| En Proie à un Matriarcat Carnivore [Solo Kuchi] | Yamanaka Kiyon Avatar © : Kusuriuri (Mononoke) Expérience : 1633
Messages : 182 Date d'inscription : 12/11/2020
| | Dim 28 Mar 2021 - 3:08 | | Yamanaka Kiyon était homme de plantes et de botanique. Si cela ne tenait qu'à lui, son appartement ne serait qu'un vaste arboretum tant il se plaisait à le décorer d'une large variété de végétaux et à les entretenir. Parfois odorantes, parfois grasses, parfois carnivores, toxiques ou thérapeutiques, ses cultures n'avaient pas grand chose à envier à celles de ceux dont c'était le métier. C'était en ce but qu'en ce jour d'Été 204, le jeune homme avait entrepris d'emprunter la route d'un des rares transports marins qui faisait la route jusqu'à l'île d'Ue. Cette région de l'Archipel du Pays de l'Eau était dénuée de toute habitation civile, évacuée il y a quelques années à cause de trop grandes complications liées à sa faune hostile et parfois même sa flore. Cette désertification des lieux permettait une certaine prospérité à sa végétation, et c'était ce paramètre qui attirait en ce jour cet homme sur les lieux. Contrairement à ce que son entrain botanique aurait pu laisser croire, il ne s'y était jamais rendu pour y prospecter les plantes qui colonisait cette île. Les plants dont il avait fait l’acquisition venaient de pépinières du village. Bien sûr, en plus de se fournir dans les contrées étrangères, ces boutiques pourraient bien disposer de quelques échantillons venant d'Ue mais jamais Kiyon n'avait fait le geste de lui-même se rendre sur cette terre. Il était curieux de ce qu'il pourrait y trouver. Peut-être même, qui sait, découvrirait-il de nouvelles espèces encore jamais étudiées ? L'esprit plein d'espoir et le regard brillant de nouveaux horizons, le Yamanaka embarquait à destination de l'île sauvage, vers une aventure de plus.
Le voyage se déroula sans encombres, mais l'aspect vaseux du sol sur lequel il posa son pied avant qu'il ne s'enfonce lui rappela qu'il était en terrain hostile, majoritairement sauvage, et qu'il ne devrait pas baisser sa garde. La nature, ici, pouvait bien être mortelle. Plus dans la matinée mais pas encore dans l'après-midi, le temps clair de cet été 204 annonçait une journée agréable et éclairée, propice à l'observation et à la récolte. Sous de telles auspices favorables, le jeune homme déballait de son sac son long et fin instrument à fumer qu'il alluma avant d'en avaler quelques bouffées et de les recracher. Puis, l'Épouvantail enclencha le pas dans l'optique de s'enfoncer dans l'une des forêts profondes qui couvrait la zone, choisissant la première de manière quelque peu aléatoire.
La forêt en question n'était pas des plus humides. Kiyon avait quelque peu l'impression d'avoir tiré le gros lot. Si les phénomènes les plus intéressants peuplaient les jungles, les moustiques eux, se faisaient plus rare dans des zones plus sèches, et il ne saurait s'en plaindre. Cela ne l'empêcha pas de croiser, sur la route et malgré leur préférence du climat tropical, un paresseux en train d'enclencher la descente d'un arbre depuis son écorce afin de faire ses besoins au sol. Passionnant spécimen, mais le Yamanaka s'intéressait plus à la flore qu'à la faune. Alors il laissa la bête faire sans la perturber de son regard indiscret. Non, il préféra s'attarder sur une famille qui faisait cruellement défaut à son inventaire : un champignon. Si tout type de plantes décoraient son appartement, il fallait avouer que le jeune homme n'avait jamais porté grand intérêt à la culture de champignons. De ce fait, il était relativement ignorant en la matière. Mais il n'y avait pas besoin d'être de ces grand érudits pour savoir que beaucoup d'entre eux peuvent avoir des effets indésirables qu'ils soient soporifiques ou mortels. Il ne s'enhardit donc pas à tâter de la bête, même avec un bâton et continua son chemin.
