▬ C’est pas possible ça. No, no... ♫ C’est impossible, cousin…
Obscurs. D’obscures ébauches. Elucubrations. À s’en triturer le cerveau. À le marteler de ses longs doigts émincés. Convier le petit opportun. L’arracher du cervelet. Pour qu’ils puissent enfin bruiner la paix. Sans crissement. Sans acouphène. Sans être condamné à y penser. À s’en mordre les lèvres d’émulation. De convoitise. Car ce n’était que ça. Ça n’avait toujours été que ça. Une question de jaloux. Écorché de cupidité. Celle-là même qui m’avait poussé à emprunter ces sentiers battus.
Marcher. Courir. Même sur la pointe des pieds. De petits pas après d’autres petits pas. Se briguer de discrétion. Espérer le demeurer, en tout cas. Pour qu’ils ne puissent jamais comprendre ce qu’il se passait, actuellement. Les enjeux. Les dés que ces démiurges s’étaient targués de lancer. Avec la plus virulente des envies. Le désir de connecter. Même avec ce genre d’amarrage. Puis constater. Se contenter de constater. Opiner quelque peu.
Se targuer du spectacle. Ainsi mirer si leurs polichinelles s’écharperaient ou non. S’ils avaient misé sur la bonne liaison, malgré tout. Fomentaient-ils tout cela à cet instant précis. Et à cet instant précis, ces deux connectés qui ne soupçonnaient même pas l’existence de l’autre. Enfin, pour l’un d’entre eux. Celui qui n’était toisé de rapacité. Celui qui vaquait tandis que l’autre n’avait pas cessé de l’épier. Sous tous les angles. Toutes les cloisons. Presque à en toucher les coutures. Mais un seul constat…
▬ C’est pas possible ça. No, no... ♫ C’est impossible, cousin… Qu’est-ce que je faisais déjà… ? Ah yeah. ♫ Un truc avec des épées. Un tournoi… J’étais là-bas... Dans ma vie tranquille faite de tranquillité et de silence... Et puis je l’ai vu… Nan c’est toujours pas possible, j’y crois pas…
Ces mêmes mots. Emprunts chacun d’autant de vérités qu’il y avait de centimètre dans le ciel. Résultant d’un manque. Une incompréhension. Non de la mésintelligence. Non. Quelque chose de bien plus sous-jacent. Encore notion d’égo. Sans doute n’y avait-il eu que ça, depuis le début. De l’égo. Encore et encore. Qui grappillait écorce par écorce. Pacager chaque centimètre de raison. Pour qu’à la fin. Au dos du livre. Il ne reste plus que ça. Un égo boulimique
.
▬ Comment il peut-être aussi beau gosse et épéiste en même temps ?! No, no, no. C’est impossible. J’connais des bretteurs moi, j’ai des preuves moi !
▬ Par exemple, mon daron, Tokutoni. Il était dégueulasse ! ♫ Regarde ce visage ! C’est gras... C’est marqué tout ça ! Il a vécu l'art du sabre. Faut voir comment il puait aussi…
▬ Ou même mon oncle Tokutobi. Un crapaud, le frérot. C’est très grave. Et ils étaient forts ces deux-là. Très fort ! Donc ça marche comme ça, en fait ! *bingo* Plus t’es fort, plus ton visage il est horrible, bro. C’est pour ça que j’suis beau gosse. J’ai aucun talent. CQFD toussa toussa… Mais alors lui…
Sans doute, si les iris étaient douées de poids. Sentirait-il toute ma densité peser sur sa charogne…
▬ Comment ça s’fait qu’il ait autant une belle gueule et qu'il soit doué en même temps ? C’est pas possible ! Je l’ai vu. Y’a aucun doute. Il est fort. Je le vois là, maintenant… Y’a aucun doute, il a une gueule d'ange, ce batard… Presque autant que moi… Nan il a cheaté le jeu… Dans ce cas moi aussi j’veux être doué ! Pourquoi ça serait que lui ? Avec sa mèche là… Fuck...
L’égo et moi. Devant sa prestance. À déstructurer sa combine. Y arracher chaque rognure. Pour l’observer de plus près. Et comprendre. Du moins, essayer de le faire. La pensée qui s’était permis de divaguer. Oisiller là où il n’était plus permis de le faire. Qui tira des conclusions hâtives. Des schémas basés sur ce dévorant égo. Sur la relation « cause à effet » entre le talent et la plastique. Se justifier ainsi. Pour émettre l’incompréhension la plus totale.
Sans doute un prétexte. Faux semblant naissant. Domaine de l’inconscient. Main mise au subconscient. Prétexte pour le haïr. Le lorgner. Le maudire, même. Car il demeurait sans doute tout ce que je n’étais pas. Pas encore, du moins. Alors s’y accrocher. À cette chimère. À cet énigmatique. Que j’étais sûr de pouvoir percer. Raison pour laquelle lui filais-je le train depuis des heures, maintenant. Sans qu’il ne puisse le savoir.
Espérer qu’il ne puisse le savoir. Omettre le facteur d’exception. Ce qui demeurait son essence. La raison pour laquelle le toisais-je autant. Shinobi au nez fin qui avait sans doute déjà remarqué la supercherie. Qui n’avait pas jugé nécessaire d’y mettre fin. Me laisser vaguer à le suivre vaquer, en somme. Epithète qu’ils scandaient à sa démonstration, quelques heures avant. « Aizen, Aizen ». Les entendre encore. S’époumoner à le faire.
À se contenter eux, d’être les faire-valoir. D’être aussi mochards qu’ils pouvaient l’être. Tandis que lui, ne l’était pas. Tant qu’ils l’idolâtraient. Tant qu’ils pouvaient scander. « Aizen, Aizen ». Vacillait, au gré de ma marche. Là où s’occupait-il de faire ce qu’il savait faire de mieux, lui. Se pavaner. Soudaine. Hâtive. Cette irrémédiable envie. De comprendre… Celle d’en apprendre plus. Alors la discrétion qui implosa littéralement. Qui n’avait pas tenu, une seconde de plus.
