant l’acier de son arme, assis près de la rambarde bâbord. N’étant pas de nature babillarde - quelque peu limité par sa condition, il reste discret, laissant les deux genin qui l’accompagnent vaquer à leurs occupations. De là il peut d’ores et déjà apercevoir la lisière de la forêt dans laquelle il s’était engouffré lors de sa précédente mission.
Un ninmu任務 dont il aura l’éternel souvenir, compte tenu des nombreuses péripéties qu’il a rencontré aux côtés de ses partenaires chuunin : qu’il s’agisse des nuées d’abeilles, des bêtes sauvages ou des plantes maléfiques qui vous ensorcellent avec leur pollen… Une sylve exotique où la faune et la flore peuvent se retourner contre vous en un instant, du moins si on la provoque. Le Nobuatsu, en usant de ses techniques affinitaires, l’a appris à ses dépens, manquant de peu de pâtir de son erreur de jugement.
Heureusement, les deux apprentis sabreurs qui l’accompagnent sur le navire en direction de l’île de tous les dangers n’auront guère à s’inquiéter, l’Epreuve des Lames ayant lieu dans une clairière isolée et tranquille, sans que les candidats n’aient à se soucier de leur environnement marqué par une forte chaleur, et une certaine humidité. Un climat tropical dont le souvenir seul suffit à le faire transpirer sous son shôzoku ébène. Très vite, leur épiderme est accueilli par les courants d’air chauds. Le signe qu’ils se rapprochent.
L’accostage se déroule de façon impeccable, les trois bretteurs sont priés de descendre du pont pour rejoindre la plage désertée. L’île récemment explorée n’a pas encore été aménagée, mais de grands projets de construction sont en cours, notamment l’idée d’établir une base depuis l’arbre géant surplombant l’ensemble de l’île. Mais pour l’instant, rien n’est encore fait, tous les efforts étant momentanément concentrés sur l’édification d’un complexe shinobi au cœur de Kiri, et qui sera bientôt terminé.
Une fois sur terre ferme, le bretteur masqué se tourne vers les deux candidats et leur fait un signe de la tête de le suivre, sans dire le moindre mot. D’un pas solennel, il les conduit directement vers le lieu où se déroule la fameuse épreuve qui déterminera si oui ou non, ils sont dignes de manier l’épée qui leur a été confiée. Une cérémonie qui marquera aussi l’intégration officielle des apprentis parmi les Sabreurs de la Brume.
Ouvrant la marche à travers la végétation luxuriante, il se tourne vers Shinka en lui indiquant par sa gestuelle de se couvrir le nez et la bouche. Sans doute ne comprendront-ils pas immédiatement pourquoi, peut-être que les particules de pollen se déposant sur leurs vêtements leur offrira un début d’indice. Le chuunin préférerait éviter d’avoir à sortir le genin d’un état de délire psychédélique à cause de l’excès de phéromones. Une fois lui a suffi.
Enfin, ils arrivent au bout du labyrinthe végétal, lequel ouvre sur une clairière où déjà deux cercles de bretteurs les attendent avant de commencer l’épreuve. Sur le côté, des joueurs de taiko 太鼓 sont prêts à donner le rythme du rituel. En ouvrant le bras vers le rassemblement qui s’est déplacé rien que pour l’Epreuve des Lames, et sans donner d’instruction supplémentaire, le sabreur masqué invite les deux candidats à prendre place.
La cérémonie est sur le point de commencer.
Spoiler:
@Shinka@Yamanaka Ayumi Vous pouvez passer l'épreuve simultanément. Notez que l'esprit du sabre peut prendre n'importe quelle forme, et la nature de l'épreuve peut être un dialogue, un combat, etc. Ceci est un rp libre destiné à enrichir votre BG et vous donner accès au pouvoir spécial de votre sabre.
