Levé de bon matin, je dévale les escaliers et constate qu’une lettre est posée sur le rebord de ma fenêtre. Curieux, je pars voir de quoi il en retourne. Mon nouveau titre et mes nouvelles responsabilités sont telles que je pense en premier lieu à une mission. Et mon instinct ne me trompe pas. En effet il s’agit bel et bien d’un ordre de travail. Aujourd’hui je suis envoyé par le maître Mizukage régler une affaire au pays de l’Eau. Depuis quelques temps, un village situé sur l’île voisine de celle de la brume a un différend avec un clan nomade, les Yabuki.
De son côté, Kiri traite avec les deux partis et ne souhaite pas prendre position. En effet les membres dudit clan ont par le passé été utiles à la brume tandis que le village produit du bois et des matières premières essentielles à la création du port et d’autres bâtiments. Les tensions n’ont jamais été un véritable problème jusqu’à aujourd’hui mais de récents évènements ont changé la donne. Dorénavant, la situation est telle que deux chûnins ont été envoyés afin de calmer le jeu entre ces deux partis. À dire vrai nos objectifs sont multiples. Nous sommes chargés dans un premier temps d’enquêter sur les raisons qui ont amenées à la situation à s’envenimer puis, dans un second temps, tenter de diminuer la colère de chacun des partis. ▬ … Super. Je pousse un bâillement digne d’un ours, enfile mon petit déjeuner en un instant et pars me prépare. Si j’en crois la lettre, je dois être là-bas avant la tombée de la nuit.
Le second chûnin avec lequel je dois réaliser cette mission n’est autre que ce gueux d’Inja. Je sens déjà de là les problèmes arriver. Comment suis-je censés aider deux organisations à se réconcilier sachant que je ne suis même pas capable de voir mon propre partenaire de mission en peinture ? La question est posée …
Après m’être convenablement préparé, je quitte mon domicile et pars rejoindre le port, ou du moins l’ébauche de port. Les travaux avancent mais il reste quelques détails à finaliser. Mon navire ayant été saccagé par l’adorable Himiko – sentez mon ironie –, j’emprunte une embarcation et patiente. Mon partenaire de mission ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. À moins que le bougre se débrouille pour arriver en retard.
Cinq à dix minutes passent quand enfin le shinobi maître de la lumière daigne se montrer. Après avoir échangés quelques banalités, nous prenons la route. Je note par ailleurs qu’il est toujours aussi mal habillé et sent mauvais. ▬ Tu m’as pas l’air très … En forme. Vêtements pas repassés, haleine de phoque, cheveux mal coiffés … À mon humble avis, la dernière soirée d’Inja a été un peu trop alcoolisée. Je suis presque sûr qu’il est torché. Ça commence bien.
« INJA ! Une missive pour toi ! J’ai oublié de te la donner plus tôt ! »
La voix résonnait dans le couloir de l’hôtel alors qu’Inja commençait à peine à descendre les escaliers pour se rendre au Grand Dôjo. Celui-ci fut surpris de voir l’enfant avec qui il s’état entraîné des semaines plus tôt, ses cheveux avaient poussé bien plus qu’il ne l’aurait pensé, mais surtout, celui-ci apportait avec lui un message. Une lettre de mission exactement. Inja ne dit pas un mot, souriant légèrement en signe de remerciement, la tête toujours fatiguée, avant de commencer à lire le papier, se rendant compte du but de cette missive importante, arrivée beaucoup trop tard pour qu’il ne soit à l’heure. Et il était, juste l’heure prévu… Merde.
…
Après un sprint digne des plus grands, Inja arriva aux alentours du port, où devait l’attendre son coéquipier dont qu’il il n’avait pas pris le temps de lire le nom, bien trop pressé par les évènements soudains. Marchant maintenant, il chercha du regard un quelconque shinobi qui aurait pu lui avoir été assigné, avant de poser après quelques minutes son regard sur… le gnome. Ce sale gosse de Shinichi. La mission serait joyeuse tient. Mais Inja devait mettre de côtés ses différents, s’il s’agissait bien de lui, il devrait faire preuve d’assiduité et ne pas se laisser emporter, le but final étant de réaliser au mieux la mission et de ne pas laisser l’enfant la saccager car celle-ci disposait d’un rang trop haut pour ses capacités. Inja jeta un coup d’œil rapide sur le papier avant de le fourrer dans sa poche, les mots écrits le confirmaient, il s’agissait bien de son partenaire.
« Salut Shinichi. Bon tâchons de réussir cette mission au mieux, la situation à l’air épineuse d’après ce qui est expliqué. »
A vrai dire, Inja n’avait pas prit le temps de réellement lire le contenu de la lettre, une chose qu’il ferait durant le trajet en bateau, un moyen de transport qu’il n’avait pas emprunté depuis l’assaut de diversion aux portes d’Iwa. Le shinobi de lumière monta en vitesse sur le bateau, dépoussiérant sa sublime veste noire des quelconques résidus qui avaient pu s’y accrocher lors de sa course folle vers le port. Sa deuxième mission, parfait, il leur fallait maintenant la réussir sans problème avant de passer jonin dans quelques semaines.
« Tu m’as dit posséder un bateau, c’est légitime que tu es mieux qualifier pour diriger cette chose, mais si tu as besoin d’aide je suis là, j’ai quelques voyages d’expérience et ce bateau-ci est très petit, ça ne devrait pas être compliqué. »
Épineuse. C’est en effet le meilleur adjectif pour qualifier la situation entre le clan Yabuki et le village dans lequel nous allons nous rendre. J’aurais aimé pouvoir me renseigner un peu sur la politique de ladite bourgade ainsi que sur l’histoire de ce clan néanmoins le temps presse. Comme indiqué sur la missive, je me dois d’être là-bas ce soir. J’imagine que nous aurons tous le temps d’en apprendre plus sur les deux camps une fois sur place.