À mesure qu'il progressait sur sa route, Kiyon remplit son sac, ses bocaux et son herbier. Jusque-là, aucune rencontre fortuite n'était à déplorer. Forêt dépeuplée de tout prédateur ou période de chasse sous accalmie, il ne saurait le dire, mais sa garde ne fut pas baissée. Mais comme rien n'était vraiment calme sur l'Île d'Ue, il entendit quand même quelques bruissements derrière son dos en inspectant une plante, agenouillé au sol.
- Qui va là ? dit-il en se retournant, kunaï en main en guise de signal de prévention.
Il était évident qu'un animal sauvage ne lui répondrait pas, mais dans un monde comme le Yukan, personne n'est à l'abri d'un assaut empli de mauvaises intentions. Il laissa un temps de flottement. Pas de réponses. Pas d'autres bruissements. Ses yeux et son chakra ne dénotèrent pas de présence spécifique. Peut-être un simple coup de vent parmi les buissons. Plissant les yeux mais ne baissant que modérément sa garde, le Blond renfila son sac et préféra déguerpir en empruntant un pas de course si spécifique aux shinobis. S'il était bel et bien traqué, il rendrait la tâche bien ardue à son chasseur, s'élevant parmi les hauteurs plutôt qu'au sol pour éviter une embuscade depuis les branches. Il n'avait toujours pas l'impression d'être suivi. Mais Ue ne pardonnait pas, il fallait rester prudent. Il en fut ainsi jusqu'à ce qu'une clairière se démarque en plein centre de la forêt. Entourée de tous ces arbres, la prairie n'avait d'ombre qu'en son centre, créée par une seule et unique orchidée. Cette fleur captiva instantanément l'attention du kirijin, déjà par le caractère incongru de son placement central dans cette clairière mais surtout car elle était plus large que lui-même et plus grande d'environ une tête. Et pourtant l'Épouvantail ne tirait pas son surnom d'un manque de taille.
Intrigué, il s'arrêta pour en faire la rencontre et l'observer de plus près. Kiyon se posa au sol et fit quelques pas vers l'immense fleur.
- Fascinant. J'ai connu de grandes fleurs, mais une orchidée de cette taille, jamais.
Il jeta ensuite un coup d’œil au reste de la clairière.
- Sa position est si ... dérangeante ? Où sont les autres orchidées de la même espèce ? A t-elle été plantée pour qu'elle soit en ce centre parfait de la clairière ?
Son regard se plissa en observant de plus près la plante et son pistil, tout en enclenchant un mouvement destiné à saisir un carnet dans un sac :
- Étrange, je ne saurais dire si c'est la taille de la fleur qui fait ça, mais les pétales ont un aspect presque chitineux ... ?
À mesure que le doute s'empara de son esprit, le Yamanaka écarquilla les yeux des suites d'une conclusion finale, apparemment à temps puisque cela lui laissa le temps de réaction nécessaire pour déployer un kunai dans chaque main pour parer l'assaut de ... la fleur. L'orchidée question se révéla être un vicieux type d'Hymenopus coronatus. Parmi le règne des insectes, cette espèce carnivore était l'exemple parfait de l'assassin. Ce n'était pas un traqueur, mais un piégeur. Il avait l'habitude de prendre l'apparence plus vraie que nature d'une orchidée par un jeu de formes et de couleurs et d'attirer ses cibles venant les butiner pour mieux, au final, en faire son quatre heures. Mais Kiyon n'avait jamais entendu parler d'espèces de mantes à taille humaine, encore moins plus grande que lui. L'Île d'Ue tenait son lot de surprises, pour sûr.
Un sifflement hostile de la bête fit comprendre au shinobi qu'il constituait le menu du jour de l'insecte. N'étant pas bien spécialement expert – voire défavorisé – dans le taijutsu mais étant malgré tout un shinobi entraîné, Kiyon put maintenir sa parade face à la mante qui exerçait une pression descendante de plus en plus puissante sur lui avec ses bras faucheurs.
- Bon sang ...
