Trois noms, trois hommes, trois puissances. Une réunion, proposée par le Tsuchikage, dans le but de réunion ces trois personnes, représentant fièrement le haut de la puissance de la roche.
Nagamasa, Yuki, Uzumaki. Trois êtres totalement différents, mais qui ensemble pourrait avoir la capacité de détruire n’importe quoi sur leur passage. Chacun d’eux avait une raison d’être présent aujourd’hui, pour cette rencontre vraiment spéciale.
Si le chef du clan Uzumaki venait tout juste d’arriver dans le village, sa réputation était déjà forgé et il n’avait pas besoin de dire son nom pour qu’une grande partie des gens dans le village le reconnaissent. Le haori à fleur est aussi quelque chose qui fait parti de lui, parti de sa renommée.
Pour sa part, le médecin lui devait rencontrer ces deux autres hommes pour commencer à vraiment prendre sa place dans le village. Un conseil de son ami, Akimoto. De part son nouveau rang, c’est à lui de montrer l’exemple, devenant en arrivant l’une des figures de la roche.
Certains trouveront sûrement ça étrange, car c’est vrai qu’en tant qu’Iwajin, il est encore plus nouveau que ceux qui ont quitté Kiri pour venir au pays de la terre. Mais le fait d’être un homme connu dans la Yuukai, d’être un ami d’Akimoto, mais aussi de Yoshitsune, un ensemble qui lui donne confiance.
Car oui, lui et les deux autres sont les trois ninjas les plus hauts du village en puissance. De ce fait, c’est un titre honorifique, représentant bien le village caché de la roche, qui va leur être attribué.
Le tourbillon lui attendait impatiemment ses deux nouveaux compagnons pour enfin mettre en place cette entente, créer cette nouvelle réputation pour Iwa. Montrer le nouveau visage de la roche, tout en force.
Ils étaient trois. Trois hommes. Trois origines. Trois mythes. Trois noms. Nagamasa, le Samouraï. Uzumaki, le Médecin. Yuki, le Shinobi. Trois hommes qui venaient d’ailleurs et qui, pourtant, se retrouvaient tous les trois sous la même bannière. Iwagakure no Satô. Tsuchi no Kuni. Une alliance improbable. Surprenante. Pourtant, tous les trois avaient une ambition. Une envie. Une quête. Ils étaient trois. Pour ne former qu’un. Eux qui seraient une élite parmi l’élite. Ils seraient trois. Tous différents. Ils seraient trois. Tous égaux. C’est ainsi qu’ils écriraient une nouvelle légende. Celle de trois Protecteurs pour Iwa. Celle de trois Hommes venus d’ailleurs, pour une cause commune.
Ancien Chef de Clan, le Yuki avait de nombreux faits en sa réussite. Ancien Général de Guerre, durant l’époque trouble de la Répression, il s’était battu pour le Village Militaire de Kiri, avant de se battre une nouvelle fois pour sa liberté. Chef de file d’un groupuscule, il avait renversé le pouvoir dictatorial en place, celui de la Shodaime Mizukage. Malgré une récente cécité, il s’était ensuite battu contre le Titan de Shîto, s’alliant aux deux autres villages afin de créer la première alliance. S’opposant au nouveau pouvoir qui s’installait à Kiri, il fit le choix d’abandonner ce village pour lequel il avait déjà trop donné, et trop perdu. Malmené par son Exil, il fit le choix de défendre Iwa comme ses nouvelles terres. Aujourd’hui, plus que jamais, il comptait rattraper les erreurs de son passé. Quête rédemptrice. Rachat. Au nom de la Rédemption, des responsabilités lâchement abandonnées, il comptait devenir un nouvel homme.
C’est ainsi que la Glace, munie de son habituelle canne, se rendait au lieu du rendez-vous. Ce n’était que par l’intermédiaire d’un messager qu’il avait reçu, de la part du Tsuchikage, le message qui lui intimait de se rendre là. En effet, décrivant ce qu’il souhaitait d’eux, il demandait que les trois hommes se rencontrent au sein d’un petit établissement local. Ainsi, passant la porte, saluant d’un hochement de tête l’homme qui lui souhaitait la Bienvenue, il s’annonça clairement, recherchant principalement deux hommes. Puis, sondant la pièce dans laquelle on l’intimait d’entrer, il sonda la pièce, brièvement, silencieusement. Et de son sourire amical, il laissa finalement tomber une unique phrase.