▬ Heyyyyy toi. ♫ Ouais, toi. ♫ Aizen, hein. Ouais Aizen, yeah. ♫ Tu ne sais pas qui je suis mais moi je sais ce que tu as fait. Regarde ma démarche de gangster. Tu la vois ? Tu la vois bien ? Entre toi et moi… Cet espace est trop petit pour nous deux. ♫
Scène surréaliste. Lui qui ne comprenait sans doute pas ce qu’il se passait. Qui était capable de résoudre le cervelet d’un aliéné, après tout ? Il était trop tard, pourtant. Ça allait commencer. Et j’en étais intimement persuadé. Il était trop beau pour être bon, c’était sûr.
Aizen aurait dû être de bonne humeur. Il aurait dû avoir un grand sourire et apprécier sa victoire alors qu’il rentrait. Mais on lui avait volé, il n’avait connu aucune gloire. Comme si rien ne s’était jamais passé. Pourtant il avait combattu. Kyohei, Ikari, Anzu. Tant d’adversaires représentant chacun une difficulté différente mais élevée. Cette amertume était si forte, il ne pouvait la mettre de côté, aussi sage était-il.
D’autant plus que tout l’agaçait dans ce curieux évènement qui venait d’avoir lieu. Sa victoire avait été éclipsé par l’arrivée de la prêtresse et sa garde, des serviteurs d’Isonade. Dans un Kumo qu’il voulait mettre au service du grand Kougen. Il avait du mal à le supporter. Il allait devoir combattre certains pirates, pourquoi s’abaisser à cela ? Aizen avait du mal à comprendre le comportement du Raikage. En plus il aurait voulu en découdre avec le Capitaine directement histoire de mettre tout le monde d’accord sur la supériorité du village. Au moins il tirerait avantage de cet évènement si ça devait mal se passer. Il pointerait du doigt l’insécurité du système mis en place par Raizen et la soumission face au seigneur de la foudre.
Néanmoins ce n’était pas parce qu’il était perdu dans ses pensées qu’il en restait moins attentif à son environnement. Alors comment ne pas se rendre compte qu’il se faisait pister par un guignol ? Si ce dernier se croyait discret il avait tout faux, peut-être qu’un enfant n’aurait rien vu, et encore. Aizen ne l’avait pas encore vu mais son manque de discrétion lui faisait presque croire qu’il faisait exprès pour se faire remarquer. Sa démarche était lourde, sa voix portait et il parlait trop. Ou alros il chantait, le Nara était trop loin pour s’en rendre compte. Les regards se retournaient vers lui alors qu’il progressait dans les traces du Nara.
Ainsi le samouraï éveilla ses sens afin de maîtriser son environnement comme aucun humain normal n’en était capable. Il était sur ses gardes et se demandait bien qui pouvait bien le suivre. Il pensa à un fan suite à sa victoire mais c’était peu probable. Un pirate ? Peut-être qu’ils avaient l’ordre d’affaiblir, d’intimider ou d’enquêter sur leurs futurs adversaires. Il devait en avoir le cœur net. Ainsi il bifurqua dans une ruelle qui n’était pas son chemin habituel, se demandant si son traqueur allait le suivre tel le premier des idiots. Ce fut le cas. Ainsi isolé de trop de regards indiscrets le Nara pouvait un peu plus agir à sa guise. Mais il n’était pas libre pour autant de faire ce qu’il voulait. En pleine journée la ruelle n’était pas complétement déserte non plus, mais il n’aurait aucun mal à distinguer celui qui le suivait en se retournant. Finalement, il n’eut pas besoin de se donner cette peine.
Non car l’individus s’adressa directement au Nara en beuglant. Il ne le filait pas tout compte fait ? Non finalement il avait juste l’impression d’être face à un éberlué qui voulait faire son intéressant. Le Nara se retournant pour faire face à celui qui l’avait dérangé faillit faire demi-tour pour tout simplement l’ignorer. Mais dans sa tenue son katana et son appartenance au corps des shinobis ne lui échappa pas. Etait-ce un jaloux qui voulait le défier ou un fanatique un peu trop intrusif ? Il se prenait pour qui à s’exprimer de la sorte. Malpoli et irrespectueux le tout était ponctué d’un rythme se trouvant entre le chant et la prose, rien qui donnait envie d’échanger avec lui. Mais il ne pouvait laisser ce manque de respect impuni, surtout qu’il n’était pas de très bonne humeur. S’il avait eu un gamin devant lui il aurait pu considérer cela comme une erreur. Mais l’homme à qui il faisait face semblait être proche de son âge ou peut-être même plus vieux. Ainsi, il n’avait aucune excuse.
« La seule chose que je vois c’est un guignol qui se dandine pour tenter de ressembler à un coq. »
Le Nara dégaina son arme d’un air menaçant et fixa le simili de rappeur qui lui faisait face.
« Réduis donc cet écart qui nous sépare que je puisse mieux observer cette fameuse démarche. »
Qu’est-ce que cette personne pouvait bien lui vouloir. Peut-être que l’excitation des combats lui avait donné envie de se frotter au champion. Mais le Nara n’avait jamais entendu parler de lui, se pouvait-il qu’il soit fort, mais dans ce cas pourquoi n’était-il pas au tournoi ? Il avait bien l’impression d’être face à un clown et s’il lui faisait perdre son temps plus que cela il risquait fortement de le regretter. Aizen restait toutefois sur ses gardes, ses sens en éveil il était prêt à réagir à toute approche malveillante.