Les coups de tambours commencèrent à résonner dans ses entrailles tandis qu’il s’avançait aux côtés de celle qu’il avait décidé d’accompagner depuis quelques années déjà. Tous deux dans un silence solennel et une concentration respectueuse s’avancèrent en direction des cercles que leurs confrères avaient constitués. Le cœur battant plus rapidement que la normale, Shinka suivait enfin les traces et l’héritage de son père, plus déterminé que jamais à lui prouver sa valeur.
Si le trajet et l’île l’avaient jusqu’ici fait voyager, la cérémonie des Lames était tout ce que son esprit était capable de percevoir. Ce fut sans un mot, sans un encouragement envers sa consœur qu’il s’était finalement positionnée. Certains auraient pu voir là un manque de communication, d’empathie ou de sociabilité, mais il n’en était rien. La demoiselle n’avait guère besoin de mots rassurants, non… L’échec n’était simplement pas un dénouement acceptable et tous deux étaient venus jusqu’ici avec la ferme intention de remporter la victoire et leur titre réceptif.
Son héritage planté dans la terre, l’ancien vagabond se préparait au danger à venir. Peu importe la difficulté, peu importe l’épreuve, infligée, il n’était tout simplement pas question d’échouer. Un sabre standard et emprunté dans les mains, il pouvait entendre le rythme des tambours s’accélérer. De là, une fumée à la couleur sombre s’échappa du sabre légendaire. Ne prêtant guère attention à ce qui se passait autour de lui, trop concentré sur le danger face à lui, son cœur sembla s’arrêter un instant lorsqu’une silhouette sembla se former des cendres de la lame désormais disparue… Une femme ? Non… elle était trop grande pour être humaine et… Un frisson parcourut alors le corps du plus jeune des trois sabreurs venus. Il le sentait, il le voyait et il le réalisait : devant lui se trouvait l’esprit du sabre : Kigenkai, la capricieuse.
Le sourire aux lèvres de la créature aussi masquée que lui avait quelque chose d’horrifiant. À quoi pensait-elle ? Qu’allait-elle faire ? Et que devait-il faire ? Rien n’avait réellement de sens, est-ce que seulement elle avait des émotions ? Était-elle vivante de chair tout comme lui ? Réfléchir n’avait jamais été son fort et encore maintenant, il ne trouvait aucune réponse à ses questions. La seule chose dont il était sûr, c’est qu’elle avait suivi son père durant des années et l’avait accompagnée depuis. Elle avait toujours été à ses côtés, non loin de lui et il était tant qu’elle lui appartienne complètement.
« Réfléchir ne te ressemble pas, Shinka. »
Alors que le sabreur avait commencé à s’avancer, les paroles de la créature le stoppèrent net. Avait-il rêvé ? Avait-il bien entendu ? Était-ce ? Clignant des yeux sous son masque, il la jaugea une nouvelle fois. Celle-ci semblait s’amuser de la situation et n’avait toujours pas bougé. Il n’était même pas sûr que ses lèvres aient bougé pour prononcer ces mots.
« Tu devrais porter plus d’attention autour de toi. »
À peine peut-elle finit de communiquer sa parole, qu’une vive douleur transperça tout son être, mais plus particulièrement son dos. Plusieurs petites lames de rasoir venaient de planter dans sa chaire avant de se décomposer en petits fragments et regagner la silhouette de l’invocation. Ce ne fut qu’à ce moment-là que Shinka réalisa que celle-ci n’était munie d’aucune lame, d’aucune arme. Ce détail n’était pas si surprenant lorsqu’on connaissait les propriétés de la lame elle-même.
Lèvres pincées, Shinka tenta de se ressaisir. S’il était ici, face à elle, c’était pour la combattre et lui prouver être digne de la porter. Pas le temps de trop réfléchir, il devait agir. Faisant fi de la douleur à son dos, la mâchoire serrée, le sabreur décida finalement de charger à l’encontre de la silhouette déterminée à la vaincre coûte que coûte malgré la prestance impressionnante de celle-ci. Mais arriverait-il seulement à la toucher ? Rien n’était moins sûr.
