Le rendez-vous pour la cérémonie d’admission de Saji dans le Clan des Sabreurs de Kiri se déroule ici, sur l’île de Ue, en cette fin de matinée. La brume hivernale cache le ciel grisâtre. L’air est froid mais reste supportable. Des hommes en kimono et avec un sabre à la ceinture commencent à s’approcher du cœur de l’île de façon silencieuse, comme si un évènement sacré allait avoir lieu. Aucun geste de trop, ils ne se parlent pas entre eux, comme si élever la voix ici et maintenant pouvait troubler le bon déroulement de l’épreuve. Ils se regroupent d’abord en ligne et font face à un homme qui semble être l’aîné du groupe. S’agit-il du chef du groupe ? En tous cas, ces sabreurs aux visages peu familiers semblent avoir un rôle très spécifique dans le clan, à savoir celui d’organiser l’Epreuve des Lames. Un autre groupe d’hommes avec des bandanas blanc autour de la tête assis en position de seiza semble attendre le début de quelque chose. A côté d’eux, on peut distinguer un groupe de tambours.
Pendant que le groupe de bretteurs et de joueurs de taiko se prépare, un homme en shôzoku noir arrive sur les lieux en compagnie d’un jeune homme en kimono. Il s’agit de Saji et du Kaguya qu’il a rencontré au Grand Dojo, qui ont voyagé ensemble depuis le village de Kiri jusqu’ici, l’île de Ue. Le voyage s’est déroulé sans encombre, le temps a été relativement clément, du moins par rapport au temps toujours brumeux du Pays. Ils marchent sans se précipiter, car ils sont même arrivés quelques minutes en avance, grâce à la connaissance du pays du Kaguya. Saji n’ose imaginer combien de temps il aurait pris pour venir jusqu’ici s’il n’avait pas fait la connaissance de son guide. Ils n’ont pas vraiment pris le temps d’en apprendre plus l’un sur l’autre, le Kaguya s’étant montré plutôt laconique pendant le voyage, tandis que Saji était muet comme une carpe. Toutefois, quelques brefs échanges sur le village et le pays ont permis au nouveau venu d’en apprendre davantage sur sa terre d’accueil. A peine les deux hommes se montrent au groupe que le chef du groupe de sabreurs se met à prendre la parole pour annoncer le début de la cérémonie.
« L’Epreuve des Lames est sur le point de commencer. Mes frères, je vous prierais de vous mettre en position et de préparer le rituel pour notre candidat. »
Sur ces mots, le groupe de sabreurs se met en place toujours avec le même silence de tombe. Ils se placent progressivement autour d’un cercle marqué au sol. Dans ce cercle on peut percevoir de nombreux symboles que Saji n’arrive pas à décrypter. S’agit-il d’un fuuinjutsu ? Il ne saurait dire. Son corps commence à trembler sous la pression en même temps que l’excitation d’être amené à passer cette épreuve sacrée. Il se demande quelle est l’importance du danger qu’il s’apprête à affronter, et surtout en quoi consiste ce test. Car il n’a absolument aucune idée de ce qui va arriver, ce qui rend alors le stress encore plus grand. Sans dire un mot, deux des hommes du cercle s’écartent pour laisser passer le candidat. C’est donc avec une certaine appréhension que Saji s’avance pour entrer à l’intérieur du cercle, lequel se referme aussitôt derrière lui. Il tourne la tête et se rend compte qu'il est désormais impossible de faire marche arrière. Il ne s’agit pas d’une épreuve quelconque que l’on passe juste sur un coup de tête, c’est un aller sans retour. Ou bien il réussit l’épreuve, ou bien on le laisse à son sort. Les tambours sont en place et forment un cercle autour du cercle de sabreurs, de sorte qu’il y a désormais deux cercles avec Saji au centre : un cercle de sabreurs, et un cercle plus grand de tambours. Le sabreur muet dégaine son sabre légendaire Baransu qui glisse délicatement de son fourreau noir ébène, laissant échapper un sifflement familier causé par le contact de la lame contre l'intérieur du fourreau. Il plante le sabre dans la terre avec fermeté, comme il lui a été demandé par l’organisateur du rituel, lequel lève la main dans le ciel et s'adresse à lui d’une voix forte et formelle.
« Nobuatsu Saji, êtes-vous prêt à passer l’Epreuve des Lames ? »
La voix fait frémir Saji qui ressent l’importance du moment. Il laisse passer quelques secondes de silence. Le temps semble suspendu et tous les participants sont immobiles. Enfin, un léger hochement de la tête du sabreur muet suffit à lancer les hostilités. A ce moment, l’organisateur du rituel baisse sa main. Les joueurs de taiko commencent à frapper leur tambour avec un rythme régulier et synchronisé. Les sabreurs en cercle commencent à composer une série de mudrâs auxquels Saji ne fait pas attention, car il est déjà concentré et aux aguets. Quelle que soit la nature de l’épreuve, il se doit de la réussir, il n’est pas venu de si loin pour échouer. Il a une quête personnelle à terminer, il doit retrouver son frère et finir ce qu’il a commencé.