Il grinçait des dents mais tenait le coup. Mais il prenait conscience qu'il ne pouvait pas s'attarder dans cette position, l'ennemi commençait à faire preuve d'une force qui le dépassait. Il commençait à préparer ses appuis pour enclencher un retrait lorsque depuis les fourrés de la clairière surgirent quatre autres mantes. Ces dernières étaient vertes, plus ordinaires que celle que Kiyon tenait face à lui, et un peu plus petites que lui cette fois-ci mais malgré tout demeurant à taille humaine. En débarquant, elles fondirent toutes vers Kiyon, l'encerclant de chaque côté. Pas bien rapide et mains prises par l'entrave belliqueuse de son adversaire qui l'empêchait d'effectuer des mudras, l'avenir du kirijin semblait plutôt incertain en cet instant.
- Merde !
Les sbires de la matrone blanche et rose saisirent chacun un des bras et une des jambes du Blond sans pour autant les trancher. Ils le maintenaient avant de tirer d'un coup, le forçant à choir.
- Bon appétit !
- Vous parl-... ?!
D'un coup franc sur la tête, l'Orchidée ne laissa pas sa proie terminer sa phrase. Kiyon avait sombré dans l'inconscience, kiseru renversé au sol. |
| | | Yamanaka Kiyon Avatar © : Kusuriuri (Mononoke) Expérience : 1633
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| | Dim 28 Mar 2021 - 21:02 | | Le blond n'était pas mort, il avait juste été assommé. À son réveil, il était étendu sur une sorte de croix, pieds et poings séparés l'un de l'autre, contre le mur d'une hutte. Apparemment, ceux qui l'avaient immobilisés avaient fait l'effort de lui rendre impossible la formulation de signes incantatoires. Il ignorait s'il était encore sur Ue, une autre île ou une toute autre dimension. Son voyage accompli dans l'inconscience la plus totale l'empêchait de se repérer en ces lieux. - Sacré pétrin... Il chassa l'étourdissement da sa perte de connaissance encore récente avant de passer un coup d'oeil sur toute la pièce qui le retenait. - Au moins je ne suis pas mort.Puis pénétra dans la pièce une de ces mantes à taille humaine dont il avait eu le plaisir de faire la rencontre un peu plus tôt dans la journée. « Mourir aurait peut-être été préférable au final. J'ai aucune idée de ce que me réservent ces ... autochtones ? » Se rappelant que ces derniers avaient fait usage du don de la parole lors de leur affrontement, Kiyon tenta d'enclencher la communication : - Je suppose que je suis chez vous, c'est ça ? Votre "Royaume" ?La mante qui venait d'entrer en tenant dans ses mains un encensoir vide lui tint ses quelques mots en s'approchant pas à pas de l'Épouvantail qui n'avait jamais aussi bien porté son nom qu'en sa position de croix actuelle : - Exact. Bienvenue dans la Forêt de Zhuangzi, Shinobi.Aussitôt, le Yamanaka répliqua avec une neutralité de ton qui dénotait l'absence de rage ou de panique. Il ne pouvait rien faire pour se libérer dans cette position, s'emporter ne rendrait sa condition que plus précaire : - Que me voulez-vous ? Pourquoi me retenir et m'avoir laissé en vie ?- Laisse-moi t'expliquer ...Étonnamment avenant, la mante s'installa devant lui, déposant ses effets non loin. - Comme je viens de te dire, tu te trouves dans la Forêt de Zhuangzi, du Royaume de la Grande Orchidée. Le pouvoir est aux mains des femmes et nous, les hommes, sommes à leur service.- Service ? Tu parles d'esclavage ?- Ce terme me paraît approprié, oui. Mais c'était pire avant, nous leur servions également de repas.- De repas ? Et qu'est-ce que j'ai à voir dans tout ça, pourquoi je suis retenu ici ?- Il faut bien qu'on les nourrisse.- Mais je ne suis pas une mante religieuse, moi !- Tu ne suis pas ce que je te dis.La mante se releva et se mit à faire les cent pas tandis qu'il développait son discours. Kiyon gardait ses oreilles ouvertes, n'oubliant pas de réfléchir à un moyen de se sortir de ce pétrin : - Je t'ai dit que nous leur servions de repas, ce temps est révolu. Depuis que nous avons frôlé l'extinction des suites d'une consommation trop excessive de mâles, chacun des nôtres se doit de ramener l'équivalent de deux repas par jour au risque de servir lui-même de repas. La culture du cannibalisme existe encore, elle a juste pris une autre forme.