Poussière. Quelques feuilles mortes. S’affaissait l’alizée. Sur l’asphalte de pierres froides. Et ses crissements. Oisifs. Ceux de quelques oiseaux. Quelques rongeurs, par-ci, par-là. Transis. Qui vibraient tous en consonance. Marmelade de sensation. Mus par la même pression. Haletante ambiance qui pesait. Qui ne cessait de plaquer l’air, autour. Il y en avait de moins en moins, semblait-il. Où étais-je de moins en moins capable d’inspirer normalement…
Sans doute. Tant avait-il écrasé les alentours de son oppressant sérieux. Oppressant et soudain. Incompréhensible. Peut-être même. N’étais-je pas capable de l’accepter. Tout ce qu’il était. Aux antipodes de ce qu’il jutait, même. Etait-ce pour cela qu’il me paraissait si sibyllin. Lui renvoyer sans doute cette même impression. Sans doute pire. Au vu de ses élucubrations. Celle de l’inaccoutumé. L’ésotérique silhouette qui venait quémander la joute.
L’étrange étranger. Sans doute pour cette raison, cette garde soudaine. Cette inexplicable réfutation à en connaître la raison. Pourtant ne l’avait-il pas compris. N’avoir pas pris la peine d’explication non plus, d’ailleurs. Ma faute, en somme. Que, certes, avais-je. Que, certes, lui étais-je apparu en face. Que, certes, avais-je lancé le gant blanc. Mais qu’il avait parfaitement droit à l’incompréhension. Le droit d’être sujet à des questionnements.
Bushi de guerre qui n’avait plus le luxe de s’attarder de futilité. Le temps à consacrer aux cloportes qui viendraient émousser sa lame. Sans doute qu’il me considérait comme tel. Comment lui en avoir, après tout. Bushi qui s’était immédiatement mis en stance. La lame droite. Qui s’écartait de son jarret. Harmonieuse position. Qui ne laissait transparaître. D’une clarté nette. Pourtant, d’une « sombrossité » naissante. Qui pouvait être effrayante.
Elles n’étaient pas nombreuses. Sans doute capable de les compter avec les seuls doigts de mes mains. Les notions qu’il avait martelées dans mes tripes. Mon géniteur. Et pourtant, l’épiderme qui tressaillait en constatant son port de corps, à cet Aizen. Quelques bribes. Réminiscences d’un lointain. S’en rappeler. Et pouvoir constater. Contempler. Comparer. Avec ce père. La position qu’il prenait lui-aussi... S’en emparer, même. S’en affubler, une prochaine fois. Sa position. Sa garde. Ses appuis… Ils étaient parfaits.
▬ Wow wow ! ♫ T’es un robot ou quoi ? No, no ! ♫ Guignol… Coq… Fameuse démarche. Tu fais du rap ? Putain, t’es vraiment fort dans tout. Le monde est méchant. Normalement, ça aurait dû faire « Hé t’es qui toi ? Qu’est-ce que tu me veux ? » Et là baam, je t’aurais dit mon nom et pourquoi cet espace est trop p’tit pour nous deux, genre ! T’aurais enchainé par un « Je vois… Hmm… Je savais que tu me pistais, haha. » puis tu remontes ta mèche comme un antagoniste et là tu dis « J’attendais juste que tu te montres. Tu veux te mesurer à moi ? Dans ce cas, je t’offre cinq minutes de mon temps. J’ai mes groupies qui m’attendent. Montre-moi quelque chose » et la baaam, on aurait parlé de notre échange dans tout Kumo ! ♫ Ça fait de l’entertainment, tout ça ! Là t’es beaucoup trop prêt ! Même-moi j’suis pas prêt…
Verres poudreux qui flamboyaient de mille feux. De milles soleils. L’acier affûté en main. Ne cesser de le faire tournoyer. Virevolter de doigt en doigt d’une virevoltante dextérité. Le faire machinalement. Extension du corps qui avait fini par devenir extension. Alors même que des années avant, détester le brandir. Détester le manier. Détester l’entraînement. À force de rixe. À force de mort. Le fixer à nouveau, cet Aizen.
▬ Bon, maintenant qu’on y est… Que t’as découpé notre show… On n’a pas choix. The Next… Mais j’te préviens… J’ai aucun talent.
Cambrure dantesque. L’échine qui s’était cassée. Courber pour aller chercher ce qui trônait dans cet océan de pierre bien plaqué dans cette petite ruelle. Un galet. Qui s’était perdu, par-ci et là. Qui n’avait pas sa place. Qui aurait pu gêner. Qui aurait pu faire déraper l’un de nous, deux. Qui sait. Aussi talentueux qu’il pouvait l’être. Aussi imprévisible que pouvais-je l’être, moi. Dans la mesure du possible. Charpie qui reprit son anté position. Quelques secondes. Qui pouvaient paraître des heures. Puis une idée. Celle d’en profiter.
Mouvement qui avait tout de dantesque. Qui suintait à quel point pouvais-je faire pleuvoir l’enfer sur sa position. Ces doigts griffus qui le tenaient fermement, ce galet. Alors le projeter de toutes mes forces. Vers sa position. Sans doute pour le faire réagir. Qu’il engage un mouvement. Un contre. Un déplacement. Quelque chose qui aurait pu me donner une indication. Gravier qui plongea de ma main de la pire des façons. Manque de force criant. Manque de protéine.
Galet qui s’éclata ci-contre l’asphalte. À un bon mètre de sa position. Sans même parvenir à le toucher. Sans même le forcer à happer ses sens. Sans même causer une réaction. Moue circonspect. Dépité. Amertume qui se humait facilement. N’y avait-il qu’à voir les balancements de ma charpie déraisonnée. Mais alors, loin d’abandonner. L’avoir précisé au début. Cette absence de talent. Puis sonner la charge. Cambrure qui s’était affaissé. Trombine qui s’était étiré.
