Yoshitsune ne comprenait pas même ce qu’il se passait en ces lieux. Nul besoin de l'observer pour le deviner ; ses hésitations trahissaient son état d'esprit autant que ses réflexions, lesquelles ne devaient pas voler plus haut que le ras des pâquerettes – mais pour sa défense, il n'était ni le premier à se trouver aussi démuni face aux symptômes d’un homme enfermé pendant plus de 3 semaines.
Il s’avance alors sur le chemin de l’interrogation. Et quoi de mieux que de rendre visite à Muramasa pour savoir ce qu’il s’est passé dans le village. Se tenir informé des plus amples renseignements. D'ailleurs plutôt neutre sur ce terrain accidenté, voire prudent, et s'il avait sûrement été capable de davantage d'éloquence ou de charisme par le passé, ni Muramasa ni personne d’autre ne lui tenait rigueur de cette actuelle perte de repères. Au contraire. Le Samouraï, parce qu'il avait eu l'habitude d'entendre toutes sortes d'opinion sur sa santé, paraissait même soulagée qu'on ne témoignât qu'une maladroite incertitude, tandis qu’il approuve en silence cette apparente tranquillité.
Flânant dans le cœur extérieur de l’académie, ses pas malades le conduisent donc à proximité de la devanture du domaine, un des chemins qu’il connaît le mieux ici. Avec son inévitable costume et ses airs arrogants, tout le monde le remarque ; et pourtant il ne s'en soucie guère, à force, ils finiront bien par s'y habituer.
« Muramasa es-tu là ? »
Il parlait d'un ton calme, rationnel quoique un soupçon irrité de ce qu'on essayât de lui faire perdre du temps.
Muramasa était récemment devenu le directeur de l'Académie Hashira. Il s’efforçait de mettre en place les nouvelles directives promises lors de son entretien avec le Nidaime Tsuchikage, afin que l'établissement devienne enfin le symbole qu'il devait être, surtout en cette période des plus troublées.
La plupart du réaménagement structurel était terminé. Il s'agissait désormais de mettre en place le nouveau système d'enseignement. A savoir les fameuses Classes, entres autres, ainsi que quelques détails minimes. Les élèves serait certainement déstabilisés, de découvrir le nouveau directeur, si jeune. Sa prestance et son charisme tenant du divin, sauraient néanmoins avoir raison de leur doutes. Concernant les professeurs, cela serait sans doute un poil plus épineux, mais lorsqu'ils se rendraient compte du talent du Corbeau, ils devraient se résoudre à l'évidence même, que nul choix n'aurait pu être plus avisé. Heureusement, un peu de personnel était chargé d'aider à mettre en place tous les changements qui devaient opérer, pour faire que ce lieu devienne, la quintessence qu'il devait être.
Traversant le bâtiment, c'est avec surprise, des plus heureuses, qu'il aperçu son ami, ainsi qu'idole, le Samouraï de l'éternel. Cependant, ce dernier semblait des plus hagard. Déambulant comme si quelque chose le troublait. C'est avec hâte que le jeune médecin s’avança en sa direction, afin de s’enquérir de ce qu'il se passait.
" Yoshitsune-san, quelle heureuse surprise. Vous me cherchiez ? "
Il était inquiet, car il n'avait jamais vu le Nagamasa le rechercher avec tant d’intérêt. Cela était bien différent de l'aura de sagesse dont il était le fier sieur. Ce dernier semblait vouloir quelque chose, mais qu'est ce que cela pouvait être ?
Enfin le voilà.. Muramasa, cet ami si cher à son cœur. Mais bon trêve de sentiments… La situation s'avérait la des plus alarmante. D’une gestuelle des plus abruptes, Yoshitsune jeta à même le sol cet exemplaire de ce torchon... “Kunai Emoussé”.
Soudainement. Sans cri égard. Les mots s'envolent. Une voix particulièrement rauque, teinté d'un voile d'exaspération. Yoshitsune en a assez de voir Iwagakure no Sato victime des mensonges. Il en a cure de ce de quoi ce monde est fait. Pourtant il n'a guère plus de choix. C'est donc un sourire amusé qui se dessine sur ses lippes. Non pas pour le blesser, non pas pour se moquer. Seulement parce qu’il est exaspéré. Loin de cette chambre de bonne o il passait désormais son temps, loin des des voix qui rôdent, loin des songes, loin des morts.
Aujourd'hui Yoshitsune courrait après un vivant. Après ces écrivains aux plumes noires qui portent malheur soi-disant. Et les mettre en déroute, il l’affirme car il ne craint rien, lui qui est déjà maudit. Tout le monde le sait bien. Il suffit d'un œil aviser pour le remarquer aisément. Dans un silence froid, tu laisses le jeune homme prendre la parole en premier, levant les yeux au ciel. Le sol ne sera pas votre ami à présent. C'est tête en l'air que le samouraï à la chevelure hirsute commence à parler, visiblement excité.Ainsi il laisse retomber ses pupilles sur lui. Sur ce Muramasa qui semble toujours aussi ravi de l'avoir dans les pattes.
« Mon ami, peux-tu m’expliquer de quoi il s’agit ? Qu’est-ce donc que ce vulgaire torchon ? »
Semblant assez contrarié, le Samouraï, dans une indignation certaine, sortit et jeta violemment sur le sol parquet, ce qui semblait être une journal. Muramasa était toujours surpris, mais compris rapidement ce qui se tramait alors. Posant ses yeux sur les feuillets s'éparpillant avec fracas, il reconnu immédiatement ce nouveau quotidien, qui faisait tant parler de lui dernièrement. En effet, cela confirmer bien ce qu'il craignait. Le Nagamasa avait passé une bonne partie des derniers temps, dans une humeur des plus obscures. Vivant presque en reclus, qu'il ne fallait surtout pas approcher, si on ne voulait finir damné. Depuis les événements tragiques qui s'étaient déroulés, il était normal que la part la plus sombre de ce fier combattant, ne s'en trouve exulter jusqu'à frénétique diapason. Il avait plus importantes pensées, que de se tenir informer, du monde et de ses pernicieuses facéties éhontées.