Gouvernail en main, je navigue de sorte à nous mener à bon port. Notez que conduire cette caravelle m’emmerde au plus haut point. Ledit bateau n’a rien d’amusant, pas de mécanisme caché sous les planches, pas de vitesse exceptionnelle, pas de capacité à effectuer des drifts incroyables. Il n’y a pas à dire, le Fends-la-Tempête me manque. J’ai fait tant de choses avec la Shinichi-Mobile qu’être réduis à conduire cette poubelle m’exaspère. Ceci-étant, je songe à laisser Inja naviguer à ma place. ▬ Mh. Si tu sais naviguer, soit. Je te laisse faire. Tu sais par où aller au moins ? J’ose espérer que oui. Dans le pire des cas, je peux le guider. Peu confiant de nature, je reste près de la barre afin d’intervenir si jamais le shinobi de la brume fait n’importe quoi. Fort heureusement, Inja n’est pas si incompétent qu’il n’y paraît et je n’ai pas à lever le petit doigt. Je glandouille le temps du trajet avant de finalement descendre de la caravelle sain et sauf. Nous accostons sur une plage surveillée par des ninjas de Kiri et leur confions le navire. De là, nous nous enfonçons plus profondément dans les terres afin de rejoindre le village Katakuri.
***
▬ C’est ici. Nous y sommes enfin. Ce n’est pas grâce à toi. Quelle idée de prendre à gauche trois fois de suite … Mon dieu … Vraiment pour un shinobi maniant la lumière, tu ne l’as pas à tous les étages. Enfin bon. Nous sommes ici pour régler les conflits des autres pas pour en générer de nouveaux ou pour présenter les nôtres à la terre entière. De fait, je me tais et fais profil bas. Une fois sur place, je demande plus amples informations à une passante et nous rejoignons bientôt la demeure du chef de village. Il nous faut interroger ce dernier sur les raisons qui ont poussé sa bourgade a rentrer en conflit avec le clan Yabuki. La missive mentionnait une mésentente de longue date mais la situation s’est envenimée il y a peu. Nous souhaitons connaître tous les détails et obtenir la version du village Katakuri. Nul doute que par la suite, nous irons interroger les membres de la famille Yabuki de sorte à nous faire notre propre avis sur la situation.
Dernière édition par Yuki Shinichi le Jeu 28 Déc 2017 - 3:33, édité 1 fois
Le voyage n’avait pas été de tout repos pour Inja, étant bien trop secoué par les évènements de la veille et le léger reste d’alcool parcourant ses veines, s’il était sain d’esprit, le shinobi de lumière avait failli s’endormir à la barre du bateau. Une chose que l’enfant n’avait apparemment pas remarqué, à part seulement peut-être qu’il s’était trompé plusieurs fois de direction, retardant de quelques dizaines de minutes la mission, rien de bien méchant en soit, mais allant à l’encontre de son idée de base, rentrer tôt à Kiri. Alors que les deux shinobis marchaient tous deux en direction du village, ils entamèrent une discussion à base de railleries et autres moqueries bien représentatives du comportement Kirijin…
« Pas grâce à moi ? Heh, t’étais trop fatigué pour prendre la barre et je me suis à peine remis de ma soirée précédente, niveau responsabilités, tu te poses là vraiment. Et puis, quand je parlais d’aide, c’était surtout au niveau des voiles, une vraie aide. Pas carrément te remplacer, c’est toi qui a forcé le truc alors te plains pas. »
Mais à peine eût-il le temps de finir de répondre qu’Inja se fit interrompre par une femme les approchant, arborant un signe distinctif, peut-être celui du village, sûrement une milice privée ou quelque chose du genre.
« Vous ne devriez pas traîner dans cette demeure étrangers, il y a des tensions dans le coin, l'auberge est plus loin, vous vous êtes trompés. »
Inja ne comprit pas la démarche de la femme, remarquant que celle-ci voulait leur venir en aide, elle semblait trop aveuglée par son envie de faire son devoir qu’elle n’arrivait pas à reconnaître les insignes de shinobis du village caché de Kiri. Régissant pourtant les alentour en quelques sortes. Le shinobi de lumière jeta un regard à son équipier, ne sachant pas vraiment s’il voulait la jouer de façon furtive en se faisant passer pour un voyageur ou non, mais son idée s’arrêta net dans son esprit. Tout le monde ne serait pas aussi con qu’elle et pourrait reconnaître leur blason.
« Bien le bonjour, nous ne sommes guères de simples voyageurs, mais des envoyés de Kiri pour éclaircir la situation de ces « tensions » justement qui ont lieues. »
Ne voulant pas trop en faire et surtout, ne sachant toujours pas comment Shinichi voyait la chose, il se dit qu’il vaudrait mieux lui laisser le soin de choisir entre une visite non officielle et le dévoilement de leur mission concrètement. A savoir que la femme semblait complètement idiote et barbare, un comble pour expliquer la situation, mais que diantre faisait-elle à l'intérieur de la baraque du chef du village ?
▬ Ah donc tu avoues avoir picolé la veille ? Bah bravo. Je ne te félicite pas. Elle est belle l’armée de Kiri. La vérité c’est que c’est ni plus ni moins qu’un tas de débauchards trop portés sur la bibine. C’est pas avec ça qu’on va faire quelque chose, crois-moi. Après avoir fait la morale à ce gueux d’Inja, nous partons obtenir plus amples renseignements auprès du chef de village. À défaut de rencontrer ce dernier, nous tombons nez à nez avec une jeune femme pour le moins agressive. Cette dernière nous conseille sans plus de cérémonie de rebrousser chemin. D’après ses propres dires, les lieux ne sont pas sûrs et l’auberge est plus loin. Inja tente d’expliquer la raison de notre venue sans pour autant expliciter tous les détails et je me contente de confirmer ses dires d’un simple : ▬ Ouai’p. On est de Kiri. Nous sommes venus parler à celui qui dirige les lieux. ▬ C’est moi. J’arrive. Veuillez excuser le comportement de fille. Un homme d’une cinquante d’année descend lentement les escaliers et s’installe sur un fauteuil. Il nous somme de faire de même et invite ensuite sa fille à réaliser une ronde dans les rues du village.
