-SAAAANNNNNAAAAAAAAAAAAA’ !!!!!!!!! -Dare… Sanadare. Reprenait sèchement la borgne sa cadette qui raccourcissait encore son nom. -Qu’est-ce que tu fous la ?!!! Il est presque le soir, tu avais promis Sana’ ! -Dare. Sanadare. Insistait l’aveugle étendue sur le tapis du sol, près de sa pipe à la substance bizarre qui avait refroidie depuis longtemps maintenant... -Cette fois, y en a marre ! Lui fit l’adolescente boudeuse. Tu l’auras bien cherché ta fin de merde !
La gamine tournait les talons en claquant la porte, jurant qu’elle déménageait chez Taishi, l’Hayai, le voisin de ce duo atypique aussi. Cette fois, elle jetait l’éponge qu’elle disait, refusant de la ramasser morte un de ces quatre matins ou de la regarder sans rien faire. Sanadare ne lui donnait aucune chance, ni à elle, ni à personne d’autre, même pas à elle-même.
-Bon vent ! Et ne reviens jamais surtout ! la Hyuga lui balançait sur la porte le premier truc venu entre ses mains, il fit un fracas en explosant contre le support en bois.
Combien même la Hyuga savait que c’était trop beau d’espérer que son souhait se réalise, dès le lendemain matin, elle serait-là à la harceler et elle a s’exaspéré de l’avoir dans les pattes. A peine réveillée, la borgne rallumait sa pipe, ce qui la plongeait encore plus dans le brouillard que celui de son éveil, à croire qu’elle ne donnait aucune chance à son esprit de reprendre ses droits. La soirée s’écoulait comme toutes les autres, prise entre deux mondes dont un qui n’était pas tout à fait réel, et la Hyuga déambulait dans les rues un pas moins sûr que d’ordinaire, mais un sourire niais au moins avant remplacé sa façade si mélancolique. Elle avait peut-être un peu oublié pourquoi elle le faisait chaque jour à la base, puisqu’au lieu de courir après les malfrats de basses cours comme à son ordinaire, la voilà qui les traquait pour d’autres raisons. Moins bonne aux yeux de certains, elle échangeait ses ryos contre un mal acquis qui détruisait son corps, son esprit et sa vie, en toute connaissance de cause pour le pire de l’histoire. Une addiction de plus, plus corrosive encore que l’alcool qui avait eu raison de son foie déjà.
Sa vue manquante l’empêchait de constater le bout de ses doigts brûlés, mais leur douleur dans ses moments de lucidité était là pour lancer l’alerte, en vain. Au petit matin, elle était comme inerte à nouveau sur le sol de leur séjour, sa pipe refroidie à ses côtés, ne sachant même plus ni quand, ni comment elle était rentrée, le soleil caressait sa peau incapable de la réveiller en taquinant ses yeux qui étaient pour l’un absent, l’autre mort depuis longtemps. Ceci dit son appétit la rattrapait et la borgne comme à son habitude appelait Moira pour se faire rassasier, mais pas de réponse. Peu importe, elle rognait les restes des placards, avant d’user son stock de junkie pour le reste de sa journée. Le cycle infernal se répétait encore et encore, vient le moment où son absence au travail avait vidé ses poches de l'argent offrant sa drogue, elle était déjà en convalescence pour un autre mal, vie de merde qui la laissait sur la touche, esprit tout aussi pourri qui l’envoyait par le fond.
Il faisait nuit noire dans leur appartement devenu un vrai taudis en quelques jours, mais aucune différence pour une créature comme elle plongée dans les ténèbres depuis longtemps de bien des façons qu’il soit. Sa lucidité revenait, elle tentait bien de rallumer sa pipe, mais elle avait déjà usé toute la substance, assise au milieu de cette pièce incapable de dire l’heure ou le jour dans lequel elle se situait. Sa silhouette se redressait, fouillant des placards vides, son foie lui rappelait ses forfaits en lui offrant nausée et tiraillement dans ses entrailles, même l’armoire de pharmacie était vide.
