C'est dans le cadre de l'arrivée d'une nouvelle vague de promotion Chûnin future que le Shireikan fut mis au courant du projet par l'un des membres gradés de la Kenpei, heureux de pouvoir mettre son travail à disposition de tous et que son idée soit acceptée.
Les négociations avaient duré plusieurs heures, un long moment que le Kagai avait déploré tant son adversaire de joute verbale ne voulait pas lâcher le morceau.
En même temps, son constat était plus que juste, le village manquait cruellement de gradés ces derniers temps, pris d'une vague de genins qu'il devenait compliqué de gérer. La proposition ? Tester certains des genins en les tirant au sort pour les emmener au cours d'une mission sous-classée afin de tester les aptitudes du dit- aspirant ninja.
L'idée était plutôt simple et efficace au final, faire de quelques genins chanceux de potentilles chûnins en les mettant aux côtés de Jonins confirmés prêts à les protéger, leur faisant prendre des risques pour améliorer leur faculté à apprendre rapidement et surtout, à progresser.
Bon, c'est partit.
Ces mots-dits, le Bingo pouvait commencer, une roulette de huit numéros, huit genins sélectionnés pour partir en mission organisée sous-classée volontairement.
Soufflant un instant, le Shireikan se rendit compte que seulement trois Jonins étaient présents à ses côté, signifiant qu'il devrait prendre un des élèves avec lui. Ca, il l'avait compris, mais surtout, le Kagai profita de cette idée pour demander à passer en premier au tirage, lui permettant de choisir sa mission pour ainsi choisir la moins longue d'entre-elles. Quelques jours maximums devraient suffire.
No Sabaru.
Sans même un mot, le Kagai acquiesça de la tête, avant de faire un signe de main, faisant signifier à l'un de ses espions qu'il devait partir sur le champ alerter le dit-genin.
Convocation de mission rang C.:
Sabaru, genin de la Brume. Vous êtes convoqué pour une mission d'urgence aux côtés d'un jônin du village, partez dès que possible, votre équipier vous sera présenté sur place, à la porte Est.
Une mission urgente avec un coéquipier surprise ; voilà donc ce que la grande Brume avait à proposer au genin. Un autre aurait probablement cédé au trac face au mot « urgence » qui était aligné sur le papier que lui avait remis un autre soldat de la brume au visage occulté. Lui, au contraire, s'était senti empli de fierté et de détermination : ce genre de cas de figures étaient des occasions en or de montrer ce dont il était capable, et de se faire un nom auprès d'au moins un des gradés de la cité. L'inverse, c'est-à-dire le fiasco total, était également une possibilité ; inenvisageable pour le déchaîné. L'échec n'était pas une option.
Conformément aux ordres donnés, il se mit en route illico vers l'Est. Il avait été accosté aux abords de l'un des terrains vagues du Nord qu'il utilisait pour s'entraîner, depuis les menus dégâts causés au Dojo qui lui vaudraient très certainement des remontrances à la hauteur de sa bêtise et de son emportement. Il avait effectué un crochet pour rejoindre son domicile, qui ne le faisait pas trop dévier de sa course, afin d'y récupérer du matériel qu'il avait tout récemment acheté et qui était empaqueté dans un second exemplaire de sa sacoche basique de shinobi, ainsi que son ninjato qu'il n'avait jusqu'alors jamais dégainé.
Je me demande qui sera chargé de m'encadrer. Je n'ai encore jamais rencontré de jōnin, donc je ne risque pas de tomber sur quelqu'un que je connaisse... du moins, personnellement. Les grands noms de Kiri sont classifiés comme jōnins, après tout. Pendant sa course, il s'était formulé ces réflexions ; il était encore loin de se douter de ce qui l'attendrait une fois sur place.
***
Une quinzaine de minute fut tout ce qu'il lui fallut pour parcourir le quart du village, en optant par la voie des airs. Sa première impression se devait d'être soignée, ainsi il mit un point d'honneur à suivre l'ordre du « dès que possible » en se hâtant. Si un petit pressentiment qu'il serait en avance sur son jōnin attitré se faisait ressentir, il n'en fit rien et pressa le pas ; s'il devait attendre, il attendrait. La patience était une vertu dans la fonction militaire, au moins tout autant que la rigueur et la ponctualité pour le coup.