_ Nagamasa ? Uzumaki ? »
Et, de cette façon, il faisait savoir qu’il était le Yuki des trois hommes qui formeraient le trio légendaire. S’il avait déjà entendu parler des deux autres, car sa fille, ainsi que sa meilleure amie et son meilleur ami, lui avaient déjà évoqué ces noms. Ni l’un ni l’autre ne lui seraient entièrement inconnus. Ainsi, vêtu de son manteau aux nouvelles couleurs et Mon des Yuki d'Iwa, les manches retroussées, il tira la chaise avant de s'asseoir, effleurant la table à la recherche de sa coupe.
Tandis que le temps qui passe ne le côtoie plus, il trace sa route et le met en déroute ; l’obligeant à crever à petit feu comme n’importe qui d’autre. Il se tient debout depuis sa dépouille, stigmate d’un passé ancien ; main dans les poches de son hakama. Aujourd'hui ne ressemble plus à rien, aujourd'hui ne fait que lui rappeler un peu plus hier, qui ressemblera fortement au lendemain ; c'est ce qu'on appelle le quotidien. Les bruissements de ses getas boisées foulant l’asphalte le crispe, le rende un peu plus bougon que d'habitude ; car Yoshi entend bien le rythme changeant de ses pas.
Le jeune bushido s’élance et se balance, de ses pas légers, il avance, pour un pas de plus pour oublier, un pas de moins pour subsister. Et tandis que le vent se calme, que la bruine s’épaissit, de petites gouttelettes sous le ciel s’éteignent. Elles virevolte ses pupilles vers le haut, Yoshitsune semble attendre sans réellement le moindre but précis. Dans ces pas chancelants, s’y retrouve l’espoir, le doute et tout autre mélanges de sensations.
Il ne sait pas même pourquoi il doit rendre ce service idiot. Parce que son Tsuchikage le lui avait demandé ? Peut-etre bien. En soit cela n’enlevait rien au fait que le jeune éphèbe s’avance dans la capitale somnolent comme à sa triste habitude ; moue bien vite remplacée par un sourire qui, semblait-il, était forgé à toute épreuve ; tandis qu'il arpentait de les méandres de la ville. Son cœur bat encore dans cette poitrine qui est sienne alors que le soleil s’affaisse dans le ciel ; privant le monde d’une lumière coloré, présageant de l'obscurité ; ce qu'il était. Ombre parmi les ombres, il demeure ; et c'est quand il voit sa cible que son masque tombe sur ses épaules alors que ses bras l'attrapent avec rapidité. Arrestation spectaculaire, c'est ce qu'il doit montrer, être craint pour respecter les lois ; c'est ainsi que ça marche, c'est comme ça que le monde tourne ; qu'il doit tourner. Il entend les voix qui chuchotent, il discerne les murmures les plus inaudibles ; mais c'est sans mot dire que Yoshi poursuit son chemin, le vague à l'âme en foulant le pavé du macadam.
Le bar s'étend sous les prunelles closes du Samouraï. Il devine déja l’ambiance aux travers des vitres. L'intérieur baignait un environnement hystérique, maintenu par un éclairage pourpre et toutes les charmantes créatures qui le peuplaient semblaient tout droit sorties d'un cauchemar. L’odeur chargée de fragrances aux antipodes plongeait l'atmosphère dans une lourdeur entêtante, venant serpenter jusqu'aux sens du bretteur. Les créatures nocturnes étaient de sortie et malgré le crépuscule anticipé, l'architecture était éveillée, chatoyante dans mille phantasmes chimériques. Yoshitsune gonfle ses poumons de cet air corrompu et déposa la paume de sa main contre la porte, la poussant pour apparaître face aux multiples ombres. Un silence vint se planter entre ces deux univers et les prunelles orageuse du Sannin déchire la mascarade pour s'auréoler autour d’Hayate. Debout, près d’un bistre ciré, s'apparentant au souverain de cet abîme malfamé. Son organe de vie se paralysa dans sa cage thoracique. Les souvenirs se dressèrent dans son esprit, entre l’ennui et le désir de savoir, le samouraï perdit son sang-froid, se laissant comme aspiré par les limbes transies de son esprit tandis que le nommait le nouvellement Iwajin, Eiichiro.