Wutu-Fuku se sent généreux en ce moment. Assez pour faire profiter ce Saji de son excursion sur l’île de Ue. Le vieux marin qui s’est occupé de la traversée ne s’est pas formalisé de voir un second passager sur son embarcation. Il faut dire qu’à force, le jeune Kaguya est devenu un habitué, donc il lui doit bien ça, comme une sorte de cadeau fidélité. Les conditions particulières du voyage viennent confirmer quelque chose qui paraissait déjà très probable : ce Saji est incapable de parler. Le chûnin n’est pas un bavard non plus, aussi le voyage se déroule-t-il sans malaises. La navigation sur les eaux de Mizu ne pose aucun problème, l’homme est habitué à faire ce trajet. Seul un natif du pays de l’Eau peut se targuer de pouvoir naviguer sans problèmes dans la brume. Finalement, les côtes de Ue se dessinent à l’horizon. On dirait que la météo est plutôt fraîche aujourd’hui. Pour une raison obscure, le climat de l’île semble parfois s’affranchir des normes météorologiques, pour afficher un climat tropical alors que sur le reste de l’archipel, l’hiver gronde.
-J’espère que tu n’as pas peur des insectes.
Une fois sur la terre ferme, le duo commence son incursion dans l’épaisse forêt. Un lieu qui peut impressionner quand on n’est pas habitué, presque mystique. Si l’île cache bien des mystères et si la faune et la flore est effectivement légèrement disproportionnée, il n’y a rien de bien inhabituel sur Ue. Une sauterelle grosse comme une main humaine s’enfuit dans la verdure en voyant les deux mammifères arriver dans sa direction, offrant un avant-goût de l’écosystème local au sabreur. Heureusement pour le duo, Wutu-Fuku connait déjà un peu l’endroit, pour y avoir été ‘kidnappé’ par un membre des forces spéciales de Kiri dans un but de test mais aussi pour avoir effectué quelques repérages, notamment avec le reste de l’équipe 7. Après quelques minutes de marche, les deux kirijins arrivent jusqu’à une sorte de clairière, dans laquelle plusieurs groupes sont visibles. Certains sont assis par terre, tandis que d’autres sont en ligne devant un type en kimono. Celui-ci semble être le chef, et prend la parole quand il voit le duo arriver.
Il demande aux ‘frères’ de se placer en position pour le fameux rituel. Wutu-Fuku adresse un regard encourageant au muet et recule pour prendre place sur un arbre, en hauteur, afin ne rien manquer de la scène. Les participants au rituel commencent à former un cercle, dans lequel Saji est invité à pénétrer. Un second cercle vient se former autour du premier, composé de musiciens accompagnés de tambours. Le sabreur dégaine son sabre et vient le planter dans le sol. Le chef de la troupe demande une dernière fois au Nobuatsu s’il est prêt. Ce dernier, après quelques secondes, acquiesce d’un hochement de tête. D’un air grave, le ‘prêtre’ fait signe au reste de l’assemblée. Les musiciens commencent à taper en rythme sur leurs tambours, tandis que le premier cercle compose une série de mûdras.
La suite des événements promet un dénouement intéressant. Le Kaguya regarde avec attention une sorte d’aura émaner du sabre au moment où les membres du premier cercle terminent leur incantation. Ou peut-être devrait-on dire invocation…
Les premiers sons de tambours sont lents et espacés. Chaque son est comme parfaitement ajusté aux battements de son cœur. C’est le moment de l’attente, c’est le moment où la menace approche. Puis le rythme s’accélère pour créer une mélodie harmonieuse, et de plus en plus enivrante. Le sabreur muet commence à sortir son deuxième katana, lequel est de qualité standard. Il jette le fourreau au sol, fait tourner l’arme dans sa main avant de se mettre en garde. La lame proche de son visage, les deux mains fermes sur la poignée, la pointe en direction du danger qui s’annonce devant lui, Saji est en position de combat. Le premier cercle de bretteurs enchaîne les mudrâs tandis que les coups de tambour augmentent en intensité. Face à lui, la lame enfoncée dans la terre, Baransu commence à réagir à l’incantation, et à émettre une lueur bleutée. Une sorte de vapeur transpire de l’arme pour s’élever gracieusement dans le ciel, formant une longue colonne de fumée bleue qui finit par engloutir l’arme légendaire à l’intérieur. A travers le pilier de fumée, des ombres commencent à se dessiner. Quelque chose semble bouger, comme si une présence s’y trouvait et essayait de s’échapper de cette prison immatérielle. La fumée remue encore. Soudain, un bras passe à travers, révélant une main protégée par un tekko, un gantelet. Les doigts commencent à bouger comme pour essayer de saisir quelque chose de l’autre côté de la barrière. Ensuite, une jambe surgit de l’écran de fumée, celle-ci aussi protégée par une pièce d’armure, un suneate. Les tambours frappent désormais à la façon d’une série d’éclairs pourfendant les cieux. Une autre main plonge vers l’extérieur à la façon d’un prédateur surgissant de l’eau pour gober sa proie. Tout de suite après, une autre jambe s’échappe de la colonne de fumée pour frapper violemment le sol du pied, laissant derrière lui un petit cratère. L'impact provoque un léger tremblement ressenti même par les bretteurs positionnés en cercle autour du point d'impact. Le bruit provoqué par ce choc perce le tumulte interminable des tambours. Un nez, puis des yeux, et enfin un visage… La tête de cette créature démoniaque qui semble venir d’un autre monde fait son apparition au milieu de l’île de Ue. Elle est plus grande que Saji, elle fait même une tête de plus que lui. Un monstre sans nom, enveloppé d’une aura bleue si épaisse qu’elle est visible à l’œil nu. On peut entendre la forte respiration de la créature sous son masque de samuraï. Il s’agit donc de son adversaire… C'est lui. L’esprit du Sabre Esprit : Baransu.