Muramasa s’avança calmement vers son ami. Sortant une cigarette qu'il porta jusqu'à ses lèvres, avant d'en embrasser l'extrémité. Prenant le temps de penser à comment lui annoncer que les malheurs semblaient un peu trop farceurs envers la Roche.
" Ce journal ? Eh bien, comme vous le dites, un vulgaire torchon, mon ami. "
Prenant le temps d'inspirer son poison, il expira nuage vivant, mais évanescent. Cela était toujours un bon moyen d'évacuer le stress, non pas qu'il y était des plus sujet. Ou même, il n'était point sujet à addiction. Simplement, cela était devenue une habitude, qui pouvait être plaisante.
" A croire que le destin se joue de nous... "
Son visage prenait des traits sérieux, voir agacé de se remémorer ces tristes lignes totalement viciées et dégoûtantes envers la Roche. Cela semblait même une insulte éhontée et assumée. Ces journalistes étaient les pires insectes qui pouvaient certainement exister. Se régalant de malice, à émettre venin et accusations suscitant commérages, ainsi que scandale
Le Samouraï se figea. Ses phalanges crispées sur le bois sculpté de l’académie, là où la charpente avait semble-t-il soutenu le batiment, il sembla perdre un instant son empreinte terrestre, s'arrachant à un éclat de colère qui lui aurait traversé l'esprit sans qu'il s'en aperçoive. “Mon ami” tel fut l’appellation qui lui parvint une seconde fois avec une nuance plus inquiète. Il cligna des yeux pour que les taches de lumière qui virevoltai devant lui, ne redeviennent familières, puis retrouva une allure plus sereine – plus lointaine.
« Hum... Je te pris de m'excuser... J'ai été surpris, je ne controle plus grand chose ces temps-ci. »
Il s'interrompit soudain, un instant comme interdit. Au même moment, ses prunelles croisèrent l’un des gros titres, “Kiri a attaqué Iwa”. Yoshitsune se redresse d'un bloc comme s'il avait encore vingt ans et qu'on l'eut giflé. Toute trace de neutralité s'était dissipée sur son visage, remplacée par un pli plus colère encore que soucieux. En un sens, il venait de se faire insulter par ce dit “torchon”. Qu’il soit vrai ou pas bien que très certainement faux pensait Yoshitsune, cela n'avait aucune importance pour lui qui désirait montrer la véritable Kirigakure no Sato au monde.
La moue évaluatrice du Samouraï ne jeta qu’un pauvre regard au journal en déchiffrant presque tout le contenu. D'une mimique de la main visant à balayer un quelconque malentendu, Yoshi se força à sourire en dépit des angoisses qui avaient éclos à l'intérieur de sa poitrine à l'annonce d'un mal peut-être irréparable.
« Traitant les sujets de façon équitable et indépendante ? Ce qu’il ne faut pas entendre. Sais-tu qui a ecrit ça ? »
Il ignorait si connaître les fauteurs de trouble l’aiderait, ou apprendre qu'il en existait d'autres pour qui il se produisait des faits similaires, l'aiderait à mieux accepter la réalité. Car au final cela ne faisait pas bien grande différence pour lui, en définitive. Les médias étaient corrompus.
La vérité était dure, impitoyable, machiavélique. Un journal vicié déferlait sur le monde et insufflait, chez les simples d'esprits, des idées des plus révoltantes, pour qui connaissait la réalité des faits. C'était un scandale, un outrage même. Comment ces manants pouvaient écrire pareilles billevesées, sans se trouver hanter de frénétique culpabilité. Ou bien, ces derniers étaient à la solde de Kirigakure, afin de répandre propagande en faveur de ces pécheurs de marécages tout juste bon à semer mort et chaos.
Muramasa devait reconnaître, qu'il n'était pas certain concernant ce journal. Était-il réellement indépendant comme il s'aimait à prôner la chose ? Ou bien, comme la plupart, instrument de fins viciées. Cela importait peu en réalité. Les choses étaient écrites de façon, à insulter sans vergogne le Village Caché de la Roche. Un fait indéniable.
Yoshitsune était si contrarié par la nouvelle, qu'il faillit en avoir le souffle coupé. Se rattrapant in-extremis à la première ancre venue, pour ne pas tomber. Ce qui redoubla l'inquiétude de son interlocuteur, qui se montrait calme, afin de ne pas froisser le Nagamasa, qui manquait de peu d'être frappé de dissonance cognitive. Normal, que quelqu'un ayant subit pertes et tragiques drames, apprenant soudain de bien choquantes nouvelles, soit légèrement déstabilisé. Mais le Samurai n'allait pas faillir pour si peu, commençant à se calmer, se plastronnant alors.
" Celui qui a écris ça ? Un certain Batoshi Ryoto. Allez savoir si ce personnage est réel ou nom d'emprunt... Je ne pense pas ce soit le plus important. "
Disposant d'une excellente mémoire, il se souvenait de tête de toutes ces encres mensongères en détail. Muramasa réfléchissait à tout cela en affichant un air songeur. Pourquoi les événements s’enchaînaient toujours avec une telle perfidie aux pires instants.