▬ Nanase est une fille gentille, un peu impulsive mais gentille. Du coup. Que puis-je faire pour nos deux envoyés de Kiri ? J’hésite quant à la méthode à suivre. Lui dire la vérité ? Lui faire croire que nous sommes de son camp ou bien ne pas aborder le sujet qui fâche et faire comme si nous étions là pour une raison quelconque ? Après quelques secondes de réflexion, je prends ma décision : ▬ Nous sommes ici afin de parler des tensions actuelles entre votre village et le clan Yabuki. Vous n’êtes pas sans savoir que l’unité du pays de l’Eau est une des priorités de Kiri. Vos histoires, même si elles peuvent paraître dérisoires à nôtre échelle, nous inquiètent. Jusque là j’ai été plutôt honnête. Kiri a des intérêts à faire valoir et ces embrouilles à deux ryos compromettent l’intégrité de notre village et – plus globalement – du pays de l’Eau.
▬ Je vous rassure, nous ne sommes ici pour vous punir ou pour vous brimer. En soi, nous devons juste rédiger un rapport. D’autres personnes se chargeront d’intervenir. Nous on est juste là pour … Bah en fait on sert à que dalle, non ? Au moment de poser la question, je me tourne vers Inja et cela a pour effet de faire rire le vieil homme. Je pense avoir réussi à lui faire baisser sa garde. Notez que je mens très bien. Nous ne sommes pas simplement là pour obtenir des informations. C’est bel et bien nous qui sommes chargés de « régler » cette histoire, en privilégiant potentiellement un camp plus qu'un autre.
La situation se régla rapidement d’elle-même, la jeune femme rapidement retenue par son père, le chef du village, apparemment père d’une fille assez tumultueuse, mais qui ne posa finalement pas de réel problème. Alors que les deux shinobis s’approchaient pour s’asseoir en répondant à l’invitation du vieil homme, celui-ci leur demanda la raison de leur venue. Une question à laquelle Shinichi se chargea de répondre sans problèmes, utilisant son don du mensonge pour expliquer la situation à son interlocuteur, le mettant largement en confiance pour entamer une suite de conversation plus décontractée. Inja retourna un rapide regard à son équipier qui lui esquissa un regard en faisant rire le vieil homme par la même occasion. Un instant qu’Inja utilisa pour prendre la parole à son tour, l’allure sereine et la voix stable et confiante.
« En effet, c’est assez spécial, mais nous devons tout de même faire de notre mieux pour réaliser notre mission. Vous comprendrez qu’une collaboration avec nous serait nécessaire à la rédaction de notre rapport, nous aimerions votre point de vue, ainsi que des informations sur l’opposition, où les trouver, comment contacter leur représentant, histoire de mêler les versions pour que les suivants puissent trancher. »
Inja s’arrêta un instant, les mains jointes en guise de réflexion, du moins c’est ce qu’il voulait bien laisser comprendre, alors que sa technique d’illusion démarrait déjà le travail à la jointure instantanée de ses mains. Regardant toujours l’homme dans le blanc des yeux, celui-ci ne remarqua le subterfuge, n’y connaissant d’ailleurs probablement rien sur les techniques du Shinkirō utilisées par Inja. Le sourire du shinobi de lumière instaura un instant de calme et d’ouverture, avant qu’il ne déjoigne ses mains pour saisir le papier dans sa poche. Le fameux ordre de mission dont la rédaction intégrale venait d’être modifiée par les soins du Genjutsu d’Inja, papier qu’il n’eût qu’à tendre au vieil homme pour appuyer ses dires.
Technique de modification de l'ordre de mission:
« Et je ne suis pas censé vous montrer ça, mais notre ordre est concret, le Daimyo semble de votre côté comme indiqué dans cette lettre. C’est pourquoi vous avez tout intérêt à nous aider pour que le conflit se règle simplement, dans votre sens évidemment. »
L’ordre complètement modifié par la technique indiquait une mission de rapport de rang D, ayant pour but de rédiger un rapport arrangeant pour les intérêts de Kiri et du chef du village. Une opportunité que l’homme ne pourrait sûrement pas se refuser, du moins Inja l’espérait.
Je pense avoir été suffisamment persuasif néanmoins Inja juge bon d’enfoncer le clou. L’homme me suit donc dans mon mensonge et pousse ce dernier à un tout autre niveau, allant jusqu’à modifier l’ordre de mission sur le tas. Ceci-fait, le ninja de la brume présente le papelard au chef de village. De mon côté, je tourne la tête vers Inja et salue la démarche.
Pour une fois que ce gueux fait quelque chose de bien, autant le féliciter. Notre interlocuteur prend rapidement connaissance de notre ordre de mission, nous rend ledit papier puis se racle la gorge : ▬ Tout cela est intéressant. Je vais tâcher de vous expliquer pourquoi nous en sommes rendus là. Après tout, nous ne voulons pas nous attirer les foudres du Daimyo, et puisque ce dernier est de notre côté … Nous coopérerons, comme nous l’avons toujours fait par le passé. Comme vous le savez sûrement, les membres du clan Yabuki ont des habitudes pour le moins curieuses. Attention, nous acceptons tout le monde ici, je tiens à ce que ce soit clair, nous n’avons pas d’à priori. Néanmoins ces nomades n’acceptent pas certaines règles élémentaires. Ils saccagent nos forêts, volent nos champs situés à l’extérieur et commettent parfois des agressions sur des marchands. Comprenez bien que nous ne pouvons tolérer ces agissements. Jusqu’à présent, nous avons fait la sourde oreille mais il y a deux, ce sont deux hectars entiers qui sont partis en fumée à cause de leurs coutumes barbares. Économiquement, cela représente beaucoup. Nous ne sommes même plus sûr de pouvoir assurer certaines commandes dorénavant. Entre ça et la recrudescence de vols, il y a eu des échauffourées entre nos bûcherons et certains de leurs membres. De là, les choses sont ce qu’elles sont.
En gros et pour faire simple : « C’est la merde. » ▬ Je vois. C’est une situation complexe effectivement. Vous ne me semblez pas en tort mais nous devons écouter ce qu’ils ont à nous dire. Savez-vous où il est possible de trouver ces Yabuki ?