Les yeux de Saji essaient de donner du sens à ce qu’il est en train de voir… Mais cet esprit semble tout droit sorti d’un cauchemar. Sa forme mi-physique mi-vaporeuse ressemble à celle d’un samuraï géant armé jusqu’aux dents. Son katana est si long qu'il a la longueur d'une naginata. La colonne de fumée derrière l’esprit continue à jaillir en direction du ciel avec la puissance d’un geyser. Le sabreur muet lève la tête pour regarder droit dans les yeux sombres de la créature qui reste immobile, comme si elle attendait que Saji l’attaque. L’esprit n’est même pas en position de garde mais se tient droit debout. Les mains le long du corps. Puis ce n’est que lorsque son vis-à-vis fait un pas qu’il se met à réagir. Le samuraï prend une position avec garde basse, katana vers le bas, avec une main tenant fermement la poignée tandis que l’autre tient le fourreau. Quant à Saji, il prend une position de garde haute, lame redressée, avec les deux mains sur la poignée. Quelle est la force de son adversaire ? De quoi est-il capable ? Quels sont ses points faibles ? Autant de questions auxquelles il devra répondre dans son premier échange de coups. Son pied décolle du sol, et il charge droit devant lui, assénant un premier coup suivant un arc vertical descendant. La créature bloque sans la moindre difficulté et réplique avec un coup de taille horizontal mais Saji arrive à mettre son sabre sur la trajectoire de la lame. Sous le choc de la parade, il est projeté en arrière, puis se réceptionne au sol. Il lève la tête pour regarder l’esprit du sabre encore une fois, en lui lançant un air de défi. Immédiatement, il se relève et reprend l’assaut. Les coups partent de plus belle, mais le samuraï parvient à anticiper chacun de ses mouvements sans trembler, chaque parade est presque mécanique, trop bien calculée. Les lames s’entrechoquent, et à chaque contact des étincelles fusent dans l’air. Il n’y a aucun doute, son adversaire est doté d’une force extraordinaire qui n’a d’égale que ses réflexes. Le sabreur muet le remarque au milieu de son enchaînement de coups puis se résigne à reculer pour récupérer son souffle. Il ne peut continuer ainsi et garder l’initiative. Ses attaques n’ont aucun effet. Peut-être s’il opte pour une approche plus défensive ? En tous cas, le voilà en grande difficulté, face à un adversaire qu’il connaît à peine et qui dispose d’une force surhumaine.
Donc ce n’était pas des conneries ces histoires d’esprits dans les sabres. L’aura bleutée commence à se muer en une épaisse fumée de la même couleur, tandis que Saji dégaine son second sabre, dont il jette le fourreau au sol, avant de se mettre en position de garde. La fumée recouvre intégralement l’épée désormais, si bien qu’il est impossible de distinguer l’arme au travers. Puis les volutes semblent prises de spasmes, comme si quelque chose tentait d’en sortir. Et cette chose finit par réussir, puisque un bras en sort. Puis une jambe. Les tambours retentissent encore plus brutalement, tandis que l’être qui réside dans le sabre finit de se libérer de sa prison de métal. Un pas puissant, même perceptible par Wutu-Fuku depuis son perchoir. Il est désormais possible de détailler la créature en détail : un véritable géant en armure de combat. L’aura bleutée qui l’entoure vient rappeler aux observateurs la nature particulière de l’entité. Entre deux battements de tambours, le souffle de l’esprit du sabre peut être entendu. Un souffle fort et lourd. L’arme du guerrier démesuré est à la hauteur de son propriétaire : son sabre fait dans les deux mètres de long. Malgré sa posture stoïque, on peut aisément ressentir son aura guerrière, comme une peur primaire qui se réveille dans le subconscient et qui hurle face au danger imminent.
