Un réveil de mauvaise humeur, cela faisait plusieurs jours que le jeune Sendai n’était plus satisfait des ses nuits, son sommeil était mauvais. Ses cernes ne faisaient que grandir de jour en jour, accentuant les rumeurs qui criaient qu’il ne jurait que par l'entraînement. Était-ce la cible d’un mauvais sort, d’une blague de très mauvais goût ou bien était-ce seulement lié à son quotidien de shinobi ? Ses ses désormais bien trop éveillés pour espérer retourner à son ancienne vie de pauvre restaurateur...
En plus de ça, il avait également l’étrange impression d’être épier, troublé dans son intimité… Si on y ajoutait à ça son sommeil perturbé, on avait le cocktail parfait pour que le jeune Sendai finisse par sombrer lentement, mais sûrement dans une folie la plus totale. Il en avait parlé à son entourage, certaines personnes avaient eux aussi ressenti ces mêmes sensations il y a peu… Étrange, mais rien de plus surprenant que ce qu’apprit Eien en approfondissant ses recherches.
Il n’avait aucune idée de comment y remédier, mais il savait finalement que s’il ne faisait rien, il se condamnait. Alors autant tenter quelque chose, même en vain.
Un pas après l’autre, Eien se dirigeait vers un lieu connu de tous : Le Dojo des sabreurs, il était assuré que la personne qu’il cherchait s’y trouvait, ou pouvait-elle se trouver d’autre ? Le Sendai ne s’amuserait pas au jeu du chat et de la souris, il était beaucoup trop mature, ou paresseux pour ça. Entrant sans s’annoncer, il commença à le traverser de fond en comble, rien ne l'empêcherait de retrouver son sommeil.
— Honryu… Sensei… Monsieur, je ne sais pas trop comment je dois vous appeler Dit-il en incitant son professeur à venir. Je vais avoir besoin de vous, c’est une affaire de la plus haute importance me concernant.
Après une brève explication de son cas à son professeur, Eien finit par se demander si ça valait vraiment le coup d’en faire toute une histoire. Quoi qu’il en soit, il fallait qu’il finisse par se lancer.
— Accompagnez moi en dehors du village, s’il vous plait. S’inclinant légèrement pour appuyer sa demande, Eien continua dans sa lancée. J’ai entendu parler de disparitions aux alentours du village, et j’aimerais vérifier ça de moi-même, les connaissances de ces personnes m’ont dit qu’elles avaient les mêmes troubles que moi.
Il n’avait que cette piste, et c’était mieux que rien, Eien n’avait pas peur de sauter dans la gueule du loup. Il était assuré qu’il pouvait le tuer de l’intérieur.
Les yeux clos et ses fessiers posés au centre parfait de la pièce dédiée à son entraînement, Samehada posée sur les paumes de ses mains, le Sabreur méditait avec le plus grand mal. La partie qu’il aimait le moins dans son entraînement, celle qui lui donnait à vrai dire le plus de fil à retordre. Il cherchait inlassablement à parfaire le lien l’unissant à l’Esprit habitant son arme par divers biais et celui-ci semblait le plus rapide et le plus prolifique.
Mais les deux Prédateurs dans la pièce avaient leurs humeurs et il était dur de trouver un moment où chacun était prêt à faire un pas vers l’autre, surtout depuis l’épisode de son exil loin d’elle que Peau de Requin avait d’abord pris comme un abandon.
Il figura dans son esprit un large océan où il siégeait dans la même position. Là, Samehada s’illustra sous la forme d’un immense Squale aux écailleux d’un bleu nuit hypnotisant, voguant autour de lui dans un cercle parfait. Elle semblait s’approcher chaque fois un peu plus avant de reprendre ce cheminement. Il tendit son bras. L’énorme museau du requin vint s’approcher. L’eau devient translucide et sembla aspirée, comme si un énorme siphon se chargeait de la faire disparaître sans qu’aucun des deux protagonistes ne bougent d’un iota. La mâchoire dentée s’ouvrit pour parler…
Ce petit salopard d’Eien.
Il le tira totalement de sa transe communicative de par sa voix d’adolescent prépubère ce qui fit grincer les dents de l’homme à la chevelure noir corbeau qui ouvrit un oeil, puis l’autre.
« Si ton niveau en Ninjutsu est au moins aussi élevé que ton aptitude à me les briser, tu as un bel avenir à Kirigakure. » Lâcha-t-il pour lui-même sans chercher à ce que le Sendai le relève.
Il posa ses deux mains sur ses genoux, recouverts par son pantalon en toile blanc immaculé et se résigna à écouter, bien conscient de ses prérogatives.
Honryuu écouta le gamin et ses inquiétudes, qui avaient bel et bien lieu d’être. Mais il ne cherchait visiblement pas la solution elle-même auprès de son maître ; seulement d’user de son grade pour se permettre une sortie extra-muros. Cela lui arracha un sourire, il se souvint ô combien être cloîtré entre les murs de la cité de la Brume pouvait être frustrant.
« T’as même mené une enquête. » D’une flexion, son genou frappa le manche de Samehada qui virevolta comme une simple brindille qu’il rattrapa au vol pour l’accrocher dans son dos une fois debout.
« On y va ? » Il n’en fallait pas plus à l’homme au Squale. Comme pour Ryûken, il servirait seulement de garde-fou, laissant le gamin lutter contre ses propres démons. Si cela pouvait effacer les cernes sur son visage… Pour quoi il passait devant les autres Jônin avec un élève semblant tout droit sorti d’un trip sous opiacé… Heureusement que l’avis des autres, il n’en avait rien à ficher.