De fait, lorsqu'il posa enfin le pied sur l'esplanade de la porte Est, il était seul — en excluant les quelques riverains et les quelques gardes dont l'ingrate tâche de surveillance n'était guère enviable —, aucun signe du jōnin qui devrait l'accompagner. Le déchaîné s'avança donc plus posément jusqu'aux battants de l'épaisse porte qui le séparait encore de l'extérieur. Il n'avait quitté le village qu'une fois depuis son entrée dans les forces de la Brume, lors de sa mission à Hakari. Un petit bol d'air frais des marais lui ferait donc le plus grand bien.
Après un moment d'errance aux abords de la muraille riche en réflexion, le genin se figea net en voyant une silhouette s'approcher de lui. Plus grand, plus large, barbu, les traits creusés dans la pierre au burin. Cela devait être une erreur.
Il aurait donc comme tuteur temporaire Kagai Inja, le chef des armées. Après l'intimidation vint l'incompréhension, puis la pression. Il en oublia presque les usages. Il s'inclina brièvement, avant d'embrayer sur une présentation écourtée par la peur de dire quelque chose de travers.
« Nō Sabaru, genin de la Brume. C'est un honneur, maître Kagai. »
Avançant au devant de la porte Est du village, le cinquantenaire pu finalement voir la personne qui avait été choisie, un genin, comme prévu, avec le détail que celui-ci l'avait déjà reconnu, lui faisant une brève révérence avant de se présenter.
Il fut étrange pour le gradé d'apercevoir un homme affûblé d'un masque particulier, chose qui n'était pas spécialement répandue au sein de la Brume, ni même d'autres villages, à vrai dire, rares étaient les élues qui décidaient de cacher leur visage, généralement prit d'une précaution liée à une situation d'Oinin, de membre d'unité de la nuit ou de dangereux criminel recherché.
Toujours prit d'une incisivité et d'un stoïcisme à toute épreuve, le Kagai ne perdit pas de temps, se mettant directement à marcher, lentement, sur la route Est du village, en direction de la forêt se trouvant à son extrémité.
Habillé d'une longue cape noire cachant tout son attirail militaire et sa grande hache de bataille disposée dans son dos, le cinquantenaire de presque deux mètres regardait droit devant lui.
Avançons, la situation est critique.
A ces mots, le gladiateur réalisa qu'il prenait son rôle trop à coeur, la mission pouvant être dangereuse, elle possédait la simple particulier faussée de ne pas être si pressée que ça. D'ailleurs, le genin savait-il même pourquoi il avait été mandaté ? Il était temps pour Inja de rectifier certains points oubliés tout en marchant.
Enchanté Sabaru. Laissons le protocole de côté, nous sommes coéquipier pour cette mission, aucune barrière ne doit ternir notre esprit d'équipe. Nous combattrons d'égal à égal...
Laissant un instant de pause avant de respirer rapidement, le cinquantenaire reprit rapidement.
Un fugitif de Kaze nous a été signalé, il n'est pas question de le laisser prendre ses aises au sein du pays possédant le plus grand passé criminel du Yukan. Les temps ont changé et c'est à notre village de veiller à garder cette pérennité intacte."
C'était donc une traque qui l'attendait. Il avait l'habitude des enquêtes et filatures, avec ce qu'il avait déjà vécu au sein de la Brume ; mais une traque d'un individu unique, et dangereux qui plus est ? C'était inédit pour lui. La situation était jugée « critique » par le chef des armées en personne, ce qui suffit à mettre Sabaru dans le bain.
De plus, comme souligné, le Pays de l'Eau n'était pas exempt de passé criminel. Si l'archipel était dorénavant relativement sûr, nul n'était à l'abri de réminiscences, et un prisonnier pourrait assurément profiter de cela pour se fondre dans la masse. Il fallait donc l'avoir avant qu'il ne soit trop bien installé, qu'il ne se crée des contacts, ou qu'il ne cause des ravages.
« Son dernier signalement vient d'où, exactement ? Cette route traverse un hameau, puis les marais, et débouche sur la forêt ; autant d'endroits possibles, mais peu orthodoxes. »
Son incertitude était compréhensible. S'il se cachait aux abords même de Kiri, il était bien inconscient. S'il se terrait dans le marais... il était tout simplement fou, au vu des créatures et de l'absence totale de facilités. La forêt semblait être un meilleur choix, mais il devait probablement avoir une idée très précise pour s'y établir, loin de tout.