L’homme se penche vers l’avant, se saisit d’un verre d’eau, boit une gorgée puis réponds toujours aussi lentement : ▬ C’est difficile à dire. Ce sont des nomades, ils bougent souvent mais traînent dans les forêts sombres et près des cours d’eau. Nous avons arrêté trois d’entre eux l’autre jour. On les soupçonne de vol. Nous ne les avons toujours pas interrogés. Si vous voulez le faire, vous pouvez. Qui sait, ils vous diront peut-être où leurs congénères se sont installés. Ils ont arrêté trois Yabuki ? Voilà qui ne va pas aider à régler le conflit. Quoiqu’il en soit, j’accepte la proposition du chef de village. Inja et moi n’allons pas tarder à faire un petit tour du côté des geôles. Trois personnes nous y attendent.
Intéressant, ces nomades allaient donner du fil à retordre aux deux shinobis, apparemment difficilement localisable, les prisonniers pourraient être un bon point d’ancrage. Bien qu’Inja savait qu’il pourrait aisément détecter les individus à plusieurs kilomètres à la ronde, des indications physiques pour les reconnaître seraient nécessaires, de même qu’ils devraient être sûr de pouvoir approcher le chef de clan sans rencontrer de problèmes ou engager un combat involontaire. Il était difficile pour Inja d’accepter les paroles subjectives du vieil homme, bien trop accroché à ses intérêts, exagérant sûrement bien des points. Alors que Shinichi accepta la proposition de visiter les geôles, Inja se leva de son siège pour adresser un signe de tête respectueux à leur interlocuteur, avant de récupérer l’ordre de mission de façon à le glisser profondément dans sa poche.
« Avec les problèmes, nous avons condamnés l’accès au geôle par ici, vous aller au bâtiment directement sur votre droite… MA MIE ? TU PEUX MONTRER LE CHEMIN A NOS VISITEURS ? »
Alors que le vieil homme haussa la voix en direction de la porte, sa fille croisée précédemment, accourue, comme disposante d’une ouïe particulièrement développée. Ou écoutant aux portes ? Ce qu’elle ne tarda pas à faire, « escortant » les deux shinobis en mission jusqu’à l’entrée des geôles, gardées par deux soldats affublés du même type d’équipement que la fille du chef du village. Leur laissant ainsi le droit de pénétrer les lieux.
« Bonjour, les trois prisonniers ? C’est par où ? »
Un des hommes répondit seulement en posant trois doigts sur la carte accrochée au mur, désignant trois cellules adjacentes, sûrement celles dans lesquelles les prisonniers avaient été enfermés. Inja décocha un regard en guise de remerciement, ne s’embêtant pas à utiliser des mots avec un homme aussi malpoli, analysant le plan pointé par l’homme en question. Un joli bordel que le shinobi de lumière se força d’imprimer rapidement, concentrant un court instant son chakra de son cerveau à ses avant-bras, avant de se mettre à avancer en directement des couloirs des geôles, bien trop nombreux à son goût.
« Eh bin. On voit bien qu’ils sont habitués aux conflits, regarde le nombre de couloirs et de cellules, ils prévoient d’enfermer une armée ou quoi ? »
Inja retroussa rapidement ses manches droites de veste et de chemise, de sorte à saisir la première feuille d’un rouleau dissimulé autour de son bras tel une seconde peau. Dévoilant ainsi la carte indiquée plus tôt par le garde, imprimé sur du papier de la conception d’Inja, dont il avait tiré les secrets de ses livres théoriques sur la lumière.
La fille rencontrée plus tôt revient vers nous et nous guide jusqu’aux geôles. Nous rencontrons deux gardes qui nous expliquent quelle voie suivre. Après avoir écouté et observé la carte, nous partons interroger les trois prisonniers. En cours de route, Inja me fait remarquer le nombre important de cellules. Il est vrai que ce village est plutôt bien équipé. Cela n’a rien d’anormal à mon sens, le pays de l’Eau est réputé pour être le repaire de bon nombre de criminels. Quand bien même certains d’entre-eux ont migré à Hi, il est faux de croire que nous sommes débarrassés de la vermine pour autant. Ainsi, qu’ils aient un nombre aussi conséquent de geôles ne me choque en rien. ▬ Enfermer une armée, peut-être pas. Enfermer tout un tas d’opposants par contre, ça peut être comique et utile ! En tant que Yuki, je sais de quoi je parle. Le nom de mon clan est indubitablement associé aux geôles de Kiri. Inja sort d’on ne sait trop où une copie du plan et me guide. J’espère que cette fois, il ne se trompera pas de chemin. Je n’ai pas envie de me perdre dans ce labyrinthe.
Après six à sept minutes de marche, nous rencontrons enfin les trois Yabuki. Les hommes en question ont tous entre vingt et trente ans, sont plutôt petits pour leur âge – à vue de nez, je dirais qu’ils mesurent tous un peu moins d’un mètre soixante cinq – et ont comme signe distinctif leurs grandes dents. ▬ Bonjour. Personne ne daigne nous répondre. Ils doivent sûrement penser que nous sommes des tortionnaires ou des geôliers. ▬ Tu peux allumer la lumière Inja ? Sans rire, c’est pas pratique, je vois à peine leur visage et eux ne doivent pas bien voir les nôtres. Allez monsieur lampe. Sois utile pour une fois dans ta vie !
Bien décidé à parler librement avec ces trois Yabuki, je m’assure que personne ne nous épie. Pour ce faire, j’active mes dons de senseur. Les deux gardes sont loin, de même que la fille du chef. Je zieute les environs et aucun dispositif permettant de nous écouter à distance ou d’enregistrer nos conversations ne semble présent ici. Nous pouvons donc converser sans crainte. ▬ Nous sommes des shinobis de Kiri. Nous sommes ici afin d’apaiser les tensions entre les membres de votre famille et les riverains. Dites-nous, que faites-vous ici ? Vous avez volés quelque chose ? Brûler un truc ? Violer des chèvres ? Vous pouvez tout nous dire. En ce qui me concerne, je ne vous jugerai pas. Si jamais j’apprends qu’ils ont effectivement violé des chèvres, je risquerais d’avoir un fort à priori sur eux mais j’ose espérer qu’ils n’ont pas osé souiller un si bel animal !