Comme pour prendre la meilleure inertie possible. Fondre sur mon gibier. Ou sur mon prédateur. Plutôt dans le rôle du prédaté, en considérant le gouffre. Main droite qui assagit la fine-lame dans son fourreau. Exploser littéralement. Course folle. Vers celui qui était tant désireux de jauger un incompétent samouraï. Un shinobi fainéant. Alors, service son assiette à ras-bord. Pour qu’il puisse s’en rassasier. De toute cette inaptitude. La mienne.
Elan prévisible. Course lymphatique. Mais n’aurait-il pas pu mieux ironiser qu’à cet instant. S’il n’avait jamais esquissé risette avant. Lui offrir ce moment sur un plateau d’argent. Fondre de plus en plus vite. Et en oublier ce qui prônait. Fallait-il savoir marcher avant de courir. Et surtout. Eviter de marteler autre chose que l’asphalte. La jambe droite qui glissa sur ce même galet. Aurait-il eu le plaisir de voir le belliqueux chalenger manquer son pas. S’emmêler les pinceaux et s’écraser la tête la première, ci-contre le humus.
Du moins, c’est ce qu’il fallait lui faire croire, jusqu’au bout.
▬ J’ai pas de talent.
Car en effet. En s’affaissant devant lui. Ce qui n’était que vérité, cela dit. En le hâtant. De ce ridicule lancer. Cette prévisible charge. Très lisible. Aux appuis des plus grotesques. Je lui avais conté une histoire. Celle d’un empoté. Celle d’un jaloux. Qui n’était même pas capable de viser correctement. Qui n’était même pas capable de fendre convenablement. Sans doute, non loin de la vérité. Cela dit, fallait-il maquiller les choses. Les grossir. Et lors de l’apogée, la glissade inopinée. Fallait-il comprendre que j’étais un très bon dramaturge.
Se rattraper d’un appui du bras ballant, le gauche. Et du même pied. Pour décocher un mouvement. Faire jaillir l’abattement de son fourreau. Coup d’épée ample, circulaire. Dix centimètres du sol. Un peu plus. De droite à gauche. Qui visait ses chevilles. Pour les lui couper net. Ou au moins le gêner. Ou au mieux. Le voir sauter. Comme le ferait toute machine de guerre qui avait, certes, été surpris. Mais pas déstabilisé pour autant. Mangeait-il de ce pain-là, cet Aizen.
Une machine de guerre. Alors nécessaire de faire plus. Pour pouvoir ne serait-ce que l’esquinter, lui et sa parfaite position.
▬ Mais j’ai du style ! ♫
Les doigts se désengageant du tsuka, littéralement. La main droite venant l’écraser ci-contre le sol. La gauche, toujours en appuie. Pour exercer une pression. Position de levier. Le corps qui s’éleva. Le bas du corps, du moins. Position étrange. Quiconque l’aurait vu n’aurait pas pu y échapper. À la référence. Presqu’une danse. Une danse, fallait-il le graver. Position qui évoquait du break-dance . Tournoyant la jambe libre, la droite. Pour venir faucher en pleine course l’aigle royal au niveau du tibia, s’il avait sauté. Pour créer la disjonction. Le déséquilibre en plein vol.
Et s’il ne l’avait pas fait. S’il était resté stoïque. Frappe pointant quelques centimètres au-delà. En toute logique. Qui viendrait se briser contre son genou. Désagréable sensation. Puis cette profonde inspiration. Les mirettes qui n’avaient pas cessé de mirer sa position. Au cas où n’était-il pas friand d’histoire. De conte raconté par un filou. Pour espérer ne serait-ce que dominer. Surprendre. Quand il n’en avait pas les moyens. Car il ne s’agissait que de cela. Les moyens.
Quand l’inné, comme le talent ou les gênes, n’avait jamais daigné s’inviter ne serait-ce qu’une fois à la porte… Fallait-il pouvoir faire preuve d’étroitesse. C’était ça, le Style Tokuto
Spoiler:
Tokuto parle trop, tu connais blabla. Il ramasse un galet au sol et l’envoie vers Aizen. Le peu de force fait que le galet ricoche au sol à un peu plus d’un mètre d’Aizen sans le toucher. Il court alors, main sur son katana avant de ridiculement glisser sur le galet, tombant la tête la première. Du moins, il fait mine de le faire. Il se rattrape et lance un premier coup d’épée circulaire vers les chevilles d’Aizen. Prévoyant qu’il va sauter, il enchaîne de suite, dans l’élan de son mouvement, avec un coup de pied circulaire « style break-dance » en tournoyant les jambes en l’air et la tête en bas, aidé de ses deux bras, pour déséquilibrer sa cible. Il continue à regarder la position d’Aizen, se doutant pertinemment qu’il est en face d’un adversaire trop doué pour lui.
Yeah yeah, ma FT n’étant pas encore validée totalement, je l’ai pris un peu en « full RP » ce tour-ci pour le fun, sans technique ! J’espère que c’est bon mdrr. On verra pour la suite, pour quelques techniques etc… !
Une tirade, bien trop longue. Aussi étendue que grotesque cette dernière à elle seule faillit faire tressaillir le maître des ombres. Mais de cet enchaînement de mots fort inintéressant et manquant de style une vérité que peu parvenaient à dompter ressortait : Aizen était imprévisible. On aurait pu dire tout l’inverse, c’est la première chose à laquelle on pensait à vrai dire. D’un sérieux et d’un calme sans commune le Nara était bien une personne de laquelle on attendait un comportement qui suive une route déjà toute tracée. Mais ce dernier était loin d’être un mouton. Il ne se vantait pas pour autant d’être un berger, ou un loup ou toute autre élucubration qu’un homme en manque de reconnaissance aurait pu inventer. Un instant il était l’un et celui d’après il l’était l’autre, il était tout à la fois, il était un caméléon.