" Je me demande comment des marionnetes de Kirigakure ayant vécus des années là bas, peuvent traiter des sujets équitablement et justement. L'impartialité ? Cela est une chose des plus rares, surtout chez les hommes. "
C'est l'amertume qui répond aux aveux dont lui fait part le jeune Muramasa, l'amertume affligée de celui qui ne sait plus où il est, où il en est, sinon suspendu au-dessus de l'abîme – la douleur froide et silencieuse de l'exilé, du paria avide d'en appeler à ces gouffres sous ses pieds – et qu'on l'y engloutisse pour qu'il n'ait plus à penser, plus à ressentir, plus à éprouver. Cependant, il faut croire qu'il en faudrait davantage pour briser celui qui mène les spectres des Montagnes, pour lui arracher à même les yeux des larmes de renoncement comme autant de roches dont recouvrir sa tombe ; là n'étant plus l'intention de Yoshitsune, qui accueille avec un imperceptible soulagement cette réaction de la part de son vis-à-vis, lequel maîtrise remarquablement bien le timbre de sa voix pourtant chagrine.
L’honnêteté avec soi et avec les autres est une des clés du bonheur offert à l’homme, lui permettant de rectifier consciemment ce qui est à rectifier. Elle permet de vivre et de faire la lumière sur ces ténèbres qui tentent le coeur. Ne pas mentir, ou ne pas se mentir… Tel est la question. Le vrai regard est ainsi posé et ouvre à la libération de bien de conditionnements et comportements négatifs en soi. Être honnête, c’est prendre la responsabilité de ses propres fonctionnements pour les modifier et notamment sortir de l’état de victime dans lequel on s’est mis.
Les hommes se bornent-ils à toujours passer par le mensonge pour conquérir les coeurs ? Le personnel de ce journal délirant se borne-t-il à retracer une frise chronologique grossièrement découpée en ères généralistes ou bien s'efforce-t-il d'adapter ses enseignements à la nature de ses apprenants ? Un ramassis de mensonges pour des gens passé maître dans la matière. Le samouraï possède son idée sur la question, bien qu'elle ne requiert guère son attention – il a passé l'âge de gober les informations fadasses que l'y jette en pâture des individus en qui il n'a aucune confiance.
« L’homme n’est rien d’autre qu’une créature imparfaite qui tentera toujours de voir ses interêts premiers avant le bien commun. Pour ma part j’ai bien peur que la guerre n’éclate à nouveau avec de tels mentalités. »
Ce monde était bien triste. La cause en revenait aux hommes, dont le cœur était toujours enclin à félonie. Il s'agissait d'une évidence, une évidence des plus amères et douloureuses. Ce journal incarnait tous ces maux, ces démons se plaisant à saigner impunément les innocentes âmes et à se complaire du chaos. Après tout, si ces feuilles suscitaient intérêt, auprès de moult foules en liesse un peu trop crédules, se délectant de ragots cela n'était pas surprenant. En effet, ces feuillet étaient même savamment érigés en ce but, par de fieffés félon voulant s'emplir les poches, d'un peu plus d'or, quitte à en craquer.
Heureusement, il restait des hommes, tels que Yoshitsune et Muramasa, sachant discerner avec justesse tenant de l'implexe, mascarades des vérités. La sagesse était une vertu, si rare en nos jours, qu'elle n'avait pas de prix. Inestimable elle était, inestimable elle demeurerait.
Le Nagamasa semblait se remettre de la nouvelle. Après tout, cela n'était pas si étonnant au final. Ce monde était malade après tout. Malheureusement, il n'existait aucune cure qui aurait pu être découverte, pour soigner ce mal, ancré au plus profond des âmes. Sauf si l'humain, trouvait enfin l'illumination, lui faisant défaut.
Muramasa, de son pragmatisme éternel, prenait du recul concernant ce satané journal. Il fallait garder la tête froide, face à l'adversité. Apparemment, le monde se liguer avec hardiesse, à l'encontre d'Iwagakure. Cela était grotesque, mais semblait fait réel. Allait savoir ce qui pourrait bien arriver, dès demain. Qui sait ?
"Vous avez raison, Yoshitsune-san. "
Entendre cette sagacité qui venait de s'insuffler comme jadis en ce fier Samouraï, ne fit que rassurer son interlocuteur. Cela faisait plaisir à entendre. Yoshitsune semblait aller bien mieux. Cependant, ses paroles revêtaient des teintes d'une triste exactitude.
" Effectivement, les guerres ne cesseront jamais. Briser ce cycle éternel semble malheureusement impossible. "
Ainsi songe-t-il, transi de souvenirs, aux côtés de son camarade qui prend les devants en s'adressant à lui au sujet de la guerre à venir. Cependant, alors que toute son attention se porte vers les indices que ce dernier pourrait lui livrer, le Samouraï sent de nouveau combien l'air se dilate, se crispe et se détend à la manière d'une immense ressort entre les mains d'un géant ; les mots perdent de leur concrétion et se transforment en un magma de sons informes, un grondement souterrain d'où s'élancent encore quelques syllabes intactes, trop peu pourtant pour espérer en comprendre la signification – et Yoshitsune manque de tressaillir, presqu’encore trop faible, il est saisi de vertige à la seconde où son tour vient, accuse ses genoux qui menacent de se dérober sous sa tunique. Ses yeux clos essayent de dissiper le tourbillon, d'occulter ces silhouettes floues tanguant devant lui et de rétablir l'équilibre. Comment ? se questionne-t-il. Qu'est-ce qui cause ces malaises ? Il aurait vingt ans qu'il n'y aurait vu que bizarreries cognitives – mais l'âge en renforce l'oppression. La situation, aussi. L'inquiétude face à l'absence de réactions Iwajins.