Avec ses quelques expériences à l'appui, le déchaîné se fit la réflexion — un peu tirée par les cheveux, vu qu'ils venaient de quitter Kiri — qu'ils pourraient bien être surveillés par leur cible. La prudence était de mise, et les précautions ne lui coûteraient rien, si ce n'est un peu de chakra. Vivement, il signa, faisant apparaître à leurs côtés deux de ses copies conformes. Déjà au fait de leur tâche, elles signèrent à leur tour, adoptant une apparence différente et plus couverte ; une technique de métamorphose basique, changeant leurs manteaux en tons sombres et les affublant d'une large capuche. Les deux nouveaux Sabaru s'écartèrent rapidement, laissant le Kagai et leur invocateur seuls, à cheminer sur la route principale.
Le déchaîné ne fit pas l'injure au chef des armées de lui expliquer ce qu'il venait de faire. Ses clones les suivraient en suivant leur route en parallèle, aux aguets, permettant de ratisser une plus grande zone. Si quelqu'un s'aventurait à les épier, ils les trouveraient. Si l'un d'eux était repéré, il forcerait le guetteur à s'en aller, ou à le tuer. Dans tous les cas, ils étaient gagnants. La seule faille, très mince, résidait en la possibilité qu'il y ait plusieurs observateurs capables de communiquer entre eux à longue distance, tout en suivant les clones qui donneraient indirectement la position des deux originaux.
Mais le fugitif était seul. S'il avait des coéquipiers, il devait s'agir de simple laquais. En somme, peu de chances qu'il ait à ses côtés deux personnes assez expérimentées pour déjouer la formation, qui en principe était sans failles. Le seul moyen de les prendre à revers serait de venir de Kiri. Mais qui s'essaierait à prendre le chef des armées de dos, dans le but de l'attaquer ? Ils étaient assurément en position de force.
« Pour ce qui est du protocole, je ferai de mon mieux pour ne pas m'en encombrer. »
La phrase tomba de nulle part, lâchée bien après coup. Il fallait juste du temps au déchaîné pour faire chauffer ses méninges, se rendre compte que la situation semblait être sous contrôle, et reprendre confiance en lui.
Il n'était pas ici question de ménager le genin en question, Sabaru était son équipier pour le restant de la mission et chacune des informations serait cruciale pour la réussite de l'entreprise. D'un regard aux aguets, mais légèrement tourné vers son interlocuteur, le cinquantenaire se prépara à user à nouveau de sa voix rauque. Il n'était pas discret, mais il était peu probable que l'ennemi soit déjà présent en ces lieux, à vrai dire, c'était même impossible. Tout avait été organisé pour que celui-ci les attendent dans la forêt. Où ? Impossible de le savoir précisément, il ne fallait pas non plus que tout soit organisé au millimètre près.
L'homme ne peut qu'être en forêt d'après les informateurs. Ou en tout cas, il serait bien trop exténué s'il s'était efforcé de fuser vers le village pour y mourir, son but doit être tout autre...
En un rien de temps, Sabaru avait déjà réagit, agissant comme un véritable élément sur lequel le Kagai pourrait compter. Des clones venaient d'apparaître sur le terrain, prenant de la distance pour élargir le périmètre à surveiller à mesure de leur avancée.
Décidément, le genin avait un tas de ressource à exploiter. La légende n'en était pas une. Même les moins gradés de la Brume excellaient autant et aussi bien que certains shinobis disséminés sur le continent.
La Brume dominait et dominerait quoi qu'il advienne.
Ne le laissons pas nous distancer, qui sait de quoi il est capable et surtout, ce qu'est la raison de sa visite en terre brumeuse...
Il était temps de partir. D'ici l'arrivée à la forêt, rien ne devrait advenir de mauvais pour le groupe, bien que le chemin leur permettrait probablement de croiser quelques bâtisses habitées, de quoi récolter des informations du mieux possible.
A ce moment, Inja se mit à penser aux autres missions données aux Jônins désignés, bien plus longues et organisée que celle qui avait été choisie par le barbu.
Un effectif de plus ne nous ferait pas de mal.
A ces mots, le Kagai apposa sa main sur le sol, laissant apparaître rapidement un rhinocéros peu âgé. Un préposé aux missives. S'approchant pour lui tendre un papier d'ordres écrits à l'avance, le cinquantenaire devait prévenir les villages alentours que quelque chose arriverait et ce, en s'adressant directement à son protégé.