- Je suis donc ici en guise ... de repas ?- Précisément, et je suis celui qui est censé t’assaisonner pour Sa Majesté.- Sa Majesté, hein ? Vous m'en voyez honoré. Dis-moi, je suis plutôt une chouquette ou un sashimi ?- Ce n'est pas tous les jours qu'un shinobi atterrit dans notre cantine. Je prévoyais de te servir en soupe, mais je peux encore changer d'avis et te fourrer de vers pour te servir en Religieuse, qu'en penses-tu ?- ... Votre reine n'a jamais pensé à devenir végétarienne ... ? C'est très bon pour la santé parait-il. manifesta Kiyon en un petit sourire gêné tandis qu'il déglutissait. Son trait d'esprit arracha un rictus à son interlocuteur, qui se confia un peu plus à lui. - Je m'appelle Inagomaru. Et si je prends de mon temps pour t'expliquer tout ça au lieu de commencer à t'embaumer ce n'est pas pour rien. Tu es un shinobi et j'ai besoin de tes talents pour accomplir mon objectif. Je veux détrôner La Grande Orchidée, prendre sa place et renverser ce système et son exploitation.- Inagomaru:
La providence avait donc frappé le kirijin. Destiné à être servi garni sur un plateau, il avait au final une chance de s'en sortir en vie. - Et ... qu'est-ce que j'y gagne dans tout ça ? J'ai jamais demandé à être mêlé à cette affaire ou à Zhuangzi.- Et bien ... la vie, j'ai envie de te dire ?- Je n'ai pas besoin de toi pour ressortir d'ici en vie.- Ah oui ? Vas-y, défais-toi de tes liens, je te regarde.L'Épouvantail força sur ses liens de toutes ses forces, mais ne disposant pas d'arcanes physiques particuliers et ayant chacune de ses mains séparées l'une de l'autre, il n'avait pas suffisamment de force brute à opposer aux nœuds ni l'occasion de former des mudras pour se libérer à l'aide du futon. Ses efforts furent vains. - ...- Si les tiens nous sont rares, tu n'es pas non plus le premier shinobi que nous avons l'intention de servir. Vous autres humains avez tendance à vous considérer tout-puissant quand un peu de chakra vous est confié. C'est vrai, en théorie. Mais avec un peu de matière grise et des méthodes adaptées une larve pourrait vous maîtriser là où votre orgueil vous aveugle.Kiyon était forcé de reconnaître la position vulnérable dans laquelle il se trouvait. Il n'avait d'autre choix que d'accepter l'offre d'Inagomaru s'il souhaitait ressortir vivant du Royaume de la Grande Orchidée. Mais accepter ne voulait pas dire obéir docilement. Le Yamanaka pouvait très bien gagner la confiance de son hôte pour mieux le trahir et fuir. Seul l'avenir le dira. - On dirait bien que je n'ai pas d'autres choix que de m'associer à toi... J'accepte.- Sans toi, je ne peux pas maîtriser la Reine ET sa garde. Tu es une pièce maîtresse de mon plan.Inagomaru tendit une de ses mains vers sa droite pour cueillir l'encensoir qu'il avait déposé plus tôt. - Tu vois cet objet ? Je suis censé y faire brûler quelque chose dont les émanations te feront tomber inconscient pour mieux te servir à Sa Majesté. Elle n'aime pas quand son repas tâche sa nappe en se débattant. Je vais y mettre la dose à peine suffisante pour que tu t'endormes mais également pour que tu te réveilles prématurément. Si mes calculs sont bons et que le plan se déroule comme je le souhaiterais, tu te réveilleras alors que la cloche lui sera envoyée, mais pas encore ouverte. Dès qu'elle sera ouverte, tu bondiras pour assaillir la Grande Orchidée et je profiterai de l'élément de surprise pour l'attaquer. La Garde interviendra, donc tu redirigeras ton attention sur eux pour les occuper pendant que je termine Sa Majesté. Ce n'est pas une combattante, sans la Garde royale elle est à ma merci. Compris ?