Les deux ninjas étant arrivé à proximité des cellules des prisonniers, Inja s’empressa d’éclairer les environs, acquiesçant de la tête lors de la remarque de Shinichi, il était vrai que tout le monde ne possédait pas sa sensibilité à la lumière, peut-être les lieux étaient vraiment trop sombres pour les autres personnes autour, ce qui ne faciliterait pas la confiance et l’ouverture à la parole. Le ninja exécuta quelques mûdras avant qu’une lumière légèrement violette vienne flotter au mieux du couloir, éclairant assez pour permettre à tout le monde de voir, sans que ceux-ci ne soient éblouis, agissant également comme un troisième œil pour shinobi de lumière, qui recevait maintenant les informations visuelles de tous les environs atteints, lui permettant de réagir au moindre faux pas adverse. Shinichi prit la parole commençant à expliquer la raison de leur venue, tout en en profitant pour essayer de soutirer des informations supplémentaires sur l’objet de leur séjour en prison. L’un des hommes interjecta les deux ninjas d’une manière assez violente, assis dans sa cellule sans bouger d’un poil, avant qu’un second prenne la parole.
« Va te faire foutre, traître. »
« Calme toi Joris, les types ont pas l’air de mentir… On a rien fait, c’est d’l’acharnement sur not’ clan. Le conseiller du vieux, il fait le malin en nous envoyant en prison sans la moindre raison. Toujours à voir dans nos coutumes des problèmes, il nous déteste, on peut pas vivre sans se faire insulter, alors forcément, on tape. »
L’homme parlait franchement, sans poser de questions supplémentaires, comme s’il avait pu se confier à n’importe lequel des étrangers se présentant de Kiri. Puis l’homme se mit à parler de nouveau, pointant Shinichi du doigt.
« Toi, j’sais que j’peux t’faire confiance, tu f’rais d’mal à personne… Ce conseiller est un malade. Des calamités s’provoquent toujours dans nos camps, nos anciens pensent qu’c’est le conseiller qui prépare tout. D’abord l’feu d’forêt, ensuite l’eau empoisonnée, puis les brimades, les vols de nos statuettes religieuses. La forêt demande vengeance, ses arbres sont malmenés, on peut plus bûcher tranquillement sans s’faire saboter. »
Inja commençait déjà un peu mieux à comprendre la chose, d’un côté le village prenant le clan comme des sauvages, puis ceux-ci se sentant sabotés, ne pouvant plus exécuter leurs rituels ni construire leurs camps à l’aide du bois des arbres.
« L’pire qu’certains d’entre nous se retrouvent à voler par dépit. Dans ces conditions, notre commerce du bois perd toutes ses transactions. »
Le shinobi de lumière fronça les sourcils, essayant d’analyser la situation, d’observer la réaction de ses congénères qui ne semblaient ni choqués ni surpris par ses paroles. A croire réellement qu’ils croyaient dur comme fer aux paroles du premier « homme. ».
« On peut pas vivre sans se faire insulter alors forcément on tape » voilà une argument plein de bon sens auquel je suis réceptif. Comme je le dis souvent : « Quand le monde te persécute, tu te dois de persécuter le monde ! » Malheureusement pour moi et pour eux la société ne nous invite pas à penser les choses de cette façon. En règle générale, celui qui porte la main sur autrui est au moins autant coupable que celui qui a provoqué le geste.
Un des trois hommes me pointe du doigt et affirme pouvoir me faire confiance. Allez savoir sur quoi ce base ce sombre clochard pour juger cela mais tant mieux. Qu’il ait une confiance aveugle en ma personne fait mes affaires. Allez hop hop hop, qu’il déballe son sac. J’écoute les Yabuki me raconter leurs déboires. Ces hommes sont selon eux victime d’un ignoble complot. Le conseiller du chef serait une enflure de la pire espèce. Entre toutes ces accusations, je commence à m’y perdre. J’espère qu’Inja a tout noté car en ce qui me concerne, la délation est telle que j’en ai la migraine. ▬ OK. Je comprends. Savez-vous où nous pouvons trouver les membres de votre clan ? Nous aimerions leur parler. D’après les dires d’un des Yabuki, trouver ses congénères ne sera pas chose aisée. Il peut toutefois nous guider à travers la forêt si nous acceptons de le libérer. Je me tourne vers Inja et demande à mon partenaire de mission : ▬ On représente Kiri et le Daimyo. J’imagine que nous pouvons le faire libérer sous caution, au moins pour qu’il nous guide. Préviens le vieux manitou du patelin et le geôlier que nous emmenons un gars avec nous. Inja s’en va prévenir le chef de village. Pendant ce temps, je demande à l’homme m’ayant pointé du doigt quelques minutes plus tôt : ▬ Dis. Tout à l’heure. T’as dit pouvoir me faire confiance … Euh … T’as dit ça parce que je suis un gosse ou bien ? Je suis curieux de savoir pour quelle raison j’inspire plus la confiance qu’Inja. Car qu’on se le dise, je suis de loin le plus fourbe des ninjas de la brume et l’homme réalise là une formidable méprise. ▬ Cela tombe sous le sens. Tu es comme nous. Qu-Quoi ? Mais qu’est-ce qu’il raconte celui-là ? D’où je suis comme eux ? Est-il en train de me dire que je suis moi aussi un pouilleux de la forêt ? Si oui, je crois qu’il y a erreur sur la personne. Je fronce les sourcils, regarde l’individu et m’exclame : ▬ Ah bon ? Comme vous ? ▬ Bah oui. Comme nous. Tes oreilles … T’es bien un métamorphe, non ? Lapin si je ne m’abuse ? ▬ … … ▬ OK. Toi tu vas rester en taule. C’est ton voisin qui nous servira de guide.