« Tu as fait tout un plan en avance dans ton esprit. C’est bien. La bataille, avant de se gagner sur le terrain, se gagne dans la tête. Néanmoins tu as omis une chose importante : tu ne peux pas prévoir avec certitude ce que va faire ton adversaire. Je me fiche de savoir ce que tu me veux, surtout si tu n’oses pas me le dire sans émettre d’élucubrations. Tu as peur, n’es-tu pas assez grand pour assumer tes propres envies ? Si tu ne le peux pas alors laisses aux autres le soin de réaliser leurs rêves et toi tu ne seras qu’un outil pour eux. »
Le Nara avait forcément encore plus un comportement inattendu, il jouait. Il était intelligent et n’oserait pas une telle chose avec n’importe qui. Néanmoins il avait compris qu’en face de lui il n’avait pas un ennemi, ou alors ce dernier était un idiot. S’il avait été un ennemi alors il aurait attaqué par surprise. S’il avait été vraiment plus puissant alors il ne se serait même pas soucié du Nara. Dans tous les cas cet homme venait pour gagner quelque chose, mails le méritait-il vraiment ?
Le drôle d’individu avait au moins le cran de ne pas reculer. Assumant ses propos il prit une pierre à ses pieds. Une diversion ? Un lancer dangereux ? Peut-être allait-il renforcer sons lancer grâce à une quelconque affinité. Le Nara abaissa son centre de gravité avec une légère flexion de genoux puis se mit en garde. Il était prêt à tout, mais il ne pensait pas que son bluff ne ferait pas effet, comptait-il vraiment se battre en pleine rue ? Le Nara venait de le dire, on ne pouvait pas toujours prévoir le comportement de son adversaire.
« Ridicule. »
Seule observation du Nara face à ce lancer qui ne fut qu’un échec. Rien ne l’atteint et le projectile toucha le sol devant le Nara comme si un enfant l’avait lancé. N’était-ce pas un piège ? Comment pouvait-on être si nul ? Il aurait bientôt la réponse car il se mit à lui foncer dessus.
« Si lent… »
Le Nara se redressa et garda son katana le long de son corps. Avait-il vraiment un shinobi face à lui ? Il avait bien l’impression de n’observer qu’un humain lambda, espérait-il vraiment quoique ce soit d’un tel échange ? Aizen était bien bon de lui permettre l’honneur de lui faire face, devant telle médiocrité il aurait déjà dû tourner les talons pour ignorer cet homme. Mais un présentiment, son instinct à dégoter les pépites de Kumo. Seul un professeur ayant entraîné un paquet de Genins comme lui pouvait détecter une leur d’un diamant dans un tas de charbon. Malheureusement cette lueur s’estompait au fur et à mesure que le temps s’écoulait.
« Je vois. »
Le bougre fit exprès de glisser sur le caillou, faisant mine de tomber. Le Nara n’était pas dupe, c’était là les stratagèmes utilisés par les plus faibles pour faire tomber les plus forts. Quand la puissance manquait il fallait user de ruse, le Nara ne dénigrerait jamais pareil comportement alors que d’autres appelaient ça lâcheté. Lui appelait ça de l’opportunité.
Malheureusement pour lui Aizen ne sous-estimait jamais personne, rien de pire pour se faire avoir par moins fort que soi. Il était loin d’être le plus fort, car il ne visait pas la puissance absolue, cela était impossible. Il y avait toujours plus fort que soi, il était assez lucide pour le comprendre malgré son manque d’humilité que certains voulaient lui attribuer. Ainsi il n’oubliait jamais d’où il venait et savait qu’il n’avait, n’aurait jamais et de toute façon ne voulait pas la place en haut de la pyramide de puissance. Il se contenta alors de se baisser un peu pour que le fourreau de son arme accroché à sa taille soit sur la trajectoire du coup de son adversaire. Il renforça la parade en collant sa jambe la plus proche à son fourreau. L’impact eu lieu et le Nara ne broncha pas d’un poil.
« C’est tout ? »
Il se permit une provocation. Cet individu venait de titiller sa curiosité prouvant ainsi que son pressentiment l’avait une fois de plus pas trompé. Le coup d’après fut téléphoné, pensait-il vraiment l’avoir avec telle combine ? N’avait-il pas regardé le tournoi ? C’était bien d’oser, de vouloir et de croire. Mais encore fallait-il rester lucide. L’enthousiasme du Nara disparut et pour clore le sujet Aizen réalisa un mudra puis intercepta le coup circulaire avec le dos de son katana. Dès cet instant leurs ombres furent liées, et les mouvements de ce mystérieux contrevenant répondaient à la volonté de son nouveau maitre.
« C’est bien d’avoir du style, ça permet de faire rigoler les enfants pendant des spectacles. La forme d’un coup importe peu, seul le résultat compte. Quel est le bilan te concernant ? Tu as agressé un supérieur et en plus tu n’as même pas réussi à me toucher. Ton échec est total, sur tous les plans. »
Le Nara rengaina son katana, obligeant son prisonnier à en faire de même. Il se mit en route, mais vers où ?
« Maintenant je vais me rendre au quartier général du Kyuubu afin de te remettre aux autorités compétentes. Tu as le temps du trajet pour me dire qui tu es et ce que tu me veux. »
Un regard et un sourire malicieux en coin vers son prisonnier avant d’ajouter.
« Ce que tu me dis pourras peut-être changer ma décision. Ah et… Sois clair et concis. »
Il était maître de son destin.
Résumé:
Aizen arrête tes tentatives facilement et profite du deuxième pour te prendre sous son contrôle grâce à son ombre. Il t’emmène en suite faire une balade qui se finira sans doute en prison si tu ne te montre pas convainquant.
Fourmillaient les plaies. Qu’elles chatouillaient, encore. Pas que celles de chair. Ces nombreuses ecchymoses. Quelques lacérations. Indubitablement, pas qu’elles. Pas qu’uniquement celles du paraître. D’autres. Ces cautères taris. De celles in mirées. Impensables à distinguer. De concepts qui requéraient plus abstraits, encore. De l’éther à la psyché. Qui somnolaient. Sommeillaient jusqu’à les ressentir à nouveau. Jusqu’à trouver celui qui les stimulerait, à nouveau. Si enfouis qu’il était facile de penser qu’elles n’étaient plus. Qu’elles s’étaient estompées, déjà.