« C'est pour cette mascarade ridicule que m’a fait venir Akimoto ? Un pervers et un aveugle ? »
Le médecin était bien installé dans ce petit endroit qui servait de refuge à pas mal de ninja. Assis dans le fond, au niveau d’une table ronde, dégustant au passage un saké qui lui excita les babines, il attendait de voir avec impatience les deux hommes qui vont être au même niveau hiérarchique que lui, au sein de la roche.
Autant, il ne connaissait pas le Yuki. Il avait juste appris qu’il était de ceux qui avait déserté le village de la brume. D’un côté, il pouvait comprendre cet homme sans même lui avoir parlé, étant donné que, lui-même, a quitté l’Académie il y a plusieurs années.
L’autre par contre, c’était autre chose. Le Nagamasa et lui avait un passif. Un long moment passé ensemble durant un hiver rude dans le pays du fer, la neige avait recouvert presque tout le pays. Le médecin était sur place pour en apprendre plus sur les dons en médecine des samouraïs du fer, ce qui le poussa à rester un temps sur place.
C’est alors qu’un homme, qui semblait avoir perdu la vue, arriva dans la salle. Il se déplaçait à l’aide d’une canne pour se voir les obstacles devant lui. Il leva la tête et écoutant sa voix, qui venait alors de prononcer son nom, il se leva pour aller vers lui, qui venait de s’installer sur une des chaises d’une autre table.
Hayate ▬ Ça doit être toi le Yuki, j’imagine ? Enchanté, j’suis l’Uzumaki. Hayate. dit-il tout en prenant place sur une des chaises à côté de lui, tout en levant le bras pour faire signe au barman de lui apporter une autre coupe.
L’homme lui apporta la coupe de saké et arriva juste derrière lui la dernière des personnes qui compose ce trio. Le Nagamasa, son ami, arriva et comme d’habitude, lança une petite phrase un peu froide, doté de cette légèrement pointe d’amertume. En soit, c’est sa marque de fabrique.
Hayate ▬ Arrete Yoshi’ ! venait-il de l’appeler alors qu’il sait que ça l’enerve. Tu sais très bien que j’suis pas un pervers. Et c’est comme ça que tu dis bonjour à un ami que tu n’as pas vu depuis des années ?
Et bientôt, alors que les trois furent réunis et qu’un serveur amenait des coupes supplémentaires, le Yuki s’installa. Curieusement, si le premier des deux semblait le plus chaleureux, notamment par sa voix et son rire, d’autant que sa façon décontractée semblait conduire à une certaine bonhommie, le deuxième l’était beaucoup moins. Attitude froide, rappelant même la Glace du Yuki, il baissa légèrement la tête pour se faire plus attentif à cette attitude bien plus agressive. Sur ses gardes, l’homme de la neige, venu des terres lointaines et pluvieuses, se faisait surtout curieux. Car les deux autres se connaissaient bel et bien, contrairement à lui qui n’était qu’un inconnu pour les deux autres. Qu’avait voulu faire le Nidaime en réunissant ces trois-là ? Aussi, répondant instinctivement sur le même ton glacial au froid Nagamasa, le Yuki lâcha quelques mots à son intention.
_ Penses-tu réellement que j’ai besoin de mes yeux pour abattre mon ennemi, Nagamasa ? »
Se souvenant un instant de Chôgen, il se laissa à une nouvelle réponse, tentant de faire savoir à l’autre que son Clan, ainsi que ses cousins, les Hoshino, n’étaient pas que des inconnus à son esprit. Ainsi, évoquant le combat à l’épée, il lui adressa encore quelques mots.
_ J’ai connu le Shodaime Tsuchikage, Chôgen Nagamasa. Et je connais nombreux de tes cousins les Hoshino. Je n’ai pas eu besoin de mes yeux face au Titan de Shîto. Penses-tu que j’en aurais besoin maintenant ? »
Car il détestait l’attitude agressive du personnage, le Démon des Glaces en sortait ses propres crocs. S’il avait longtemps vécu dans le déni de sa propre cécité, espérant constamment retrouver la vue, il avait fini par accepter ses erreurs qui avaient conduit à cet état. S’il devait être aveugle le reste de sa vie, il le serait. Vivant dans ce perpétuel noir, il hocha finalement de la tête en direction du premier intervenant, le fameux Uzumaki, Hayate de son prénom. Mais lui non plus, il ne le connaissait pas. Souriant doucement, et prenant la coupe pleine après avoir légèrement tâté la table, il la lui adressa et, après sa propre présentation, l’avala d’un coup.