Tout semblait se passer pour le mieux, Inja quittait les lieux, en profitant de prévenir le geôlier que l’un des prisonniers allait être emmené pour des raisons diplomatiques, indiquant l’endroit que celui-ci lui avait montré plus tôt, comme semblant l’avoir oublié en aussi peu de temps… Un véritable abruti… Mais au moins, il pourrait aller ouvrir la cellule en question à l’aide de son énorme trousseau de clé, bien trop fourni. Peu de temps suffit au shinobi de lumière pour arriver à la demeure du chef du village, entrant de façon ordinaire avant de pouvoir observer le vieil homme dans son même siège, accompagné d’un autre homme tout aussi âgé que lui.
« Aaaaaah, alors, vous les avez interrogés ? Je vous présente mon conseiller, c’est peut-être avec lui que vous devrez converser dans le futur, je suis un petit peu malade depuis quelques mois, c’est lui qui gère le principal de mes affaires pendant ma convalescence. »
Inja regarda l’homme, n’ayant absolument aucun charisme, un vieux fou parmi d’autre, à la différence que celui-ci se retrouvait avec du pouvoir et de grandes responsabilités entre les mains, un jeu dangereux. Le Kirijin sourie aux deux hommes, saluant le nouvel arrivé d’un signe de la tête avant de prendre la parole.
« Enchanté. Je viens vous prévenir que nous allons devoir embarquer l’un des trois prisonniers pour qu’il nous mène à leur camp, là nous pourrons récolter leur avis. Enfin, vous avez compris, nous ferons comme on vous l’a expliqué plus tôt. »
Inja ne voulait pas avoir à se répéter en présence de l’homme à l’allure dérangée qui servait de conseiller, enfin de nouveau chef du village. L’actuel chef profita de remercier Inja pour la venue de son équipe pour régler les problèmes du village, entamant un début de discours… fascinant. Mais le shinobi de lumière fit quelques pas vers la porte, s’approchant petit à petit de la sortie, ne voulant pas manquer de respect à l’homme, avant de sortir avec le sourire. Sourire qu’il perdit immédiatement à la sortie de la demeure, mettant la main à son avant-bras pour en récupérer la photo qu’il venait de prendre, celle des deux hommes assis, la tête du conseiller étant largement détaillée et distincte pour le reconnaître sans difficultés. Il leur faudrait se renseigner sur cet homme qui semblait vraiment avoir un rôle important dans le village et apparemment, dans le climat de tension. A quelques mètres d’Inja, se trouvait Shinichi avec le prisonnier à ses côtés, pas celui qu’il aurait cru, mais un guide dans tous les cas.
« Les choses sont compliquées, le conseiller était là, apparemment, c’est lui qui prend les décisions depuis les quelques mois que le chef du village est malade. Allez, indique-nous la direction de votre camp, on a besoin de voir ton chef de clan. »
Commençant ces mots, Inja montra la photo détaillée des deux hommes à Shinichi, lui permettant de prendre connaissance du visage du vieil homme, avant de s’adresser au prisonnier, voulant absolument ne pas perdre de temps et éclaircir les choses.
L’enflure qui a osé me traiter de métamorphe de lapin va séjourner en taule encore un bon moment, croyez-moi. Je me fiche pas mal de ce qu’il a pu faire ou de son éventuelle innocence, le simple fait qu’il ait pu me considérer comme un des siens est une raison suffisante pour le laisser croupir ici. Ça lui apprendra à se moquer des mes oreilles. Pour la peine, c’est son camarade qui va nous guider et sortir d’ici le premier. Inja ne tarde pas à revenir. Le guerrier de lumière m’explique que le chef est malade et que c’est son conseiller qui prend la plupart des décisions. Il me tend ensuite une photo dudit bonhomme : ▬ Il est pas beau quand même ce monsieur. Voici un commentaire fort utile ! Nul doute que notre mission avancera à grand pas à la suite de ce propos d’une intelligence sans pareille. Je me gratte le menton et indique au prisonnier de nous suivre. Je fais un signe de main aux deux autres et leur indique que nous reviendrons bientôt. De là, nous quittons cet endroit en compagnie de l’ex-détenu.
▬ Par où va-t’on ? Et quel est ton nom au juste ? L’homme dit s’appeler Koï et pointe l’ouest du doigt. C’est par là que nous devons nous rendre si j’en crois ses dires. Le métamorphe prend les devants et après dix à quinze bonnes minutes de marche, nous voici arrivés à l’orée de la forêt. Le dénommé Koï observe un arbre puis … Le renifle. ▬ … J’ai envie d’exploser de rire. Le pif de ce gars vient de changer. Des poils poussent et forment une moustache. L’ancien détenu acquiert des attributs de rongeur. Je me tourne vers Inja, m’approche du shinobi et lui susurre les mots suivants : ▬ Les Yabuki sont des métamorphes. Et à défaut de tomber sur un truc stylé comme loup, lion, requin, serpent, on fait face là au fantastique métamorphe du rat … Ou de la loutre. Ou du castor peut-être. De toute façon je ne sais pas faire la différence entre les trois. Je force un peu le trait. Les rats sont des créatures tout à fait particulières et n’ont pas grand-chose à voir avec les deux autres animaux cités plus tôt. ▬ Par ici. Ils ont traîné par là. Et d’arbres en arbres, reniflement après reniflement, Yabuki Koï retrouve la trace de ses congénères. Étant doté de don de sensorialité, je tente moi aussi de retrouver les métamorphes castors mais sans grand succès. ▬ Vous faites comment au juste pour savoir par où ils sont passés ? Non parce que moi, là, je détecte rien. ▬ Les traces de dent sur cet arbre, elles appartiennent à des membres de ma famille et sont fraîches. … OK. J’ai compris. Je me tais. C’est d’une logique imparable.
Inja restait dubitatif par rapport à la réflexion de Shinichi, des métamorphes ? Comme le don dont disposait Fuka et ses congénères ? Vraiment des personnes étranges. Inja ne pensait qu’il observerait ça un jour, voir un pareil petit homme commencer à analyser un tronc et le sentir, c’est assez spécial, mais en même temps, il était impressionnant de se dire que certaines personnes naissaient avec un don de la nature, un don de sensorialité… Bien que l’apparence totale du membre du clan commence déjà à le répugner, peut-être était-ce la semi-forme de castor, une hypothèse qui tenait la route parmi les propositions de l’enfant Yuki, après que celui-ci ait parlé des traces de dents, tout s’éclaircissait pour le shinobi. Enfin tout… juste ça.