-Intéressant… très intéressant…
Le Kaguya regarde la scène, les bras croisés. Son regard s’attarde sur Saji, qui reste figé devant la silhouette fantomatique. Elle attend vraisemblablement un mouvement du sabreur pour réagir. Ce qu’elle fait lorsque ce dernier fait un pas pour se positionner dans une posture défensive, les deux mains sur la garde de son épée. Le samouraï, lui, dégage une technique bien différente. Son gigantesque sabre dans une main et le fourreau dans l’autre, laissant présager un style à deux lames. Saji entame les hostilités afin de jauger son adversaire. Un coup bloqué facilement par l’entité, qui réplique par un coup bien plus violent, propulsant le muet en arrière. Il arrive heureusement à se réceptionner et n’a pas perdu une once de motivation, fixant fermement l’esprit. D’un bond, le revoilà au corps-à-corps. Le samouraï pare sans aucune difficulté chaque coup de son adversaire, comme s’il pouvait lire dans ses mouvements. Quoi de plus naturel s’il s’agit bien de la personnification de l’épée maniée quotidiennement par le genin. Qui de mieux que l’arme elle-même pourrait connaître le style de son manieur.
Saji finit par stopper son enchaînement pour reculer et reprendre sa respiration. Il a compris que ce n’était pas la solution. Wutu-Fuku se gratte le menton. Malgré son allure, le ‘sabre’ est moins offensif que ce que l’on aurait pu penser. Mais même en tant que novice dans l’art de l’épée, la supériorité du samouraï est évidente. Le Kaguya voit mal comment son compère kirijin pourrait se sortir de cette situation. Contrairement au sabreur, ce dernier ne laisse transparaître aucun signe de fatigue. C’est l’occasion d’attaquer le muet et pourtant il ne le fait pas.
-Peut-être que ce combat n’est pas à gagner avec les armes.
Qui sait ? Il espère que la clé de cette épreuve est à chercher dans cette direction car dans le cas contraire, le sabreur ne quittera pas Ue vivant.
Un adversaire de grande taille, littéralement. Ce colosse en armure est insensible à ses enchaînements au sabre, et parvient à bloquer chacun de ses coups. Qu’importe l’angle, qu’importe la vitesse, son ennemi semble deviner chacun de ses mouvements avec une exactitude telle que la parade est parfaite à chaque fois. Mais pourquoi ? Saji secoue son bras afin de s’échauffer et préparer l’assaut suivant. Il est encore secoué par la brutalité des échanges avec le samuraï. Mais comment l’approcher cette fois ? Il a bien vu qu’une attaque directe ne marche pas. Il a forcément une faiblesse, un point dans son armure qui le rendrait vulnérable. Autrement on ne le laisserait pas combattre un tel ennemi. Ou peut-être qu’il n’est pas censé le battre… Ou peut-être est-il trop faible pour le moment. Les organisateurs ne se préoccupent pas de savoir si un candidat est trop faible ou pas pour battre l’esprit de son sabre, ils préparent le rituel, point. Ce serait donc la fin pour lui. Il ne peut le battre, donc il doit mourir ou gagner ? Cette pensée noire démoralise le sabreur mais les tambours le réveillent et le galvanisent en un instant.
Cela fait presque une minute que Saji réfléchit sur la stratégie à adopter et tout ce temps il est resté sur place, immobile. Mais difficile de se concentrer avec ces bruits de tambour qui continuent à faire trembler la terre. De même, le samuraï n’a pas bougé d’un pouce. Il semblerait que comme tout à l’heure, il reste devant la colonne de fumée bleue, immobile comme une statue de pierre. Une chose est certaine, cette créature répond à ses mouvements, mais reste toujours au même endroit. Quand elle est attaquée, elle se défend. Quand elle est approchée de trop près, elle agresse. Un comportement mécanique qu’il faut prendre en compte dans son équation.
Faisons le point. Les bretteurs n’ont besoin que d’échanger quelques coups pour déjà évaluer le niveau d’un adversaire. Saji a déjà un aperçu de ce dont est capable ce monstre. La puissance, la célérité, et l’agilité. Sur ces trois aspects, il n’y a aucun doute. Il est dominé. Mais comme il l’a compris tout à l’heure, le samuraï réagit en fonction d’un certain schéma d’action. C’est sûrement sur le plan de l’intelligence qu’il peut surpasser son adversaire. Il doit penser au-delà du triptyque puissance/célérité/agilité. On oublie trop souvent la capacité d’un bretteur à réfléchir et à manœuvrer le combat de façon intelligente. Le combat ne se résume pas à des capacités physiques mais s’étend aussi au domaine de la stratégie. Un combattant doit toujours penser à planifier ses prochains coups et à anticiper ceux de son ennemi. C’est exactement ce qu’il est en train de faire en ce moment.