Alors elle fit couler l’eau de la douche qui ressortait froide comme si son inconscient voulait la réveiller, alors que c’était juste l’énergie de la maison qui avait sauté. Tout semblait partir en vrille ici, surtout elle. Son étrange chapeau fleuri et précieux offert par Moira se posait sur sa tête et elle déambulait dans les rues avec un but semblant plutôt clair malgré sa situation. Traquant la signature chakratique d’une femme qu’un collègue lui avait suggéré d’aller voir pour de l’aide, un qu'elle envoyait promené aussi, et pourtant la Hyuga se trouvait là lui faisant face â cette femme. Une mine déconfite, des lèvres détruites et des cernes de morte-vivante pour premier tableau. Silencieuse, elle lui tendait ses mains aux bouts de doigts brûlés par ses nombreuses bêtises…
-Est-ce que tu peux faire quelque chose pour ca ? L’interrogeait-elle avec lassitude dans sa voix. Et je ne te parle pas de ses stupides brûlures. Un petit ricanement lui échappait, même au fond du trou, Sana’ restait Sana’…
Tes journées, devenaient de plus en plus monotones. Reprenaient un rythme morne ; fade ; insipide ; apportaient un semblant de normalité. Elles ramenaient ce semblant d'ordre dont tu avais besoin. Ce semblant d'ordre auquel tu t'accrochais pour ne pas sombrer dans la folie. Pour ne pas sombrer dans la dépression. Tes journées étaient simples. Tes journées étaient semblables ; s'imbriquant parfaitement dans les rouages de ce temps faussement psalmodique. Tes journées étaient simples. Tes journées étaient semblables. Lorsque l'on ne venait pas te surprendre chez toi, tu te réveillais parmi les livres ; te rafraîchissais ; te préparais ; le plus souvent pour aller officier à l'hôpital. Comme si ces derniers s'étaient soudainement rendus compte de ton existence ; reconnaissaient tes compétences ou simplement avaient-ils besoin de toi combler leurs effectifs... Tu ne savais pas et au fond, tu t'en fichais... Tu avais juste besoin de cet assommoir, pour penser à autre chose. Tu avais besoin de cet anesthésiant pour que ton esprit cesses de te torturer avec ces images, qu'il s'amuse à passer en boucle, encore et encore. Tu avais besoin de ce somnifère, te plongeant dans cette fausse réalité, dans laquelle tu étais utile... Parce qu'il ne te permettait pas l'être...
Tes journées sont mornes. Psalmodiques. Monotones. Mais ça te va parce que tu en as besoin. Ainsi lorsque que tu rentres chez toi le soir, tu n'as plus qu'à t'effondrer. Si tu en as encore la force, tu peux manger. Et après t'être forcée, tu te plonges à nouveau, dans ces pages griffonnées à l'encre noire, afin de bourrer ton cerveau, pour ne pas penser. Le gaver, jusqu'à n'en plus pouvoir. Ainsi, il te laisse tranquille, jusqu'à ce que tu tombes d'épuisement ; et ainsi chaque nuit, tu espères qu'il ne se vengera pas...
Aujourd'hui, ta journée fut morne. Psalmodique. Monotone. Courte... T'obligeant à t'occuper l'esprit avec une autre activité, pour ne pas penser. C'est ainsi qu'après avoir vu le taudis dans lequel tu vivais maintenant, tu décidas de ranger. Mettre de l'ordre dans ton appartement, en espérant quelque part, que cela t'aidera à mettre de l'ordre dans ta tête.
Tu ramassas feuilles et bouquins. Notes et carnets. Les trias. Les classas pour les remettre à leurs places devenues poussiéreuses. Tu passes tes doigts sur ses étagères vides, crasseuses : comment as-tu pu laisser faire cela ? Et tu te contentas de faire des tas, au sol, pour nettoyer ses planches sales. Tu en profites pour donner un coup de chiffon à ces livres usés et maltraités avant de leur faire retrouver leur foyer. Tu ouvres tes fenêtres puis t'attaques aux vêtements qui traînent. Aux meubles. Au sol. À toutes ces pièces trop longtemps délaisser avant de finir avec cette vaisselle, qui t'attend, depuis des semaines...
Le soir tombe. Tu t'écroules dans ton fauteuil : tu as enfin fini, ou presque... Il te faut encore descendre ces maudites poubelles... Tu rumines. Tu n'en as pas envie mais, si tu ne le fais pas maintenant tu ne le feras sans doute jamais alors, tu te traînes...
L'air du soir te rafraîchit. Tu l'humes, l'inspire, profondément avant de le relâcher. Tu te sens presque normale, presque bien. Il y a longtemps que tu ne ressentis plus une sorte de quiétude et tu en profites, pour te balader, un peu. Et l'obscurité surgir cette chose ou plutôt cette femme... Enfin ce qu'il en reste... Et surprise, tu sursautes : "Eommaya [Oh mon dieu] !". Un cri semi-étouffé, ton coeur palpite, tu clignes des yeux quelques secondes avant d'essayer de te reprendre ; main sur le coeur : "Qui êtes-vous ?! Et comment ça faire quelque chose pour "ça" ?! C'est quoi "ça" ?!". Tu la regardes, la détailles de la tête aux pieds. Bien qu'elle fut claire sur les brûlures ornant ses doigts, tu hésitas ; ils étaient quand même dans un sale état et, même si ça ne lui faisait rien, cela te peine de les voir comme ça : "Vous êtes quand même sûre pour vos doigts ?".
Elle semblait se faire surprendre par la présence fantomatique du reste de kunoishi vivant en face d’elle, peut-être ce qui avait motivé le rire de la Hyuga au final. Cette dernière oubliait parfois que tous n’avaient pas un don de sensorialité poussé pour tout anticiper en avance… Aux premiers abords, l’irou ne sembla pas comprendre de quoi elle était en train de lui parler, un instant alors, la borgne aveugle se demanda si elle ne s’était pas trompée ou l’avait-elle confondue ? Ou bien rêver. Bien des choses étaient confuses dans le monde fragmenté de son esprit depuis quelques temps déjà. Elle filait un mauvais coton, glissant toujours plus sur la mauvaise pente. Avec l’une des paumes d’une main, l’exténuée de son propre sort auto-infligé frottait son œil restant, difficile de savoir ce qu’elle essuyait alors que sa main glissait sur sa joue lascivement. Elle inspira un peu, comme si ça pourrait les inspirer toutes deux, avant de sortir de sa poche un extrait du poison dans ses veines. Enfin, un des poisons plutôt. -Une bien vilaine habitude tenace.