- Compris. |
| | | Yamanaka Kiyon Avatar © : Kusuriuri (Mononoke) Expérience : 1633
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| | Mar 30 Mar 2021 - 2:53 | | Absolument rien ne prouvait à Kiyon qu'Inagomaru ne lui mentait pas, qu'il ne tombait pas droit dans un piège. Bien sûr, il ne lui faisait pas pleinement confiance, mais que faire d'autre ? Refuser ? L'issue serait la même, il finirait endormi par l'inhalation des résidus de la combustion dans l'encensoir, et il ne pourrait rien y faire. La dose, qui plus est, serait suffisamment conséquente pour qu'aucune fenêtre ne lui soit laissée. Alors que là, en coopérant, il ne changeait rien à la situation, certes, mais de toute manière il n'aurait rien pu faire qui lui aurait permis de changer quoi que ce soit. Alors tandis que l'Enfumeur faisait sa tambouille, le Yamanaka pondérait. Trahir Inagomaru ou ne pas le trahir ? L'Épouvantail aimait avoir le choix et détestait se faire utiliser de cette manière, comme un vulgaire objet. Mais d'un côté il lui devait la vie. Et alors ? Il n'avait rien demandé, après tout. Sans réellement avoir le temps de dépasser le stade de questionnements qui faisaient varier chaotiquement sa position sur le sujet, son partenaire de crime terminait son dosage et alluma une flamme pour commencer à faire brûler le tout. - Le dosage devrait être bon. La moindre erreur décale tout le rythme de notre plan, je n'ai pas le droit à l'erreur.Encore quelque peu déstabilisé par les événements qui lui tombaient sur les épaules sans prévenir et mû par le déplaisir d'une telle manipulation, Kiyon resta silencieux. - … Tiens-toi prêt. Si on échoue, aucun de nous deux ne survivra. Ça passe ou ça casse.- … Ouais.Le silence s'installa. La dynamique n'était pas des moins originales, à vrai dire. L'Insecte avait besoin de l'humain qui n'avait rien demandé et se trouvait dans une position où il ne pouvait vraiment dire mot. - Bon et bien … On se voit tout-à-l'heure. Je suis chargé de ta cuisine, ça inclut également ta préparation, ton dressage et ton service. Dors bien ~- C'est ça ouais, à tout-à-l'heure...'Foiré...Et c'est ainsi que son comparse chitineux quitta les lieux, à mesure que la pièce s'embrumait et que la fumée devenait de plus en plus épaisse. Tandis que Kiyon en respirait les effluves, le paysage devenait de moins en moins rigide ou compact et ses paupières lourdes … tellement lourdes … jusqu'à ne plus pouvoir supporter leur propre poids. La Belle au Bois dormant était quand même tombé beaucoup de fois dans l'inconscience aujourd'hui. À son réveil et, il semblerait, conformément au plan, le Yamanaka se réveilla sous l’obscurité d’un contenant métallique. Il ignorait de quelle facture ce peuple devait un tel objet apte à couvrir un être humain dans un seul plat de porcelaine tout aussi large. En guise d’accompagnement, plusieurs vers l’encerclaient dont un qui se baladait sur son visage, arrachant une sacrée grimace à l’épouvantail. Mais cela se voyait qu’Inagomaru avait été en charge de sa préparation et jusque-là il respectait sa part du marché. En effet, les liens qui incombaient le shinobi avaient largement été desserrés, ne nécessitant que quelques tours de poignets pour que le kirijin se défasse de ses entraves. Ces quelques petites manipulations lui permirent de se libérer et de déloger le rampant gluant de son visage, non sans le balancer violemment contre la paroi intérieure de la cloche métallique. Il ne lui restait plus qu’à patienter et à préparer ses appuis pour se lancer à l’assaut de la cible du contrat qui le liait à son sauveur. Il ne savait pas encore s’il fuirait, trahirait son geôlier ou bien s’il se retournera contre les deux, au final. Il n’avait pas vraiment eu le temps d’y penser, régulièrement plongé dans l’inconscience aujourd’hui. Se relevant pour prendre une position qui lui permettrait de se tenir prêt à bondir, Kiyon naviguait sur ses appuis pour ne pas choir malgré les vibrations de ce qui déplaçait le plateau qui serait présenté à la Grande Orchidée. Préparant sa petite offensive, il formula quelques signes incantatoires en se tenant en garde, faisant naître deux disques venteux à la force de rotation à ne pas sous-estimer, sous ses paumes. - Technique utilisée:
Le moment arriva enfin où le plateau cessa de vibrer. Le shinobi en tirait la conclusion que son déplacement était achevé et qu’il était maintenant face à Sa Majesté, théorie confirmée par ce qu’il pouvait percevoir du discours d’Inagomaru hors de sa cloche : - Votre Majesté. Voici le met que je vous offre humblement. Puisse le jus de sa chair succulente abreuver la sagesse avec laquelle vous nous guidez depuis le début de votre règne.Hors des yeux de son partenaire humain, la Mante s’agenouillait pour sa Reine, prêt à lui confier son offrande. Mais d’aucuns savaient que son cadeau empoisonné saurait faire son effet. - Okinaran:
- On m’a fait comprendre que ta clientèle nous avait ramené un shinobi. Il est bien vivant cette fois ? Le dernier que tu m’as ramené était froid … Les cadavres sont réservés aux plus bas mâles de notre pays. As-tu seulement pris conscience, depuis, de l’affront que tu m’as fait ce jour-là ?- J’en ai bien conscience, Ma Reine. Et je bénis la vie que vous m’avez laissé sauve depuis. Mais rassurez-vous, ce shinobi est plus vivant qu’il ne l’a jamais été.- Bien ! Je déteste la viande froide !Le sous-fifre lança un regard plein de malice à l’encontre de sa souveraine trop orgueilleuse pour relever l’évidente note de supercherie dans la dernière phrase de ce dernier. C’est à cet instant que la Garde prit une posture encore plus droite et que l’une d’entre elle déclara : - Qu’on délivre son repas à sa Majesté !Kiyon sentit le plat décoller. Il lutta pour maintenir son équilibre jusqu’à ce que la cloche soit stabilisée, probablement livrée devant celle censée en déguster le contenu. - Bon appétit …Et la cloche se souleva. Le Shinobi qui tenait ses disques tranchants prêts les fit fondre sur leur cible dès qu’une ouverture vers l’extérieur lui fut permise. Sous le sursaut de la surprise de l’assaut, les Disques de Vacuité ne blessèrent que superficiellement leur cible dont la visée n’avait pas été optimale. L’objectif avait été la surprise, pas le meurtre. Ce n’était pas à Kiyon de la tuer. - Misérable !Le Kirijin bondit aussitôt hors de l’assiette. Apparemment il n’avait pas été assez cuit pour tenir sur place. Sa course croisa celle d’Inagomaru qui fonçait bras tranchants tendus vers celle qu’il projetait de renverser tandis dans la direction opposée le Blond venait à la rencontre de la Garde qui courait vers la paire. - Les Mantes de la Garde:
- Inagomaru, sale vermine ! C’était donc ton plan depuis le début, m’assassiner ? lançait la Grande Orchidée alors que ses membres s’entrechoquaient à ceux de son assassin. Ceux de ton espèce, non, les hommes ne méritent pas de vivre. Tu recevras le plus cruel des châtiments, tu seras servi en banquet dans le quartier pauvre, sale rat !- Piaillez autant que vous le voudrez, Okinaran, votre règne est arrivé à son terme. Mes frères ont trop longtemps été exploités, il est temps pour moi de renverser ce système injuste !- Regarde toi … Mû par un idéal qui te dépasse… Mensonge !Sous cette accusation, la Reine rose lançait un coup latéral de bas en haut qui envoya le révolutionnaire valser plus loin. - Cache-toi derrière toute la démagogie qu’il te plaira, tu n’es qu’un vil parasite avide et comploteur. Ton cœur n’est pas noble, seuls tes intérêts te guident. Ceux de ton espèce ne font que jalouser notre pouvoir et rien de plus. Enrouler tes motivations d’un voile rose sucré de faux idéaux ne te sauvera pas !Le comploteur en question se relevait du nuage de poussière que sa projection avait causé, non sans quelques égratignures. - Je