Avec la durée. Avec l’âge, aussi. Engorger de l’expérience. Une question de temps, en somme. Et pourtant, d’un coup d’un seul, s’y replonger. Sans s’y attendre. Sans avoir l’ombre d’un doute, au préalable. Pourtant, facile d’en desseller les stigmates. Psyché humaine qui avait la fâcheuse tendance à plonger à l’encontre de la bien-aisance. Alors s’en donner à cœur joie. Avec ardeur. Et le chatoyer à nouveau. Ce frisson. Ces frissons. Puis s’en rendre compte. Qu’elles n’avaient jamais vraiment calanchées. Bien au contraire. Ces maux de l’âme. Blessures du cœur.
De l’essence, non du paraître. Suffisait-il de trouver celui qui les stimulerait, encore. Encore et encore. Le ressentir à nouveau, alors. Ces pincements, pour en arriver au déchirement. À mesure que s’effriter nos charognes. Que la mienne s’efforçait à créer, en tout cas. Ce contact. Le moindre frémissement de muscles torturant jusqu’à déraison. Sujet de lamentions. Esclave de sensations. Face au bourreau des ranimations. Trombine figée. Le coin du crâne ci-contre l’humus froid. Le contre-bas qui s’était surélevé.
Pour lui assener ce qui allait mettre un terme à l’enchainement. Essayer, du moins. Sans succès apparent. Et l’éprouver depuis quelques temps, déjà. À mesure d’avancement. À mesure qu’il émettait ces commentaires. Sans doute, stimuler comme but premier. Provoquer. Souffler sur ses braises aussi rabougries étaient-elles. Exhorter son vis-à-vis. Et l’amener à surélever sa condition. Il était en train de me sentencier son test. Et l’avais-je deviné. Facile à deviner. À considérer. Et en temps normal, passer outre.
Alors pourquoi était-ce différent, ici ? Pourquoi ces articulations qui se flageolaient de plus belle ? Pourquoi haleter de la plus abrupte des façons. Pourquoi me contrariait-il autant, lui ? M’émousser autant ? Non une douleur physique, mais celle perméable. Un mal qui avale. Qui mâchonne. Qui ne causait même pas d’affliction. Se contentait juste de gicler les tourments. Ceux-là même qui rongeaient mes tripes. Ne pouvoir jamais rien concéder. Rien réaliser. Et qu’ils reviennent, encore. Réduire ce qui portait mon affection sans pouvoir ne serait-ce qu’élevé la voix.
Comme là. Comme cet instant. Comme encore, à cet instant. Et s’en rendre compte alors. De cette sérénité éphémère ressentie. Se fourvoyer. L’avoir toujours fait. Pêchée sempiternel. Se détester pour cela. De ne pas détenir la rigueur nécessaire. La densité. La force, même un tant soit peu. De n’avoir jamais été en mesure d’anticiper quoi que ce soit. Pérenniser quoi que ce soit. Pourvoir le marquer au fer rouge et l’entériner. Qu’il n’y aurait rien qui pourrait venir troubler, si j’en avais décidé autrement. Si se pointait ma lame dans le sens opposé.
Lui qui raviva autant en moi, l’espace de quelques secondes. Peut-être, minute. À mesure que s’étalaient ses conseils sous-couverts de réprimandes. Ses brimades. « Ridicule ». « Si lent ». Alors avais-je frappé le premier, avec l’intention de lui cisailler les souches. Manqué. Alors avais-je frappé en second, avec l’intention de lui molester la jointure. Paré. Prédateur qui s’était frotté à plus carnassier. L’animal qui usa de dextérité et de technique pour s’en défaire avec banalité. De l’engrenage. Qui projeta son hégémonie avec amenité.
Sensations nouvelles. Hormis l’inimité. Non de la peur. Non sujet à la peur depuis des éons, maintenant. Alors que les muscles s’étaient raidis. S’efforcer à essayer de les contredire pourtant. Une action totalement involontaire. Et de l’incompréhension. Pourtant, cette énième impression aux effluves si familiers. Celle d’être à sa merci, totalement…
▬ Oy, Oy… Qu’est-ce qu… J’peux plus bouger ?! ♫ Quand as-tu… Mon bras… Oy, Oy ? ♫ Attends mais enfoiré c’est la Manipulation des Ombres… ! ♫ T’es un Nara, c’est ça, Aizen, hein ? Ouais, I see ♫. T’es vraiment fort dans tout, hein. C’est grave. Vraiment grave. Mais stylé ♫. J’ai beau essayé mais j’peux plus rien faire ! Kehehe !... ♫
D’alors lever les mirettes vers la prépondérance. Et ne sembler le considérer que maintenant. Le réaliser. Avec la plus grande des rudesses. De la plus abrupte des manières. Qu’il l’était, culminant, en tout point. Faire pâle figure en face. Quelques bons centimètres de plus que moi. Aux prunelles froides. Pas une grimace esquissée. Pas la moindre sensation. Pas celle d’une chair qui s’était senti ne serait-ce qu’une seule fois menacée. Qui s’était senti ne serait-ce que provoqué. Pas la sensation d’avoir intenté à sa pérennité. La volonté qui naquit ; qui ne cessait de croitre.
Celle inconsciente qui aurait voulu souffler sur l’étincelle de ses prunelles. À s’en mordre la lippe jusqu’au sang. Monde de prédateurs. Monde où trônait ce genre de bêtes froides. Acérées. Où n’avais-je jamais eu ma place. Ne serait-ce qu’un mot à dire. À force de minauder. Considérer le paraître. Faire mine. En tirer d’autres. Sans doute pour dissuader l’approche. Empêcher quiconque de pénétrer mon maai. L’avoir sciemment avoir la porte, lui. En désirant crever le sien. Prépondérant qui s’était alors dresser à nouveau.