_ Je suis bel et bien le Yuki du groupe. Eiichiro, exactement. En provenance de Mizu no Kuni. »
Ses derniers mots, à l’adresse principale du Nagamasa, étaient pour prévenir qu’il n’était pas un local. Qu’il n’était pas né sur ces terres et que, même, il était arrivé que très récemment. Aussi, tranquillement, assis, il reposa sa coupe vide et, attentif à ce qui se passait aux alentours, il lâcha pour l’autre homme.
_ Tu comptes rester debout encore longtemps, Nagamasa ? »
Il ne sait pas comment il doit prendre cette remarque de celui à qui l’adjectif pervers sied si bien. Après tout il ne s’était cotoyer que très peu de temps dans les contrées enneigées. Etait-ce donc suffisant pour qu’il puisse aller jusqu’à le qualifier d’un ami ? Pour lui peut-etre, mais certainement pas aux yeux du fameux Nagamasa Yoshistsune. D’ailleurs celui ne le balaya que d’un simple regard avant d’observer celui qui à son sens, n’était rien d’autre qu’un inconnu.
Sortant sa pipe, gangrène de son corps, l’opium s'infiltra dans son système sanguin procurant immédiatement à son corps une sensation de bien-être. La fumée cancérigène du tube de tabac s'en alla rejoindre celle tout autant nocive de la pipe. Le samouraï observa d'un œil nouveau son interlocuteur.
« Une menace, hein ? »
Ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire, afin d’observer, se renseigner, planifier. Voici là des termes qui résumaient bien le noble samourai. Alliant ce sourire à un geste distinctif pour lui, il tira une seconde bouffée sur sa pipe. Il n’en avait réellement que faire des propos de cet aveugle car les mots n’étaient guère que les racontards d’un homme dont il ne connaissait pas même le nom et dont la présence lui apportait peu « Oh... » Murmura-t-il comme pour lui même, absolument pas prêt à parler de ses manigances à quelqu'un d'autres que lui-même.
Certes une syllabe beaucoup plus courte que celle du Yuki mais qui en disait tellement long. avec un sourire qu’il peinait de plus en plus à cacher, il amena à nouveau cette drogue à ses lèvres. Il prit place au sein même du duo comme on l’y avait invité, ignorant complètement les dires, comme si rien n’avait été dit. Dans tous les cas, il restait à l’écart, en observation, presque narquois, détaché ; peut être pour cacher son ennui. il ne savait pas. il ne savait plus.
La situation semblait devenir de plus en plus étrange. Comme si un froid venait de s’installer autour de cette table. Comme si les trois hommes n’étaient pas du tout fait pour être ensemble au même endroit et au même moment.
Et pourtant, pour le bien du village, il fallait que ces trois hommes travail ensemble. Ils avaient besoin de montrer l’exemple pour les autres. De devenir les protecteurs de la roche. Pour ça Hayate avait un don. Le don de l’idiotie, pour changer de sujet et faire quelque chose d’autre.
Hayate ▬ C’est bon c’est bon, on va pas s’énerver non plus ! Prend place Yoshi et j’vais commander une tournée de saké.
Boire pour oublier et faire la fête ou alors boire pour être encore plus énervé et que la situation s’envenime encore plus. Ce n’était peut-être pas la meilleure des idées, mais au moins lui, avait vraiment envie que tout se passe bien.
Après tout, il venait d’arriver dans le village, il ne voulait donc pas faire d’erreur, faire en sorte de bien s’intégrer et faire ce qu’on lui demande. C’est vrai qu’il n’a pas trop l’habitude d’obéir aux ordres, même si ce n’en était pas vraiment un, plus un demande d’un ami pour rencontrer ces deux hommes.