« Je pense que les hommes se méprenent quelque fois. Le fait de tout vouloir gérer en ce bas monde, ne fait pas de moi celui qui voulait devenir l'être le plus important de ce monde » Yoshitsune reprit de plus après s’être gratter la tête « Même s'il y'a des personnes plus qualifiées que moi pour diriger ce monde, ça ne change rien. Peut-être ai-je... Non. J'ai un jour, espéré qu'il ait quelqu'un de meilleur et c'est d'ailleurs pour cette raison que je décider d’offrir mon savoir mais... Les hommes, sont encore loin de me faire céder mon pouvoir. Je vais t'expliquer pourquoi. Dans un monde irrationnel tel que le nôtre, les Hommes devraient-ils vivre en suivant leur propre volonté ou devraient-ils être guidés par d'autres ? »
Il souffle avant de poursuivre
« De par leur comportement libertin les "Nukenin", pense de manière simple. Nous vivons dans un monde irrationnel... Nous devrions aller de l'avant petit à petit tandis que nous nous affrontons les uns les autres en suivant nos propres volontés, nos propres idéaux. » Il soupira de plus belle reprenant. « Si tu savais comme je comprends ton point de vue, Muramaasa... Même si l'apparition de conflits dans ce monde ne finira jamais, nous devons continuer à vivre. Je l'ai compris également dès l'instant où j'ai été en âge de comprendre. Mais alors pourquoi vouloir diriger le monde et le changer penses-tu ?»
Il sourit simplement avant de répondre avec innocence.
« Parce que c'est ce que j'ai toujours voulu. C'est exactement comme tu le penses. Peu importe où tu te rends, où tu te rendras. Il n'y a rien de si difficile qui ne puisse être changé d'une façon ou d'une autre. Cependant j'en suis également venu à penser que ce n'était pas comme si personne ne voulait vraiment changer ce monde. Même ceux qui sont mes camarades ne font pas preuve de tant d’envie de changement. »
« Par le passé Chogen et moi étions en colère vis à vis de ce monde irrationnel et nous voulions le changer. Par le biais de ce qui nous a été offert, nous avons bâti une idéologie, forgé des alliances et juré que nous stopperions les conflits... Nous étions de vrais innovateurs. Et ainsi nous avions commencé à repeindre ce monde en accord avec nos idéaux. Mais dès que avons accompli tout cela, quelque chose d'inattendu s'est produit. Tous mes camarades ont cessé d'être innovateurs et il a disparu. » L'observant dans le blanc des yeux. « Tu dois certainement te demander ce que je veux dire par là n'est-ce pas ? Et bien c'est simple... Cette force qui nous poussait vers l'avant, nous autres Iwajin a cessé d'exister en notre leader. Il arbore trop de fierté depuis que nous nous sommes parvenus à terrasser le géant de Shito . Il a développé un amour beaucoup trop important pour les choses qu'il a accompli jusque-là. Il est si désespéré de protéger le village qu'il en oublie notre féroce bataille face à la conquête, à l’expansion. Pour d'autre, c'est l'ancienne révolution de feu Nagamasa Chogen qui leur manque. En même temps j'aurai du m'y attendre. Les concepts tels que la nostalgie et tout laisser inchangé sont très difficiles à comprendre pour moi. »
Le visage plus sérieux que jamais, il annonça
« Je veux continuer à avancer vers de meilleures choses. Je veux continuer à avancer et c'est exactement ce que les hommes appelez la destinée. Quand bien même nous pensons qu'il n'est pas mal de vouloir protéger ce que nous avons créé, ou bien même de vouloir protéger sa famille... Je le conçois mais malgré tout ces sentiments qui te disent de protéger ta famille ou ton pays ne sont pas mauvais, ils sont normaux. Ce sont même des sentiments naturels que tout humains se doit de posséder. Et l'ironie dans tout ça c'est que lorsque ces sentiments se confrontent la guerre éclate. On ne peut l'arrêter. C'est d'ailleurs ce qui a donné naissance à la guerre qui nous oppose à Kirigakure: L'un des parties désireux de protéger ce qu'il pensait être la paix et l'autre désirant venger leur kage, ce barbare. »
Commençant à se ressaisir, Yoshi poursuivit
« N'es-tu pas d'accord Muramasa ? Nous autres, les humains sommes construits de cette manière. D'un père qui brandirait une épée pour protéger un seul membre de sa famille à une mère qui bâtirait une armée pour protéger son empire et les siens. Je pense qu'il en va de même pour tous. Ils ont un rêve, le réalise, et lorsque le temps de protéger ce qu'ils ont bâti est venu, ils brandissent leur épées avant de faire tout ce qu'il faut pour atteindre leur objectif... Voilà maintenant tu sais. C'est trivial n'est-ce pas ? Cette guerre que je déteste tant, a pour rouages la nature même du genre Humain. Tant protecteur que destructeur. Ce n'est pas le monde qui crée les guerres, mais les humains. Voilà pourquoi je dois diriger, parce qu'aussi longtemps que nous serons dirigés par des incapables, la guerre et toutes ces choses irrationnelles ne disparaîtront pas, peu importe combien de fois nous changerons le système qui dirige ce monde. Maintenant au final toi qui désire te débarrasser de Kiri autant que moi que penses-tu que tu déclencherais si ce n'est une guerre ? »
La fine lame de l'éternel était sans aucun contexte, un modèle pour le jeune homme. Il pouvait, d'une simple parole, ébranler les âmes, avec une telle aisance, que cela en était complètement déconcertant. Muramasa était particulièrement érudit, malgré les quelques printemps arborés qui restaient bien léger. Peu pouvaient tenir tête à sa philosophie d'une incroyable profondeur. Pourtant, un homme, un seul, pouvait se targuer de pourvoir l'inspirer d'incroyables idées. A chaque conversation avec cet ami, il apprenait des choses qu'il était bien loin de pouvoir anticiper. Ce philosophe d'une sagacité insondable, n'était pas son idole sans raison. Chaque conversation avec ce dernier, se résolvait par de nouvelles facettes auxquels nul n'aurait pu penser. Il aimer écouter chacune de ses paroles, allant des phrases se suivants, jusqu'aux mots savamment employés.