Sa main était moite et tremblante de par son manque, si elle n’avait pas manqué de ryos, la Hyuga aurait probablement aussi manqué de volonté pour sans passer. Mais la réalité était que ses plans de secours s’étaient fait la malle. Plus de parents à taxer par crise ou chantage. Le dernier raid de Kiri les avait tué et si elle ne les avait pas pleuré, les ressources sans fond qu’ils lui offraient sans vraiment l’aider, elles oui. Ce n’était certes pas la meilleure des personnes qui fit face à cette femme sauveuse de vie, pourtant fut un temps, elle était quelqu’un encore avant d’être un déchet de cette humanité. Est-ce que ça comptait un peu pour quelque chose. Son poids de la vie sur ses épaules lui sembla plus lourd que celui de son corps sur ses jambes, celles-là qui pliaient pour la première fois depuis bien longtemps, posant la Hyuga plus proche du sol encore au niveau presque de la valeur qu’elle accordait à sa vie. Quelque chose qu’elle s’accordait pour piétiner. Un vertige peut-être. La maudite pipe mal alimentée roula sur le sol jusqu’aux pieds de l’inconnue qu’elle avait rejointe sans même y penser. A quoi elle s’attendait.
-A quoi bon soigner mes doigts, si dans quelques jours ils reviennent à l’identique ? C'est mal plus en profondeur qu'il faut combattre et je failli devant lui...
Au moins, elle était consciente de sa propre faiblesse en un sens.
-On m’a dit que tu avais déjà traité des cas comme moi.
Shin son acolyte qui l’avait recommandé n’avait jamais dit avec succès, parce qu’avec Sanadare rien n’était jamais certain. Il ne voulait plus s’avancer, ni avancer tout court. C’était officiel, il avait changé de binôme, la Hyuga se ferait virer sous peu des forces de l’ordre pour son manquement au devoir indiscutable. Une vérité qui ne lui faisait plus rien, alors qu’elle s’était battue pour y faire une place. A quel moment était-elle autant devenue blasée de tout ? Des semaines et des mois déjà, avec des choix qui lui avaient paru les bons et avaient tout empiré. Est-ce qu’elle regrettait pour la première fois de sa vie une décision ? Oui. Et est-ce que cela avait remis en question tout le reste aussi ? Oui.
-J’ai besoin de ton aide.
Et c’était bien la première fois qu’elle avouait cela à qui que ce soit ou le demander même.
Toujours aussi stupide, tu la regardes rire de ta réaction. Tu ne comprends pas ce qu'il y a de si amusant à t'effrayer de la sorte ; cela ne te plait guère mais, tu ne penses même pas à t'énerver, trop occupée à essayer de démêler le vrai du faux. Quelle sorte de mirage était-ce encore ? Plus puissant que ceux de Kaze no Kuni, jamais tu ne fus frappée aussi violemment et encore moins en pleine soirée... Êtais-tu en réalité folle au point de voir de telles hallucinations ? Ces songes teintée de rouges ne suffisaient-ils pas ?! Il fallait encore qu'une sorte d'esprit dont tu ne connais la nature vienne te hanter ?!
Tu te redresses, tentes de reprendre de la contenance ; d'être rationnelle. Genjutsu ou être de chair et de sang, pour l'instant tu restais là, préservant cette distance de sécurité. Si elle n'était pas illusion cela n'empêchait pas qu'elle soit l'une de ces personnes détraquées. Une autre touchée par la folie comme cette enfant croisée aux crocs ? Tu l'analyses, c'est un réflexe. Parce que ta survie en dépend tu as besoin de déchiffrer ses intentions, c'est automatique. Alors, tes pupilles se dilatent, ton cerveau s'active ; chacune de ses actions sont décomposées ; chacune de ses expressions sont fragmentées pour être déchiffrées ; chacune de ses réactions corporelles sont disséquées pour être synthétisées et tu comprends, qu'elle est en proie à une addiction dont elle ne saura se défaire seule...
Tu grimaces, tu tiques. Machinalement tes bras viennent encadrer, soutenir cette poitrine un peu trop en chair et, t'avances vers ce fantôme au bord de la putréfaction. Celui-ci s'écroule et mise à part ce poison coulant dans ses veines te ne sais quelle peine elle endure pour s'écrouler ainsi, te lançant un cri perçant provenant de son coeur malade qui vient percer ton organe. Et il n'y a plus de doute, il est évident qu'elle ne te fera rien ! Qu'au contraire si tu ne l'aides pas elle finirait par mourir sous peu ! Et tandis que son kiseru roule à tes pieds, elle se rend encore plus misérable ! Elle courbe l'échine, s'écrase, implore ton aide de vive voix, témoignage de sa profonde détresse ! Et tu ne peux en supporter plus !...