Le soleil ne s’était pas encore levé sur le paisible village caché par la brume ; un nom qui collait bien à cette base militaire mais qui, en vérité, n’était pas totalement vrai. Il y avait des jours ou des nuits durant lesquels le ciel était clairsemé, laissant apparaître les milliers d’étoiles qui courtisaient avec une exquise jalousie la lueur de la lune. Ce matin-là – ou plutôt, la fin de cette nuit-là – sur le toit de l’une des nombreuses bâtisses du village, Ayumi était allongée, les mains derrière sa tête en guise de support, un genou arqué, l’autre jambe tiquant nerveusement à un rythme régulier. Elle admirait les étoiles ; un tableau idyllique qui ne lui ressemblait guère, elle la pragmatique, la rationnelle.
En vérité, elle pestait, contre ce qu’on lui obligeait à faire, contre ces rituels et ces traditions qu’elle trouvait inutile et d’un autre âge. Elle savait déjà manier ses sabres, pourquoi diable lui demandait-on de passer au travers d’un rite qui n’allait que lui faire perdre du temps ? Mais elle avait appris, d’une part à se soumettre à plus fort – et la Confrérie était plus forte – et d’autre part que pour acquérir la puissance qu’elle souhaitait avoir, elle devait se plier à des règles dictées par les autres. Tels avaient été les conditions pour devenir Genin, et pour commencer à jouir des innombrables avantages de faire partie du village de Kiri. Elle se contentait donc d’obéir aux ordres, sans savoir pourquoi, sans en connaître les finalités ou les objectifs. On lui demandait, elle exécutait. Et, toujours, elle performait et réussissait.
Alors, cette épreuve ne dérogerait pas à la règle. La seule éclaircie dans ce jour qui s’annonçait ennuyeux était qu’elle avait été autorisé à passer cette consécration aux côtés de Shinka. Si cela n’amenait aucun réconfort, au moins Ayumi ressentirait-elle un peu plus de plaisir. Ils s’étaient donnés rendez-vous très tôt, pour se rendre là où on leur avait donné rendez-vous. Par bonheur, Shinka ne se complut pas en vagues encouragements ni en vaines banalités. Une des choses qu’elle préférait chez lui ; la façon dont il la connaissait. Ils prirent le bateau, accompagné de l’homme qui, visiblement, confirmerait la place des deux compères au sein de la Confrérie. Grotesque, pensa-t-elle, mais elle se garda bien de le dire à haute voix. Elle se savait meilleure que le minimum requis par le groupuscule, et plus ambitieuse que tous ceux qui le composaient. La belle était sans doute bien meilleure sabreuse que tous ceux qui en faisaient partis, ou elle en avait en tout cas le potentiel.
Enfin ils arrivèrent sur l’île qu’ils convoitaient, après un trajet qui lui sembla durer une éternité mais qui, en réalité, fut concis. Elle s’avança, toujours aux côtés de Shinka, pour faire face aux deux cercles de rites qui étaient eux-mêmes entourés d’aborigènes aux tambours massifs et bruyants. Elle serra la mâchoire, réprimant l’envie de les menacer : après tout, s’ils étaient là, c’est qu’ils faisaient eux aussi partis de cette étrange coutume. On l’invita d’ailleurs à se positionner. L’homme à ses côtés ne se fit pas prier, mais quelques secondes Ayumi hésita. Elle finit tout de même, dans un soupir, par s’avancer elle aussi, le pas agacé et les bras croisés.