Et là, le Samurai frappa encore une fois, avec un zèle tenant, non de mortel, mais du divin.
Muramasa écouta attentivement le récit, avec un intérêt ne tenant point regret, mais totale oreille dévouée. L'histoire des guerres, ainsi que sa primordiale origine, se trouvaient alors, expliquées avec une sagesse que nul ne pouvait contester. Si ce journal se prônant juste et équitable, l'était réellement, il aurait du s'inspirer de cette fantasmagorique, mais bien réelle, langue avisée. Il voulait le monde, mais comment lui en vouloir. Même Muramasa, qui était particulièrement désireux de suprême régalia, était encore bien loin d'oser espérer cet impérial décret.
Terminant son conte, le Nagamasa venait encore une fois de prouver au jeune homme, pourquoi nul n'égalait ce spectre des montagnes au Bushido divin. Magnifique, cela était certain.
Que pouvait dire le médecin après pareil plaidoyer, tenant du parfaitement résumé ?
" Vous avez une vision si exacte du monde, ainsi qu'un désir de conquérir ce dernier, imposant le respect. Cela est certain, la nature humaine est une chose bien étrange. Le monde tend vers une parfaite harmonie. La faune, la flore, … Se régulent toujours sans perturbation, vers la quintessence d'un équilibre. L'humain est le seul facteur venant se plaire à briser les règles de la nature. A se livrer aux guerres, sans fin, comme si cela était un dessein à accomplir, une mission tenant d'obligation. Mettre fin aux conflits en conquérant toutes les nations, cela me semble une noble idée. Le seul que je vois capable de réaliser ce rêve, c'est vous, Yoshitsune-san. Le désir de protéger, est sans doute plus profond que je ne pensais. J'ai trouvé récemment une nouvelle raison d'être, que je désire protéger plus que tout au monde. Je me dois de l'admettre, pour elle, je serais prêt à commettre les pires atrocités, sans aucun regrets. "
" Il y aura de nombreuses guerres, Yoshitsune-san, cela est certain. Pour conquérir le monde, légion de rivières écarlates devront couler. Mais même le monde conquis, l'homme est de nature félonne, surtout si quelqu'un détenant le pouvoir lui fait face. Ce serait vous contre le monde entier, Yoshitsune-san, je le crains, si vous arrivez à réaliser ce rêve que vous partagiez avec feu votre frère. Néanmoins, je suis certains que nombreux sont ceux qui vous soutiendrons, tout comme moi. Je dis ça, mais accorder trop de confiance, comme vous le savez déjà, peut être mal avisé. C'est dans la nature humaine que de faire la guerre ou bien encore, que de trahir. "
Muramasa était humain, comme ses semblables. Même en lui, les graines de la guerre pouvaient germer avec une facilité déconcertante. Le discours de Yoshitsune venait de lui faire comprendre quelque chose qui ne lui avait pas effleuré l'esprit auparavant. La guerre était une créature bien plus compliquée qu'il ne pensait. Même le simple désir de protéger, pouvait en être l'essence. Yoshitsune était lui aussi homme, mais lorsqu'il se mouvait, ou se faisait narrateur, le divin émanait soudain.
" Heureusement, je me plais à penser, que certaines personnes peuvent être des plus loyales entre elles. Comme l'amour entre deux âmes jumelées, un homme et une femme destinés à se rencontrer et partager une passion brûlant d'une flamme éternelle. Enfin, peut être suis je trop rêveur, mais sans espoir, que reste t-il? "
Il se laissait divaguer à lui aussi rêver, se risquant à espérer, qu'en ce triste monde tragique, il existait peut être un peu de chaleur en ces âmes se plaisant à s'appeler humains, alors qu'inhumains ces dernières se révélaient vérités incarnées.
Dernière édition par Borukan Muramasa le Ven 5 Jan 2018 - 3:09, édité 1 fois
D'une oscillation du crâne, diaphane, presque imperceptible, Yoshitsune appose sa main sur cette épaule non loin de lui, celle de son camarade. Parce qu’à ses cotés, se sentir soutenu et entendu, ne relève ni miracle ni du fantasmagorique simplement de fait. Il est homme, quiconque sera porteur de mots comme le pointe le jeune shinobi mais il est homme toute personne ayant besoin de semblable pour sentir en vie.
Sa main se resserre quelque peu contre lui, afin d'en étreindre le vêtement, la peau, les muscles et les os, mais il ne serre pas cependant, paraît à peine les poser, sans appuyer nullement, juste de quoi sculpter le lien entre eux, rien au-delà du nécessaire. Du reste, et sans qu'il ne lui en fasse la reconnaissante remarque, les deux jeunes hommes se mettent à marcher, Yoshitsune reprenant peu à peu vie, calquant son pas sur le sien, progressant du même rythme sénile à travers le flot agité des passants, et ensemble ils avancent au gré d'un étrange quoique serein silence, Muramasa tout appliqué à sa tâche de conteur, lui semblable à quelque lecteur assoiffé de connaissance. Leur relation se changeant peu à peu en celle d’un maître et son disciple ; à l’image “d’Aristomura et Puraton” leur positionnement dans l'équation changeant lui-même à tour de rôle.