Tu ramasses l'outil lui servant à s'empoisonner, l'éteins, le cale là où tu peux puis t'empresse de relever celle qui n'est plus que chiffon. De celle-ci émane une odeur toxique qui ne t'es point inconnue mais pas assez familière. Elle te pique, agresse ton odorat mais tu ne la lâches pas - tu retiens la junkie beaucoup trop légère : "Tu es libre de me raconter mais, je n'ai pas besoin de savoir pourquoi. Par contre, j'ai besoin de tout connaitre de tes "vilaines" habitudes. Depuis quand, les fréquences, s'il y a eu prise d'autres substances, sevrages, etc." - les conditions émises, tu la conduis chez toi. Lui laissant le choix de tout te dire sur le chemin ou de garder tout cela jusqu'à être à l'abri de regards curieux...
Il ne vous fallût que quelques minutes pour arriver à cet appartement simple, à la décoration épurée, dont seuls ta bibliothèque et quelques meubles ainsi photos imposent leur présence. Tu l'installas finement dans le divan avant de prendre la direction de la cuisine, ouverte, et de t'y affairer ; lui préparer de quoi la calmer.
La Hyûga déchue restait silencieuse soudainement, se laissant relever comme une poupée de chiffon, sentant son orgueil s’effritait peu à peu, mais il le fallait. Peut-être que l’air de rien, ce dernier aussi l’avait conduite à sa perte à force de croire qu’elle était le genre de femme à n’avoir besoin de personne. A tout garder pour soi, jusqu’à ce que cela explose dans son fond intérieur nourrissant un peu plus à chaque les ténébreuses pensées du néant constant qui l’accueillait depuis bien trop d’années maintenant. De la rancœur, de la douleur, de la peine, mais aussi et surtout beaucoup de peurs que la gamine abandonnée n’avouerait ou ne partagerait jamais… Parce qu’elle n’avait plus confiance en quiconque, tous lui paraissaient comme des ennemis potentiels.
Elles marchaient alors ou plutôt, cette femme-là, étrangère encore la supportait dans son poids, la traînant plus qu’autre chose. Il avait encore des spécimens étranges de ce genre dans ce monde, des individus que la junkie n’arrivait pas à comprendre, mais c’était à son avantage alors qu’importait ? Beaucoup de chose, car rien n’était jamais gratuit dans ce monde et la Hyûga aurait aimé être en état de négocier le tarif, malheureusement… Se faire flouer était peut-être mieux que mourir, d’autant que rien ne garantissait l’alternative. Elle réfléchissait trop, beaucoup trop et ce depuis toujours, ce qui lui avait toujours porté trop défaut. Au moins, les dires de l’irou la rassuraient un peu, bien qu’elle fût étonnée que pour une fois, personne ne s’acharnait à lui voler la vérité profonde de son état, comme si seul ce dernier comptait au final. Parfait… Et ainsi, elle comprenait mieux pourquoi Shin son partenaire lui avait conseillé…
-Je ne sais pas exactement, tout ce qui tombait entre mes mains, classique ou expérimental, je n’ai jamais demandé le nom. Poudre, liquide, à fumer... J'ai juste donner mon argent et obtenu le comment ça marche.
A quoi bon s’encombrer ? À la base, elle avait plus pensé qu’un soir ou un matin ça la tuerait pour de bon, mais parce qu’elle avait joué volontairement en mettant en jeu sa vie, pas parce qu’on avait décrété qu’il fallait qu’elle s’arrête. Cette vérité pourtant évidente ne lui apparaissait alors que maintenant tandis qu’elle cherchait dans le reste de lucidité des réponses efficaces pour les interrogations posées…
-Je dirais cinq, six mois, peut-être un peu plus ou un peu moins le temps à filer si vite d’un coup, j’ai perdu la notion je crois… contrairement à l’alcool, vieil ami d’une décennie presque ! Elle n’était pourtant pas bien vieille, preuve qu’elle avait goûté au breuvage bien trop tôt dans sa vie chaotique. Mais jamais rien de pris avant Iwa c’est certain…. Je suis arrivée y a un an ou plus… Je ne sais plus.
A quel moment tout était partie en vrille comme ça ? Sana’ s’était souvent posé la question. Tout allait bien à la base, aussi bien que possible, elle était arrivé déterminée, assez même pour intégrer dès les premières semaines l’unité policière en tant que genin. Pas très appréciée par ses collègues pour son caractère, mais on lui accordait au moins d’être douée… C’était le plan parfait pour son enquête personnelle. D’ailleurs si bonne enquêtrice, qu’elle avait découvert la vérité sur son « incident »… C’était bien pire que ce qu’elle pensait, on l’avait trahie bien plus qu’en l’abandonnant pour morte dans cette forêt. Même la vengeance qui l’avait gardé vivante et persistante avait perdu son attractivité dès lors que le restant de son âme s’était brisé une fois le voile soulevé. Et avec lui la perspective du choix à faire. Au chaud, dans cet appartement, la femme meurtrie restait comme un peu stoïque, se laissant manier à la guise de l’experte.
-J’ai essayé cette semaine et celle d’avant d’arrêter, mais c’est plus fort que moi… Jusque-là je n’avais pas d’intérêt à le faire… C’est comme une obsession, si je ne le fais pas, j’ai l’impression de devenir folle.