Quelques secondes durant, il ne se passa absolument rien ; alors qu’un regard à sa gauche lui permit de voir que Shinka avait sans doute déjà commencé son épreuve. Elle arqua un sourcil, légèrement vexée finalement par le vide qui l’entourait. L’épreuve des lames était censée adouber le sabreur ; n’en était-elle finalement pas digne ? Déjà, elle s’imaginait fuir avec Yoakeshi et Yuugureshi, loin de tous ces rites et de toutes ces fanfreluches. Mais enfin, quelque chose se passa. Le bruit des tambours s’estompa, le vent se leva légèrement, faisant virevolter sa longue chevelure soyeuse. Elle regarda autour d’elle : plus personne. Elle se sentait ailleurs, transportée, presqu’exaltée. Et enfin, elle entendit un nouveau bruit, comme un sifflement, accompagné d’un léger clapotis.
« Ayumi. CCCCCCCCC’est un plaissssssir d’enfin te rencontrer… » « Après tout ce temps à travailler ensemble… »
Sans sourciller, sans laisser paraître la moindre émotion, sans même décroiser les bras, elle fit face à ce qu’elle devina être l’incarnation de ses deux sabres. Un immense serpent qui semblait âgé, et un grand scorpion vigoureux.
Le serpent avait un voix profonde, grave, lente, hypnotisante presque. Il enroula sa queue autour de la jeune kunoïchi, se dressant en face d’elle d’au moins trois têtes. Le scorpion, lui, balançait son dard comme un métronome, nerveusement, ses pattes pointues et ses pinces étant positionnées de parts et d’autres du corps de son confrère. Sa voix était perçante, résonnante, sifflante. Ayumi remarqua que rien ne les reliait. Ils étaient totalement opposés. Comme l’ombre et la lumière. Comme la lune et le soleil. Comme le jour et la nuit.
Comme l’aube et le crépuscule.
« Vois-tu, ma chère, il est rare que les deux sssssssabres ressssssssstent entre les mains d’une sssssssseule persssssonne. » « Même si nous ne faisons en réalité qu’un, nous avoir tous deux n’est réservé qu’à ceux qui sont dotés… d’un très grand pouvoir. »
Ayumi posa alors son regard sur l’incarnation de Yoakeshi ; le scorpion.
« Et vous pensez que je n’ai pas cette… puissance ? » « Non. Nous pensons que tu es digne de ne porter, au maximum, que l’un d’entre nous. Voire… aucun, en réalité. » « CCCCCCCCC’est pourquoi tu nous fais facccccce… Pour ssssssavoir lequel d’entre nous tu gardes… Ou ssssssssi tu n’en gardes aucun. »
Là, une fumée violette et une fumée jaune d’or s’extirpèrent de chacun des deux « corps » dont elle faisait face. Peu à peu, ils prirent forme humaines. La violette prit la forme de Shinka ; la jaune d’or de Jun.
« Sacrifie l’un des tiens, Ayumi. Mais choisis le bien. Car de ton choix dépendra celle que tu garderas. »
Elle fronça les sourcils, ressentant pour la première fois une forme d’excitation à passer cette épreuve. Elle savait que rien de tout ça n’était réel, et pourtant… pourtant tout lui semblait si vraie. Plonger dans l’épreuve des lames lui avait fait perdre toute notion de réel et de virtuel. Là, dans quelques minutes, elle devra sans doute faire un choix.
Et pour elle, à ce moment-là, ce choix n’avait rien d’une illusions…
Ses yeux clos, sa respiration lourde, Shinka avait l’impression de se réveiller d’un mauvais rêve. Son corps était incroyablement lourd, sa joue caressait la terre et ses paupières hésitaient à s’ouvrir à nouveau. C’était peut-être étrange, mais il se sentait bien. Oui, c’était plus facile de rester là, allongé, à se vider d’une partie de son sang, sans rien faire de plus. Après tout, se relevait lui semblait impossible. Combien de fois l’avait-il fait depuis le début de cette fichue épreuve ? Combien de temps s’était écoulé ? Il ne le savait plus.