Va rejoindre le plus proche pour apporter cette lettre. Elle contient des informations pour les brigades en formation, si l'un d'entre eux à une information, ramène le nous directement pour qu'on l'interroge.
Les lèvres pincées, le cadet du duo observa le petit rhinocéros s'en aller en gambadant sur ses courtes pattes. Une technique d'invocation ? Ça a le mérite d'être pratique. C'était la première fois qu'il en observait une. Se lier à une race animale par un pacte de sang lui semblait jusqu'alors être une idée saugrenue et obscure. Le fait que le chef des armées s'y soit adonné l'intrigua, et ébranla ses positions. En vue de son statut, l'homme bénéficiait d'un certain crédit auprès de Sabaru. Sa curiosité était piquée, et il se décida à étancher sa soif de savoir avant que la mission ne monte en intensité.
« D'où vient-il ? Cet étrange animal cornu, je n'en ai jamais vu dans nos contrées — pour le peu de temps que j'ai passé à l'extérieur. D'après les sacoches, il sert surtout au transport... mais sait-il aussi se battre ? »
Si la question pouvait sembler bête, elle prenait du sens lorsqu'on savait quel genre d'homme était le Kagai. Un guerrier au bagage plein à craquer d'expérience et de savoir guerrier ; il était donc légitime de supposer qu'il aurait choisi un animal guerrier pour l'accompagner. Or, la créature à l'air presque béat n'avait pas l'air d'être une bête de guerre.
***
Une fois le hameau bordant Kiri quitté, le groupe se retrouva comme prévu entouré par le marais et la nature. Les bâtisses se clairsemaient, et l'atmosphère se chargeait de l'odeur de sous-bois et de fange.
Bien que ses clones fussent hors de son champ de vision, le déchaîné les savait en bon état. Dans un tel environnement qui se resserrait et s'assombrissait, tout en s'éloignait des fortifications de la brume, les copies seraient d'une importance capitale. Sabaru était donc aux aguets, prêt à capter le moindre bruit de coup de tonnerre ou la moindre informations relayée par la mort d'un clone. La mission avait été qualifiée de « critique » ; la méfiance et la prudence maximale étaient donc de mise, d'autant plus qu'il avait à ses côtés quelqu'un d'aussi important que le Kagai.
Lorsqu'une énième bâtisse isolée se présenta au duo, Sabaru se décida à s'écarter pour aller à la rencontre de l'habitant. Le porche abritant un chevalet de tannage et les hautes clôtures qui bordaient l'habitation et la séparaient de la faune locale laissaient deviner qu'il s'agissait d'un chasseur, d'où la distance prise avec la ville bruyante et la proximité avec la forêt sur laquelle ils ne tarderaient pas à déboucher. Son poing n'eut le temps de ne cogner qu'une fois sur le battant de bois avant que le propriétaire n'ouvre la porte.
« — B'soin d'aide ? T'es bien loin d'ta forteresse, pour un shinobi. — Nous aurions besoin de renseignements, en effet. Auriez-vous remarqué des activités suspectes, des inconnus qui rôdent ? Vous devez bien connaître les environs. »
L'interrogatoire, aux allures anodines, n'était qu'une formalité ; mais une formalité bien ficelée. Les mots choisis par le déchaîné, tout au long de l'échange qui suivit, furent lancés sans laisser la moindre information filtrer quant à leur objectif exact, et au nombre d'effectifs employés. En vitesse et en finesse, pour tirer la spontanéité du chasseur, lui retirer tout forme de temps de réflexion préalable et surtout pour ne pas se faire distancer par Inja, le genin enchaînait. S'il manquait de puissance brute, il compensait par son aisance à cerner autrui et à maquiller la vérité. Et malheureusement, il ne tira rien de transcendant hors de l'échange. Rien de surprenant, si l'on assumait que l'alerte était assez critique pour dépêcher le chef des armées : le prisonnier n'avait sans doute pas pu fouler le sol de l'Eau bien longtemps, et donc le « monsieur tout le monde » n'avait probablement pas encore entendu parler de lui.
En rejoignant le Kagai, Sabaru remarqua deux silhouettes qui s'approchaient, droit devant : le petit rhinocéros et un homme arborant un bandeau de la Brume. La bête à corne ne payait pas de mine, mais semblait elle aussi pleine de ressources.