On appelait ça plus communément aussi l’addiction…
Elle se lance dans son récit, faisant d'elle officiellement ta patiente. Tes oreilles se font attentives, tes mouvements se font discrets - tu ne souhaites point la perturber en écumant tes placards desquels tu sors de quoi lui faire une infusion.
Mortier, pilon, tasse et bouilloire posés sur le plan de travail, tu t'empares du dernier objet pour y mettre de l'eau afin de la faire bouillir, le temps de voir quelles plantes tu allais utiliser pour cette préparation ; ton cerveau se lançant alors, dans un exercice plus ou moins périlleux puisqu'il doit ne laisser échapper aucune parole de la souffrante tout en déterminant les bons mélanges avec le peu de stock que tu as sous la main.
Si l'envie de pousser un soupir était là, tu te retins pour ne pas vexer ou inquiéter la jeune femme, te déplaçant dans le plus grand des calmes vers l'armoire dans laquelle sont entreposés les herbes. Tu fais le point ; la situation n'est pas désespérée mais, elle aurait pu être mieux. Et tandis qu'elle termina son discours, ton esprit finissait de peaufiner la recette de la préparation que tu allais maintenant exécuter, non pas sans un sourire après avoir entendu sa détermination - "Garde cette volonté, tu en auras besoin." - et il te faudra être à la hauteur de ta patiente.
Tu reviens vers elle, plateau en mains, laisse reposer l'infusion sur la table et attrape un premier récipient de petite taille ainsi qu'un bâtonnet. "Avant de te laisser boire l'infusion je vais d'abord te demander de bien vouloir me fournir quelques échantillons, de salive pour commencer. Je te laisse le choix de directement cracher dans le pot ou d'utiliser le bâtonnet ! Ensuite, je prélèverai un échantillon de sang puis je te laisserai déguster tranquillement ton thé ! Et si tu as une envie pressante, dis-le-moi maintenant. Un échantillon d'urine ne sera pas de trop..." - bien que prise par un certain embarras dû à tes derniers mots et ce cadre intimiste, tu contins tant bien que mal celui-ci... Il était très différent de recevoir en cabinet et chez soi... Mais peut importe, tu la laissas prendre possession des premiers instruments et la laissa faire avant d'aller plus loin.
"Oh ! Aussi avant que j'oublie : lorsque l'on aura terminé il faudra que je booste l'infusion avant que tu ne l'ingères donc, ne te jette pas dessus tout de suite !"
Oh de la volonté, Sanadare n'en avait jamais manqué, même elle en avait parfois un peu trop, cela se retournait contre elle. Elle avait eu le choix d'abandonner plusieurs fois, passer à autre chose et quitter le cercle vicieux de cette guerre silencieuse qui se livrait avec ses ennemis, mais c'était cette foutue volonté d'obtenir réparation qui l'en avait empêché. Une créature bornée, mais visiblement pas assez face aux effets chimiques de ce qu'elle avait ingéré. La borgne n'était pas médecin après tout, mais elle était au moins assez censée pour comprendre sa dépendance, plus artificielle avec en cause les substances, que réellement nécessaire à son organisme.
-Des échantillons... J'ai l'impression de repasser mes tests d'entrée dans le Yamagenzō, c'était avant toutes mes conneries. La police donne de bien vilaines tentations tu sais.
C'était là qu'elle avait rencontré des gens peu recommandables, eux qu'à la base elle traquait et arrêter, avant de comprendre qu'ils seraient ses seuls alliés possibles dans la mise en échec de son clan. Là qu'elle avait prise de mauvaises habitudes pour s'y intégrer aussi. Jouer sur tous les fronts étaient aussi épuisant physiquement, que mentalement et Sana' n'avait jamais cru qu'un jour elle demanderait de l'aide à qui que ce soit. Une première qui prouvait bien qu'elle avait définitivement changée, en mieux ou pire... Là n'était déjà plus la question.
Après l'avoir remercié pour l'infusion, et rit un peu c'était évident la connaissant, la Hyûga demandait les toilettes pour faire son affaire, imbibant un bâtonnet de sa salive avant de s'y retirer. En revenant, il ne resterait que la prise de sang et elle se montrait parfaitement coopérative. Après tout sinon, à quoi bon d'être venu ici en marchant sur son ego. Face à l'infusion, la borgne semblait calme, entre ses mains, elle faisait danser le liquide à l'intérieur de la tasse, humant sa vapeur en espérant y reconnaître quelques ingrédients. Car comme elle allait l'informer...
-Quelle chance une infusion, je suis une grande amatrice de thé.
Et c'était peu dire, une autre de ses addictions, peut-être moins négative.
-Mais à quoi sert-elle ?
La Hyûga avait bien entendu quelques vertus du thé auxquelles elle ne croyait pas vraiment, mais elle savait que son fournisseur à la cabane à thé, prescrivait des plantes pour des soins. Cela la fit sourire en se rappelant des mots de Muramasa...
-Mon médecin traitant traite les herboristes de charlatans. C'est amusant. Tu le connais peut-être, c'est un Borukan, Muramasa ? Il a soigné mon foie, donc tu trouveras peut-être des traces, si ça peut t'éviter de cherche pour rien.