« Je me demande quand même si on va pas tomber sur un clan entier de castors qui parlent. S’ils pouvaient garder leur forme humaine, ça serait fort appréciable… »
L’homme continua à envoyer dans la forêt, les deux Kirijins le suivant, avec méfiance tout de même, bien qu’ils ne puissent pas vraiment contredire les informations données par leur guide. Encore un peu de temps fila avant qu’un feu de camp ne se fasse voir au loin, à encore quelques minutes de marche. La patience d’Inja commençait réellement à atteindre ses limites, il en avait marre de voir l’homme respirer dans tous le sens avec son nez si particulier et se tenir avec un air aussi bête.
« Hey, on y est presque ? Ne nous joue pas de tour hein. »
« On y est. Derrière les rochers ! »
Alors que l’homme montrait du regard la direction vers laquelle observer, il était possible de discerner des branchages s’échappant de derrière les gros rochers au milieu de la forêt. A croire que le destin avait orienté le camp dans cette direction, ne leur permettant pas de pouvoir en observer clairement l’autre côté… Il avait fallu que la troupe arrive pas le seul côté non visible. Inja s’approcha, faisant le tour des rocher, sur ses gardes, pour finalement constater les fameux castors, en train de danser de toute leur énergie. S’agissait-il de femelles ? Ou simplement des hurluberlues à moitié drogués par les plantes de la forêt ? Le prisonnier prit le pas, s’aventurant dans le camp en direction d’un moyen abri improvisé à l’aide de bois mort. Ses compagnons commencèrent à saluer l’homme-castor évadé, qui semblait heureux de retrouver ses congénères.
« Grand Kesaï, des étrangers m’ont libéré et viennent vous parler ! »
Sa voix porta bien plus qu’auparavant, assez pour que les sons parviennent distinctement à l’intérieur de la maisonnette du chef de clan, peu avant que celle-ci ne s’ouvre lentement, dévoilant l’apparence d’un castor aux vêtements colorés, des cicatrices sur la gueule, n’arborant aucun sourire et aucune sympathie. De quoi dénoter avec son accoutrement.
▬ Ce serait préférable en effet. Je n’ai pas envie de voir des hommes et femmes castors à moitié nus. Il y a fort à parier que je me marre si je les vois tailler du bois avec leurs dents. Nous suivons l’ancien détenu qu’Inja ne se prive pas de menacer. Aucun tour de passe passe ne sera toléré. À la moindre entourloupe ou tentative d’embuscade, je plante l’ex-taulard et m’enfuis. Mourir ou être blessé passe encore. Mais pas contre de vulgaires castors ! Il y a une limite à tout !
Nous arrivons bientôt dans un endroit fait de bois. Il s’agit visiblement de la demeure du clan Yabuki. Le métamorphe, satisfait de retrouver sa famille, informe le « Grand Kesaï » de notre venue. L’homme-castor a un look pour le moins … Original. Je dois me retenir et ne pas pouffer de rire sous peine de provoquer la colère de ce bon monsieur.
J’éprouve toutes les peines du monde à garder mon sérieux dans ces circonstances mais y parviens. ▬ Bonjour Grand … Kesaï ? C’est ridicule. Qui se fait appeler Grand Kesaï de nos jours ? Et qui est l’aveugle pouvant affirmer que ce personnage est grand ? Il fait à peine dix centimètres de plus que moi. Quant-à ses cicatrices … J’ai du mal à croire qu’il les ait obtenues à la guerre. Pour cause, sa puissance ne dépasse pas les Mille deux-cent unités. En somme cet individu n’est ni plus fort que moi, ni plus puissant que mon collègue lumineux ici présent. ▬ Auriez-vous un instant à nous accorder ? Nous sommes ici pour parler des tensions entre les membres de votre famille et le village voisin. Nous aimerions avoir votre … Disons … Sentiment, sur la situation. ▬ Mon sentiment ? C’est ça que vous souhaitez ? … Je crois que c’est ce que je viens de dire, oui. Il est bouché ou quoi ?
▬ Nous sommes persécutés et la forêt l’est aussi. Nous autres hommes castor sommes contrains de tailler les arbres. Si nous ne le faisions pas, nos dents pousseraient inlassablement et nous finirions par mourir. À chaque fois que nous taillons le bois, nous respectons la forêt. Les gens là-bas ne pensent pas comme nous. Ils taillent et brûlent par plaisir. Ils nous accusent de détruire leur commerce mais il n’en est rien. La vérité est qu’ils sont les principaux fauteurs de troubles ici. Et qu’à cause d’eux, nous serons probablement amenés à disparaître avec la forêt. … OK. C’est compliqué cette affaire. Au passage, je n’étais pas au courant de ces histoires à propos des dents de castors. Ils doivent réellement tailler du bois afin de raccourcir la taille de leur dent ? C’est marrant. Pour moi. Pas forcément pour eux. Je n’aimerais pas avoir à travailler mes chicos jusqu’à la fin de ma vie sous peine de clamser.
Inja écouta le long discours du chef du clan des castors, se rendant compte à quel point il sentait son peuple persécuté par les autorités locales, leur reprochant de nombreuses dont ils ne seraient naturellement pas les fautifs. C’est toujours comme ça, des deux côtés chaque camp pensait indubitablement que l’autre était la cause de tous leurs maux, ne se remettant pas en question et n’essayant pas de cohabiter d’une façon ou d’une autre. Le shinobi de lumière se mit à réfléchir un long instant, essayant de faire le point sur les deux points de vue, mais définitivement, les deux camps ne semblaient pas partager du tout la même vision des choses et les informations manquaient. Inja regarda le chef, lui adressant la parole pour en apprendre plus entre les deux versions, s’approchant lentement pour montrer la photo effectuée plus tôt, capturant le chef du village et son assistant.
« Très bien… Et vous reconnaissez ces hommes ? »
Le castor à la cicatrice sembla froncer un peu plus des sourcils presque inexistants, à mi-chemin entre l’humain et l’animal, ne semblant pas du tout apprécier la vue de l’homme sur la gauche.