Hayate ▬ Si on est la tous les trois ce soir c’est parce que nous représentons quelque chose de fort pour notre village, est-ce qu’on peut passer à une ambiance un peu plus joyeuse messieurs, ou c’est trop demandé ?
Son visage s’était relevé vers l’autre Nagamasa. Car si le premier homme était volubile, parlant peut-être pour les trois, le Samouraï ne désirait pas être là. Comme si, des trois, il était celui qui se forçait à se présenter. Comme un soupir, se relâchant sur sa chaise, l’aveugle s’y était finalement adossé. Quel étrange trio formaient-ils. Car ils ne se ressemblaient absolument pas. Ni l’un, ni l’autre, ni même l’un des trois. Trois caractères entièrement distingués. Entièrement différents. Seraient-ils seulement compatibles l’un avec l’autre ? Ou seraient-ils amenés à travailler malgré eux ensemble ? Alors qu’un homme amenait trois pichets de Saké et autant de coupes, celui qui se faisait l’aveugle des trois délaissa finalement le plus silencieux prit finalement la parole pour répondre au plus bavard.
_ J’imagine que nous aurions beaucoup à apprendre les uns des autres, bien que je sois le moins connu des trois. Surtout si nous sommes amenés, par la force, à travailler ensemble. »
Finalement, après avoir tâté discrètement la table, l’aveugle prit la coupe entre ses doigts et la porta à ses lèvres, buvant une longue gorgée du liquide. C’est ainsi que, dans le silence gênant qui suivit, il poussa un long soupir. D’agacement. Car il n’était pas à sa place et, pourtant, il devait la trouver. Entre cet inconnu et ce samouraï. Puis, posant finalement sa coupe, il finit par prendre une nouvelle fois la parole.
_ Si je suis l’Aveugle et que tu es le Pervers, j’imagine que l’autre est le Taciturne. Nous sommes censés représenter la Roche à travers le monde ? »
Il se mit délicatement à sourire, amusé. Car il avait appris que les Nagamasa n’étaient pas originaires de ces contrées. Pas plus que l’Uzumaki, selon les dires, qui était arrivé récemment au sein des Remparts. Et lui-même ne l’était pas non plus. Ainsi, trois Exilés. Trois réfugiés. Trois hommes venus d’ailleurs pour protéger une partie qui n’était pas la leur. Qui n’avait pas été la leur car, aujourd’hui, alors que l’air s’enfumait de temps en temps de l’opium du Taciturne, ils seraient les Trois Piliers de ce qui était dorénavant leur maison.
_ Pourquoi sommes-nous présents ? Tu veux qu’on devienne ami ? … »
Fatidique prétention. Yoshitsune n'était très certainement pas le mieux placé pour faire part ouvertement de par cette vision, cette attitude taciturne qu’en dépit de son rôle, ne s'y prêtait pas plus l'envie de demeurer au rendez-vous. Et alors, il se remémore brièvement ceux ayant trépassés, dont Chogen ; cette promesse faite à celui qui est désormais son Kage. Le jeune Samouraï portait également son lot d'erreurs, mais avait des valeurs nobles, à commencer par ce respect qu’il place dans la moindre de ses promesses. En effet, quand bien même il le voulait, il ne pouvait s’en aller.
Alors simplement il écoute et sans dire sans jamais rien répondre, parce que “Taciturne” et “Solitaire” sont les mots qui lui convienne le mieux. Il ne sait pas même quel sa place au sein de ce groupuscule qu’il forme tous les trois. Mais au moins il se sait ne pas être le seul à ignorer ce qu’il fait en ces lieux mal famés.
Le Yuki tranche à même le marasme, se questionnant sur les raisons qui les poussent à se réunir, tandis que le pervers s'efforce de peindre un tableau élogieux bien que risible, de ce groupe. Et pourtant son sourire, ses réflexions gardaient en ligne de mire le centre de leur cible : réussir. Pour Yoshitsune l'absurde idée de se fourvoyer ronge son âme et dans l'ardent désir d'écarter toute perte de temps, il boit d’énormes lampées sans jamais réellement les observer. Il est plus intéressé à l’idée de comprendre ce qui se joue ici -d'intenses regards sur ce plateau d'argent qu’est le monde, jugeant avec malice quelle pièce déplacer, quel pion prendre, quel coup jouer pour agenouiller ses adversaires.