Il avait beau se relever, il avait beau persévéré, jamais sa lame n’avait ne serait-ce qu’effleuré l’esprit de Kigenkai. L’âme était partout et nulle part à la fois. Cruelle, elle l’avait percée, transpercée, lacérée sans hésitation. Pourtant, oui pourtant, là n’était qu’une partie de sa puissance. Il était aisé, trop aisé, pour elle, pour lui, pour ça, de l’achever à tout moment. Alors comment pouvait-il espérer y arriver ? Bien loin du talent et de la maîtrise de son père, il avait pourtant rêvé de suivre ses traces… mais peut-être s’était-il trompé ? Un rêve impossible ?
L’or de ses yeux posés sur l’herbe, puis sur le masque qu’il avait perdu, Shinka semblait être sur le point d’abandonner tout espoir. Indigne de porter l’épée, la capricieuse lui avait fait comprendre som impuissance, son arrogance. Sur le point de perdre le seul héritage que son père lui ait légué, son esprit s’embrouilla et raviva les souvenirs de la perte de celui qui avait toujours été là pour lui. Cette mort tragique qu’il avait eu tant de mal à accepter. Qu’il n’avait toujours pas accepté.
« Renonce.»
Les larmes du vagabond étaient rares, très rares, trop rares. Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, il pouvait les sentir remonter silencieusement. Déchiré de l’intérieur, le désespoir se transforma en révolte. Il ne pouvait pas perdre. Il ne devait pas.
Visage crispé, sans vraiment comprendre comment, le sabreur se releva sur ses jambes, prenant appui sur la lame empruntée. Tenant à peine debout, son corps criait de douleur, mais ses yeux de colère. Ridicule, pathétique, Shinka ne pouvait se résoudre à renoncer.
« Tu…. Viendras…a-avec… moi. »
Soufflait-il difficilement avant de s’avancer à elle. Menaçant de tomber à chacun de ses pas, son allure n’avait rien d’impressionnant. Au contraire, il aurait bien facile pour l’esprit d’esquiver et achever son opposant. Néanmoins, sa lame transperça la sombre silhouette.
Tête tirée vers le bas, essoufflée, Shinka ne réalisa pas immédiatement ce qui venait de se passer. Suivant la lame, il releva ses yeux sur l’esprit du sabre face à lui. Pourquoi ? Qu’attendait-il pour en finir ? Tant de questions se lisaient sur son visage lorsque la voix reprit.
« Un esprit fort se relèvera toujours.»
L’imitation d’un sourire se dessina sur la silhouette avant qu’elle ne hoche la tête et finisse par disparaître en des milliers de petits fragments. De là, sans plus de parole ni d’explication, l’esprit ne reprit sa forme initiale dans la main de son épéiste.
Shinka avait réussi.
HRP:
Pardon pour mon absence ! Semaines un peu particulières, mais je suis de retour !
Elle luttait intérieurement pour ne pas montrer la peur qui grimpait en elle, cette sensation si rare à son cœur et qu’elle avait du mal à réprimer. Dans cette illusion de haut niveau, orchestrée sans doute par cette bande de ploucs avec les tambours, elle se sentait mal. Elle devait sacrifier l’une des deux personnes qui comptait pour elle. Dans les faits, son choix était plutôt simple : Jun avait la priorité. Mais c’était un peu plus complexe que ça : elle se savait, malgré tout, prisonnière d’une illusion. Car si elle croyait vraiment qu’ils étaient tous les deux-là, elle se souvenait également que Shinka passait sa propre épreuve.
Ici, outre sa peur de devoir tuer « réellement » l’un des siens, s’ajouter à la peur de faire le bon choix. Elle réfutait d’office l’idée selon laquelle elle n’était pas assez forte pour avoir les deux lames à la fois. Pour qui se prenaient ces deux idiots ? Elle avait gagné le droit de les porter. Elle les avait récupérés, elle s’était entraînée avec, elle avait ployé sous les conditions qu’un village shinobi lui donnait pour pouvoir les garder sans être prise pour une paria. Il était hors de question qu’elle les cède, que ce soit l’une ou l’autre. Elle garderait les deux.