« Bien sûr, l’homme sur la gauche est le chef du village, c’est lui qui donne les ordres contre nous. »
Intéressant… Inja observa la photo, comme dans son souvenir, l’assistant fut celui qui attira son œil, prouvant qu’il y avait bien quelque chose de louche dans l’affaire. Peut-être que les homme-castor abusaient, mais dans tous les cas, l’assistant avait des choses à reprocher d’une façon ou d’une autre. Une analyse plus en profondeur serait nécessaire aux deux shinobis pour comprendre véritablement les problèmes rencontrés des deux côtés.
« Vous n’avez jamais… tentez de parlementer avec le chef du village ? »
A ces mots, le Grand Kesaï tapa de la queue sur le sol une fois, puis une deuxième, suivie d’une troisième entrainant le tapage de celles de ses congénères. Un grand rythme tribal à l’allure virile qui força Inja à se mettre un peu plus encore sur ses gardes, se préparant à toute éventualité. Au bout d’une vingtaine de secondes, les queues s’arrêtèrent en cœur d’un coup sec.
« Notre ancien chef, mon frère, en a laissé sa peau, démarrant les hostilités. Veuillez nous excuser de cette mélodie, c’est notre façon de rendre hommage à la mémoire de notre camarade assassiné dans la fleur de l’âge. »
Tandis que votre discussion avec les castors prend une bonne partie de votre attention, vous ne manquez pas d'entendre un bruit provenant de derrière les rochers par lesquels vous avez pénétré sur ce territoire sauvage. Sec et court, vous n'arrivez pas à dégager ce que ça pouvait être. Si les animaux de la forêt ne semblent pas s'occuper de ce détail - ne l'auraient-ils pas entendu ? - ce n'est peut-être pas votre cas...
Alors que le Grand Kesaï continuait d’expliquer les problèmes qu’il avait pu rencontrer avec le chef du village, ou plutôt, avec l’assistance de celui-ci. Inja tourna rapidement la tête de plusieurs côtés, avant de regarder à nouveau vers le Chef Castor, ne voulant pas paraître impoli à ses yeux. L’attention du ninja avait été détournée un court instant par quelque chose, mais il ne savait pas quoi, un bruit distinct s’était échappé de derrière les rochers, chose qui lui paraissait bizarre, venant juste de passer à l’endroit en question… Etait-ce un bruit sans conséquence qui sortait tout droit de son imagination ? La complexité et le stress lié à l’encerclement de forces possiblement barbares pouvaient effectivement jouer sur les nerfs des deux shinobis et les faire divaguer quelques instants. Tandis que le chef des homme-castor continuait toujours de déblatérer son point de vue sur la situation, il ne semblait pas avoir été attiré par le bruit en question, bien trop occupé à fouiller dans ses pensées, à moins que ?
« Je comprends votre désarrois, mais il va nous falloir créer une entente des deux côtés et pour ça j’aimerais savoir ce que vous auriez pu faire en conséquence de leur barbarie à leur égard. C’est important, nous devons trancher avec ce qu’il s’est passé des deux côtés du problème… »
Ces mots-dits, Inja ne pu s’empêcher de détourner le regard une nouvelle fois, inconsciemment curieux de ce qui avait pu provoquer ce bruit, bien que ça ne soit peut-être rien de spécial, son cerveau lui susurrait d’y prêter attention… Chose que le shinobi de lumière ne pu pas ignorer, de même que son équipier qui, se retournant carrément entièrement, attira son attention vers l’endroit, comprenant qu’Inja avait lui aussi remarqué le tout, que ce n’était ni pour l’un, ni pour l’autre, le fruit de l’imagination.
Spoiler:
Notre attention est portée en directement de l'intervention du narrateur.
Inja qui venait de porter son attention en direction de derrière se rendit compte que des soldats du village semblaient avoir eu également envie de se rendre au campement des hommes-castors, des envoyés du conseiller du maire venus tout saccager avec des ordres clairs. Shinichi et Inja purent avoir une idée claire de ce qu'il se passait exactement au village, la victimisation de hommes-castors n'étant pas anodine et surtout avérée, il leur fut simple de repousser les assaillants et surtout, ils avaient maintenant une preuve conséquente contre le conseiller, confirmant les quelques soupçons que les deux shinobis avaient pu avoir. en profitant ainsi pour retourner au village avec la troupe d'hommes-castors, les armes rangées, ceux-ci vinrent devant la maison du chef du village, attendant dehors tandis que leur chef et les deux Kirijins entrèrent pour parlementer avec le maire en question et surtout, son conseiller. Il fut simple pour Inja d'utiliser des photographies de lumière pour démontrer clairement ce qu'il venait de se passer, le conseiller ayant voulu en finir rapidement avec le clan "hostile" à son village après avoir compris que Kiri venait s'intéresser au problème, mais le timing avait été bien trop mauvais pour lui, trop inconsistant et surtout, mauvais ? Shinichi embarqua alors le conseiller, maintenant renvoyé par le maire, pour l'escorter jusqu'aux geôles de Kiri où il pourrait être jugé pour persécution de minorités ethniques, tortures et meurtres en bande organisés, tandis qu'Inja restait pour aider le maire du village et le chef des homme-castors à s'organiser pour que le slieux redeviennent sereins et que la forêt ne soit plus détruite, préservant ainsi la survie des métamorphes. Le shinobi de lumière réussit même à rallier ceux-ci au village de Kiri, reconnaissant envers le village caché de Mizu no Kuni, dont ils avaient maintenant une dette qu'ils se devaient d'eux-mêmes. Ceux à quoi Inja leur proposa de prendre quelques ouvriers castors avec lui de sorte à finir le port Nagarasa rapidement et surtout pour posséder certains des meilleurs ébénistes du monde, naturellement doués pour la maîtrise du taillage de bois et la confection concrète. Après quoi Inja rentra au village de Kiri avec une des embarcations du village et les ouvriers en question, tout en étant sûr d'avoir accès au bois de cette partie de Mizu no Kuni rapidement et sans problèmes pour Kiri.