Elle soufflait sur sa tasse en arquant son seul sourcil visible...
-Mais dis-moi, je suis curieuse. Tu n'es pas inquiète de ramener chez toi une parfaite inconnue, une junki en plus ?
Courage, folie ou professionnalisme, c'était dur à dire, peut-être un peu de tout, mais si Sana' était clairement folle aux yeux de tous, elle n'avait jamais pris des cibles gratuitement. Elle pouvait même parfois se montrer sociable et agréable... Parfois.
"Le pouvoir et les responsabilités mènent à bien des tentations~" - tu étais bien placé pour le savoir, étant toi-même médecin, il te serait facile de céder aux vices. De détruire des vies par envie ou pour l'appât du gain, tu pourrais même faire d'une pierre deux coups : créer des maladies pour ensuite les soigner ! Mais heureusement ou malheureusement pour toi, tu fais partie de cette catégorie de personnes trop honnêtes...
"Sinon je ne pensais pas notre Yamagenzō aussi pointilleux ! Mais je te rassure j'en aurai juste besoin pour voir ton évolution ! Puis je t'avoue aussi être curieuse de savoir à quoi tu t'es intoxiquée~ M'enfin ! Revenons pour l'instant au plus important : les toilettes !" - tu lui expliques brièvement le chemin et la laisse partir faire ses petites affaires. Pendant ce temps tu récupéras le premier échantillon que tu scellas et que tu stockas pour une conservation optimal. Tu préparas de quoi faire la prise de sang sans avoir la moindre idée de ce que tu ferais des informations sur les drogues mais, avec la certitude de les conserver précieusement et à son retour, tu fis subir au deuxièmes échantillon le même sort que le premier - puis t'empressas de laver tes petites mains par souci d'hygiène parce que... On est médecin ou on ne l'est pas... -.
Après la prise de sang tu ne l'embêtas pas avec d'autres testes ; elle n'était pas là pour un contrôle, tu l'avais assez ennuyé pour la soirée puis t'avais bien fini par remarquer qu'elle était aveugle en plus d'être borgne... Une bien drôle de fille avec une histoire que tu devines toute aussi "haute en couleur"...
Quoi qu'il en soit, la borgne te sortit de ta rêverie - "Oh ! Eh bien, elle va t'aider à calmer les spasmes causés par la sensation de manque et, calmer cette dernière en plus d'éliminer les toxines. J'espère que le goût n'est pas trop désagréable, j'ai dû faire avec ce qu'il me restait sous la main..." - lui avouas-tu quelque peu gênée. À l'évocation du Borukan tu ne peux t'empêcher d'exprimer ta surprise - "Ainsi tu es aussi sa patiente ?! Pour être honnête, j'ai eu l'occasion de travailler une fois avec lui, mise à part ça je ne le connais que très peu... Et les herboristes sont loin d'être des charlatans ! Mais il est vrai que les charlatans nuisent à leur réputation." - affirmas-tu avec une certaine contrariété - "Il ne faut pas sous-estimer l'herboristerie... En tant que médecins nous sommes nous-mêmes amenés à utiliser les plantes. Nous les étudions, les transformons, les aidons à libérer tout leur potentiel..." - à cet instant, tu apposas ton indexe sur la tasse et relâchas du chakra afin d'amplifier les effets des plantes avant de reprendre - "De plus, une partie de nos connaissances est basée sur ce domaine donc quelque part cela m'étonne qu'il ait pu tenir tels propos... Il a probablement dû tomber sur des malhonnêtes". Mais ce qui te frappa le plus fut la question qui vint après...
Elle n'avait pas tort, l'accueillir chez toi alors que tu ne connais rien d'elle... Tu penches la tête en arrière, observes ton plafond - "Je t'avoue que j'ai eu peur au début. Seulement je t'ai observé et tu me semblais sincère alors je ne me voyais mal t'abandonner lâchement dans la rue !".
Trop généreuse... Trop gentille... Tu le sais pourtant que cela finira par te porter préjudice mais, c'est plus fort que toi...
Oh comme elle disait vrai. Plus ils étaient haut placés, plus c'était facile de les faire dévier à croire de son expérience personnelle. Sana' aimait penser qu'un jour quelqu'un serait l’exception, mais d'ici là, elle avait d'autres chats à fouetter.
-Oh oui, ils le sont. Du moins ils l'étaient quand j'y suis rentrée, je ne sais plus comment ça se passe depuis ma démission. Les choses variaient si vite dans ce village, c'était impossible d'affirmer que quoi que se soit puisse rester stable. J'image que tu vas trouver un sacré cocktail. J'ai un système coriace heureusement ou malheureusement ?
Et autant dire qu'elle avait mise son endurance naturelle à dure épreuve. Les prélèvements faits et la petite explication gracieusement donnés, la Hyûga ne se faisait pas prier, buvant son médicament en profitant du goût loin d'être déplaisant au final, comme elle le faisait remarquer à son hôte. Puis elle avait l'habitude des goûts étranges sur son palais après tout aussi. Dans le même temps, elle lui accordait une oreille attentive, malgré son état qui troublait sa concentration, l'effet n'était bien sûr pas immédiat, mais déjà le liquide chaud apaisait un peu son estomac.