Après un moment, le duo passa quelques temps aux abords d’une bourgade, profitant de l’endroit pour interroger l’un des habitants, un bon moyen pour le Shireikan de ne pas en faire trop pour observer les agissements du genin qui semblait être doté d’une jugeotte shinobi nécessaire pour évoluer dans la Brume. Il savait où aller et quoi faire quand il le fallait.
Mais alors que l’interrogatoire ne donnait rien, comme il était normal qu’il soit ainsi, Chīsana arriva aux côtés des deux hommes, accompagné d’un des gardes qu’il avait été chargé d’aller chercher. Plus rapide que dans son souvenir, le petit rhinocéros semblait réellement commencer à grandir, gagnant en vélocité de manière impressionnante.
Le garde ne perdit pas temps, donnant quelques informations à propos d’un groupe inconnu qui aurait été aperçu au sein d’une des plaines situées après la forêt. Une véritable piste qu’il n’était que bon de suivre.
« Merci. Vous pouvez disposer, nous allons nous occuper de ça. »
Et alors que les clones de Sabaru scrutaient les environs à une bonne distance du duo, cherchant de leur côté, il était d’ors et déjà possible pour l’un d’eux d’apercevoir un campement au loin, derrière les arbres, distinguable uniquement par la fumée qui s’émanait du feu l’accompagnant.
Impossible à ce moment pour le Kagai de savoir que son allié avait déjà repéré une piste et qu’une fois l’expérience du clone remise à son utilisateur, il pourrait probablement partager l’information.
« Et bien. Direction la plaine on dirait. Mieux vaut les intercepter avant qu’il n’arrive proche des villages éparpillés dans la forêt. »
Un groupe inconnu, aux abords de la forêt. Si l'information était inestimable, et se recoupait bien avec le signalement original, elle était porteuse d'un détail qui fit grincer les dents du genin. Il s'agissait là d'un groupe, et donc que l'évadé s'était enrôlé ou avait enrôlé d'autres rebuts de Mizu pour se protéger, et s'intégrer dans le réseau criminel résurgent du pays.
Sur ces pensées accablantes, Sabaru reprit son inexorable avancée, aux côtés du chef des armées. Le changement d'effectifs dans le groupe ennemi le rendrait plus simple à localiser, mais qu'en serait-il de l'interpellation ? L'état « urgent » de la mission n'avait rien fait pour conforter l'aspirant soldat, et le fait qu'elle se corse le plongea dans le mutisme. Pour autant, il n'en fut pas tétanisé; à ses côtés se tenait l'homme le plus puissant de la Brume. Il ne doutait, au final, que de sa propre capacité à l'épauler sans devenir un poids.
Portant sa main à sa bouche, le déchaîné émit un bref sifflement, caractéristique. Dans les instants qui suivirent, l'un de ses clones fit surface près du groupe, bien plus tôt qu'il ne l'aurait imaginé. Pour cause, il était venu de son propre chef, avant même l'arrivée du signal.
« Il y a un campement, distinguable grâce à son feu de camp, après le bosquet. — Le fugitif est entouré d'un groupe, aux effectifs non communiqués. Il doit s'agir d'eux. »
Un hochement de tête, succinct, conclut l'entrevue entre les deux jumeaux. Tandis que le premier regagnait ses positions, en tant qu'éclaireur, le second arrivait pour être briefé à son tour.
Suite au départ du second clone, le genin lança un coup d'oeil inquiet au chef des armées. Il n'avait formulé aucune instruction, ni esquissé le moindre plan. Attendait-il d'être sur place, pour avoir plus de matière à travailler ? Ou alors, comptait-il le mettre à l'épreuve ? Depuis le début de leur excursion en dehors des murs rassurants de Kiri, il s'était retrouvé en quasi-roue libre, à peine guidé par les informations préalables dispensées par le Kagai. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais la pression de l'échec lui pesait, d'autant plus depuis qu'ils approchaient du but.
« Serait-il pertinent de se séparer pour prendre le camp en tenaille ? Ça permettrait de fermer toutes les issues à d'éventuels fuyards, même si on multiplie par deux les risques de se faire repérer. Ils doivent être sur leurs gardes, vu leur relative proximité avec un village caché. »
Il semblait nécessaire d'établir l'approche du camp, avant de s'en approcher. S'il s'agissait bien de celui qu'ils cherchaient, ils n'auraient qu'une seule chance de tendre leur filet. L'improvisation n'était visiblement pas dans l'optique du genin.