En vain. L'acuité auditive que sa cécité lui prête en contrepartie est futile face aux marécages humains dans lesquels il vagabonde, ces milliers d'échos et de vapeurs auditives qui s'entrechoquent à l'intérieur de son cerveau sans qu'aucun d'eux ne l'interpelle – autant scruter la jonquille dans une marée de narcisses – tandis que de cet orchestre labile le samourai demeure l’unique muet.
« Vois-tu il s’agit très clairement de ce que je reproche aux hommes. Ce fait d'utiliser le verbe, la parole, à des fins mondaines, sans chercher la sagesse et la vérité. Notions primordiales à l’équité. Sans cesse il tourneront cela en dérision, tentant d’user de mille et un paralogismes. D'ailleurs comment cela se passe t-il avec l'élue de ton coeur ? »
Ils se mirent à marcher, à déambuler, tels fantômes se perdants dans les limbes, dans cette pittoresque antre du savoir et de la connaissance. Le Samurai et le médecin formaient un étrange duo. Une lame et un scalpel, incarnant justice, avec une sagesse qui pouvait laisser pantois. La justice, la seule et l'unique, non pas la chimérique. Après tout, cette dernière était différente pour chacun. La vérité, pouvait différer, selon les âmes. Ces nuances pouvaient aller de lumières étincelante, à obscurité des plus ténébreuses. Mais une chose était certaine, Tsuchi no Kuni était le coté lumineux, tandis que Mizu no Kuni le mal incarné.
Ces pensées partagées étaient réconfortantes en ces temps troublés. Heureusement, le Samouraï de l'éternel était un repère certain, en cette période des plus troublées, pour le village caché d'Iwagakure. Mais les manants qui avaient osé chercher querelle, allaient être châtiés comme il se devait. Ce n'était qu'une question de temps, avant que karma ne se retourne contre eux, jusqu'à trépas.
Passant soudain, du constat incontestable de ce monde, à plus personnelle inquisition. Abordant l'inattendue question, qui manqua de couper le souffle du candide interlocuteur, ne s'attendant à pareille évocation. Connaissait-il son terrible secret ? L'avait-il percé à jour ? Pourtant, il n'avait pas encore parler avec ce dernier, de cette rencontre qu'il avait fait. Il comptait depuis des jours le faire, mais avec les événements, cela aurait manqué de totale correction. Pourtant, le regard de cet ami le transperçait, comme si cristal il était. Une certaine angoisse saisit Muramasa, qui n'était pas préparé à avouer ce qui le hantait avec tant de passion.
" L'élue de mon cœur ? Vous êtes perspicace Yoshitsune-san. Il y a peu de temps, j'ai fait la rencontre d'une ravissante jeune femme... "
Parler d'elle avec Yoshitsune l'angoissait, mais il essaya de ne point faire montre de cet état de fait. Un jour, il faudrait bien qu'il lui avoue la vérité.
Est-il si effrayant désormais ? Car certes il ne va pas sans dire que le personnage de Yoshitsune aurait des raisons de faire eur de par les rumeurs qui courent à son sujet ou encore le statut dont il jouit depuis son arrivée à Iwagakure. Parce qu’à l'époque, l’héritier d’Hideyoshi ne l'était pas encore. Ses yeux ne le trahissaient qu'en de brèves secondes, à cause d'un élan de fatigue passager ou d'une sollicitation trop intense de ses globes oculaires, et seul l'horizon gaspillait sa netteté derrière un voile embrumé. Il se déplaçait seul mais tout de même sans l’hésitation qui l’habite désormais.
Il n’était pas cet homme que les émotions viennent embrasser à tout bout de champ. Vingt-Quatre ans. Bel âge, dit-on. Son corps, lui, était néanmoins de meilleure facture que son cœur sur la pente déclinante. Il avait pris soin, de repoudrer ses propos d’une belle formulation visant à mettre le jeune Muramasa en confiance et lui permettre d’ériger le portrait de sa belle ; bien que Yoshitsune fut déjà informer du caractère si précieux de la proie – Sa merveilleuse petite cousine - Et bien que dépréciant le terme, bien qu'à écouter les échanges entre les différents jeunes hommes des bourgs d’Iwagakure, c'était ce qui se rapprochait le plus de la vérité ; du moins en avait-il l'étrange impression. Il n'avait pas le souvenir d'avoir suscité autant d'engouement durant l'ensemble de sa vie de célibataire. Et il ne pouvait qu'en ressentir du soulagement.
Fantôme d'ombre, sur les parois basanées du visage livide de Muramasa, il se serait presque permis un éclat de mélancolie face à ce triste coup du sort. Sauf qu'il n'en fit rien et, après s'être enquis du début de réponse, il en quémanda la suite.
« Et bien mon ami, parles m’en donc. Qui est elle ? Que fait-elle ? Et quelles sont là les beautés dont elle dispose afin qu’elles soient suffisante pour faire chavirer ce coeur qui est tien ? »
Muramasa se marquait d’inquiétudes, cela était des plus normal. Après tout il s'agissait de quelque chose de difficile à aborder. Surtout lorsqu'il fallait le faire avec ce sage Samouraï. Voilà qu'il lui demandait plus de détails, alors qu'il comptait rester discret quand à ce secret pesant qui le hantait une telle dévorante implexe frénétique, qu'il ne trouvait plus ses repères lorsqu'il fermait les yeux, il n'avait plus que sa délicieuse image s'insufflant malicieusement dans son esprit.