Analyser est une chose, et trouver une solution en est une autre. Comment battre l’esprit du sabre ? Utiliser son intelligence d’accord mais s’il ne peut même pas le toucher à quoi bon ? Le tumulte des tambours s’intensifie…
Un éclair de génie traverse l’esprit de Saji. Et si depuis le début il avait abordé cette épreuve de la mauvaise façon ? Et si le but n’était pas de battre l’esprit ? Cela expliquerait pourquoi les organisateurs ne lui ont rien dit sur la nature et l’objectif de l’épreuve au préalable. La réponse est peut-être là. Le début de solution serait donc de se rappeler pourquoi il est ici et pourquoi il doit passer cette épreuve contre l’esprit du sabre. C’est vrai qu’avant même de chercher à saisir l’intérêt de l’épreuve, il est immédiatement parti du présupposé qu’il devait « vaincre » l’esprit du sabre. Cela semble évident pourtant. L’adversaire est en armure, armé d’un katana pour se défendre. Mais pourquoi se défend-il ? Pourquoi est-il armé ? Pour tester la valeur de son propriétaire ? Pour juger si Saji est suffisamment fort ou intelligent ?
« Enfin tu réfléchis, jeune Nobuatsu. »
Une voix se met à résonner dans sa tête. Saji regarde autour de lui, ni les bretteurs ni les joueurs de taiko ne semblent remarquer que l’esprit du sabre est en train de parler. Il ne s’agit pas non plus du Kaguya qu’il vient de remarquer perché sur un arbre. Donc c’est bien Baransu qui communique avec lui par télépathie. Le muet a beau faire des signes de la main en direction du samuraï, celui-ci ne répond pas, et la voix ne revient plus. Pourquoi vient-il de s’adresser à lui ? Il comprend que l’esprit ne lui en dira pas davantage malgré ses signes de la main. Mais d’après la voix, il serait sur la bonne piste. Donc la clé de la victoire réside dans la compréhension des enjeux de l’épreuve, non dans la défaite de l’esprit. Pourtant, le cadre de l’épreuve peut prêter à confusion et donner immédiatement l’impression que le but est de vaincre l’esprit du sabre. Mais il s’agit d’avantage de lui faire face, et d’être évalué par lui sur le plan purement spirituel et moral. Grâce à l’Epreuve des Lames, le sabreur et l’esprit du sabre se rencontrent pour échanger des coups, et échanger des paroles. Baransu peut tester la lame de son maître sous cette forme, mais il veut aussi voir s’il est suffisamment intelligent pour évaluer la situation et comprendre que le but de l’épreuve n’est pas de se battre mais davantage de combattre ses propres démons qui obscurcissent sa raison.
« La force d’un sabreur ne réside pas dans sa lame… mais dans l’âme qui la dirige. »
Pour devenir un Sabreur de Kiri, il faut être un grand combattant certes, mais ses qualités physiques ne suffisent pas. La force physique et le courage ne font pas tout. Les qualités morales et le discernement ajoutent au tranchant du bretteur qui devra faire des choix dans son parcours, a fortiori en tant que possesseur d’une arme légendaire. Cette dernière implique une lourde responsabilité, celle de faire les meilleurs choix pour son village. Car en lui attribuant une arme d’une telle puissance, on lui fait confiance avec un patrimoine d’une valeur inestimable, il n’est donc pas question de le donner à un quidam qui risquerait de causer la perte des Kirijins. Il est absolument hors de question de confier une arme d’une telle importance à un shinobi qui ne saurait pas clairement ce pour quoi il se bat, ou qui aurait des doutes, ou qui est encore en train d’hésiter. Le risque serait beaucoup trop grand. L’esprit du sabre est là pour défendre cette arme enveloppé dans la colonne de fumée, voilà pourquoi il ne bouge pas et tente d’arrêter quiconque s’en approcherait. Il ne laissera passer Saji que quand il aura trouvé la réponse à une question qu’il doit se poser lui-même.
La question, il la sait. Pour mériter d’obtenir cette arme légendaire et éveiller son pouvoir, il doit s’expliquer à lui-même d’abord pourquoi il en a besoin. Il doit se le convaincre. Il doit y croire avec sincérité. Il n’y a pas de mensonge, pas d’hypocrisie, sinon l’esprit s’en rendrait compte, il peut le lire comme un livre ouvert. Pour Saji, la réponse est claire, il en a besoin… pour défendre ses idées, et défendre les personnes trop faibles pour défendre leurs idées. Voilà sa vision. L’arme ne lui sert pas à asseoir son pouvoir mais à le contrôler, il est le pondérateur du pouvoir en excès, il est là pour empêcher que l’équilibre du monde ne soit perturbé. Il offre sa lame à ceux qui ont trop peur pour s’exprimer. Sa vérité est simple, sans arrière-pensée. Il veut empêcher des personnes comme son frère de causer davantage de peine et de souffrance dans le monde shinobi. Ainsi se résume son kendô. Sa voie du sabre.