-Je vois. Je suis meilleure patiente que médecin, alors c'est bon à savoir. Petite touche de légèreté dans la lourdeur de sa réalité. J'ai peut-être aussi mal interprété ses propos tu sais. J'ai du mal à être attentive ces derniers temps.
Fort probable, encore plus quand le sujet ne l'intéressait pas et donc qu'elle écoutait à moitié. Il fallait dire que ses esprits étaient occupés ailleurs, à juste titre. Les réactions de la jeune femme qui l’accueillait chez elle l'amusait d'autant plus. Son insouciance était charmante, comme sa franchise était plaisante.
-J'imagine, même si je ne me souviens plus à quoi ressemble ma face pour dire vrai. Ta bonté te perdra, c'est certain... Mais c'est une qualité honorable. Je n'ai aucune intention malveillante à ton encontre. Je vais même me retrouver redevable en fait. Tu n'as même pas mentionné tes honoraires. M'enfin, combien de temps va prendre ton verdict ?
Une bonne occasion de savoir si elle pouvait se laisser allez à sa fatigue ou non pour une petite sieste. Bien qu’inhabituel, Sana' n'avait pas de problème à se sentir à son aise n'importe où. Probablement parce qu'elle ne considérait nulle part comme étant chez elle au final. Ou partout comme l'étant.
-Je n'ai pas l'intention non plus d'abuser de ton temps excessivement...
La discipline médicale était un sujet qui te tenait grandement à coeur, il suffisait de voir comme tu la défendais. Tu étais même tellement prise par ton discours que tu remarquas à peine le désintérêt de la borgne... Du moins jusqu'à ce qu'elle donne la réplique. Tu te contentas simplement de sourire, conciliante. Puis, elle te semblait reprendre quelques couleurs et, cela ne pouvait te faire plus plaisir.
Tu t'enfonces un peu plus dans ton fauteuil, penchant ta tête en arrière ; tu aurais peut-être dû te faire une tasse - si l'on-t-avait dit que sa compagnie te serait agréable... Ou est-ce seulement dû au cadre intimiste créé par ton logement ? Dans tous les cas tu ne regrettes pas, plus ton action. Quand elle dit ne pas se souvenir de son visage, tes yeux glissent vers elle sans insister. Il est dommage qu'elle est oubliée de si beaux traits, quelque peu avilis par ses addictions et autres tourments... Et alors que tu l'observes un rictus vint fendre ton visage lorsqu'elle mentionne ta bonté, suivit d'un rire chagriné à peine audible ; à croire que tout le monde est au courant pour ce trait de caractère. Soit ça soit tu étais bien trop facile à décrypter, chose assez contrariante pour une shinobi...
Ensuite, la demoiselle aborda la question des honoraires ainsi que le temps d'analyse, ton regard se retourna vers le plafond. Tu hésitais à la faire payer mais d'un autre côté, il te fallait bien vivre sans compter les frais des plantes. Bien que la majorité proviennent de ton jardin, l'obtention de certaines graines, racines et, leur entretien avait un coût qui pouvait s'élever en fonction des saisons et caprices de la météo. Cependant, tu n'avais pas le coeur lui parler argent tout de suite... Ainsi tu poussas un léger soupir avant de lui répondre - "Ne t'en fais pas pour les honoraires, nous en discuterons plus tard. Pour ce qui est du temps des analyses compte deux-trois jours à maximum une semaine mais, je ferais de mon mieux pour que tu les aies au plus vite".
Après ça tu marquas un temps, glissas une mèche derrière ton oreille par réflexe, car tu appréhendais légèrement la réaction qui allait suivre - "Sinon pour tout t'avouer, j'envisageais de te garder ici cette nuit. Tu serais bien évidemment libre de repartir dans la journée, ce serait juste le temps de te préparer de quoi pallier à tes sensations de manque. Je serais ainsi capable de te dire à combien s'élève la facture !". Puisqu'elle ne pouvait te voir, tu fis sonner la fin de ta phrase en une raillerie pour faire office de clin d'oeil.
-J'ai vu d'autres médecins avant toi. Lui avouait-elle finalement, et elle ne parlait pas de Muramasa. A l'hôpital d'Iwa, tout ce qu'ils trouvaient à me dire, c'était qu'il fallait me sevrer, de demander l'aide d'un proche pour ne plus consommer. Elle soupirait. Sûrement qu'ils se sont automatisé avec le temps.
Raison pour laquelle, ils ne l'avaient peut-être pas traité avec la même attention que cette femme ce soir-là, qui tout comme eux ne la connaissait pas. Ou alors ils s'en foutaient tout simplement, et comme la majeur partie des gens qu'elle connaissait, ils pensaient qu'elle était une cause perdue, une perte de temps. Comment pourrait-elle leur en vouloir ? La borgne s'était cherché les ennuis d'elle-même, ça ne lui était pas tombé dessus à cause de pas de chance, c'était ses choix qui l'avaient amenés là.
-Et ceux qui n'ont personne ? Hormis tomber sur toi, ils sont foutus quoi.
Son ton léger était suivi d'un petit rire, la Hyûga était rarement sérieuse, voire jamais, elle aimait sourire et rire pour toutes les raisons possibles, comme si cela pouvait gommer la lourdeur de son monde chaotique.