" Elle est la muse qui inspire chaque instant ma nouvelle raison d'être, une raison des plus importantes à mes yeux, désormais. Oh si vous saviez, mon ami. En sa présence, la moindre de ses mouvances suffit à captiver mon âme. Radieuse telle un soleil au firmament. Sa beauté ensorcelle à jamais. Mais plus encore, elle dispose d'une volonté inébranlable envers l'art qu'elle exerce. Sa volonté de vouloir donner le meilleur d'elle-même, de rendre fier ses proches, de parvenir à s’élever plus haut que soleil même. Je n'avais jamais ressenti pareille force de caractère chez une femme, une telle dévotion et abnégation à donner le meilleur d'elle même, toujours un peu plus, afin de progresser. Un visage sérieux, lui donnant des attraits insoupçonnables, mais surtout mon ami, une douceur incarnée, qui semble irréelle en ce triste monde, dont la présence est d'or. "
Il essayait de lui répondre, mais cela devenait difficile, tant essayer de mettre des mots sur des sentiments, pouvait s’avérer impossible. Aucun mot en ce monde ne pouvait décrire, la divine muse, dont il s'était épris.
" ... "
Marquant un silence, se faisant songeur. Pensant à la Belle arborant Ciel avec tant d’élégance. Oserait-il, murmurer son nom ? En avait-il, seulement le droit ?
Dernière édition par Borukan Muramasa le Ven 5 Jan 2018 - 4:27, édité 2 fois
Il y a de grandes différences qui les opposent, et cela Yoshitsune ne le sait que trop bien. Pourtant à l’entendre parler, il se voit dans sa manière de rassurer tandis ses propres sentences se font plus incertaines que jamais alors que sa pipe se retrouve maintenant allumée entre ses lèvres gercées et rongées par ses angoisses. L’amour hein ? Est-ce une maladie que d’aimer jusqu’à n’en plus pouvoir ? C'était certainement une façon de voir les choses, oui. Mais même si son humanité le forçait à comprendre les émotions, il souriait de l’entendre parler ainsi de Sora. Car il s’agit bel et bien d’elle n’est-ce pas ?
Yoshitsune posa sa main sur son épaule, pour garder ce contact un peu plus longtemps. Inextinguible, le foyer de flamme qui représentait leur fraternité s'était attisé par le drame, et se morphait en un respect partagé, dû et clinquant. Parce qu'il est celui qui provoque chez toi cet émoi ; pour une raison qui comme à toi, lui échappe. C'est dans un soupir qu’il décide de garder sa main captive, rabattue contre son épaule comme si c'était là le dernier rempart pour qu’il ne soit pas totalement brisée.
La chaleur de cet homme lui rappelle celle d’un proche - mais il ne sait pas qui, sans doute son ami Kanon; il y ressent de la bienveillance, un brin de confiance ; ça devient petit à petit une évidence. Alors, instinctivement, il tapote son épaule de sa main, sans vraiment réfléchir, juste parce que cela lui semble être la chose à faire en cet instant qui lui paraît irréel. Il est perdu et s'en retrouve soulagé, car les larmes qu'il n'arrive pas à évacuer, elles sont en train de perler depuis ses iris dorées. Sa mine triste se retrouve l'espace de quelques secondes baigné par un sourire reconnaissant. Décidément, cette journée ne peux pas être réelle ; bien trop belle pour être vraie ; car la compassion dans cette scène atteint un seuil jamais découvert, qu'il n'a pratiquement jamais vécu.
Il était rassurant, d'avoir un ami sur qui compter, avec qui de tout et de rien, philosopher. Une telle amitié, malgré un monde des plus assassin, était une ancre, un repère solide, en ces ténèbres carnassières. Rares était amitié plus réelle et désintéressée, que celle liant le Samouraï et le Médecin. Et pourtant, voilà que ce dernier, taisait quelque chose qu'il aurait du lui avouer depuis les premiers instants. Les malheurs se jouant, avaient empêchés occasion de révélations se faisant.
Muramasa avait le cœur lourd, d'avoir évité cet instant jusqu'au dernier moment. Certes, jusqu'à présent, aucune opportunité d'aborder le sujet avec correction ne s'était présenté, mais n'étais ce pas là l'occasion parfaite ? Yoshitsune semblait s'être retrouvé, après tous ces tourments teintés d’obscurs, qu'il avait traversé, qu'il traversait certainement encore d'ailleurs. Cacher plus longtemps, ce qu'il avait sur le cœur d'avouer, le jeune médecin ne le pouvait, par respect pour cet ami qui ne l'avait jamais déçu, depuis les prémices de leur rencontre d'antan.
La voix revêtait échos de murmures, avec légère timidité éhontée. Le moment qui se faisait mouvant, allant de crainte quand à la réaction suscitée, à désir d'avouer son péché, venait d'arriver sans même être annoncé.
" Yoshitsune-san... j'ai quelque chose à vous dire... "
La pression se courrouçait soudain tempête déchaînée en tout son être. Pourtant, Muramasa tenait bon, ne faiblissant pas, ne laissant pas sa prestance se briser sous le dantesque poids qui venait poser avec hargne farouche sur ses épaules. Fermant les yeux, il laissa échapper les mots, porteurs d'une importance si chère à son être, ainsi qu'à son âme.
" Celle qui a volé mon cœur, n'est personne d'autre que votre cousine, Sora. "
Avouant son crime, tel criminel dont la culpabilité avait raison de lui, Muramasa venait d'accepter la sentence. Il était coupable de l'amour, ou peut être victime de celui-ci, mais n'avait aucun regret.