Un bruit d’armure se fait entendre, le samuraï géant commence se mettre de côté et à s’écarter de la colonne de fumée, laquelle s’ouvre pour laisser voir le sabre planté dans la terre. Baransu pose un genou à terre et s’incline tandis que Saji marche lentement mais sûrement en direction du sabre, lequel continue à émettre une lueur bleutée. Une fois à l’intérieur de la colonne, il pose ses mains sur la poignée et tire la lame d’un coup sec. Une fois la lame retirée, les parois du cylindre se mettent à s’évaporer dans l’air, tandis que le monstre en armure est toujours dans sa position de salut. Il s’évanouit petit à petit, des particules de son corps sont progressivement aspirées par la lame du sabre de Saji. Ce dernier reste coi. Il ne réalise pas encore qu’il vient de passer l’épreuve. Il ne s’attendait pas à ce que celle-ci demande autant de travail d’introspection, mais avec un peu de recul, cela est plus logique. Il brandit Baransu dans les airs. La fumée bleue s’est complètement évaporée et le monstre s’est évanoui. C’est fini.
L’organisateur du rituel prend la parole avec une voix aussi forte et formelle que tout à l’heure :
« L’esprit a reconnu le propriétaire de la lame. Nobuatsu Saji, vous êtes donc officiellement accepté dans le Clan des Sabreurs de Kiri. Continuez à développer votre relation avec votre lame. Plus le lien qui vous unit sera fort, plus le pouvoir que vous partagerez sera grand. »
Sur ces mots, les cercles sont dissous, les bretteurs ainsi que les joueurs de tambours se dispersent pour quitter l’île de Ue, laissant Saji et le Kaguya seuls en cet endroit sacré où vient d’avoir lieu un événement extraordinaire.
Le sabreur muet se retourne vers son guide du pays sans qui il n'aurait jamais pu venir et faire cette épreuve. Il lui est reconnaissant pour l'aide qu'il lui a apporté. Et aussi il s'est senti moins seul, sachant que quelqu'un était là pour le regarder. Même si celui-ci prétend qu'il est là car il a d'autres choses à faire ici, il a pris le temps de rester et de contempler le spectacle. Saji se rapproche de lui et commence à écrire sur son carnet.
Saji a écrit:
« Du point de vue extérieur on pourrait croire que je ne faisais rien mais je menais un combat contre mon propre esprit. Essayant de me dominer moi-même avant de dominer l'esprit du sabre. Car le but de cette épreuve n'était pas de prouver ma supériorité physique, mais de tester ma détermination et la clarté de mon kendô. Ainsi le Sabreur de Kiri ne ne tranche pas dans le vent, il tâche de diriger sa lame dans la bonne direction. Il doit savoir où il va, et porter cette responsabilité pour le village de Kiri. Et c'est ce que Baransu souhaitait voir. Si nos esprits s'accordaient avec harmonie. »
Il marque un temps pour soulager sa main, et reprend l'écriture.
Saji a écrit:
« J'imagine que les esprits des autres sabres résonnent avec une différente musique. Leur vision de la voie du sabre peut être moins morale, plus pernicieuse, mais je suis heureux d'avoir été élu par celui-ci. Fier d'être le maître de Baransu. Cet esprit que vous avez pu voir de vos propres yeux. Nous partageons la même vision, et le même amour pour autrui.»
Il n'oublie pas de remercier le Kaguya pour son aide.
Saji a écrit:
« Je n'oublie pas que vous m'avez aidé dans ma tâche aujourd'hui, et j'espère vous retourner la faveur un jour. Mais tout d'abord, j'aimerais en apprendre plus sur mon accompagnateur. Vous ne m'avez pas donné votre prénom depuis le début que nous nous sommes rencontrés. Je suis simplement curieux de savoir au moins à qui je dois l'honneur d'avoir réussi l'Epreuve des Lames en ce jour. Si bien sûr vous acceptez de vous révéler. »
Wutu-Fuku, toujours assis sur son arbre, balance ses pieds dans le vide tandis qu’il observe la scène. Il a eu le nez creux, il faut croire. Car ce n’est pas avec son autre sabre que Saji a réussi à obtenir la fidélité de son sabre. L’épéiste a mis du temps à s’en rendre compte lui-même. Ses assauts n’ont pas portés leurs fruits. Pire : ils montrent bien à quel point la différence entre l’homme et le sabre est énorme. Et pourtant, l’esprit n’attaque pas alors qu’il pourrait en finir en quelques secondes s’il s’y mettait sérieusement visiblement. C’est donc évident que pour réussir cette épreuve, il ne faut pas battre son adversaire. Il faut le convaincre. Des choses lui échappent certainement, car les deux épéistes restent immobiles pendant un bon moment, jusqu’à ce que l’esprit du sabre de Saji fasse un pas sur le côté avant de s’agenouiller, laissant à l’homme l’opportunité d’approcher le sabre qu’il a planté dans le sol avant le début du combat.