Qui psalmodia quelques mots. Célères dans ses mandibules. Et pourtant, si lourds de sens. Qui s’évertuaient à s’écharner ci-contre ma charpie. La cogner de toute part. L’assujettir encore. Pour le ressentir à même les épaules. Ce poids. Cette boule, si désagréable. Et pourtant, ne rien pouvoir faire pour s’en décharger, en l’état. Doux songes. Que de les déchiqueter. Les marteler. Pour ne plus le considérer. Les voir ricocher dans l’imaginaire. L’esprit brouillé. Qui empêchait de jauger, juger. Passer outre. Animal blessé dans son égo. Non de ceux qui obtenaient vigueur quand se brisait la patte. De ceux qui se nicheraient. S’en dégager en rampant.
Se traîner. Se renverser. S’y réfugier. Et attendre qu’elle se noie, la douleur. Encore par le temps. Sans pouvoir ne serait-ce que répliquer. Dire un mot. Et à quoi bon. Véridique sur toute la ligne. Jamais rien qui aurait pu réfuter son propos. Malgré toute la condescendance. Sans doute de la déception. Constater qu’il s’était ouvert à la joute contre une non-valeur. Prépondérant qui rengaina son extension ; en faire de même par mimétisme tyrannique. Qui emboîta notre marche.
▬ Le résultat, c’est un no match, Kehehe !... ♫ C’est ça, mon bilan. J’suis habitué, j’suis habitué. I told you. J’ai pas de talent. T’es un génie, j’suis un raté ♫ ! Tu peux pas comprendre… Tss…
Mirer l’arrière. Du moins, tenter de le faire. Du coin de l’œil seulement, y parvenir. À même l’asphalte. Comme un symbole. Cette paire de verres. Pour le réaliser pleinement, à cet instant. Comme la main qui s’était glissée dans la boite de Pandore. N’aurait-il sans doute plus jamais l’occasion de la voir alors. Cette facette…
▬ T’as même fait tomber mes lunettes… Fais ce que tu veux. Me livrer au Kyuubuu. Taper la discussion. Les deux. Qu’est-ce que ça change, hein ? Bon… Vu que j’suis à ta merci, autant faire ce que tu dis. J’suis Tokuto. Tokutoku Tokuto et je n’ai aucune raison valable pour t’attaquer. C’est vrai. Tu n’as pas décimé mon clan. Tu ne m’as pas battu par le passé. Je ne suis pas un de tes fans. Aucune raison. Enfin, peut-être une... Mais tu n’comprendras pas. T’as quel âge ? T’as l’air d’être un peu plus jeune que moi. J’dirais 25 ans. Un Jônin. Un génie. T’es un génie et je suis un raté. Voilà. Et le raté a voulu sortir de sa condition de raté. Le raté a voulu voir si le génie était si génial. Mais ça non plus, c’est pas valable... Parce que je t’ai vu au Tournoi donc je savais. *souffle* Tu vois bien. Il n’y a aucune raison valable. Juste l’histoire du raté alors. Mais ça encore… Pas valable. Je ne m’entraîne pas. Je n’intègre aucune équipe. Je ne porte pas d’intérêt aux missions. Je n’ai même pas essayé de passer Chunin après toutes ses années. J’ai même assisté à l’annexion de mon village sans rien faire… Sans rien tenter, même. C’est ma plus grande honte. C’est ça, être un raté. Attention, je ne m’apitoie pas sur mon sort, par contre. Si tu portes ce katana à ta hanche et te bats comme tu te bats, tu devrais comprendre. Je n'ai pas été élevé comme ça, à me plaindre. Tss… Fais pas attention, hein. J’dis juste ce qui me passe par la tête, c’est tout. Mmmh… Bon, ça ne me servira sans doute pas à grand chose devant le Kyuubuu mais tout compte fait, peut-être qu’il y a bien quelque chose que je veux, après tout…
Culpabilité non-rare d’éprouver. Qu’elle rongeait mon cuir tous les jours. Culpabilité qui m’était rare d’exprimer à haute voix, cela dit. Peu coutumier du fait. Bienséance qu’il m’avait inculqué de force. À force de savate et autres coups de poing. Songer à lui planter ma lame dans la carotide, ce géniteur. Et pourtant, s’y conforter. Dans ses dogmes. Incapable de se plaindre. Témoigner faiblesse. Préférer la tourner en dérision. S’en moquer. Focaliser leur attention à eux sur d’autres traits, la plèbe. Les grossir au possible. Se rendre parfois grotesque. Théâtral. Pour avoir ne serait-ce qu’un peu de quiétude. La quémander encore. Se complaindre dans cette situation.
« Le type bizarre », qu’ils disaient. « La racaille », qu’ils s’égosillaient. « Le raté », un constat. Le Genin qui n’avait pas pu franchir plus loin. Bête de contradiction. Qui se disconvenait encore. Et le réaliser que maintenant. La marche qui se voulait de plus en plus énergique. Trombine qui semblait se perdre. Se remémorer ses quelques bribes. Quelques rognures. Risette comme jamais éprouvé auparavant. Risette sincère qui vint déformé la courbe amoncelée de mes lèvres pour un sourire qui fit plier le galbe de mes joues. « Peut-être qu’il y a bien quelque chose que je veux, après tout… ».
▬ Peut-être qu’il y a bien quelque chose que je veux, après tout… Hormis te scalper parce que tu as fait tomber ma paire, si je dois être honnête pour la première fois depuis bien longtemps… Je dirais… Que le raté que je suis sorte de sa condition de raté. Ça, je le veux plus que tout au monde.