Une mélodie déchainée s'abat contre les parois glaciale de la pièce, l'aura assassine de Yoshitsune étouffée sans mal la chaleur diffusé peinant vainement à réchauffer l'atmosphère. Toujours en mouvement, les bras croisés, figé telle une statue, gardienne de l'antre maudit, protectrice d'une nation affamée, étendant ses chaînes lacérantes jusqu'aux contrés les plus éloignées de son pays, il demeurait silencieuse tandis que ses iris marbrés fixaient la ruelle principale. Sa main se leva délicatement, la manche de son kimono se froissa, libérant dans sa tendre gestuelle quelques craquements.
L'homme lisait pourtant parfaitement bien entre les lignes, toutefois si un jour il aurait pu se douter que ce moment fatidique arriverait, il n’en aurait fait fi. Sora, sa chère et tendre Sora considéré comme une potentielle… Femme ? “Non”, “Non” et “Non”. Il n’en était nullement question. Elle n’était rien d’autre qu’une petite fille, qu’il serait le seul à chouchouter. Personne d’autre n’aurait fit-ce que le droit de la contempler. Semblable au doute, baigne au-dessus d’eux, un épais nuage qui s’élève d’une cheminée, lascive et éphémère.
Alors il fit comme si, il n’eut jamais rien attendu. Il pretexta la belle soirée à l’image d’une puissante arme de dissuasion, véritable source de force. Yoshitsune, emplit de malice, affirma à celui-ci que le ciel étincelant serait garant de l’avenir, et certain d'offrir à son peuple une gloire jamais atteinte, honorant sa nation de centre du monde... De magnifiques paroles et si ce doux venin ne provenant pas d'un être aussi énigmatique que malin, il serait lui-même prêt à croire à ces promesses mensongères.
« Avez-vous vu ce ciel Muramasa-san ? Il est à l'image de ces mots que vous prononcer. »
Sombre et menaçant ou bien dégagé et étincelant. A lui de comprendre ce qu'il voulait.
S'il y avait un sujet à ne surtout pas évoquer, de manière aussi anodine, de surcroît avec le Samouraï aux arts si aiguisés et à la lame assoiffée, c'était bien celui du Ciel. Pourtant Muramasa se doutait bien que le Nagamasa serait contrarié d'entendre les paroles qu'il venait de prononcer. Après tout, il s'agissait de sa douce cousine, qu'il appréciait et défendait certainement comme un trésor céleste. Un trésor immaculé ne devant être exposée à ces facéties pernicieuses de ce monde si perfide et vil au demeurant. Cela était légitime et des plus normal. Surtout concernant l’intéressée au centre de cette histoire, vouloir la protéger semblait aspiration évidente. Elle était une muse qui pouvait d'une simple mouvance, aisément rendre fou tout homme. Après tout, Muramasa était loin d'être emprunt au sentimentalisme, mais l'apsara céleste avait pourtant fait son œuvre.
Sa gorge était sèche, le malaise se faisait oppressant, mais il ne se décontenança point. Fixant le moindre signe de réaction sur le visage de l'interlocuteur, en craignant le pire. Ce dernier, regard en coin, démontrant sa contrariété à l'idée qu'un vil serpent ose penser à tel idée, d'une subtile métaphore, répondit en montrant les cieux.
Muramasa comprit que Yoshitsune n'avait pas apprécié ses propos le moins du monde. Que cette petite muse devienne la quintessence nubile, cela ne se pouvait. Pourtant, même si le protecteur n'approuvait pas, cela ne ferait pas vaciller la volonté de la Bête que d'obtenir son approbation concernant ses sentiments envers la Belle.
" À l'image de ce ciel ? Ce n'est pas faux. Un Ciel magnifique et inaccessible, que nul ne peux espérer atteindre. Mais lorsque mes yeux se closent, je vois un Ciel encore plus somptueux que celui qui nous surplombe en cet instant. "
Peut être que ce n'était pas la réponse qu'attendait son ami, mais il s'agissait de sa vision sincère qui découlait de cette image qu'il lui présentait alors. Il prenait une voix sérieuse et décidée sur ses propos. Révélant qu'il n'abandonnerait pas, même si les enfers venaient le happer dans les abîmes ténébreuses, il trouverait son chemin dans les méandres infernaux, afin de rejoindre ce Ciel si radieux et inspirant. Céleste qui à chaque instant en l'absence de sa plaisante présence, il était bien difficile de ne pas sombrer dans le désespoir.
Tergiverser sur cela ne faisait que rendre la situation un peu plus teintée de malaise, il était donc avisé de changer de sujet. Muramasa ne comptait pas abandonner ainsi, au contraire. Il allait tout faire pour que le vaillant représentant du Bushido, de surcroît personne qu'il respectait énormément, le reconnaisse comme digne de courtiser et d'épouser sa cousine.
" Yoshitsune-san, le journal de tout à l'heure, enfin si on peut nommer cette chose ainsi, évoquait que la Banque de Kaze no Kuni aurait financé Hi no Kuni, mais surtout et en réalité les actions du Shoshikidan. Je sais que tout cela est à prendre avec des pincettes, mais ne trouvez vous pas cela étrange ? "
Revenant à un sujet moins épineux, le médecin avait trouvé bien étrange qu'un torchon pareil, pure objet de propagande, venait évoquer les alliés de Mizu no Kuni et exposer leurs sombres mascarades ainsi. Étais ce un moyen pour que la guerre ou les ressentiments conversent vers Kaze ? Quelles étaient les vices cachés derrière toutes ces apparences faussées ? Peut-être que le Samouraï aurait une opinion à fournir quant à tout cela. La conversation revenait placidement à la source de son commencement, afin d'oublier des dérives un peu trop inopinées...