Saji pénètre dans le rayon bleuté qui forme une colonne jusqu’au ciel. Il tire d’un coup sec la lame du sol. Peu à peu, la colonne de fumée disparait. L’esprit reste un peu plus longtemps, mais finit lui aussi par se désagréger, ne montrant aucun signe d’inconfort lié à son état, jusqu’à disparaitre entièrement dans la lame. Le muet brandit le sabre, manifestement satisfait du déroulement des événements. Il a bien le droit de l’être. Les tambours cessent, tandis que l’instigateur du rituel s’approche, toujours aussi neutre, annonçant que l’esprit du sabre a reconnu le Nobuatsu comme propriétaire légitime, faisant officiellement de lui un sabreur de Kiri. Il n’y a aucune félicitation dans le propos. Il est arrivé ce qui devait arriver. L’assemblée, son devoir accompli, se disperse donc, laissant le muet seul avec son guide du jour, qui bondit pour descendre de sa branche.
-Hop.
Le désormais membre du clan des sabreurs s’approche du Kaguya en griffonnant sur son carnet. Le chûnin peut y lire des explications sur le moment où il ne se passait rien. L’intérêt de l’épreuve était plutôt dans l’introspection qu’elle nécessitait. Le sabre voulait tester l’idéologie de son porteur.
-Oui, j’ai rapidement compris que l’objectif n’était pas de le battre, aussi. S’il avait voulu y aller sérieusement, ça n’aurait pas duré longtemps. Pas besoin d’être un épéiste pour le voir… ça n’aurait même pas été un combat.
Reste le mystère du pouvoir du sabre. L’homme continue d’écrire et précise que ce n’est peut-être pas le cas de l’intégralité des sabres. Reste à savoir comment un sabre peut avoir une ‘âme’. Ce n’est même pas sûr qu’ils le sachent eux-mêmes.
-Le maître de Baransu ? En êtes-vous réellement sûr ? Peut-être que c’est lui le maître, qui vous entraînera au fil des années dans l’art de l’épée. Le sabre n’a rien à apprendre. Celui qui le manie, par contre…
Il se rend compte que cela pourrait être mal interprété.
-Mais je ne nie pas vos capacités, bien sûr.
La prochaine page exhibée par Saji est une page de remerciement. Il sourit d’abord avant de faire une grimace. Effectivement, il n’a pas donné son nom au muet. Il a simplement évoqué son appartenance au clan Kaguya.
-Ah ! Pardonnez mon impolitesse, j’ai complètement oublié de me présenter… Je suis Wutu-Fuku Kaguya, chûnin de Kiri. Ne vous considérez pas comme redevable, le spectacle du jour est déjà une bien belle ‘compensation’ si on peut appeler ça comme ça.
L’observateur dont la curiosité a été satisfaite descend désormais de son perchoir avec la grâce d’un papillon. Saji se dit que le spectacle n’a pas été très intéressant pour lui au final étant donné que l’épreuve ne consistait pas à vraiment à se battre mais plutôt convaincre mentalement l’esprit qu’il méritait d’être son porteur. Bien que ses mots soient un peu bruts, ils sonnent très vrais, le Kaguya a raison sur le fait que le sabreur n’avait aucune chance de battre le samuraï sur le plan physique. Et c’est justement en se rendant compte que sa domination était totale qu’il a pu comprendre la vraie nature de l’épreuve. Même si cela est difficile parfois pour un bretteur d’accepter sa défaite face à un semblable, l’humilité et la lucidité sont les catalyseurs du progrès. Ses plus grands ennemis sont l’arrogance et l’impulsivité. Fût-il emporté par ses passions, par son désir de vaincre un ennemi plus fort que lui, il aurait sûrement fini par causer sa propre perte. Heureusement il en a été autrement. Le voilà Sabreur de Kiri, un enfant dans la cour des grands. Il espère rencontrer d’autres sabreurs, car jusqu’ici il n’en a rencontré aucun, du moins depuis son arrivée au village. Il a compris que la Mizukage elle-même était chef du clan. Mais les Sabreurs seraient dispersés en ce moment, pourtant ils existent depuis la nuit des temps. Comment un clan aussi ancien peut-il être aussi peu présent ? Quand il est entré au Grand Dojo, il n’y avait que des apprentis sabreurs, et le Gardien. Peut-être aura-t-il l’honneur de les voir plus tard, quand ses compères auront reconnu sa valeur. Il aurait aimé que son interlocuteur ait toutes les réponses à ses questions, mais il se doute que le clan Kaguya et le clan des Sabreurs ne se tiennent pas nécessairement au fait sur leurs affaires internes.
Saji a écrit:
« Vous avez raison, être maître de soi avant d’être maître du sabre. La philosophie du kendô va d’ailleurs dans ce sens. Quelle que soit la qualité du métal, le tranchant du sabre ne dépend que de la force du sabreur en réalité. Je l’ai appris au cours de mes longues années d’études et d’entraînement dans mon village natal du Pays de la Foudre. »
La mention de son village de naissance le ramène vers ses souvenirs en compagnie de son maître de kenjutsu, aujourd’hui décédé.