-Prends ton temps, je ne voudrais pas te ralentir dans les tâches qui t'incombent déjà. Je ne suis plus au jour près, c'était davantage par curiosité que je demandais.
Ce qui était vrai, maintenant qu'elle avait démissionné de tout, elle n'avait plus rien à faire ou délai à respecter. Akimoto lui avait bien offert un temps de réflexion, une dernière chance de réintégration par une mission, mais à ce moment-là, Sanadare était persuadée qu'il s'agissait de ses dernières heures à Iwa. Elle aurait traité fou celui qui lui aurait dit son avenir d'assistante, un poste accepté pour de mauvaises raisons... S'il l'avait laissé partir ce jour-là, cette médecin ne l'aurait jamais connue au final, à moins que suite à une traque, on lui donnait son cadavre à examiner. On ne pouvait pas tout contrôler dans une vie la preuve et si le geste partait d'un bon sentiment en se soignant, retrouver ses facultés allaient la desservir plus qu'autre chose au final. Même en voulant bien faire on pouvait provoquer des catastrophes, la preuve.
-Oh, coût d'hébergement en prime, t'es peut-être bonne en affaire finalement. Taquine. Ne t’inquiète pas pour la facturation, les Hyûga me payent cher pour rester à l'écart du clan, ils payeront aussi pour sauver la face. Ou alors Akimoto le fera...
Elle grattait son menton... Ces imbéciles alors.
-Désolée de gâcher potentiellement ta nuit dans ce cas, je ferais de mieux, ton canapé est confortable, je peux en déduire que tu me le prêtes pour ce soir ?
Aussitôt dit, elle s'installait à son aise. Elle aurait le loisir d'aviser de la situation demain, de toute façon, elle ne se sentait pas en état de se rendre seule où que ce soit.
Lassitude ou amertumes, tu ne sais pas mais, il te semble déceler une certaine tristesse dans les mots de ta patiente - sans doute fatiguée par ces rejets voire fatiguée par la vie elle-même.
Elle rit mais, de la demoiselle à la pupille pâle émane une certaine mélancolie - ainsi tu devines qu'elle aussi fait partie de ses âmes torturées ; comme si tu les attirais, tu aurais souhaitait soigner ses maux or, pour avoir déjà essayé tu te sais déjà impuissante. Une affaire que seul le temps pourra régler si elle ne s'est pas déjà condamnée... Alors, à défaut de la soigner, tu es tout de même heureuse de pouvoir lui offrir un quelconque réconfort.
Elle te disait prendre ton temps seulement, tu ne voulais pas la retenir plus qu'il ne fallait. Pas parce qu'elle t'importune, si ce ne tenait qu'à toi tu la garderais jusqu'à être sûre qu'elle soit complètement remise mais, bien parce que tu ne désirais pas plus l'entraver. À ton tour tu fais preuve de malice - "Une fois chassé le naturel, il revient au galop. Je suis fille de commerçant après tout et, vu tes relations, je vais pouvoir vider tes poches sans le moindre remord !". Une pause - "Le canapé, même mon lit si tu veux, je ne pense pas dormir de toute façon par contre ça te reviendra plus cher."
Un éclat chatoyant résonne et égaie la pièce, apportant un peu plus de chaleur à cette atmosphère quelque peu accablante.
Cette nuit encore tu ne dormiras pas. Cette nuit encore tu travailleras mais, pas dans le but d'oublier - "Si tu me cherches je serai dans la pièce au fond du couloir". Réfugiée parmi livres et plantes, jouant avec les ustensiles dans l'unique but de créer un unique et parfait médicament. Dans le cas où elle déciderait de dormir sur ton canapé, tu t'en vas lui chercher quelques couvertures avant de lui prodiguer un dernier conseil et, de t'éclipser - "Vraiment, si tu as besoin de moi n'hésite pas à venir me déranger ou hurler !". Tu étais sérieuse, une fois plongée dans tes expériences tu étais comme coupée du monde et, te sortir de ta bulle devenait difficile alors, tu comptais sur elle pour se manifester en cas de problème !
***
Tandis qu'elle dormait tu te faisais plaisir à jouer à l'alchimiste. Tu pus te laisser aller, user des meilleures herbes et fleurs ; regarder naitre sous tes manipulations pilules et poudres, car tu avais pris en compte ses préférences ; ne manquant pas de lui en parler toute fière après un bon remontant et, une fois qu'elle fut réveillée - "Voici tes pilules et sachets de thé !", tu tapotes les boites dans lesquelles ils sont confinés, "Comme tu l'auras deviné, les pilules sont pour le pratique et les sachets pour le plaisir. Tu devras cependant veiller à bien prendre tout ça dans l'ordre, car les doses sont régressives mais, ne t'inquiète pas je t'ai laissé des instructions et ai tout annoté ! Tu devrais donc t'en sortir mais, n'hésite pas à revenir en cas de problème, tu connais maintenant l'adresse !", tu ris puis continue, "Enfin la facture s'élève à 5 500 ryos ! Et je te propose le p'tit déj' ou ça ira ?", lui proposas-tu tout sourire.