Lui qui les quémandait. Clarté et concision. Aurait-il eu ce dont il était désireux, dans son plus pur aspect. Vis-à-vis qui était seul décisionnaire, à présent…
Un long soupir s’échappa du Nara. Ce n’était pas involontaire. Il en avait assez d’entendre les jérémiades de son pseudo agresseur. Il lui faisait savoir mais son petit doigt lui disait qu’il en était déjà bien conscient et qu’il s’en fichait bien.
« Dommage que ma manipulation de l’ombre n’empêche pas de parler… »
Il parlait trop. Cela ne dérangeait pas outre mesure le Nara, en général. Mais celui-ci parler pour ne rien dire. Et ça, il n’appréciait guerre.
« J’avais dit bref… »
Le Nara était plus lassé que menaçant, contrairement à son habitude. S’il faisait preuve de menace c’était pour forger, pour tester. Là, il n’en avait plus aucune envie. Il se demandait même si ce genre d’individu serait réceptif à ce type de comportement. Si le Nara était un caméléon alors lui était un coq. Où qu’il soit il sortait son champ sans s’adapter à son environnement. Mais Aizen n’avait que faire de la majeure partie de l’histoire du drôle de personnage.
« Tu dis beaucoup de choses inutiles. Ou alors des choses si évidentes qu’elles n’ont besoin d’être dites. Pour le reste… Tu ne fais que te plaindre. »
Cette fois l’attitude du Nara se fit plus dur. Après tout le débutant pas si jeune devait comprendre qu’il avait à faire à un supérieur et pas à un collègue de buvette ni à son confident d’oreiller. Aizen était déjà bien généreux de rester là à l’écouter, à le laisser s’exprimer. Mais encore et toujours son pressentiment parlait. En plus il n’avait pas raté son allusion au Bushido, se pouvait-il qu’il y connaisse quelque chose ? Si diamant il y avait alors il fallait plus creuser que gratter.
« Saches une chose, tu n’as jamais été un raté. »
Parler autant, ne voir que ses faiblesses, y mettre l’accent. Un mécanisme d’autodéfense classique pour qui ne pouvait pas assumer qui il était vraiment. Ou plutôt pour quelqu’un qui en avait honte. Etait-ce aussi pour ça qu’il avait besoin de se cacher derrière ses lunettes et ses rimes ? Pourtant le Nara était le premier à se camoufler derrière un voile. Mais ce dernier était enjoliveur, et servait un but. Ce que faisait lui n’avait aucun sens.
« Tu l’es simplement devenu. »
Personne ne naissait raté ou génie. La vie était inégale, tout le monde le savait déjà. Ceux qui se plaignaient et se cachaient derrière cette excuse ne méritaient aucune attention. Dans un duel inégale il y avait deux types de personnes. Celui qui abandonnait se disant que c’était peine perdue et celui qui trouvait le moyen de contourner la fatalité.
« Tu ne fais que répéter je ne suis pas ci, je ne suis pas ça. Qui a décrété que tu ne l’es pas ? »
Le ton de la question ne semblait pas laisser place à une réponse.
« Tu es le seul responsable de ce que tu es. »
Même les plus faibles que le Nara avait pu rencontrer n’avaient jamais fait preuve d’une telle puérilité. Il se contentait de sa médiocrité en se cachant derrière une hérédité fictive. Tous normalement faisaient leur possible pour s’améliorer. Et prenez celui ayant le plus de facilités du monde il irait toujours moins loin que le soi-disant « raté » s’entraînant sans relâche. Et s’il ne pouvait pas se convaincre lui-même qu’il pouvait changer comment pouvait-il espérer convaincre quelqu’un d’autre ?
« Tu sembles être conscient de tes faiblesses mais t’es-tu révolté contre elles ? Ces faiblesses que tu as toi-même forgé. »
Prendre conscience d’un problème était bien la première étape obligatoire pour commencer à tenter de le résoudre. Mais juste le savoir et se lamenter était pire que de ne pas le savoir. Au moins celui qui se voilait la face pouvait cacher ses faiblesses à ses opposants vu qu’il ne les connaissait pas. Mais lui le savait, et pourtant que faisait-il ? Il voulait sortir de sa condition de raté, c’était bien, encourageant même. Mais qu’avait-il entreprit pour le faire si ce n’était déblatérer des bêtises devant quelqu’un qu’il considérait comme le génie à atteindre.
« Tu l’auras compris, j’espère. La question ici n’est donc pas qui es-tu mais plutôt : comment l’es-tu devenu ? »
Pour le Nara c’était clair, il avait déjà beaucoup de réponses mais pourtant il ne se posait pas assez de questions. Il pensait déjà tout connaître sur lui. Ses faiblesses prenaient le premier plan dans son esprit, embrumant le plus important.
« Tu dis vouloir changer. Mais quel est ton but réel là-dedans ? Toi qui te complais depuis longtemps dans cet état de fait que tu t’es inventé. Et es-tu seulement prêt à t’en donner les moyens ? »
Les mots du Nara étaient durs mais il n’était pas là pour rassurer les pleurnichards. On n’inventait pas à quelqu’un l’âme d’un guerrier. Et s’il ne pouvait pas supporter de simples paroles comment pourrait-il combattre aux côtés de ses frères d’arme. Donc il avait raison il devait se réveiller, mais cet acte ne pouvait pas être initié par quelqu’un d’autre. Il pouvait certes être aidé mais personne ne pourrait tout faire à sa place.
« Car si tu crois que ce changement aura lieu tout seul, tu peux abandonner d’entrée. »
Le Nara s’était arrêté. Il fixait Tokuto d’un air dur tout en le jaugeant. Il était à mi-chemin de sa destination : les terrains d’entraînement. Il n’avait jamais eu l’intention de le délivrer à la police, qu’en auraient-ils faits ? Mais là il attendait, une réponse convaincante sans laquelle il serait laissé là, abandonné à sa médiocrité.