Saji a écrit:
« Vous avez bien raison de me rappeler à mon humble condition de sabreur en apprentissage. L’arrogance est le pire des vices qui puissent nous frapper. Pire qu’un coup d’estoc ou un coup de taille. Elle nous ronge comme la rouille ronge le métal. »
Le Kaguya se présente ensuite au nom de Wutu-Fuku Kaguya, un drôle de prénom. Mais le sabreur muet n’ose ne le dire à voix haute à son guide, car il a quand même besoin de rentrer au village après la conversation.
Saji a écrit:
« Et je suis enchanté de faire officiellement votre connaissance. Excusez ma curiosité, mais j’ai cru entendre que seuls des shinobis d’un grade de chuunin minimum ont le droit de sortir du village. Et je n’ai pas osé vous poser davantage de questions sur vous avant l’épreuve, mais prenez-vous des genins sous votre aile ? »
Il marque un temps avant de reprendre l’écriture car son poignet commence à fatiguer.
Saji a écrit:
« Ce serait en tous cas un honneur de vous rejoindre et d’en apprendre plus aux côtés de quelqu’un de plus expérimenté. Quand je suis passé au bureau des missions, j’ai remarqué que les missions de rang B demandaient d’être accompagné par un plus haut gradé. Or, les chuunins et jounins semblent assez occupés en ce moment avec la reconstruction. Je suis donc à la recherche d’une équipe, et s’il le faut temporaire, pour pouvoir mettre mes compétences à l’épreuve et m’essayer à une mission plus difficile. »
Il n’y a heureusement aucune incompréhension du côté du sabreur. Wutu-Fuku s’excuse encore pour sa maladresse tandis que Saji reconnait qu’il avait abordé l’épreuve sous le mauvais angle au départ. Le jeune Kaguya apprend au passage que l’homme est originaire du Pays de la Foudre. Sa présence à Mizu soulève bien entendu des questions légitimes, mais s’il est autorisé à séjourner dans l’enceinte du village, c’est que ces aspects ont déjà été étudiés par l’administration du village. Aussi le jeune homme décide-t-il de ne pas questionner le sabreur sur cette question. Il a également le droit à sa vie privée, après tout, et il n’est personne pour s’immiscer ainsi dans l’intimité d’un étranger.
-Oui enfin j’imagine que le tranchant compte quand même…
Même si la remarque sur la qualité du métal est certainement plus philosophique qu’autre chose. En parlant de philosophie, Saji en est presque à remercier le chûnin concernant sa remarque sur le fait qu’il a encore des choses à apprendre, pointant que l’arrogance est l’ennemi le plus redoutable du sabreur. Wutu-Fuku irait même plus loin : c’est l’ennemi le plus redoutable du shinobi car il pousse à sous-estimer son adversaire. Il existe une multitude de capacités plus étranges les unes que les autres dans le monde alors il est nécessaire de ne jamais baisser sa garde et se reposer sur ses acquis. Le sabreur est décidément un homme sage, qui a la tête sur les épaules. Un bon élément pour Kiri.
La discussion dévie sur l’organisation du village et ses règles. Le muet va jusqu’à demander si le Kaguya est disponible pour prendre des disciples. S’il n’est pas au courant des lois strictes concernant les sorties du village, il est urgent de l’en informer histoire qu’il ne passe pas pour un déserteur car il a décidé d’aller cueillir des champignons à l’extérieur.
-Ah oui, très important. Les genins n’ont pas le droit de sortir du village à moins que la sortie n’ait été approuvée, comme dans le cadre d’une mission par exemple. Ou encore cette épreuve. Une absence suspecte et c’est la case déserteur. Autant vous prévenir de suite : le village n’est pas tendre avec ceux qui trahissent. Nous, les gradés, avons effectivement une certaine liberté puisqu’on peut quitter Kiri sans prévenir (même si c’est toujours mieux de prévenir). Mais nous n’avons pas le droit de quitter le Pays sans autorisation.
Le Kaguya se demande comment Kiri vérifie que les ninjas en liberté ne quittent pas les frontières de l’archipel. Sont-ils pistés en permanence ? Cette idée ne lui plait guère.
-Malheureusement pour vous, j’ai déjà des engagements vis-à-vis de deux genins. Yuki Kuzan et Akane Ito…
Difficile de dire si le muet est déçu, tant il ne laisse rien transparaître. S’il avait pu le prendre avec lui dans l’équipe 7, il l’aurait fait. Mais les règles sont les règles.
-Les effectifs de Kiri sont déjà assez complexes comme ça pour avoir à gérer une équipe de 3 genins. Mais je dois avouer que vous avez éveillé mon intérêt, Saji. J’aime votre sagesse. C’est une qualité rare à Kiri, malheureusement. Je m’en voudrais de ne pas vous encourager dans cette voix. Si le contexte s’y prête, c’est avec plaisir que je vous inviterais à rejoindre mes rangs, même temporairement.
Wutu-Fuku demande son stylo au muet afin d’écrire dans son carnet, dans lequel il écrit son adresse au quartier Kaguya.
-N’hésitez pas à venir me solliciter, que ce soit pour d’autres questions ou pour vous entraîner.