Mais dans ce cas, quel choix faire ? Qu’est-ce que ces deux animaux voulaient prouver ? Instinctivement, elle se dit qu’ils souhaitaient voir si elle était prête à suivre ce qu’ils demandaient, si ses sentiments passaient après sa volonté de les garder. Ils demanderaient alors l’obéissance. Mais dans ce cas, ils ne lui auraient pas laissé un choix à faire. Peut-être alors voulaient-ils savoir si elle était fidèle à ce à quoi elle tenait, et la bonne réponse aurait été d’en tuer aucun. Ils demandaient alors la loyauté. Une solution probable, mais qui n’avait aucun sens dès lors où l’on mettait un ultimatum précis au fait de ne faire que la moitié du travail. Elle serra un peu plus ses gardes : elle n’avait aucune idée de ce qu’il fallait réellement faire. Elle décida donc de prendre la pire décision qui se présentait.
Le regard mauvais fixé sur ces deux entités qui trônaient derrière les corps inertes de son frère et de Shinka, elle tendit ses bras, et se mit en position. Elle avait fait un choix. Fixant sa cible, elle se mit à courir, sabres sur le côté et sauta pour porter son coup. Le sang gicla comme si les deux garçons étaient réellement présents, sous les yeux et le regard impassibles du serpent et du scorpion.
« Intéressssssssssssssssssant... » « Personne n’avait encore fait ce choix-là. On a d’habitude un sabreur qui décide d’abandonner, ou de choisir celui qu’il préfère le moins. On a même eu un Sabreur qui a décidé de s’en prendre à nous pour sauver ses protégés… Mais ça… »
Face à eux, le corps inerte de Shinka, baignant dans le sang. A ses côtés… le corps inerte de Jun.
Ayumi appuya son regard noir sur les entités de ses deux lames.
« Vous m’avez dit que tuer l’un me permettra de garder l’une des lames, et l’autre me permettrait de garder l’autre lame. J’ai tué les deux, je garde donc les deux lames. » « CCCCCCCCCCCC’est exxxxxxact. » « Mais tu aurais garder tes deux lames quel que soit ton choix. Il nous permettait juste de… voir de quel bois tu étais faite, Yamanaka Ayumi. »
Peu à peu, l’illusion se dissipait. Elle revoyait les formes autour, elle réentendait les tambours et, surtout, elle voyait le serpent et le scorpion disparaître dans un écran de fumée. Leurs voix résonnaient toujours cela dit, prenant le dessus sur les tambours qui devenaient de plus en plus envahissants.
« Une jeune femme ambitttttttttieussssse, prête à tout pour avancer et pour accomplir sssssssses objectifs. » « Une jeune femme pragmatique accomplissant ce qu’on lui demande, peu importe ce que c’est, pour réussir. » « Une jeune femme courageuse, prête à ssssssssssssssacrifier ccccccccccceux qu’elle aime pour avancccccccccccccccccer. » « Mais avant tout une jeune femme digne de porter les Sabres qui lui ont été confiés... »
Puis, ils disparurent totalement. Elle était de retour au centre du cercle, aux côtés d’un Shinka bien vivant et sans la moindre égratignure.
La paix revient dans la clairière de l’île d’Ue. Au dernier coup de taiko scindant l’air d’un dernier écho, la cérémonie s’achève sur le succès des deux candidats, ce qui n’est pas sans étonner le muet, lequel s’attendait à voir au moins l’un des deux échouer. Une épreuve dont les probabilités de réussite se résume à une chance sur deux, ce qui ajoute certainement au caractère exceptionnel de la performance des Sabreurs nouvellement prédestinés à manier la lame légendaire qui leur a été confiée. Les tambours sont rangés, le comité dépêché pour l’occasion se disperse peu à peu, laissant les trois confrères Sabreurs entre eux.