n’ai que faire de si vous croyez en mes motivations ou non. Mes actes parleront d’eux-même, et vous ne vivrez pas pour les voir !C’est alors que le Justicier revint à la charge et que lui et sa cible s’engagèrent dans une tornade de coups. Pendant ce temps-là, l’épouvantail s’efforçait, lui, de tenir la Garde à distance. Entre temps, il avait formé quelques clones pour l’épauler et équilibrer un tout petit peu le rapport de force face à la supériorité numérique de l’ennemi. « Je ne peux pas tous les vaincre, il y en a trop… Mais je peux temporaliser jusqu’à ce qu’Inagomaru porte le coup final. C’est le combat à proximité, la surprise et le surnombre qui a causé ma chute sur l’Île d’Ue plus tôt. La surprise est de mon côté, le surnombre joue encore mais si je maintiens une certaine distance entre eux et moi je devrais rester hors d’atteinte… »
Futon : Nam Khrim Po གནམཁྲིམ་དཔོན - Technique utilisée:
Sous cette incantation, le shinobi forma une triangle en faisant se rencontrer ses deux mains. De ce dernier s’expulsa une sphère venteuse dont le courant seul suffit à balayer les cheveux de son utilisateur en arrière. La boule se mit à grandir à mesure qu’elle progressait jusqu’à atteindre la Garde qu’elle finit par englober entièrement. La force de sa rotation était telle qu’à défaut d’infliger des dégâts, les Mantes étaient incapable de se déplacer. « Temporaliser… Ok. Mais combien de temps ? Cette technique me bouffe une sacrée quantité de mon chakra … » - Inagomaru ! Je vais pas pouvoir les retenir éternellement ! Je fais ce que je peux !- Moi aussi, figure-toi !La Mante, essoufflée, faisait face au sourire malicieux de son Impératrice qui n’en démordait pas : - Alors ? On faiblit ? Aurais-tu compris, enfin, que tu ne pourrais jamais me vaincre ? Ton hybris te rentre enfin dans la tête ?- Je n’échouerai pas …- C’en est presque attendrissant … Mais tu es né mille ans trop tôt pour espérer être celui qui viendra m'arracher mon dernier souffle, ordure !Ultime menace, Okinaran bondit bras déployés sur l’Insolent qui restait immobile et concentré, pour l’instant, sur sa parade. « Reste vigilant et tout ira bien… Tu peux le faire, c’est à toi de le faire … » Elle arriva sur lui, patte droite ouverte de tous ses crocs chitineux juste au-dessus de leur proie qui les suréleva au-dessus de sa tête pour se défendre du coup. Alors qu’elle semblait partie pour asséner un coup d’une terrible puissance à l’Assaisonneur, elle s’interrompit. - C’est terminé.D’un cruel sourire, elle se jeta au sol et vrilla ses pattes pour balayer les appuis de l’Orgueilleux qui en perdit l’équilibre et tomba au sol, maintenant à la merci totale de la Grande Orchidée, non sans échapper un cri. C’est ce même hurlement qui alerta le shinobi, en arrière-plan. Le temps que les insectes s’échangeaient quelques passes d’armes, la situation avec les gardes était devenue elle aussi plus précaire. L’immobilisation lancée plus tôt avait été outrepassée et le Yamanaka et ses clones se retrouvaient à devoir affronter les Mantes au corps-à-corps, domaine dans lequel elles étaient clairement avantagées. Mais il n’en démordait pas. Constatant le décès imminent de son partenaire, Kiyon se retourna vers lui alors que ses deux clones lançaient leurs paumes vers le sol et expulsèrent un courant venteux destiné à réinstaller de la distance entre eux et la Garde. À l’unisson, les clones s’écrièrent : Futon : Kusho
- Technique utilisée:
Les mantes furent envoyées valdinguer plus loin par leur assaut coordonné. Mais en même temps, l’Original qui était tourné vers l’autre combat effectuait un signe qu’il connaissait bien, celui de la Transposition : Ninpo : Laeba Kab ཀླད་པ་ཁབ
- Technique utilisée:
La Reine Orchidée se figea dans le mouvement qu’elle avait lancée pour achever son assaillant. Dans le même temps, le bras droit de Kiyon retombait lourdement, comme s’il en avait perdu l’usage.