Désormais, face à lui, ces deux nouveaux éléments seraient des membres de la grande confrérie connue du monde entier et qui fait la fierté de Kiri. De jeunes pousses sur lesquels tout repose maintenant afin de porter les valeurs du clan, lequel vivote encore avec la cheffe actuelle, Dame Watanabe.
Saluant les recrues tandis que celles-ci passent devant lui afin de retourner sur le navire, le chuunin comme pour le voyage aller reste mutique malgré la performance édifiante de ses comparses. L’un ayant dû faire face à une tribulation toute commune mais omniprésente, celle de l’amère défaite qui nous torture et nous impose de courber l’échine en toute circonstance. Au contraire, l’homme au masque d’os a su se montrer plus fort que l’esprit en apprenant à se relever de ses blessures en dépit des doutes, malgré la tentation de renoncer à la façon des Shonen où le héros réussit à vaincre face à l’adversité.
Quant à la revêche aux cheveux émeraude, son épreuve consistant à choisir entre ses deux lames personnifiées par des personnes qui visiblement comptaient pour elle, elle a pris l’option qui lui convenait le mieux, à savoir sa propre solution. Inflexible, la moralité n’est qu’un obstacle pour elle, un écueil risquant de la ralentir dans l’atteinte de son objectif. Une mentalité pragmatique en somme, qui n’est pas sans lui rappeler une autre personne. Son frère. En espérant qu’elle ne sombre pas dans les mêmes travers cyniques.
Posant un pied sur le pont, il fait signe aux genins de monter et au nocher de reprendre la navigation, laissant l’île d’Ue à sa quiétude sauvage. Le sac et le ressac venant effleurer le rivage, de sa visière aciérée il lance un dernier regard en direction de la futaie tropicale. Si calme.
« En route. » Lance le sabreur au vieux nautonier.
Spoiler:
Bravo vous avez passé l'épreuve des lames, beau rp.
Elle avait réussi. Ils avaient réussi. Et c’était avec un tout nouveau regard que Shinka admirait son sabre enfin officiellement reconnu comme le sien. Satisfait et pourtant encore un peu fatigué par son épreuve malgré l’illusion de ses blessures, il n’avait pas attendu plus longtemps pour à nouveau s’équiper de sa lame.
Chose faite, il tourna toute son attention vers sa camarde qui, sans surprise, était arrivée au même résultat. Le sourire aux lèvres, Shinka vint évidemment la saluer et la féliciter tout en passant un bras autour de son cou en gage de familiarité.
« Sans surprise. »
Évidemment, il n’avait pas la moindre idée de l’épreuve que celle-ci venait de subir. Pour autant, la question ne tarda pas à être posée étant bien curieuse de savoir le caractère de son sabre. Et la réponse était assez surprenante, enfin pas tant que ça. Devait-il se sentir blessé ? Interloqué ? Il n’en était pas vraiment convaincu.
« Je vois. »
Fut la seule chose que Shinka réussit à répondre. Néanmoins, son ton n’était pas froid, au contrairement, étonnement calme et même un sourire tendre s’était dessiné sur son visage. Ce choix-là correspondait si bien qu’il ne pouvait décidément pas lui en vouloir, l’opposé aurait plus inquiétant, après tout.
Un poids un moins, l’ancien vagabond avait retrouvé le bateau l’esprit serein après avoir remercié respectueusement leur aîné. Un simple regard derrière lui avant qu’il ne se concentre à nouveau vers l’avant et le village de Kiri. Évidemment, il continua d’échanger longuement avec Ayumi sur les épreuves, mais aussi ce qui les attendait à l’avenir, dans un nouveau chapitre.
HRP:
Désolé pour mes temps de réponse et merci pour le rp o/