- Je ne peux pas …
- INAGOMARU ! C’EST MAINTENANT !
Ne revenant pas d’avoir échappé à une mort subite, le concerné fut bouche-bée pendant un court instant, avant de se ressaisir et revenir sur ses jambes et les utiliser pour sauter et amener ses pattes à hauteur de tête de l’Orchidée qui devait faire un bon mètre de plus que lui.
- Là c’est terminé.
D’un coup sec, il utilisa le tranchant de ses membres mantides pour sectionner la tête de la Reine. Le son de sa roulade sur le sol était assourdissant. Aucun autre ne pouvait être entendu. Alors que ses atours royaux se tâchaient de rouge, le corps décapité fit quelques pas en avant, les bras ballants. Un fin geyser de sang s’échappait sans fin de la gorge tranchée même lorsque, quelques instants plus tard, le corps s’effondra sur ses rotules. La Garde s’interrompit, comme des automates dont un corps étranger avait suspendu le fonctionnement. La Reine était morte. Le trône était vide. Le silence régnait. Inagomaru, lui, reprenait son souffle. Une Garde, dans la foulée, hurla :
- Okinaran-sama !!
- Silence ! décréta le Régicide en se retournant.
Il reprit encore un peu son souffle avant de gravir les quelques marches qui l’amenaient jusqu’à son nouveau siège. Le silence était toujours aussi pesant.
- Premier décret du Roi ! À compter de ce jour, j’abolis le système matriarcal qui régissait jusque-là notre société ! Second décret ! Le Cannibalisme est rendu illégal et puni de la peine de mort, même lorsqu’invoqué à des fins rituelles ! Troisième Décret ! Hommes et femmes partiront à la chasse pour nourrir le Royaume, ensemble, plus de clientèle, plus d’esclavagisme, plus de menaces de mort, place au fonctionnement solidaire ! Et Quatrième décret …
Le Roi redirigea son regard vers l’arrière d’un rideau qui se situait au même niveau que le trône. On se débarrassait du corps de la Reine. Le trône était maintenant occupé. Le Roi régnait.
- Amenez-le !
Une Mante humanoïde, blanche mais bien plus petite que les guerrières et décorées de deux points rouges sur le front répondit d’une voix fluette à son nouveau souverain :
- Que … Que voulez-vous dire ?
- Le rouleau. Je sais que vous l’avez.
- Vous… Êtes-vous certain ?
- J’ai l’air d’avoir bégayé ?
- Bien, votre Majesté !
Aussitôt, Sa Seigneurie redirigea son regard face à lui :
- Gardes. Ramenez le shinobi.
Kiyon dissipa ses clones. Il ne lui restait plus énormément de chakra pour se débattre. Si Inagomaru souhaitait rompre leur promesse et mettre fin à ses jours voire le dévorer il avait tout un Royaume pour l’y épauler. Et les réserves du kirijin s’étaient épuisées. Ou peut-être bien allait-il tenir ses engagements ? À en croire les mots de celle qui avait précédé le Seigneur actuel, Inagomaru était un fin tacticien, il ne devait rien à Kiyon qui n’avait été qu’un outil dans son ascension.
- Shinobi.
Il jaugeait l’humain qu’il tenait face à lui, escorté par sa garde rapprochée.
- Je te dois la vie. Sans toi à mes côtés, ce Royaume n’aurait probablement jamais connu la prospérité que je compte lui apporter.
Le Rouleau, plus grand que la Concubine mantide ivoirine en kimono qui était en train de le porter, arriva enfin aux côtés de Sa Seigneurie. Il fit signe de le dérouler entre l’Humain et l’Insecte.
- Dis-moi, je ne crois pas avoir connaissance de ton nom. Tu voudrais bien me le donner ?
- Yamanaka Kiyon.
L’épouvantail souriait malicieusement de toutes ses dents avant d’inscrire ce même nom sur ce parchemin à l’encre de son propre sang. |
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